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Les baby-boomers méritent le sort qui leur est fait

Face à la montée du nombre de personnes en perte d’autonomie la France recule sans cesse la décision du financement de la dépendance. C’est une sorte de tabou puisque dans la période actuelle où la communication gouvernementale se résume à diminuer les « impôts » il paraît en effet extrêmement difficile de mettre en œuvre de nouvelles ressources. Les projets avancent au ralenti dans le Ministères concernés car il faudra affronter Bercy.

Michèle Delaunay vient de publier un livre (1) qui souffle le chaud et le froid sur les lendemains de ceux qu’elles regroupent sous le vocable de « baby-boomers ». Pour l’ex-députée de Bordeaux «  de 1946 à 1973, la France a enregistré entre 800 000 et 900 000 naissances par an! C’est colossal. Les boomers, dont je fais partie, ont aujourd’hui entre 50 et 73 ans. Cela représente 20 millions de personnes qui doivent relever le défi de la longévité. » Une situation que pour celles et ceux qui comme moi sont dans cette catégorie n’appréhende pas totalement.

L’augmentation de la longévité de la vie a ancré dans les esprits une sorte de mythe de l’immortalité. Personne n’envisage vraiment le parcours qui sera obligatoirement le sien… avec l’espoir d’échapper aux maladies dégénérescentes ou handicapantes qui ne cessent de progresser. De plus en plus les personnes âgées attendent l’extrême limite avant de se résoudre à la prise en charge de leurs difficultés physiques ou psychiques. Cette attitude humainement compréhensible transforme totalement la réponse en matière de services.

Pour Michèle Delaunay le « baby-boomers » doit dans le fond se comporter en citoyen.ne aussi longtemps que ses forces le lui permettent. « Combien de retraités militent pour une cause, s’investissent dans le caritatif, les associations, la vie locale? Les municipalités tiennent grâce à eux. Ils portent d’ores et déjà le monde sur leur dos. Il faut avoir un objectif, une passion, qui peut être le violon, le chant choral, la tapisserie, le jardinage… Bref, un moteur qui donne envie de se lever, d’apprendre plus » explique-t-elle dans un entretien au magazine « Notre temps ».

Elle ajoute à juste titre : « Apprendre chaque jour éloigne la maladie d’Alzheimer. Et puis il faut se lancer des défis: peindre pour exposer; se remettre à la clarinette pour faire un concert de jazz avec les copains… Ce n’est pas proportionnel au bagage culturel. Je crois que nous avons tous des qualités non exploitées qui ne meurent jamais ou qui se révèlent tardivement. Il n’est pas trop tard pour se lancer et faire des progrès colossaux. Ce qui menace les retraités, c’est l’ennui, la dépression! » En restant actrice ou acteur de la vie sociale les « baby-boomers » apportent un soutien exceptionnel à ce lien social dont ils ont profité et qu’ils contribuent à maintenir.

Ils sont socialement présent;e.s dans notre époque et ils sont largement impliqués dans le débat démocratique ou la vie associative. A Créon par exemple ils sont les piliers du partage du pouvoir et chaque jour ils jouent un rôle essentiel dans le lien social localement.

D’après une étude de France Bénévolat, on constate qu’environ 20 millions de personnes, soit 38 % de la population des 15 ans et plus « donnent du temps gratuitement pour les autres ou pour contribuer à une cause », « maintenant », dont 13 millions dans une association 2 millions seulement dans une autre organisation (syndicale, politique ou religieuse), 5 millions seulement dans un bénévolat direct de proximité hors famille ou structure associative.

Selon cette même étude, le bénévolat en association passe de 23 % des Français en 2010, à 25 % en 2013 et 2016, et fléchit légèrement, à 24 % en 2019. Ce qui conduit certains à parler de crise, c’est l’évolution profonde du bénévolat, avec des bénévoles plus exigeants, à la recherche de sens, désireux de voir l’utilité concrète de leur action, hésitant à s’engager régulièrement et dans la durée.

