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Les croisières n’amusent pas l’environnement

Derrière chaque acte destructeur de l’environnement planétaire on trouve vite une raison économique de ne pas la mettre en œuvre. Au nom de la croissance indispensable pour améliorer le niveau de vie de certains on creuse la tombe de bien d’autres. En fait les habitudes prises depuis quelques dizaines d’années semblent bien difficiles à infléchir et face aux dangers qui menacent on brandit la liberté d’exister et de profiter des atouts de la modernité. Les croisières en Europe ne cessent de séduire de plus en plus de touristes heureux de se retrouver dans des villes flottantes bénéficiant sans risques de toutes les distractions possibles à des prix acceptables. En 2017 40 compagnies étaient par exemple installées en Europe et utilisaient la bagatelle de137 navires avec une capacité d’environ 164 000 lits. Il faut y ajouter 75 autres paquebots d’une capacité d’environ 95 000 lits déployés en Europe par 23 compagnies de croisières non-européennes.

Les retombées économiques totales sont évaluées à 47,86 milliards d’euros (+ 17 % par rapport à 2015) et la France décroche une augmentation record de + 36 % ( plus de 925 millions d’euros de croissance par rapport à 2015). le secteur aurait permis sur deux ans la création de 43 000 emplois permettant à ce type de tourisme de dépasser le seuil de 403 000 salariés (12,77 milliards de masse salariale) souvent payés au rabais !

L’an passé 6,96 millions d’Européens sont partis sur un des géants des mers (+7,8%) sillonnant le globe, mais en plus l’Europe reste la deuxième plate-forme pour l’industrie puisque 6,50 millions de passagers ont embarqué au départ dans ses ports.  Cette dynamique se répercute au niveau des chantiers de construction, avec 5,6 milliards d’euros dépensés pour 2017, ce qui représente une hausse de 22,4% comparé à 2015.  Et l’excellence européenne entraîne une certaine frénésie palpable dans les carnets de commandes, puisque 66 navires sortiront des hangars d’ici à 2021, soit une valeur totale de plus de 29,4 milliards d’euros. Il est inutile de préciser que rares sont ceux qui dénoncent cette croissance comme celle du transport aérien même si elle conduit l’humanité à sa perte.

Pour certains pays il serait catastrophique de renoncer à cette manne financière exceptionnelle. Des mouvements de contestation naissent dans certaines villes célèbres (Venise, Dubrovnik, Barcelone ou Lisbonne) pour contester ces arrivées massives quotidiennes de milliers de visiteurs restant très peu et laissant une empreinte écologique très prégnante. Un récent rapport pose véritablement le contexte de certains ports surchargés et proches de la saturation.

L’important impact médiatique causé par un paquebot sur le quai des Zattere à Venise a mis en évidence les conséquences de ce passage de mastodontes des mers. L’Organisation Transport & Environnement a dévoilé un rapport démontrant que les navires de croisières font partie des plus gros pollueurs de la planète. Ils contribuent à la pollution de l’air en émettant plus d’oxyde de soufre que l’ensemble des véhicules automobiles européens. Les teneurs en soufre admises en mer seraient en effet…. 1500 fois plus élevées que celles du diesel des voitures (1,5% contre 0,001%). Le leader mondial de la croisière de luxe, Carnival Corporation, aurait émis à lui tout seul en 2017 dix fois plus d’oxyde de soufre autour des côtes européennes que l’ensemble des 260 millions de voitures évoluant sur le continent. Le numéro deux mondial, Royal Caribbean lui, en a rejeté quatre fois plus. Des éléments alarmants que bien évidemment personne ne prendra au sérieux…en se constatant de baser son opinion sur les résultats économiques.

Selon cette étude, la pollution s’étend aussi aux émanations d’oxydes d’azote, un autre gaz toxique, ainsi que des particules fines. Tout ce qui est dangereux pour la qualité de l’air dans les villes (surtout quand les paquebots sont à quai), et qui prouve que les navires sont à l’origine de 10% de la pollution atmosphérique. Pour réduire les émissions de polluants, le rapport demande que les ports bénéficient d’un dispositif de la zone d’émission contrôlée de soufre, contraignant les navires des zones de la mer Baltique et de la Manche/mer du Nord à utiliser un carburant ne dépassant pas les 0,1% de teneur en soufre.

