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Déconfinavirus (14) : la vérité au fond du Puy

Le déconfiné que je suis, beaucoup plus fringant que la semaine dernière, a envie des se distraire. Il ressasse donc ses souvenirs surtout quand l’actualité les remet au goût du jour. J’ai donc suivi avec intérêt l’amour du Puy du Fou témoigné par le Président de notre République. Il paraît que cette entorse aux consignes en vigueur sur le spectacle a singulièrement agacé bien des responsables de théâtres, de cinémas ou de sites identiques. Pour ma part, je ne suis pas étonné que le grand barnum vendéen ait été adoubé dans la période actuelle par le pouvoir.

Des millions de visiteurs se pressent en effet durant quasiment toute l’année sur les 70 hectares du site du Puy du Fou. Une réelle réussite économique, quand on pense que le premier spectacle avait réuni à peine 600 spectateurs dans les ruines d’un ancien château féodal oublié au cœur de la nature vendéenne. Incontestablement, la réussite sur la forme est au rendez-vous grâce à la conjonction d’une vraie mobilisation bénévole, un professionnalisme exigeant et un soutien des pouvoirs publics conséquent durant des décennies.

Au bout de 40 ans de croissance ce parc d’attractions à caractère historique atteint les sommets de la célébrité et on y vient majoritairement de toutes les régions de France pour vivre des émotions sorties des souvenirs d’école pour les anciennes générations, et nées de la découverte de mise en images de récits épiques pour les plus jeunes.

Ce savant mélange de technologies dignes des meilleures réalisations hollywoodiennes et d’interventions humaines réalistes fournit une vingtaine d’opportunités d’admirer la légende française des siècles. En fait, il faut y aller avec une bonne dose de culture critique pour ne pas se laisser happer par imprégnation idéologique omniprésente dans absolument tous les spectacles proposés.

Et c’est là que se situe la vraie problématique du Puy du Fou : en se laissant subjuguer par la forme superbe on finit par oublier le fond plus discutable ! L’habileté consiste à dissimuler des messages clairs sur une certaine identité française : religion, nation, tradition.

Derrière chaque thème, les auteurs instillent une vision très politique méritant une indispensable lucidité pour en décoder les messages. Ce qui se permet de se divertir pleinement sans avaler l’hostie vendéenne. De Villiers ne s’en est jamais caché : il vend depuis quatre décennies « son idée de la France » au grand public ! Il faut avouer que son objectif est atteint et que la méthode est efficace.

Pas un seul lieu, pas un seul scénario, pas une seule reconstitution ne contient une référence explicite ou implicite au catholicisme. Inutile d’espérer, échapper au miracle de la « lance » de Jeanne d’Arc protectrice divine contre les envahisseurs bourguignons de rouge vêtus, utilisateurs de tous les subterfuges pour s’accaparer le royaume de France. Ne vous étonnez pas qu’Aliénor s’élève vers le ciel paré d’une robe immaculée ! Ne cherchez pas : les Vikings s’en prennent au monastère.

Si l’on va découvrir le superbe spectacle sur les mousquetaires, la référence n’est pas celle de d’Artagnan mais celle du cardinal de Richelieu magnifié en protecteur du pays. Le Dernier Panache tout à la gloire du général de l’Armée catholique et royale de Vendée, François Athanase Charette de La Contrie, ayant combattu lors de la Guerre de Vendée contre les républicains de la Première République française. 

Aucun risque de se tromper puisque dans le village 1900, il n’y a pas d’école communale quand celui du moyen-Age est construit autour d’une chapelle. Hasard de la reconstitution : la tranchée de la Grande Guerre reconstituée avec un saisissant réalisme, vit sa nuit de Noël avec, en dernière scène, une vision subliminale d’une crèche naturelle lumineuse. Impossible d’ignorer que la France est la fille aînée de l’église. C’est assumé et nul ne peut songer à en faire le reproche aux concepteurs de ce parc parfaitement maîtrisé et régulé.

Une scénographie parfaite, des effets spéciaux toujours réussis, une dynamique constante, un texte ciselé, une pyrotechnie tonitruante confortent la prise en compte de cette transmission subtile d’une culture réputée ancrée dans notre civilisation. Le parc des fables de La Fontaine, les automates musicaux du début du siècle dernier ou le festival des eaux servent de traits d’union à cette réécriture d’un grand livre d’histoire illustrée qui autrefois figurait dans le cartable des écoliers français.

