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Impossible de vivre un été sans la pression

S’il est une attitude strictement interdite durant l’été c’est bien celle de subir la pression. Se rebeller contre elle est vivement recommandé. Justement c’est quand tout s’agite autour de vous que l’environnement appuie lourdement sur votre qualité de vie, que vous devez absolument la laisser couler. Si elle vous envahit ne refusez surtout pas de l’accueillir en vous car elle vous procurera un immense bien-être. Soit la situation est très chaude et vous la faites disparaître d’un seul trait soit vous prenez votre temps pour l’éliminer et vous savourez la victoire.

En fait le meilleur moment reste celui où vous vous retrouvez face à la pression et que vous savez que, d’une manière ou d’une autre vous en viendrez à bout. La réussite de vos vacances réside dans votre capacité à savoir prendre votre distance avec la réalité quotidienne pour vous offrir le droit d’étancher votre soif de liberté. Tenez alors que votre copain, votre copine, votre ami(e) souhaitent lécher les vitrines avant de revenir s’installer devant une glace pour vérifier le niveau de gourmandise brillant dans ses yeux, vous pouvez en profiter pour vous installer à la terrasse d’un petit bistrot sous des platanes afin d’en finir avec cette pression qui vous hante.

Il existe cependant un traitement à respecter et des méthodes à mettre en œuvre pour réussir sa cure ! Pour ma part je fais des infidélités à la « pression » en raison d’un très vieux fantasme de mon adolescence.

J’ai toujours pensé en cette période que je ne deviendrai un homme libre que le jour où j’aurais en poche la somme nécessaire pour m’asseoir à une terrasse de café, ne rien faire d’autre que regarder passer les gens honnêtes en buvant une… limonade. Vous ne le croirez pas vous qui savez que je « carbure » au rosé mais je suis un inconditionnel de la limonade, celle des bouteilles fraîches avec une fermeture munie d’une petit caoutchouc rouge.

Comme les fabrications industrielles modernes ne me conviennent pas je noie mon chagrin de ne pas retrouver mes sensations dans une « pression panachée » ! Il doit y avoir deux tiers de limonade et un tiers de bière ! 

Ne criez pas ! Ne hurlez pas au crime de lèse-bière ! J’avoue, et je n’en suis pas fier mais je fais n’importe quoi pour rajeunir. Pour ma part c’est sur la parvis de la mairie, là, au milieu des « miens » à Créon, que j’aime bien commander enfin mon panaché plutôt que de me laisser submerger par lapression imposée par les autres. Au bar « Les Copains » : tout un programme d’été et Nicolas et Christine savent rester silencieux quand je dénature leur pression par cette foucade d’antan! Le matin deux cafés, en fin de matinée un petit rosé et l’après-midi un panaché… C’est ainsi ! 

Se mettre en retrait, dans tous les cas, et jamais en première ligne pour éviter que le soleil ne s’empare pas de votre espace de fraîcheur constitue le premier élément de la mise à mal de la pression. Il faut ensuite un siège confortable permettant de tenir la distance et de se relaxer avant de demander l’aide du spécialiste.

En général il s’approche de vous pour s’enquérir de votre choix en matière de consommation tarifée de bonheur parfait. Comme pour les tranquillisants il vous proposera des « génériques » de mauvaise qualité ou des produits les mieux élaborés. Ne jamais répondre à la hâte car la chance ne repassera pas deux fois. 

S’il y a plusieurs opportunités vous devez peser les avantages et les inconvénients de chacune. Il y a la solution de la « légèreté », celle de la « puissance », celle de la « couleur » ou celle de la « quantité ». En fait vous devrez vous fier à votre connaissance de votre plaisir pour vous décider. N’optez pas pour une « marque » à contre cœur car vous risquez d’être de fort méchante humeur quand la fin sera venue.

Toute l’année on vous a mis la pression. Au travail, dans le vie quotidienne, dans les affaires, dans la famille, dans les embouteillages ou dans votre activité réputée de loisirs vous devez lutter contre la montre. Dès que vous aurez devant vous votre « pression » sachez oublier tout ce qu’elle a de mauvais. Regardez là « droit dans les yeux ».

Elle doit avoir des sueurs froides en vous voyant (c’est indispensable) pour que puissiez jubiler avant de l’attaquer. Parfois des larmes coulent le long du corps qu’elle habite et ne vous laissez surtout pas attendrir. Ne vous précipitez pas.

Même s’il est indispensable de la prendre par son col en mousseline blanche d’une exceptionnelle finesse ne témoignez d’aucune brutalité mal placée ? Lentement, très lentement, en fermant les yeux comme dans un cours de relaxation avalez une gorgée de cette pression qu’il va vous falloir éliminer avec le maximum de précautions. L’erreur fatale serait de se précipiter ou de vouloir trop faire durer !

La « pression » doit retomber au bon rythme. La « descente » ou la baisse de niveau ne s’effectuera correctement qu’en se hâtant avec mesure. Entrecoupez chaque goulée d’un moment consacré à regarder celle et ceux qui n’ont pas votre chance, aux voisins des autres tables, aux passants qui passent, aux gens pressés de se rendre sur ces lieux où justement on va les presser. N’ayez surtout pas honte de jubiler… surtout si le temps vous accorde le privilège fabuleux de le prendre. Ne reculez surtout pas à l’idée de la mise en bière de votre pression car c’est l’un des secrets de la réussite de votre été.

Quand sera venu le moment de revenir au rythme normal pensez que la première pression est toujours la meilleure dans tous les domaines et que la dernière de l’été triste et amère sera forcément l’an prochain suivie d’une première ! L’égoïsme bien assumé vous demande de choisir votre moment pour mettre un terme définitif au verre galbé comme le corps d’une femme plantureuse ou fin comme celui d’un mannequin famélique contenant votre pression. La période de la fin d’après-midi, suivant le lieu où vous prenez votre revanche sur le reste de l’année, accentue la qualité de ces instants volés.

Cet article a 4 commentaires

  1. Bernadette

    Bonjour,
    La pression est partout dit Jean Marie. C’est vrai.
    J’ai horreur du goût de la bière pression comme j’ai horreur du choux fermenté de la choucroute.
    En fait je n’aime pas les aliments et les boissons fermentées et gazefiees.

  2. Gilbert SOULET

    Bonjour Jean-Marie

    Toujours subtil comme d’hab !

    Mon amitié depuis Pertuis Porte du Luberon

    Gilbert

  3. J.J.

    Cette intolérable pression pour obtenir un « panaché » me rappelle la difficulté que j’eus en Suisse pour obtenir une « diabolo menthe ».

    La serveuse de l’hôtel n’avait jamais entendu parler de cette boisson, je dus expliquer. Les désirs des clients étant sacrés, surtout dans les hôtels helvétiques, on m’apporta de bon cœur, mais avec une certaine appréhension les ingrédients nécessaires à la confection de mon breuvage.

    Et pour cause : la limonade suisse n’a rien à voir avec la française (du moins dans le canton de Vaux), c’est un liquide sucré et acide, légèrement pétillant, à base de jus de limon, une variété de citron, avec un goût très prononcé du zeste du fruit, ce qui produisit un curieux mélange avec le sirop de menthe….

    1. Bernadette

      Cette histoire de pression impressionne beaucoup tout le monde.

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