Il ne faut pas se bercer d’illusions : ce sont les fameux baby-boomers qui actuellement constituent le socle de cette action solidaire, citoyenne et républicaine (les plus de 65 ans représentent 31 %). Retraité.e.s ils remettent à leur pays ce que ce dernier ne leur a pas nécessairement autant apporté. Beaucoup échappent au vieillissement grâce à cet engagement qui prend fin au moment où les problèmes de la perte d’autonomie arrive.

Si le système des pensions doit être révisé car il irait vers un déséquilibre (non démontré) « dangereux » il ne constitue pas le problème de demain. Un scénario sérieux prévoit que la population dépendante atteindrait de 1.592.000 personnes en 2030 (c’est 300.000 personnes de plus par rapport à 2018), passerait la barre des 2 millions entre 2040 et 2050 pour s’établir à un niveau proche de 2,5 millions en 2060.

On sera dépendant plus tard (84 ans en 2010, 85 estimés en 2030 et 86 en 2060) en moyenne, mais on devrait l’être aussi plus longtemps : de 3 ans en moyenne actuellement à 4 ans. Et si l’on se fie aux calculs ce sera infiniment plus coûteux que les pensions qui elles ne permettront plus à leurs bénéficiaires de faire face aux dépenses relatives à la compensation de leur perte d’autonomie. Soyez heureux baby-boomers… tant que vous le pouvez !

(1) éditions Plon « Le Fabuleux destin des Baby-Boomers ».

Cet article a 4 commentaires

  1. Laure Garralaga Lataste

    Autre proposition : qu’ils racontent leur Histoire… Ils transmettent ainsi à leurs descendants la Mémoire de la famille. Mais à travers elle, ils peuvent également aller plus loin… laisser des témoignages et ainsi transmettre le sens de l’Histoire vécue !

  2. J.J.

    Un exemple entre autres.
    Que seraient les Restos du Cœur sans les retraités ?

  3. Alain.e

    Il est vrai qu’ en France , le droit à mourir dans la dignité n’ existe pas et que seul les plus fortunés iront en Suisse ou en Belgique pour décider de leur dernier voyage .
    Pour les autres , ça sera suicide , ou déchéance , dépendance et autres joyeusetés du grand age !!!
    Il faut savoir que la police est intervenue chez un grand nombre de personnes ayant commandés du Pentobarbital pour décider de mettre fin à leur jours le moment voulu .
    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/10/15/un-trafic-de-barbituriques-demantele-en-france_6015639_1653578.html
    à moins que le coronavirus ,le réchauffement climatique , ou les progrès scientifiques ne résolvent en partie ces problèmes de vieillesse !!!!!

  4. Jouvet Fabienne

    Au vu de ce que j’ai pu lire, et entendre, la toxicité de la réforme de retraites est avérée, je ne crois pas (plus) à cette projection de l’espérance de vie, sauf si le service publique redevient « aidant », les abandons ou renoncements aux soins sont de plus en plus nombreux, les suicides aussi, il ne suffit plus d’avoir « une bonne mutuelle » les déremboursements concernent maintenant des produits actifs, certains même sont pris en charge pour les enfants, mais pas pour les adultes (?) d’autres sont considérés comme de « confort », d’autres encore ne sont même pas « reconnus » alors qu’ils sont plébiscités par des spécialistes…
    Le revenu des personnes handicapées est de 25% inférieur au seuil de pauvreté, le reste à charge des loyers est de plus en plus importants, pour beaucoup, la vie n’est possible qu’avec un suivit ostéo régulier, voir quotidien, le podologue n’est pas un confort mais une obligation, comme les cures, (pour les cures climatiques prise en charge O%) et là…il est question de survie. La médecine à deux vitesses est une réalité, si tu n’as pas les moyens de te maintenir en vie…tu meurs…. bien plus tôt que si tu avais « pu » prendre « soin » de toi. Vieillir en bonne santé et dans de bonne condition dépend de ton compte bancaire bien plus que de tes activités et motivations, alors « 84ans »?…. oui, si tu as de l’argent.. sinon, et avec beaucoup de chance (ou pas) 70…74 ans?…..

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