Souvenez-vous : le martyr de Blandine livrée aux lions ; Charlemagne visitant une école ; Clovis expiant le bris du vase de Soissons ; Charles Martel arrêtant les arabes à Poitiers ; Bayard sur le pont de Marignan ; Jeanne d’Arc brûlée vive à Rouen ; Ravaillac poignard en main assassinant Henri IV ; Richelieu de pourpre nimbé sur la digue de La Rochelle ; Louis XIV se comparant au soleil dans les jardins de Versailles ; la prise de la Bastille par le peuple ; Napoléon à Austerlitz… et tant d’autres gravures ayant la même vocation mais qui actuellement passionneraient moins les enfants que les figurines Panini des footballeurs du P.S-G ou de l’O.M. !

Le Puy du Fou mérite d’être découvert ne serait-ce que parce qu’il met la qualité de la création au service d’une certaine Histoire de la France. D’une manière générale, à travers les différents spectacles historiques ce sont surtout les chrétiens et les royalistes qui sont mis en scène, se battant contre des envahisseurs (Empire romain, Vikings, Anglais lors de la guerre de Cent ans, Républicains lors de la guerre de Vendée…) dont ils finissent par triompher moralement ou physiquement.

C’est un média d’autant plus puissant qu’on l’apporte avec l’émerveillement des apparences. A cet égard, je ne regrette pas d’y être allé pour en avoir pris conscience ! Le virus de la critique m’a contaminé il y a longtemps.

Cet article a 4 commentaires

  1. Denise Greslard Nédélec

    Je n’ai jamais voulu ou accepté d’aller visiter ce « barnum » tout simplement parce qu’il a été et est encore fait pour enrichir même pas honteusement un sale type nommé De Villiers. Cet élu a profité de sa position pour monter, avec la bénédiction (!) d’autres élus, petits et très grands, un très lucratif business qui, s’il a enrichi sa région par l’attractivité touristique subitement offerte, a surtout enrichi une famille, que dis-je, une dynastie peu regardante sur ses propres turpitudes. Et le contenu que tu nous racontes m’incite à penser que j’ai eu raison. Beurk…

  2. Puyo Martine

    Bonjour Jean Marie,
    Vendéenne d’origine, née à Bx par hasard, ma famille étant des deux cotés vendéenne du pays de Monts, je ne suis allée au puy du fou qu’il y a deux ans. j’en suis sortie émerveillée et non blasée comme tous nos jeun es. Ph de Villiers, on aime ou pas, mais il a fait de la Vendée un département attrayant, ce qu’il n’était pas avant son arrivée au conseil général. je précise que je retournais en Vendée tous les ans, et que j’ai vu ce département évoluer de façon remarquable. Que M. de Villiers enjolive l’histoire, il ne serait pas le premier.
    j’ai eu très peur dans la tranchée de la grande guerre me trouvant nez à nez avec un soldat sorti de je ne sais où. quelque chose que j’ai particulièrement apprécié en plus des spectacles somptueux c’est la propreté du site. Pas un papier ni un mégot au sol. Il faut dire que les poubelles sont tellement rapprochées que cela incite à les utiliser. j’en garde un excellent souvenir et j’aimerai bien y retourner, car c’est quand même mieux que Disneyland, où je ne suis jamais allée parce que vraiment cela ne m’intéresse pas. un regret, les guerres de Vendée ce fut quand même un génocide, mais de celui la on ne parle pas trop.
    Bonne journée

  3. J.J.

     » François Athanase Charette de La Contrie, ayant combattu lors de la Guerre de Vendée contre les républicains de la Première République française. »
    Autrement dit, pour appeler les choses par leur nom, un « collabo », se battant sous prétexte de religion et par fanatisme, soudoyé par les anglais hérétiques (nos ennemis héréditaires de l’époque), et contre son propre pays.
    Evidemment la légende dorée, colportée par des émules de monsieur Berne ou monsieur Deutsch ne raconte pas vraiment la même chose, n’hésitant pas à interpréter l’histoire comme ça les arrange.

    Quant à la scandaleuse tribut Devilliers, n’ayant pas l’habitude d’employer des termes grossiers, je n’en dirai rien.

    La Vendée (qui aurait du s’appeler le Département des Deux Lay) serait une bien agréable région sans ….

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