L’ONG demande également de favoriser la transition vers des ports à « zéro émission » ce qui relève du rêve vert ! On estime pourtant qu’il existe aujourd’hui de nombreuses solutions pour rendre plus propres les bateaux de croisière, notamment l’énergie électrique et hydrogène. C’est aux gouvernements de réagir sur le sujet car les entreprises n’ont absolument pas pour objectif de rendre leurs navires plus verts.

Cet article a 7 commentaires

  1. puyo Martine

    ce ne sont pas des paquebots, mais des clubs de loisirs flottants.
    je déteste.

  2. Lalanne Jean-Jacques

    En plus de la dangerosité des oxydes de soufre et d’ azote pour la santé, danger à court terme,ces oxydes ont un effet encore plus grave dans le temps par leur action indirecte. Ces produits,en se combinant avec les eaux des océans forment automatiquement des acides sulfureux/sulfuriques ou nitreux/nitriques et là commence la catastrophe que j’ ai vue dénoncer dans un traité de laboratoire de chimie du début du vingtième siècle : l’ acidification des eaux des océans les empêche de jouer leur rôle d’ éponge à CO2. C’ était il y a plus d’ un siècle… On ne parlait pas de réchauffement climatique mais on avait déjà la conscience du danger

  3. faconjf

    Bonjour,
    la croisière s’amuse, une mode qui va bientôt pâlir puis se réduire comme peau de chagrin, entrainant par conséquence la mort de nombreux emplois.
    Ce n’est pas pour demain, mais pour après-demain.
    Qui peut se satisfaire de ces visites des villes côtières au pas de charge et en rang d’oignons derrière un cornac armé d’un parapluie aux couleurs agressives?
    Qui peut accepter d’être embastillé dans ces prisons de luxe où vous avez le privilège du client captif?
    Qui peut accepter le long moment de honte des cheminées crachant des volutes de fumées noires empuantissant l’atmosphère des ports ?
    On vous vend à prix d’or le rêve éphémère de nababs vivants des aventures et des voyages fabuleux !!!
    Et vous vous retrouvez dans une cabine aveugle. A faire une queue interminable pour vous tremper dans un bouillon de culture nommé piscine. A vous abrutir devant les machines à sous. A vous entasser dans les bus d’excursions. A « flipper comme un malade » pour ne pas rater le bateau lors des visites libres où vous êtes débarqués au fin fond d’un quai perdu…
    Tout cela est bien de loin de ma conception des voyages destinés à découvrir les gens, la gastronomie, la culture et la vraie vie.
    Tout cela n’aura qu’un temps!
    Salutations républicaines

    1. CRR

      Bien d’accord avec vous …mais malheureusement ça dure…

    2. J.J.

      Entièrement d’accord !
      Il y a bien des lieux que j’aimerais voir « de visu »(J’aimerais tant voir Syracuse, l’Ile de Pâques et Kairouan…), pas seulement sur internet, mais j’ai renoncé il y a déjà quelque temps à participer à ces déambulations, bien que je n’aie jamais été déçu dans mes voyages, en particulier en Italie.
      Quand je vois des foules, quasi prédatrices, qui envahissent, donc qui polluent et mettent en danger des lieux ou des monuments d’une grande valeur, je pense que c’est une question de « salut public » et un engagement citoyen que de ne pas participer à ces migrations touristiques.

      Pour moi, le respect et la sauvegarde de ces lieux à haute valeur culturelle et esthétique implique le refus de les laisser envahir par le public.
      Les « tour operators » et les entreprises vivant du tourisme ne partagent certainement pas cet avis, mais ne sont ils pas en train de tuer la Poule aux Oeufs d’Or ?

  4. Bernadette

    La physique et la chimie font partie des sciences que je ne connais pas.
    Il est tout de même possible d’aller discuter avec les usagers de ces gros navires. Ces usagers ne sont pas prisonniers comme le firent les « nègres » du port d’esclaves bordelais.

  5. alain

    tout cela est connu depuis très longtemps
    ajoutons y les transports maritimes de conteneurs , les avions de passagers ou de fret
    et le compte sera bon
    les verts n’ont qu’a lancer une remise à plat de ces transports et faire fabriquer et cultiver en France
    notre petit véhicule diesel est bien ridicule

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