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L’économie sociale, citoyenne, autonome a de l’avenir

En octobre prochain devrait normalement sortir mon nouveau livre(1) très différent des précédents puisqu’il sera consacré à « la gestion autonome citoyenne » comme facteur de relance de la citoyenneté via l’économie sociale et solidaire. Dans un contexte général de baisse des dotations de fonctionnement aux communes ou intercommunalités et la demande de plus en plus forte des services de proximité il devient en effet indispensable d’inventer des nouvelles relations autour du pouvoir local.

Il ne s’agira pas, comme c’est le cas actuellement, de vivre les uns contre les autres mais de nouer un pacte de confiance permettant de déléguer des pans de la vie locale en gestion encadrée aux citoyen(ne)s. Pour ma part je pense que c’est la seule solution pour résoudre d’une part la crise de qui s’est installée avec les représentant(e)s sortis des urnes et d’autre part responsabiliser réellement les habitant(e)s.

Porté par l’Avise et le Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES), le projet « Tressons » cherche ainsi à analyser et renforcer la place de l’économie sociale et solidaire dans les territoires ruraux. Cette initiative revêt une importance capitale et si un jour les progressistes veulent absolument lutter efficacement contre l’ultra-libéralisme ils seront bien obligés de renouer avec la voie que représente la prise en compte de la capacité des gens non-élus à être les gérants de leurs propres besoins. On voit naître ou renaître par exemple des structures autogérées sur l’alimentation (surfaces de vente, AMAP, coopératives pour améliorer les circuits courts…).

C’est en fait la redécouverte de l’alliance entre deux écosystèmes : celui du développement local et celui de l’ESS. Mise en avant sur le plan national à travers d’autres dispositifs (tels que les pôles territoriaux de développement économique), cette approche globale fait de l’E.S;S ; un levier du développement territorial. Ils sont déjà utilisés dans certaines collectivités territoriales et le livre « sur le partage du pouvoir local » décrira les modalités de cette approche différente de l’action publique à Créon (33) durant maintenant 40 ans. par des collectivités. 

Ainsi le département de la  Meurthe-et-Moselle, a créé des postes de chargés territoriaux de l’économie solidaire qui sont des facilitateurs des innovations pour les porteurs de projet, l’interconnaissance, l’accès à l’information et aux dispositifs, la mise en réseau ». Ce sont des vrais relais pour pallier les manques constatés sur des territoires oubliés par le développement. L’économie sociale et solidaire devient alors une élément structurant pour l’économie des zones rurales actuellement de plus en plus mal en point. Non seulement elle  apporte des réponses aux besoins des habitants et contribue à maintenir ou à recréer du lien social dans le domaine social, culturel, environnemental, éducatif ou de la solidarité. L’emploi mutualisé (groupements d’employeurs) faciliterait largement l’amélioration des débouchés pour les habitant(e)s soumis(e)s au trajet domicile-travail. La progression est actuellement de 5 % sur les 7 dernières années dans les 15 000 communes sur lesquelles a porté l’enquête.

L’E.S.S. pèse déjà beaucoup plus lourd dans les communes rurales que dans les villes : quelque 14% des emplois salariés sont concernés, contre 10,5% sur l’ensemble du territoire français. Comme au niveau national, cette économie sociale et solidaire dans le monde rural est essentiellement portée par des associations (80% des établissements), dans le domaine de l’action sociale (la moitié des emplois). L’agriculture offre malheureusement encore une forte présence d’établissements coopératifs non employeurs destinés notamment à la mutualisation de matériel ou à la distribution mais ne contribuerait qu’à hauteur de 2,5% aux effectifs du secteur agricole. La progression dans la mise en place de circuits courts de distribution autogérés est très possible dans les prochaines années car les territoires ruraux ont été historiquement marqués par une sensibilité coopérative plus forte. A Créon dès 1930 elles étaient par exemple au nombre de 4 (vinicole, laitière, approvisonnement, CUMA) pour se réduire à une seule actuellement. Le projet « Tressons » vise en quelque sorte à renouer avec cet héritage, en valorisant les formes d’entraide existantes – avec en particulier les Cuma et les associations de remplacement – et en s’en inspirant pour susciter de nouvelles dynamiques de coopération.

Désormais l’enjeu résidera dans la capacité d’inscrire la « gestion autonome citoyenne » dans les programmes électoraux de proximité avec comme ambition de valoriser les apports de l’ESS en milieu rural, orienter les porteurs de projets vers les « bonnes ressources » et les acteurs de l’accompagnement et du financement et, globalement, permettre le développement de synergies et de collaborations qui sont encore difficile (mutualisation de moyens et de personnels). Mon livre portera des solutions et des perspectives… il faudra attendre !

(1) Le partage du pouvoir local sera édité chez Le Bord de l’Eau

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