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Confinavirus (7) : le diable est dans le détail

Avez-vous remarqué qu’en période de confinement tous les jours se ressemblent ? Un dimanche n’est guère différent d’un lundi et un mercredi ne se distingue plus d’un samedi. On les enfile comme des perles similaires sur le fil du temps. Aucun d’eux n’est plus précieux ou plus important que l’autre et seuls des détails changent vraiment le cours des journées.

Ce que l’on finit par remarquer que les préoccupations qui paraissent tellement essentielles habituellement s’effacent devant d’autres ignorées la plupart du temps. Le danger d’ailleurs réside dans ce changement de références puisque l’on est tenté de se laisser emporter par un certain non-conformisme que l’on croit salutaire.

Se lever à une heure raisonnable pour le quotidien quand on est seul.e ou même plusieurs nécessite un effort particulier. Les réveils sont pour une bonne part des actif.ves.s contraint.e.s à rester chez eux deviennent des sentinelles inutiles. Beaucoup d’entre sont confinés au silence. Cet instrument de torture surtout le lundi matin ont perdu de leur superbe.

Et si en plus ils sont couplés à une radio qui débite des nouvelles sur la crise sanitaire il vaut mieux qu’il ne troublent plus les derniers rêves de la nuit. Lentement mais inexorablement la tentation de traîner sous la couette s’installe. Il est prévisible que si la disette d’activité dure il faudra une vraie rééducation.

S’habiller selon les standards du quotidien professionnel relève aussi de la mission impossible. Le jogging, voire le pyjama constituent de nouveaux standards d’une vie sans but réel. Plaire à qui ? Se montrer à ma hauteur de qui ? Épater qui ? On finit par ne plus se le demander et de se contenter de ce qui sera le plus pratique.

Plus les jours vont défiler et plus il sera difficile de se maintenir à la hauteur de ses habitudes. Les dimanches de flemme et de refus des rites sociaux s’enchaîneront sur des semaines entières. L’habit ne fait pas le confiné mais il correspond bien à son moral.

En fait très vite émerge une préoccupation, celle des repas de la journée. Deux cas existent. Le premier : faire la cuisine et justement profiter des circonstances pour retrouver le sens des repas préparés à l’ancienne. Je vous conseille cette approche même si vous n’êtes pas prêt.e d’accéder aux sélections de Top Chef.

Prenez une recette et si vous avez réussi à ressortir indemne du rayon farine, légumes ou viande de votre supermarché et que vous disposez donc des ingrédients lancez vous. Le temps que vous passez à lire le bouquin ou le site internet sera du temps gagné sur l’ennui. Ces moments rendent modeste.

Si vous êtes à plusieurs à vivre sous le même toit et que vous n’êtes pas habitué de vous préoccuper de ce que l’on vous propose au déjeuner vous allez voir que la confection du menu relève d’une occupation authentique. A la cantine, pardon au restaurant d’entreprise, vous avez le choix et vous râlez sur les plats proposés. Pendant le confinement c’est vous qui devrez choir entre les pâtes ou… les pâtes, les frites ou les frites, le jambon blanc ou de pays, le cassoulet dangereux pour la vie de groupe ou les petits pois jamais assez fin…

Le débat autour de ce que l’on va manger prend une importance capitale dans la journée et peut constituer un ferment autogestionnaire fort. Il va en effet devenir impossible d’être original et performant très longtemps. La répétition ne passe alors que par le tout prêt à cuisiner et le prêt à consommer ce qui nécessite des expéditions dangereuses au pays du Covid-19. La routine dans la bouffe est pourtant souvent citée comme cause de séparation. Il faut croire qu’elles seront nombreuses si le confinement dure !

Il reste à lutter contre l’ennui. Le plus dur quand hier ressemble à aujourd’hui et annonce demain. La passion devient alors fondamentale. Un.e collectionneur.euse, un.e artiste, un jardinier, un bricoleur.euse, un.e lecteur.trice seront les plus résistant.es dans la durée pourvu qu’ils.elles aient matière à s’occuper. Bine entendu il reste les réseaux sociaux utilisables comme exutoire à son isolement social.

