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Confinavirus (39) : déconfinement sur « la ligne de crête »

De ma fenêtre très tristounette aujourd’hui entre les larmes du ciel qui tombent sur les déconfinés pourtant munis de leur dérogation et un soleil n’osant pas de réjouir, j’ai cru apercevoir des annonces réconfortantes. Enfin des mesures compréhensibles et claires sur la situation « pré-effondrement de la France ». Il est indispensable de bien mesurer l’importance des directives données via les députés à l’opinion dominante.

En fait j’ai bien ressenti que le premier des ministres faisait un énorme effort de pédagogie et surtout tentait de s’assurer qu’il ne serait pas ultérieurement responsable directe et personnel d’un éventuel fiasco. Il obéit mais assume-t-il ?

Examinons précisément quelques propositions faites aux représentants du peuple  et qui se résume dans cette phrase : »La stratégie que je viens d’énoncer a pour objet de nous permettre de tenir cette ligne de crête »

La date.- En résumé ce sera le lundi 11 mai mais si l’on écoute bien rien n’est sûr ! En résumé si les Françaises et les Français oublient les règles du confinement et si le jugement quotidien de Salomon démontrent un abandon coupable des consignes on repoussera la date. Ainsi il déclaré : « nous préparons le 11 mai en surveillant tous les indicateurs pour vérifier, département par département, que nous pouvons effectivement lancer les opérations à cette date (sic). Un exemple pour illustrer ma prudence. J’ai indiqué que nous fondions notre stratégie de tests sur une hypothèse de 3000 cas nouveaux par jour autour du 11 mai. »

Il ajoute que « si le confinement se relâchait d’ici là ; si, à l’approche du 11 mai, disons jeudi 7 mai, il apparaissait que le nombre de nouveaux cas journaliers n’était pas dans la fourchette prévue ; que nous ne parvenions pas à casser les trop nombreuses chaînes de contamination ; alors nous devrons en tirer les conséquences. Je le dis aux Français, si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai, ou nous le ferons plus strictement. » Avis à la population qui se croirait libérée… à cette date !

La libre circulation.- Dans l’imaginaire de l’opinion dominante, il deviendra possible de retrouver les déplacements d’il y a quelques mois. Que nenni. Une mesure totalement inapplicable car tellement théorique a été élaborée : « Il sera à nouveau possible de circuler librement, sans attestation, sauf, comme je l’ai dit, pour les déplacements à plus de 100 km du domicile, qui ne seront possibles que pour un motif impérieux, familial ou professionnel. » Les TGV directs entre Bordeaux et Paris pris d’assaut le 11 mai seront donc vidés des réservations des gens n’ayant pas de motifs valables de circuler.

« S’agissant des déplacements inter-régionaux ou inter départementaux, notre logique sera inverse. Nous voulons réduire ces déplacements aux seuls motifs professionnels ou familiaux impérieux, pour des raisons évidentes de limitation de la circulation du virus. Et donc, nous allons continuer à réduire l’offre, à exiger une réservation obligatoire dans tous les trains, à décourager les déplacements entre départements. » Donc même s’il font moins de 100 kilomètres ont ne pourra pas se rendre par exemple de Libourne à Bergerac, de La Réole à Marmande ou de Blaye à Cognac…

Le retour scolaire.- Si l’on considère uniquement l’intérêt des élèves en situation d’inégalité vis à vis de l’interruption des cours il est étonnant que ce soit les plus jeunes sont envoyés en première ligne. En effet si l’on considère que les masques deviennent obligatoires car partiellement protecteur il est difficile d’expliquer ensuite que les grandes sections de maternelles, les cours préparatoires en soient dispensés. Les collégiens, les lycéens aptes à appliquer les consignes de distanciation physique eux ne reviendront que pour cinq semaines de cours quand les « petits » seront à mi-temps pour 7 semaines.

Alors ne parlons pas des autres niveaux pour lesquels les prescriptions sont encore inconnus. Personne n’imagine que ce n’est pas un problème de masques… insuffisants et qu’il faut étaler dans le temps. Comme il n’y a aucune référence aux groupes, un lycéen qui ne sera plus confiné pourra retrouver ses copines ou ses copains dans la journée, devant le lycée mais ne pas entrer dans l’établissement.

Le civisme : On sent bien que la prudence est de mise et que la date du 11 mai, imposée par une annonce abrupte de l’occupant de l’Élysée est acceptée comme une contrainte dangereuse. Alors il s’agit de se trouver des alliés dans cette nouvelle « guerre » beaucoup plus délicate à gagner. La victoire « elle repose sur la confiance que nous plaçons dans les collectivités locales, les acteurs du monde économique et social et les associations. »

Tiens, encore une fois, les collectivités locales que l’on étrangle directement ou indirectement depuis des mois et des mois deviennent importantes et les associations saignées par la crise sanitaire sont appelées à la rescousse… mais pas un mot sur la situation ubuesque des communes sans équipes municipales installées et sur le crise des finances locales (notamment les départements) qui se profile.

Au fait avez-vous entendu une amorce du début de réponse aux difficultés sociales qui vont débuter dès le 11 mai ? « (La réussite) repose aussi, et au fond avant tout, sur les Français. Sur nos concitoyens. Sur leur civisme et leur discipline. Aucun plan, aucune mesure, aussi ambitieuse soit elle, ne permettront d’endiguer cette épidémie si les Français n’y croient pas ou ne les appliquent pas, si la chaîne virale n’est pas remplacée par une chaîne de solidarité. » Solidarité ? Quel mot étrange !

Cet article a 4 commentaires

  1. LACOTTE Bernard

    Que de bonnes nouvelles concernant les futurs déplacements mais il y en a qui n’ont pas de chance. Depuis notre village nous allons sans doute pouvoir nous rendre à la ville (Bordeaux) sans courrir de risque ! mais le trés grand danger le risque extrème va se situer à moins de dix kilomètres à la nouvelle frontière avec le département des Landes Sans nul doute aller rencontrer les villageois de Sore est trés périlleux

  2. J.J.

    Étonnant comme on fait appel à des institutions et des concepts jugés « obsolètes et ringards : le maire, le département , les services publics, la solidarité. On découvre, on redécouvre…

    Une décision complètement (à mon humble avis) illégale et discriminatoire, c’est le droit donné aux parents d’envoyer ou non leurs enfants à l’école.

    Si la mesure peut se justifier sue le plan sanitaire(et je comprends parfaitement les parents qui hésitent à envoyer leurs enfants à l’école à la rentrée), sur le plan légal, elle ne l’est pas : l’école est obligatoire (une des trois définitions de l’École Républicaine, lois organiques de 1881-1882) : ou tout le monde fréquente l’école, ou personne ne revient.
    Méfions nous des « précédents ».

    Cette décision ne peut qu’aggraver, même si ce n’est que symbolique, la fracture sociale.

  3. Bruno DE LA ROCQUE

    Attention, J.J., c’est l’instruction qui est obligatoire. Si bien que les vidéo et autres visio cours ou TP sont légaux…

    1. J.J.

      Je sais , c’est toujours ce que l’on me dit, j’ai de la peine à faire la différence entre école et instruction !
      Pour moi, hussard obsolète, ce sont deux notions « consubstantielles ».
      N’empêche que ça creuse et que ça creusera encore plus les inégalités sociales.
      Bien sûr, l’enseignement par correspondance est légal, mais inégalitaire.
      Les uns benoîtement à l’abri dans leur appartement suivront leurs cours sur internet, les autres auront le droit de courir des risques et d’en faire courir aux autres.
      Situation difficile .

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