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A quel stade en est le foot ?

En appelant la justice au secours du monde du spectacle sportif professionnel les auteurs des recours ont franchi un pas vers la disparition pure et simple des liens entre une pratique codifiée par une Fédération et les clubs. Alors que dans tous les autres pays européens la situation s’est réglée « à l’interne » sans aucune difficulté, la France a basculé vers la judiciarisation du football réputé entretenir la seule glorieuse incertitude du sport. Chaque saison il y aura donc désormais matière à contester les descentes, les montées et les places européennes sur la base de phénomènes extra-sportifs divers.

Le champion toute catégorie de l’abus de procédures portées vers les tribunaux n’est autre que le Président Directeur général du seul club coté en bourse qui voit s’envoler le pactole de la Champion’s League et qui tente de préserver les intérêts de ses actionnaires. Chaque jour il invente une solution miracle lui permettant d’entretenir une contestation entretenant sa notoriété. Le Conseil d’État l’a ramené sur la pelouse mais ce n’est pour autant qu’il mettra fin à ses demandes destinées à replacer l’Olympique à la place qui conviendrait à son standing supposé.

« Les décisions prises s’imposent à nous et nous allons évidemment les adopter, a réagi Jean-Michel Aulas à la décision du Conseil d’État, de confirmer l’arrêt des Championnats et les classements 2019-2020 par le conseil d’administration de la Ligue. « Nous allons regarder les questions de droit au fond car le Conseil d’État a été saisi en urgence », a ajouté le président de l’OL, sans exclure donc une poursuite de son combat sur le plan judiciaire ce qui serait suicidaire pour la prochaine saison.

Tous, sans exception dans des impasses financières, les clubs ont besoin de vue à moyen terme pour préparer une reprise s’annonçant très compliquée. Les pertes de la Fédération (plus de 10 millions d’euros) après les annulation des rencontres amicales de l’équipe de France n’arrangent pas le contexte.

Les chaînes spécialisées dans les retransmissions piaffent d’impatience et font pression pour que leur soit proposées des heures de matchs avec ou sans public. Les joueurs s’attendent à un taux de chômage jamais atteint des centaines d’entre eux risquent de devoir arrêter leur carrière professionnelle puisque personne n’aura les moyens de recruter sur les bases des tarifs habituels.

Le monde politique s’est évidemment emparé du sujet surtout qu’à Lyon la nouvelle alliance à mis en marche celui qui vantait il y a peu les mérite du Président. Non pas celui qui est à l’Élysée car il serait un supporter de l’OM mais celui qui dirige l’OL ! Six sénateurs, potes du découvreur du nouveau monde aux présidentielles (dont la plupart du Rhône) ont déposé un amendement en faveur de la reprise de la saison 2019-2020 de football, qui a été rejeté.

Le Premier des Ministres a en plus sifflé la fin des espoirs des Gônes sans fléchir : « Je ne crois pas que le moment soit venu. J’espère qu’il viendra bientôt, et que le début de la saison prochaine pourra s’effectuer dans des conditions normales » Circulez il n’y a rien à espérer !L’action de l’OL s’est effondrée à son plus bas niveau légèrement a u-dessus de 2€ pour se situer actuellement à 2,28 € ce qui n’est guère satisfaisant.

Le modèle économique du football français est malsain et il va y avoir des morts dans les prochaines mois. Les spectateurs réputés indispensables dans les stades n’ont réellement aucune influence sur les équilibres financiers. A Paris, les recettes nettes au stade représentent certes un quart des recettes et à Lyon 20 % mais tous les autres sont majoritairement en dessous de 5 % comme à Bordeaux ! On voit bien que le huis-clos ne gêne pas les clubs allemands ou anglais car leur financement est ailleurs.