Des millions de messages circulent mais le plus rassurant c’est la « chaîne » car elle permet de transmettre des messages préfabriqués rassurants ou bien-pensants dans leur contenu mais sans signification directe. On s’évade virtuellement et on brise le silence matériel de son lieu de vie pour accéder aux bruits virtuels des autres.

Dans le fond le confinement risque bien de redonner un vrai sens à la parole sous toutes ses formes et contraindre à l’échange réel autour de sujets dont on se désintéressait jusque là. Une prise de conscience que l’on espère durable…même si l’angoisse qui monte passe bien avant des considérations subalternes comme celles évoquées si dessus.

Cet article a 14 commentaires

  1. Bernadette

    Aujourd’hui lundi, suis en confinement donc pas de réveil puisque je suis retraitée. Je projette de déjeuner avec très peu de pain pour ne pas quitter mon domicile. Le boulanger ne me verra pas.
    Pas de reseaux sociaux, ça ne sert à rien. Le confinement, c’est rester à la maison.

  2. puyo Martine

    Bonjour Jean Marie et bonjour à tous les lecteurs,
    comme tous je suis confinée chez moi et dans mon jardin puisque nous n’avons même plus le droit d’aller sur la route. mais à quoi bon vu que personne n’y circule ?
    donc heureusement qu’il y a le téléphone, seul lien avec mes enfants, ma famille et mes amis.
    la première semaine ne s’est pas trop mal passée, je jardine, je lis et je vais me remettre à faire des loisirs créatifs. j’ai prévu de ne pas sortir cette semaine, mais la semaine prochaine direction la pharmacie pour renouvellement de médocs.
    Prenez soin de vous, écoutez les conseils de l’ETAT, et si vous entendez parler des masques, des millions de masques tenez moi au courant, car on en parle, mais où sont-Ils ?
    bonne journée et à demain de te lire Jean Marie, cela me fait beaucoup de bien. merci de tes récits.

  3. Ph Conchou

    Tonte, anglais en ligne, généalogie, lecture etc… et paradoxalement peu de télé peut-être parce qu’il fait beau;
    On peut aussi se promener, on ne croise personne dans la campagne.

  4. Maxou

    Bonjour.
    Le fait de bénéficier d un jardin est un grand plus et de ne pas sortir pour s aerer et se défouler physiquement
    Merci de penser à ceusses qui résident en appartement sans balcon ni terrasse et qui ont besoin d un peu de rue et de sentir le soleil la pluie le vent le cri des oiseaux
    Cordialement

  5. J.J.

    Bête et discipliné, j’ai pris l’habitude, depuis que je suis en retraite, de me lever un peu plus tard (7h30 au lieu de 6), de m’habiller (sauf la cravate) ce qui fait que je ne trouve pas trop de différence en confinement.
    C’est mon jardin qui me manque. Je commence une culture de tomates sur le balcon, mais ça ne va pas aller trè loin.
    J’ai tenté ce matin de faire en vain une commande sur le « drive » voisin pour quelques produits de première nécessité.
    Mission impossible : les sauvages qui n’ont pas envahi le magasin ont saturé le site, il n’y a plus de créneau disponible cette semaine..
    Salut et fraternité

    1. Bernadette

      Pauvre Maxou,
      Je comprends alors que faire ?
      Bien cordialement

      1. Bernadette

        @Maxou,
        Selon vous, je bénéficie d’un jardin. Il faut savoir que je paie des impôts fonciers pour ce jardin. En fait je dépense beaucoup d’argent entre l’eau pour arroser, les plants etc…Je ferai selon quelques expressions concurrence aux commerçants.
        Si vous demeurez en appartement et que vous êtes propriétaire il
        faut vous « battre » pour obtenir un balcon ou une terrasse. C’est le bien être

  6. faconjf

    Bonsoir,
    à J- 37 de l’arrivée de ce marathon du « reste chez toi » quelles nouvelles ?
    Le naufrage de l’Europe parfaitement décrit dans cet article de Charles Sannat.
    A lire ici : https://insolentiae.com/suspension-historique-des-regles-de-discipline-budgetaire-chacun-pour-soi-et-dieu-pour-tous/
    Et oui « chacun pour soi et dieu pour tous  » la sentence préférée de mon grand père lorsqu’il parlait politique.
    Salutations républicaines

