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Trois vrais sujets tabous d’un grand débat non pipé

Si par hasard vous alliez volontairement participer à une réunion organisée dans le cadre du grand débat je vais vous donner trois sujets à évoqure avec les défenseurs des thèses réformistes en marche. Actuellement les arguments déployés sur ces trois éléments relèvent des « fakenews » qui fonctionnent puisque aucune possibilité n’est offerte de les démonter devant un auditoire curieux et désireux de comprendre avant de juger ou de manifester. Je n’ai pas besoin de sept heures pour vous en persuader :
L’ISF ne peut pas être rétablie car elle a un effet néfaste.- C’est interdit même d’évoquer cette possibilité car c’est « de la pipe » de prétendre que le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune ne profiterait pas aux populations les plus en difficulté. Les payeurs de cette contribution proportionnelle à leur situation de profiteurs de la mondialisation financière, sont en fait des double-gagnants. D’abord parce qu’ils ont économisé plus de 4 milliards ! Publié avant l’élection présidentielle, le programme d’Emmanuel Macron évoquait « un manque à gagner pour l’Etat de 2 milliards d’euros ». Finalement, la note devrait être beaucoup plus élevée. Dans les évaluations préalables du projet de loi de finances 2018, Bercy estimait en effet à 3,2 milliards d’euros le coût de la mesure. Il y donc un flou et donc un loups ! On peut même se demander si le coût réel ne sera pas encore plus important. De fait, les documents d’évaluations budgétaires prévoient 850 millions de recettes pour l’IFI et les comparent à un rendement théorique de l’ISF de… 4,05 milliards d’euros… Bizarre ces différences dans les prévisions. Ensuite à ce cadeau s’ajoute le fait que cette somme est sous-évaluée par le fait que de multiples pistes permettent des réductions fiscales et surtout des évasions « aux limites » de la légalité ou carrément illégales !
L’argument du Président qui ne se veut plus celui de l’écoute des riches mais désormais le confesseur des pauvres ne tient pas car absolument rien ne démontre que ces sommes colossales sont injectées dans l’économie réelle française. Il est plutôt certain qu’elles partent vers des circuits financiers plus productifs. Les stratèges de Bercy avec un brin d’honnêteté avoueraient aussi que faute de personnel, faute de volonté politique, faute de rigueur européenne ils sont incapables de « contrôler » les bases de l’ISF alors qu’il est plus aisé de vérifier l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI)…et de laisser les financiers spéculer paisiblement ! Si vous consacrez votre fortune à construire une grande villa ou un immeuble en France vous avez trois certitudes : votre argent créé ou maintient de l’emploi, vous soutenez des entreprises de proximité et vous paierez des taxes foncières. Il vaut donc mieux spéculer. Totalement absurde et surtout une preuve simple que la politique gouvernementale privilégie le monde de la finance artificielle au détriment de celui du patrimoine réel.
L’exonération de la taxe d’habitation est une bonne mesure.- Un raisonnement là encore totalement infondé et d’une terrible superficialité. D’abord cette exonération généralisée coupe tout lien entre les services locaux et leur incidence financière ce qui ne manquera pas de ruiner les rapports entre élu(e)s locaux(cales) et leurs mandants. Dans une même rue deux familles avec deux enfants qui font du sport et sont dans la même classe, vivent dans deux maisons identiques en surface et en confort. L’une est louée quand l’autre est la propriété de son occupant. Ce dernier dépasse le plafond de ressources pour être exonéré. Il va payer deux fois via la taxe d’habitation et surtout via le foncier bâti pour le fonctionnement de l’établissement scolaire, l’entretien du stade de football où vont ses gamins quand son voisin aura droit à exactement les mêmes services mais sans aucune contribution locale directe ! Mieux le propriétaire aura le privilège de compenser l’exonération de la TH accordée au locataire par ses impôts nationaux… ce qui même si l’autre est dans le même cas constitue une flagrante inégalité face à la fiscalité ! Pour peu que dans deux ou trois ans la mairie perde des compensations (ce qui a toujours été le cas!) et le propriétaire verra sa taxe sur le foncier bâti augmenter pour compenser les exonérations accordées aux autres ! Le second peut également y contribuer s’il est retraité via sa CSG augmentée ! N’achetez pas, ne construisez pas : louez et défiscalisez vos revenus !
La limitation à 1,2 % des dépenses réelles de fonctionnement des départements.– Cette mesure est totalement contre-productive car elle était prévue pour qu’en réduisant leurs dépenses, les collectivités augmentent l’autofinancement de leurs investissements et donc empruntent moins au moment où les intérêts n’ont jamais été aussi bas ! L’effet est exactement contraire car, par exemple en Gironde, 960 millions de dépenses d’interventions sociales décidées par l’Etat sur leur montant et leur s modalités d’attibution sont contraintes ou dconstituent des contributions obligatoires non modulables… Elles ne laissent qu’une marge de manœuvre (24 % seulement) pour toutes les autres politiques sur lesquelles sera prélevée « l’amende dépassement » représentant (hors dépenses de personnel, frais financier et service d’incendie) un pourcentage de 8,6 %. C’est donc les subventions aux associations et aux clubs sportifs qui devraient disparaître…Etes-vous d’accord ? Comment répondre aux exigences de l’aide sociale à l’enfance en grande difficulté (+ 18 millions) sans dépasser le 1,2 % ? Comment soutenir les revenus faibles en EHPAD si les crédits stagnent à 1,2 % ? Comment ne pas facturer le vrai prix d’un repas au collège quand on est limité à 1,2 % ? Comment entretnei plus de 6 000 km de routes quand les prix des marchés dépassent 2 % de hausse à cause des prix des produits pétroliers? Conséquence de cette absurdité l’autofinancement jusque là très bon sera amputé en 2019 de l’amende et un recours à l’emprunt supplémentaire sera obligatoire. Une absurdité totale qui disparaîtra après le grand débat, comme l’exonréation de Th ou le retour de l’ISF ?

Cet article a 2 commentaires

  1. Philippe LABANSAT

    Oui mais, si toutes les judicieuses observations des élu(e)s locaux ou des simples citoyen-ne-s devaient être prises en compte par notre Prince et sa cour, où irions-nous ?

  2. Bernadette

    C’est vrai que le Conseil Départemental finance beaucoup de choses. Il serait bien à mon avis de faire disparaître certains travaux sur les petits cours d’eau qui devraient être reclassés afin que l’État puisse les assumer accompagnés d’une réglementation.

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