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Emploi ou minima sociaux jusqu’à 64 ans ?

La Cour des Comptes joue sans cesse l’empêcheuse de ronronner de plaisir au coin du feu rassurant des certitudes énoncées par n’importe quel gouvernement. Ainsi en plein débat sur l’allongement du temps de travail nécessaire à l’ouverture d’un droit à pension maximum les sages de la rue Cambon casse les pattes aux « canards » de la réforme des retraites. En effet toutes les affirmations qui tendent à démontrer que l’objectif avéré n’est pas une baisse des montants attendus par les salariés sont dézinguées par la réalité. La condition sine qua non pour atteindre le niveau prévu à 64 ans c’est d’avoir encore du travail à cet âge là surtout dans le privé. Or jamais les seniors n’ont autant été licenciés et malmenés par les entreprises.

Selon la Cour des Comptes si le recul de l’âge de départ à la retraite à 62 ans a dégagé quelque 13 milliards d’euros d’économies sur les dépenses de retraite, il s’est traduit par de nouvelles dépenses d’allocations chômage et de minimas sociaux ! Les vases communicants fonctionnent à plein… régime. Qu’en sera-t-il dans une perspective d’allongement de deux ans supplémentaires. Le (la) salarié.e expérimenté.e coûte cher et il est peu adaptable et donc il fait les frais de tous les plans sociaux dès qu’il faut économiser sur la masse salariale. Demandez chez Ford où en sont les seniors licenciés ! 

« La part des personnes âgées de 60 à 64 ans est celle qui, au cours des dix dernières années, a le plus progressé parmi les allocataires de ces prestations, à la fois en termes d’effectifs et de montants alloués », relève la Cour des comptes. L’enveloppe de l’allocation pour les chômeurs en fin de droits de 60-64 ans a ainsi bondi de 75% depuis 2010 et les montants de RSA versés aux 60-64 ans a explosé de 157%! Mais ce n’est plus l’Etat qui règle. 

Au total, la hausse du nombre de chômeurs et de pauvres liée au recul de l’âge du départ à la retraite à 62 ans aboutit à « une dépense supplémentaire de 1,5 milliard d’euros en allocations chômage et minimas sociaux ». Ce constat démontre amplement l’absurdité de l’âge pivot car il suppose que l’économie tourne à plein régime et que les licenciements des seniors sont limités voire interdits.

La Cour des comptes tire le signal d’alarme sur « un risque réel de précarité » chez les plus de 60 ans exclus du marché du travail. Quelque 56% des familles composés de seniors qui sont « ni en emploi ni en retraite ». Les retraités représentaient en 2018, 9,6% des bénéficiaires des Restos du cœur contre 7% l’année précédente.

Comment affirmer que l’allongement de la durée des cotisations améliorera la pension quand, dans leur l’étude des magistrats de le Cour notent que « si les réformes des retraites successives ont contribué à retarder l’âge moyen de départ à la retraite des Français, cela s’est souvent soldé par une hausse du chômage chez les seniors » ? Le taux d’emploi des 60-64 ans atteint en effet 32,2% en France, contre… 45% dans l’Union européenne, et « le nombre de chômeurs de plus de 50 ans a été multiplié par trois » pour atteindre plus de 916.000 personnes chez Pôle emploi en 2019!

Ces constats ont-ils été pris en compte dans la réforme des retraites ? Et quelles en sont les perspectives ? Les chances de retrouver un emploi chutent brutalement après 52 ans. Si le taux de retour à l’emploi est proche des 50 % à 50 ans, il n’est plus que de 30 % à 58 ans et de 20 % à 60  et il sera nul à 62  ! Les chômeurs de plus de 50 ans passent actuellement « en moyenne 673 jours au chômage, contre 388 jours pour l’ensemble des autres demandeurs d’emploi».

Corollaire à cette situation, les seniors sont alors de plus en plus nombreux à sombrer dans la pauvreté. Le rapport pointe « une forte augmentation des effectifs de la tranche d’âge des 60-64 ans parmi les bénéficiaires de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) et de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) ». Pour ce qui concerne le RSA, la proportion de bénéficiaires âgés de 60 à 64 ans a cru de… 111 % en 10 ans. Pour l’allocation pour adulte handicapé l’augmentation est de 192 % depuis 2010 !

