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Déconfinavirus (13) : le César marseillais

Le déconfiné hésitant que je reste, a bien du mal à comprendre pourquoi la France soit coupée en deux ! Le bipartisme s’est installé durant cette crise sanitaire et désormais les deux camps s’affrontent sans ménagement de lanière déraisonnable. Comme le veut la tradition nationale chaque partisan se révèle réfractaire à tout argument de ses adversaires.

Les LR (Louangeurs de Raoult) montent ardemment au combat contre les DR (Détractreurs de Raoult) dans ce qui ne ressemble plus du tout à une vision raisonnable du personnage mais plus certainement à une confrontation quasi-religieuse autour des pouvoirs de l’hydroxychloroquine (Plaquenil).

Il devient très difficile de critiquer le « César marseillais » qu’est devenu le directeur de l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection de Marseille. L’IHU va devenir un lieu aussi célèbre que la Bonne mère ou le stade qui fut vélodrome. La moindre pointe de doute soulève des tempêtes que dis-je des cataclysmes. Même si elle se veut prudente, mesurée, légèrement interrogative elle n’a aucune chance d’égratigner les certitudes de ses contempteur;trice.s

De ma fenêtre à petits carreaux j’ai bien du mal à admettre que ce médecin soit devenu une sorte de Robin des Bois défendant des malades malmenés par le système institutionnel. Didier Raoult s’est construit une image d’idole des jeunes et des moins jeunes veulant croire dans l’efficacité de son traitement contre la Covid-19. Ses collègues alignent en effet en période de chamailleries ou d’approximations contradictoires apportées sur un plateau pour sa plus grande auto-satisfaction qu’il s’est trouvé le rôle du roc au milieu .

Insensible à toutes les contestations il fait dans la certitude permanente ce qui conforte ses adeptes justement à la recherche de certitudes face au danger dont on ne cesse de leur rabattre les oreilles. Les gens ont besoin de certitudes dans un magma de prévisions allant jusqu’à la prédiction. Une bonne dose de complotisme sous-jacente, un soupçon habilement exploité d’anti-parisianisme, une rasade de rivalités politico-médiatique auquel on ajoute un denier tiers de narcissisme apparent et on a le fameux breuvage que tous les comptoirs marseillais s’arrachent!

Le déconfiné méfiant que je regrette d’être n’a absolument rien contre un professeur de microbiologie reconnu pour avoir découvert un moyen de cultiver les bactéries rickettsies et être parvenu à les étudier. Et d’ailleurs il a l’humilité de reconnaître qu’il n’a aucune compétence pour mettre en cause celle d’un éminent enseignant d’université. J’avoue avoir beaucoup de mal à comprendre comment des patients ordinaires comme moi pouvait savoir si le Plaquenil aurait des effets bénéfiques ou négatifs sur son éventuelle contamination.

En fait comme dans beaucoup de situations de ce type, les rapports entre le médecin et le malade basés sur une forte confiance réciproque constituent un élément essentiel dans l’efficacité du traitement. D’ailleurs les malades soignés par l’IHU marseillais témoignent d’un attachement quasiment idolâtre à celui qu’ils présentent comme leur sauveur. Ce comportement est amplifié par justement la mise en cause de celui qui vous a guéri… et donc on assiste à un phénomène de groupe similaire à celui des groupies ou des fans.

Le professeur Raoult a réalisé un exploit médical en donnant le meilleur remède à bien des personnes anxieuses : l’espoir ! Toutes les études, les contre-études, les rapports, les enquêtes ne changeront rien à cette réalité. Le problème c’est que les articles scientifiques s’accumulent, sans apporter pour l’instant de preuves décisives en faveur de ces molécules dont le président américain, Donald Trump, s’est fait le champion.

Quatre des plus grandes revues médicales mondiales, ont publié des résultats décevants, voire négatifs dont le fameux Lancet suggèrent que, loin d’apporter un bénéfice aux patients hospitalisés, les médicaments préconisés à l’IHU entraîneraient un risque accru d’arythmie cardiaque et de décès à l’hôpital.

