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L’hôpital d’abord victime d’un choix de société

Le service public est le seul patrimoine des plus défavorisés. N’ayant pas les moyens financiers ou matériels d’accéder aux système privé de plus en plus avide de profits dans la mesure où s’est installé un ultra-libéralisme ayant ouvert une pseudo liberté de choix il attendent du service pubic une réponse accessible. Partout les attaques directes ou indirectes se multiplient afin d’affaiblir ce qui relève du bien commun. Bien entendu chaque fois est avancé l’argument réputé imparable des nécessités financières mais il masque mal d’autre choix plus profonds..

Bercy qui ne rêve que « défonctionnariser » à l’américaine absolument tous les secteurs de la vie collective et s’ingénie à le faire par des coupes budgétaires répétées. L’opinion dominante ne se rend absolument pas compte de ce qui constitue la base idéologique du pouvoir actuel : passer du public au privé. Rogner, sans cesse rogner les crédits après avoir annoncé des baisses de la fiscalité apparentes. Le stratagème est démultiplié à l’infini… avec l’espoir que finalement les contribuables-consommateurs ne se rendront pas compte que toute pseudo exonération génère finalement non pas une amélioration du pouvoir d’achat, mais son affaiblissement à court ou à long terme. La privatisation est toujours irréversible ! 

Les libéraux jouent sur le nouveau credo du non-consentement à l’impôt ou à la cotisation sociale solidaire. Ils l’entretiennent. Ils le développent. Ils le vantent. On en est arrivé au paroxysme de ce refus de participer aux dépenses d’intérêt général puisque le salut passerait par une retombée personnelle des efforts consentis. Plus question d’envisager que la solidité de son avenir passe par une application du principe de précaution.

Nul ne peut en effet prétendre, en dehors d’une infime minorité, qu’il aura toujours les moyens financiers de faire face aux situations délicates dans lesquelles il se trouvera forcément. Un service public performant, équitable, accessible reste la seule réponse valable. Si l’on pense que la solution passe par la seule capacité financière pour régler un problème de santé.

Il faut se demander si la mutation souhaitée n’est pas celle d’inciter à utiliser la carte bleue plutôt que la carte Vitale. Les suppléments d’honoraires augmentent. Les frais annexes s’accroissent. Et parfois je me demande comment des gens sous le seuil de pauvreté peuvent encore éviter d’aller aux urgences plutôt que de se rendre chez un médecin traitant ou un spécialiste.

Tous les personnels médicaux travaillant dans les hôpitaux pourraient obtenir des émoluments largement supérieur dans le privé. Ils pourraient en plus « choisir » leur clientèle et ne pas prendre de risques pour des actes complexes et faire des soins à la chaîne… dans des temps records. ils ne el font pas par conviction! 

On sait fort bien qu’il y a des opérations « industrialisées » ou des consultations standardisées. Elles sont réputées comme rentables et donc majoritairement récupérées par des cliniques spécialisées. Il faut reconnaître qu’elles sont souvent performantes et bien organisées. Elles limitent au minimum leur activité durant le week-end et surtout cherchent à éviter tout service d’urgence. Elles laissent au public gérér ces périodes.

Statistiquement les cas les plus délicats, les plus onéreux (il faut bien l’admettre), les plus exigeants en personnel et concernant souvent des classes sociales défavorisées ou des personnes âgées en perte d’autonomie sont confiées au système hospitalier. Comme en plus les urgences constituent un « aspirateur » à situations lourdes ou évolutives l’engorgement menace et renforce les difficultés liées au manque de personnel. L’hôpital ne peut pas refuser les orientations du 15 alors que les cliniques même les plus « solidaires » adaptent leur réponse à leurs capacités présentes. Les crédits globalisés baissent et les besoins augmentent.

Le gouvernement a pourtant baissé les cotisations salariales patronales et individuelles. Mais il a aussitôt décidé d’une série de déremboursements effectués par la sécurité sociale ou d’en réviser d’autre . Un calcul simple permet par exemple de constater un gain par le jeu des hausses et des baisses entremêlées de 22 € mensuels pour un.e salarié.e au SMIC. Combien dépensera-t-il en supplément en cas de maladie dans le système de santé pour lui-même ou sa famille ?

Il faut admettre que le service public a besoin pour survivre de l’acceptation d’une contribution individuelle proportionnelle à ses capacités financières. La refuser c’est se condamner peu à peu à une évolution américaine : en septembre 2017, 67,5% des citoyens américains possédaient une assurance santé privée pour seulement 37,3% qui bénéficiaient d’une couverture de santé publique qui souvent les condamnent à des délais de soins catastrophiques. C’est aussi le cas dans de nombreux autres pays européens.

La profonde crise des hôpitaux est certes liée à des moyens humains et financiers mais elle a ses racines dans un choix de société déjà vieux de deux décennies. Il ne faut absolument pas oublier que cette option est omniprésente dans l’éducation, la sécurité, les transports,… et que le démantèlement se poursuit de manière plus ou moins visible. On en reparle après les municipales !

Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    On ne parle jamais, et pour cause, de déficit du budget de la défense nationale. Il va de soi que l’on ne regarde pas à la dépense pour assurer la défense des citoyennes et des citoyens contre un ennemi ou un danger potentiels (en principe, car les service de secours ne semblent pas toujours concernés par cette obligation ).

    La santé n’est elle pas un bien aussi précieux que la sécurité ? Pourquoi, dans ce cas, parler de déficit de la Santé Publique ?

    C’est un devoir pour l’État de défendre la sécurité des citoyennes et des citoyens, c’es le même devoir qui lui incombe d’engager les dépenses nécessaires pour assurer la sauvegarde de leur santé.
    Toute notion de profit dans ce domaine confine à l’ obscénité.

  2. Gilbert SOULET

    Bonjour,
    Tout est dit : La crise des hôpitaux a ses racines dans un choix de société. Et le 5 décembre s’exprimera dans le rassemblement de cette option omniprésente dans l’éducation, la sécurité, les transports, la Poste, le logement … Notre Service Public n’assure plus la continuité du service, ni l’égalité d’accès, ni l’adaptation des moyens.
    Amicalement à tous,
    Gilbert de Pertuis

  3. J.J.

    La privatisation est toujours irréversible !

    Pas toujours, mais c’est généralement à la suite d’un « séisme »que ça peut se produire : la SNCF, à la suite du Front Populaire, à la Libération, le programme « les Jours Heureux » en avaient été des exemples, que les nantis frustrés sont est en train de dynamiter.

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