Pour ces personnes qui ne sont ni en emploi ni en retraite, « le taux de pauvreté passe de plus de 72 % avant redistribution (de ces revenus de transfert) à 54 % après. Cette part reste toutefois très élevée, à un niveau supérieur à celui constaté pour les personnes sans emploi âgées de 25 à 52 ans (47 % après redistribution) », explique la Cour des comptes.

Le sujet du rapport est tellement préoccupant que le Premier président de la Cour des comptes, a décidé d’adresser un référé au Premier ministre, pour l’alerter sur « le risque de précarité pour les seniors exclus du marché du travail » et « le coût croissant pour la solidarité ».

Dommage que l’on ait pas, une nouvelle fois, évalué les coûts induits d’une tentative de niveler vers le bas le niveau des pensions dans une société qui accentuera cette baisse par la disparition du travail !

Cette publication a un commentaire

  1. faconjf

    bonjour,
    J’ai toujours considéré le méprisant de la répoublique comme un joueur de bonneteau*. Le bonneteur macron, est un charlatan professionnel assisté de complices parfois appelés barons( la REM) . Ceux-ci sont chargés de rabattre les clients( tapage médiatique) , de faire le guet (les syndicats ouvriers et paysans complices) , voire de jouer les gros bras pour calmer les perdants revanchards ( Gaztamer le flic voyou) ou récupérer les gains de joueurs ayant eu vent de l’astuce ( Bercy et les banksters) . Ainsi pendant que l’on observe la carte rouge du bonneteur ( les déficits fictifs ou annoncés) celui-ci les fait habilement passer de la place où elle est censée se trouver à une autre place et les badauds naïfs perdent leurs mises. C’est cette stratégie qui a été employée lors de la mise en place de la CSG pour compenser les charges salariales et c’est la même stratégie pour l’effacement des taxes d’habitation. Et c’est toujours la même pour la réforme des retraites où on refourgue les vieux travailleurs non pas en retraite mais sur la voie de garage de l’aide sociale. Mais au fond « il faut que tout change pour que rien ne change »(Il Gattopardo, Feltrinelli) et c’est toujours NOTRE argent qui finance!
    L’escroquerie du chef bonneteur réside toute entière dans la distorsion du langage c’est l’effet Orwellien du discours politique où chaque mot valise est détourné de son vrai sens !!
    Frédéric Lordon nous l’explique dans le blog du diplo  » … Édouard Philippe : « Nous proposons un nouveau pacte entre les générations, un pacte fidèle dans son esprit à celui que le Conseil National de la Résistance a imaginé et mis en œuvre après-guerre ».
    À ce niveau, dévoyer les mots, c’est conchier les choses. Quand Édouard Philippe s’enveloppe dans le CNR alors qu’il détruit avec une froide méthode tous les acquis sociaux du CNR, il conchie l’histoire politique de la Résistance. Et voilà finalement la marque de ce gouvernement : c’est un gouvernement de conchieurs. Quand Attal et Montchalin osent que le suicide d’Anas n’est pas politique, ils conchient son lit de douleur, et peut-être sa tombe. Partout des conchieurs dans les palais. Buzyn ferme des lits « pour améliorer la qualité des soins » — conchie les malades. Vidal décuple les frais d’inscription des étudiants étrangers « pour mieux les accueillir » — conchie les étudiants étrangers. Pénicaud défait le code du travail « pour protéger les salariés » — conchie les salariés… »
    Lordon nous explique comment ce viol des mots déguise la démocratie en une démocrature qui sombrera dans la révolte Potemkine…
    Mais tout cela ce ne sont que des mots et le sens des mots le gouvernement et l’oligarchie qui le pilote s’en contrefout l’essentiel est que le message du bonneteur passe et que les badauds naïfs retournent à leur condition d’exploités.
    Eviter le moment Potemkine à tous prix en achetant la reddition de la CFDT et des réformistes en leur garantissant une « certaine crédibilité » c’est la raison de la comédie de l’âge pivot dont on fait durer le faux suspens!
    le texte de Lordon est ici https://blog.mondediplo.net/le-moment-potemkine
    Salutations républicaines
    *Le bonneteau est un jeu d’argent, un jeu de dupes de l’ordre de l’escroquerie, proposé à la sauvette sur les marchés et dans les lieux publics. Il est pratiqué au moins depuis le xive siècle en France

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