Le mérite de Raoult s’est d’avoir mis en œuvre dès le début de ce qui n’était qu’une épidémie ce que le gouvernement a été incapable de faire : un dépistage systématique lui permettant d’administrer son traitement le plus tôt possible à des malades pas encore au pic de la contamination. D’ailleurs les dernières statistique tendent à démontrer que même si le nombre de contaminés augmentent depuis que les tests sont réalisés, le nombre d’admissions à l’hôpital diminue et surtout les entrées en réanimation baisse comme si l’anticipation sur les traitements et le repérage précoce permettaient de mieux soigner. Dans certains pays il a ainsi été décidé que la chloroquine serait administré dès les premiers signes de contamination !

De ma fenêtre je me dis que les polémiques naissent parfois d’interprétations de détails et que vraiment comparaison n’est pas raison en médecine comme dans beaucoup d’autres domaines.

Cet article a 6 commentaires

  1. François

    Bonjour !
    Je t’approuve dans l’INTEGRALITE du texte. Cette célébrité reconnue mondialement (ne l’oublions pas !) a toujours dit que son traitement été efficace associé à un antibiotique DES LES PREMIERS SYMPTÔMES et non sur des cadavres à la porte de la morgue, comme cherchent à le démontrer bien des études notamment la dernière américaine!
    Il est aussi certain que son look associé à son adresse provinciale déplaisent fortement à la clique parisienne d’incapables médico-politiques.
    Amicalement.

    1. François

      « …le traitement ETAIT efficace associé… »: ce n’est pas une faute de frappe mais, peut-être un symptôme de vieillissement ! ! !!!!!!!!

  2. J.J.

    Je ne suis ni pour ni contre, j’observe.

    Mais je constate quand même un fait troublant : ce médicament bon marché, qui, jusqu’à il n’y a pas très longtemps se trouvait en vente sans ordonnance, employé avec succès depuis des décennies, en particulier en Afrique contre le paludisme, est devenu soudainement dangereux et aurait des effets indésirables.

    Vous en connaissez beaucoup de médicaments (même le doliprane)qui n’ont pas d’effets indésirables, signalés dans la notice qui les accompagne ?

    Il agit peut être également par effet placebo ( ce dont je doute )comme ces préparation homéopathiques qui un temps furent remboursées par la Sécu, sans que l’on ait même tenté de prouver (et pour cause), leur efficacité.
    Les placebos, comme les guérisons spontanées, comme les pèlerinages, ça « marche » lorsqu’il n’y a pas d’atteintes fonctionnelles graves, on n’a jamais vu une jambe ou un bras repousser.

    1. François

      Oui @J.J., l’observation est le début de la compréhension. Par le jeu des critères pour et contre, elles font apparaître la vérité qui amène surprise et/ou …déception !
      Nous approchons de l’Instant.

  3. Puyo Martine

    Bonjour à tous,
    vous avez raison. les polémiques concernant le traitement du professeur D. RAOULT sont parfaitement incompréhensibles. comme écrit François :  » Il a toujours dit que son traitement était efficace associé à un antibiotique DES LES PREMIERS SYMPTÔMES et non sur des cadavres à la porte de la morgue ». Ce médecin chercheur, reconnu à l’international, ne fait pas de politique. si chacun restait à sa place, tout irait mieux : les médecins font de longues études pour apprendre à soigner, les politiques (avec ou sans études sérieuses) sont là pour faire de la politiques plus ou moins efficace.
    bonne journée à tous.

  4. Philippe Conchou

    « La clique parisienne d’incapables medico-politique » venant d’un écrivaillon anonyme cela fait sourire.
    Mr Raoult résume assez bien ce qu’est le monde de la recherche, des confrontations d’ego avant tout, se montrer, se faire connaître en publiant le plus possible (et parfois un peu vite) parce qu’au bout de la notoriété il y a l’argent qui est le nerf de la guerre.
    Même si son histoire de Chloroquine est une vaste fumisterie (comme il semble bien que elle en prenne le chemin) le cher professeur n’est pas prêt de se contredire, s’il perd sa crédibilité, finis les budgets…
    Il pourra toujours se faire embaucher par Trump.

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