  7. Bernadette

    @façonjf,
    Non c’est chacun de nous.
    Bonne soirée

    1. Bernadette

      @faconjf
      Nous sommes tous différents et c’est dans cette différence que l’on peut faire des choses utiles. Pour moi pas besoin de drive, j’irai au magasin m’approvisonner sans oublier le pain ou les pains ou peut être un pain de 4.
      Allez bonne route, les budgets sont rétrécis mais nous ne sommes pas responsables. Il y a une crise politique grave dans notre pays mais avançons tout de même. Apprenons à parler et à s’exprimer dans le sens du respect d’autrui.
      Bonne nuit faconjf

    2. faconjf

      @ Bernadette on peut aussi citer cela
      « Ainsi le vieux dicton populaire qui exprime la philosophie individualiste, j’allais dire égoïste de l’homme occidental : « Chacun pour soi, Dieu pour tous », pourrait s’exprimer, vu sous l’angle de la philosophie africaine : « Chacun pour tous et Dieu pour personne ».
      Joseph-Marie Zang-Atangana
      La sagesse Africaine, nous en manquons.
      Bonne journée

  8. Jouvet Fabienne

    Ma journée…
    Levée du corps (pardon…c’était de l’humour)… 9h,
    Petit dej … douche…
    10h appel à Maurice, dans le cadre de la Veille téléphonique, coordonnée par le CCAS
    11h préparation d’une pate à brioche
    12h…repas, portage de repas (depuis vendredi ! )
    Un peu de réseau, facebook, mes mails…
    12h30/14h Un peu d’info..BFM, EuroNews et France info… France 2… et un film ou série ..Netflix ou Canal
    14h30 une partie de scabble (presque https://www.acrostiches.com/ ) en réseau avec mon fils et ma belle fille (Perpignan)
    16h/ 18h réalisation de masque en tissus, pour les bénévoles qui vont « au contact »
    18h Préparation d’une soupe de légumes.
    19h repas / re internet et réseau
    20h30 Un film ou deux…. internet, et dodo…. vers …heu des fois tard…
    Demain… une visio avec mes petits enfants, l’appel à Maurice, jeux vidéo (j’adore ça) et confection de masque…
    16h

  9. Bruno DE LA ROCQUE

    Salut jean-Marie. Je suis privilégié par rapport à celles et ceux qui sont coincés dans un appartement, et ce beau temps depuis quasiment une semaine accentue cette impression de pouvoir bouger, me défouler : faucher, eh oui ! à la faux, tailler, nettoyer, biner l’allée sur laquelle nous jouons chaque après-midi aux boules, monter sur le toit (avec la trouille) gratter les mousses. Évidemment, comme tout le monde je vis une désynchronisation totale : ma semaine était cadencée par le resto du cœur où je suis bénévole, la répétition de la chorale, un tour sur le Bassin, un tour en forêt, les courses avec le vélo, le marché le dimanche matin. Encore plus cadencée en fait ces dernières semaines pour cause de campagne municipale… Mais il y a un ado à la maison, qui travaille le français avec mon épouse et les maths avec moi (mineur bangladeshi non accompagné, confié par le Département – protection de l’enfance, en CAP cuisine au lycée des métiers d’Arcachon) et qu’il faut canaliser… Bref, par rapport à bien des potes et des membres de ma famille qui sont confinés en ville, entre leurs murs, même avec balcon, oui (et même si ça m’a coûté et même si je paie du foncier…) je me sens réellement avantagé.
    Seul point négatif (hors débat politique, hors polémique chloroquine ou pas, hors impréparation de notre système de santé à une pandémie de cette ampleur…), et c’est très personnel, aux restos du cœur je conduis, je charge, je décharge, avec les autres je « manutentionne » du lourd comme du léger… en dépit de mon âge (j’ai réussi à faire oublier mes 80 ans en pleine peau !). Et là, parce que les vieux sont plus fragiles face au Covid 19 : je suis hors cadre, un inutile… Là, ça me déglingue.

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