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C’est vraiment très mal… parti !

Désormais plus aucun(e) acteur(trice) vraiment lucide de la vie publique ne croit dans ses chances aux municipales sur la base d’une référence à un parti politique. Et ça va s’accélerer. Se réclamer d’une organisation structurée toute prête relève? d’après tous les exégètes des rendez-vous électoraux? du suicide. En effet on voit fleurir des mouvements, des associations, des carrefours, des clubs plus ou moins dédiés à une personne et destinés à rassembler des femmes et des hommes désireux de réfléchir à l’action locale et qui se détournent des enjeux nationaux. Les effectifs des partis organisés fondent comme les neiges réputées éternelles au soleil. Bien entendu cette réalité est encore masquée par les résultats des élections antérieures mais il est certain qu’en 2021 après les rendez-vous prévus au calendrier il ne restera plus que des embryons de structures ayant portées la République depuis ses origines révolutionnaires.

On a cependant oublié que ce n’est qu’avec la Constitution de 1958 que leur rôle a été expressément inscrit dans le marbre. « Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second alinéa de l’article 1er dans les conditions déterminées par la loi. La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation. » (Article 4 de la Constitution). Auparavant , plus ou moins régis par le droit commun sur les associations, les partis politiques ont avec les lois Rocard un quasi-statut puisque la loi relative à la limitation des dépenses électorales et à la clarification du financement des activités politiques de 1990 a régulé avec un encadrement leur financement public.

En quelques décennies ils ont perdu pied car ils ne sont plus que des « machines » à contester ou à soutenir mais ont perdu pied avec la notion d’ouverture au dialogue extérieur, au débat interne et surtout à la formation citoyenne indispensable à l’épanouissement des engagements. Les personnes motivées vont donc désormais chercher d’autres espaces pour tenter de se construire une autre vision de la société que celle qu’on leur propose. Devenus des plates-formes pour soutenir légalement et financièrement des candidatures individuelles les partis se sont étiolés sur le plan des idées et des valeurs.

Le premier coup mortel leur a été porté par la fameuse utilisation du concept américain des « primaires »... Le militantisme encarté devenu inutile a alors conduit à la délégitimation de l’appartenance suivie et durable dans une structure imposant des règles et des contraintes. En cédant à la tentation de choisir non pas sur la base des idées proposées mais sur des critères d’éligibilité potentielles basée sur une personnalisation outrancière, les partis se sont fracturés et transformés en fan club. Comme les adhérent(e)s ne sont pas d’accord sur autre chose que des éléments factuels ils s’éparpillent à la moindre difficulté, à la moindre contrariété, à la moindre adversité.

Sur le plan de l’engagement politique les modifications sont profondes. La durabilité n’est plus de mise compte tenu du déficit considérable dans la crédibilité des dirigeant(e)s cultivant un égocentrisme avéré et un cynisme consternant. Le système médiatique ayant besoin de vedettes pour ses audiences il confine les militant(e)s à un sentiment d’inutilité absolue car ils sont de plus en plus informé(e)s des choix effectués par des canaux hors parti. Ils subissent et donc se détournent d’un engagement dans la durée pour céder à la tentation de l’immédiateté. Ainsi ils préfèrent ces structures plus souples, plus modulables et c’est le miracle electoral qu’En Marche a ouvert une voie et qui ne se refermera plus.

N’ayant plus de bases « idéologiques » fortes et ne réagissant qu’au coup par coup sur des sujets essentiellement sociétaux les partis réputés à l’ancienne ont vite pris une dimension urbaine. Ils n’ont plus aucune assise dans la France dite « périphérique » dans laquelle les difficultés sont concrètes. L’absence de lien social dans ces secteurs, induit inexorablement la dispersion du militantisme qui suppose des efforts de mobilité sur des territoires totalement abstraits. Dans le milieu rural ou périurbain il est en plus désormais très difficile d’afficher une étiquette politique sans être cloué au pilori des certitudes tirées de l’influence médiatique. On préfère planquer ses convictions pour vivre heureux(euse). Il n’y a donc plus sur le terrain des relais susceptible d’entretenir le débat et donc l’adhésion de nouvelles bonnes volontés.