Alors la télé et surtout la vente ou la revente à l’étranger des joueurs constituent la principale ressource. Si vous diminuez les rentrées du partage du pactole des retransmissions et vous tarissez les transferts la crise sera mortelle. Les masses salariales totalement déconnectées du spectacle offert risquent de connaître une sérieuse cure d’amaigrissement.

Reprendre même pour les rencontres amicales ou officieuses (tournois) devient dans ce contexte une obsession puisque les matchs peuvent être les « vitrines » pour la cote de certains éléments et procureront des rentrées capitales pour relancer la saison. Il restera à mesurer les affluences comme signe de l’avenir mais je suis prêt à parier que le huis-clos qui était une sanction deviendra le reflet de l’état réel du football professionnel français : une ballon pouvant se dégonfler sous l’effet de la moindre crise extérieure à son monde des apparences.

Cet article a 4 commentaires

  1. Philippe Labansat

    Pour moi, « sportif », pédaleur, pousseur de ballon ou de balle, n’est pas un métier.
    Ces activités mobilisent des masses d’argent énormes, mobilisent des fonds publics énormes (stades, infrastructures, forces de l’ordre…), au moment où on nous dit que « les caisses sont vides ».
    De plus, elles accaparent des temps d’antenne démesurées et endorment l’intelligence de la population, (mais n’est-ce pas une de ses principales fonctions ?), réveillent des nationalismes rances, encouragent la démagogie politique la plus stupide (tout politique se doit d’avoir son équipe favorite).
    Bref, je ne verserai aucune larme sur la dépouille du football de tout autre sport professionnel…

  2. Guy Trupin

    Le foot de chez nous, celui qui se pratique par des garçons et des filles qui jouent pour le maillot et les couleurs locales est bien loin de celui pratiqué par « ces vedettes pro » dont une partie mesurent leurs efforts en fonction des subsides à venir. Oui le foot nous a fait rêver , oui le foot pro d’aujourd’hui m’écœure . Il m’écoeure par les sommes astronomiques versées aux joueurs, il m’écoeure aussi souvent (en france) par la médiocrité du jeu développé. il m’écoeure par le comportement de certains dirigeants qui manipulent joueurs, spectateurs, élus, stades comme des machines à faire du fric. L’arrivée du Covid bouleverse l’échafaudage pré établi et met au grand jour les combines et les déficits. Les lendemains du foot pro français ne sont pas brillants Là aussi le monde d’aprés devra être bien différent du monde d’avant. G.T.
    élus,

  3. J.J.

    Panem et circenses, plus que jamais d’actualité !
    Le conseil d’État n’a pas de préoccupation plus urgente que prendre des décisions à propos des prestations de ces histrions nantis et de leurs exploiteurs ?
    Ah ! J’oubliais, c’est une question de gros sous !

    Philippe Labansat m’a encore ôté les mots du clavier …

    Guy Turpin @ « Là aussi le monde d’aprés devra être bien différent du monde d’avant. » G.T.
    Je crains, à voir la façon dont resurgissent plus ou moins subrepticement des cartons les plans de démolition sociale, que le monde d’après soit exactement comme celui d’avant, et même pire.

    Les Rapetous du gouvernement et de la Phynance lorgnent déjà avec gourmandise sur les économies de précaution accumulées par les citoyens.
    Jadis l’Épargne une qualité encouragée dès l’école primaire, maintenant c’est considéré comme une tare, un défaut .
    Vous ne dépensez pas assez !

  4. Philippe Conchou

    Totalement d’accord avec JJ, sauf qu’à la place de « je crains » je mettrais « je suis certain ».
    Depuis quand épargner est-il une tare? Et si les lendemains déchantent, on fait comment sans quatre sous de côté?
    Certes si le pognon ne circule pas une partie de l’économie ne fonctionne pas, mais notre économie n’est-elle pas celle du gaspillage et de l’inutile?
    La crise nous aura rappelé comment on peut se passer de l’inutile.
    « demandez du pognon, on vous expliquera comment vous en passer » disait Coluche.

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