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©PHOTOPQR/LE PARISIEN/OLIVIER BOITET ; MAFFLIERS ( 18.04.2019 ) Nuisant à l'environnement, un dépôt sauvage s'est constitué le long de la Nationale 1 avec des gravats et de déchets qui s'entassent au fil des jours. PHOTO LE PARISIEN OLIVIER BOITET (MaxPPP TagID: maxstockworld389309.jpg) [Photo via MaxPPP]

Encore loin des pollueurs… payeurs !

Le gaspillage dans une société de surconsommation devient un véritable fléau écologique et économique. Il touche absolument tous les secteurs de la vie quotidienne mais encore trop peu d’entre nous manifestent une envie réelle de stopper ces phénomènes entretenus souvent par la publicité et corollairement par le monde du profit. Désormais les parlementaires s’en sont saisis et veulent absolument tester le retour de… la consigne ! Le débat fait rage entre celles et ceux qui considèrent que c’est une mesure salutaire pour lutter contre les matières plastiques jetables et celles et ceux qui jugent cette hypothèse totalement farfelue. Mais au-delà de cet aspect pas si anecdotique se profile l’avenir du tri réputé sélectif.

Deux pistes semblent être esquissées. Il s’agit « d’associer étroitement les territoires au déploiement du système de consigne en s’attachant à ce que celui-ci n’épouse pas les déséquilibres territoriaux mais permettre au contraire de les diminuer » selon le souhait ministériel. Pour avoir siégé dans la commission nationale des emballages ménagers je peux affirmer que le traitement des déchets est parfaitement inéquitable entre zones du territoire français et encore plus en Outre-Mer car les paramètres (distances parcourues, volumes collectés, tarifs de reprise, possibilités financières, coût des opérations…) varient grandement d’un territoire à un autre.

La perception du gaspillage n’est pas la même en zone rurale et dans un quartier sensible, dans un village et à Paris, dans un milieu aisé et en secteur de pauvreté généralisée. Poule le moment le vrai souci c’est dans une mondialisation qui bégaie, de faire vivre une idée généreuse, indispensable mais économiquement difficile à équilibrer.

Il faut en effet se pencher sur un problème : plus le citoyen trie et plus il est coûteux pour le système de collecte et de retraitement qui doit assumer l’après-collecte. Le « jeteur » le paye directement (taxe ou redevance) ou indirectement via un surcoût du produit.

Il y a une très gros boulot à effectuer pour pérenniser « le modèle économique des centres de collecte et de tri dans lesquels un certain nombre de collectivité ont investi » en favorisant « les synergies possibles entre les dispositifs de tri mises en œuvre que ce soit ceux du bac jaune ou de la consigne » a expliqué la représentante d’un gouvernement coincée entre le libéralisme à tout crin et les nécessités de protection de l’avenir de la planète. Comment revenir au sacro-saint principe du « pollueur-producteur payeur » dans une période où la croissance doit revenir par l’offre toujours moins chère ?

Les « metteurs sur le marché », via leurs éco-organisme doivent continuer à financer quoiqu’il arrive, 80 % des coûts nets optimisés du bac jaune, comme c’est déjà le cas (à hauteur de 650 millions d’euros environ) ou presque le cas selon les filières. Il est parfois plus rentable de gaspiller que de recycler ou de réemployer ! On parle donc de refonder le principe de la responsabilité élargie des producteurs mais l’élargissement ne devrait pas aller très loin car ils vont crier au massacre économique et à la mis en péril de leurs entreprises.

Il est par exemple grand temps de mettre les fabricants de matériaux de construction face aux phénomènes des dépôts sauvages effectués par les utilisateurs de leurs produits. Ils génèrent à eux seuls plus de 46 millions de tonnes de déchets par an susceptibles d’atterrir dans des décharges sauvages non prises en compte par les grandes firmes qui fabriquent ces matériaux. Il en coûte aux contribuables la bagatelle de 340 à 420 millions d’euros par an pour les éliminer. La plupart du temps le système est toujours le même : l’entrepreneur facture la collecte, le transport et l’évacuation des déchets de démolition puis tente de s’en débarrasser sans acquitter la moindre contribution à leur élimination.

On irait donc vers peut-être la reprise gratuite des déchets du bâtiment dès lors que ceux-ci ont été triés au préalable, et ce au 1er janvier 2022. Il faudra alors créer de nouveaux points de collecte acceptés par les élus locaux sur leur territoire et les populations riveraines ou proches. Pas gagné ! J’ai des exemples précis à ce sujet. Les contestations sont en effet immédiates quand un espace de ramassage et de traitement de ces rebuts du BTP qui sont pourtant souvent réutilisables est ouvert ou agrandi. Bon courage…

Les bouteilles consignés, les pots de verre consignés, les emballages réduits, les matériaux surveillés : autant de belle intentions qui posent le problème clé du financement. Souvent c’est au consommateur de l’assumer car les taxes ou les frais sont transférés sur les prix d’achat. Il n’est pas possible d’imaginer que les producteurs et les distributeurs vont diminuer leurs profits pour contribuer à redonner du sens à des ventes inutilement créatrices de déchets. Encore une fois les élus locaux sont en première ligne car ils ont en charge l’acceptabilité par les contribuables de mesures certes indiscutablement utiles mais qui se répercutent sur les feuilles des contributions financières.

A quelques mois du renouvellement municipal il faudra beaucoup de persuasion pour expliquer que le gaspillage doit être combattu mais qu’en plus des efforts de tri il faut aussi mettre la main au portefeuille d’une manière ou d’une autre.

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    En Belgique, et en Allemagne aussi, semble-t-il, la consigne des bouteilles existe toujours. Ayant acheté, à Bruxelles de la bonne bière de « mènage » dans la supérette voisine de notre appartement, l’employé à la caisse m’a conseillé : « n’oubliez pas de rapporter les vidanges ».

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