La France des Partis a vécu. La régulation droite-gauche ne reposant plus sur des principes simples, clairs et ancrés dans le quotidien n’existe plus. La fraternité, la camaraderie ou le compagnonnage sont toujours recherchés mais sous d’autres formes et d’autres lieux. Si les valeurs restent le militantisme « fermé » les partis sont condamnés !

Cet article a 6 commentaires

  1. Bernadette

    Très bon billet.
    C’est que le transvasement du politique dans un autre parti relève d’un certain égoïsme de l’image de ce politique qui veut être absolument élu. C’est anti démocratique parce que c’est toujours la même chose. C’est l’état de soi même. Et voter pour moi……

  2. Bernadette

    Dans les communes rurales, le Maire ou la Maire doit deverouiller le centre de la commune. Le pouvoir concentrationnaire n’est pas démocratique. Créer des zones de concertation avec l’ensemble de la commune serait une bonne chose et deviendrait ainsi démocratique.

  3. faconjf

    Bonjour,
    l’engagement militant fond comme les glaciers, le syndicalisme disparait, les partis politiques s’effacent, la presse d’opinion est exsangue. En bref plus aucun endroit en France pour remettre en question les dogmes du libéralisme. Des soit disant philosophes chantres des lois du marché envahissent les écrans, tandis que leurs opposants sont interdits d’antenne et moqués par les éditocrates grassement rémunérés par des oligarques cyniques. La tentative de mettre en scène des « égologistes » fraichement repeints en vert est en cours. On peut déjà les voir coiffés de la couronne de lauriers, grands vainqueurs de la 3éme position !! Chéris des merdias, sous réserve de ne pas remettre en cause la « bénéfique » mondialisation…
    Tout cela n’est que du cirque où les dés sont pipés et le scénario écrit en coulisses par les spins doctors des « vrais » dirigeants cousant sans trêve le patchwork de l’opinion.
    La triste réalité est bien autre, sur la population en âge de voter 12% de non inscrits, 44% d’abstentions, 2% de blancs et nuls, le rêve écologiste retombe lourdement à 6% du corps électoral !!!
    Le moteur des idées est cassé, les rêves sont individualisés sous la forme du petit cocon réduit aux tout proches. La politique et les engagements au service des autres n’inspirent plus que le dégout.
    “Une démocratie ne vaut et ne dure que si elle sait refondre constamment dans la communauté nationale l’individualisme qu’elle fait naître.” Jacques de Lacretelle
    Salutations républicaines

  4. Bernadette

    Il y a beaucoup de volte-face des élus dans les partis politiques. Certains sont passés de l’UMP à l’extrême droite, de LR à LREM, pourquoi autant de changement de façade ?
    Où va la France dans cette tromperie ?.
    Les representants syndicaux se sont rangés du côté du plus fort.
    Dans l’entreprise, ils défendent que leur syndicat respectif.
    La vie de l’entreprise n’est plus ce qu’elle était.
    Alors que faire pour remettre à l’endroit ce qui fonctionne à l’envers.

  5. alain

    mal parti c est le mot
    car trop de partis
    c’est Chomsky je crois qui a expliqué comment nous nous sommes laissé faire
    les gilets jaunes on bien essayé de secouer l’opinion
    mais c est fini c’est la télé qui formate les cerveaux
    il faudra recommencer à zéro ,repartir de la cellule de base et oublié tous ces pantins grassement payés ne pensant qu’a leur carrière !
    cela viendra surement ,mais quand ?

    1. Bernadette

      @Alain,
      Les gilets jaunes ont secoué l’opinion sur les prix des carburants. C’est toujours d’actualité. En fait ce qui manque à la campagne c’est un mode de transport collectif pour tous. La génération précédente avait placé le transport comme objectif 1er. Dans mon village des itinérants passaient en particulier le poissonnier, l’épicier et le boulanger. Tout cela a été supprimé. A la place c’est un distributeur automatique de pain dans le village d’à côté et une minuscule épicerie.
      Il devient urgent de s’adresser à la population dont le chiffre augmente régulièrement pour savoir qu’elles sont leurs besoins ultimes au quotidien. Le relationnel n’est plus ce qu’il était.

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