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Reconstruire la confiance plutôt que sanctionner la défiance

L’accumulation de tous ces éléments annoncent des moments difficiles pour les maires des communes ne disposant d’aucun moyens humains pour faire face à cette vague de contestation du statut conféré par le suffrage universel. La manière dont se sont déroulées les opérations électorales communales a constitué une vraie dépréciation de la fonction élective locale dans bien des cas. Quand l’élu.e dispose d’une majorité indiscutable en terme de nombre de suffrages par rapport à celui des électrices et des électeurs il dispose d’une légitimité asseyant son autorité.

Le niveau de l’abstention marque indéniablement le mandat qui s’ouvre. Tout responsable lucide, quel que soit son niveau, sait désormais que la contestation irrationnelle de ses actes entre dans le cadre de son action.

L’accumulation de lois, de décrets, de circulaires, de règlements, de normes, de dispositifs rend toute action publique aléatoire. L’action violente (pas nécessairement physique) de minorités agissantes entre dans le jeu démocratique et vient singulièrement renforcer l’insécurité permanente dans l’entourage des élus locaux.

Si la contestation appartient aux moyens qu’il faut préserver il en va tout autrement de l’obstruction systématique. Dans un tel contexte, l’intérêt général s’effondre face à la conjonction des attaques plus ou moins individuelles. Le désintérêt sociétal pour le « positif » qui ne serait qu’un dû rend la tache élective extrêmement ingrate et il faut sans cesse lutter contre le « négatif » qui germe dans les rumeurs ou les approximations.

La situation actuelle devient de plus en plus malsaine. Par ignorance les consommateur.trices.s de l’action publique abandonnent leur rôle de citoyen.ne.s fragilisant ainsi la démocratie représentative. Dans quasiment tous les cas d’agressions dont ont été victimes les maires depuis le début de l’année, on retrouve des personnes n’ayant pas participé aux scrutins municipaux soit parce qu’elles sont marginalisées ou désocialisées soit parce qu’elles ne reconnaissent pas la valeur du bulletin de vote.

Le statut de tout détendeur d’une autorité se désagrège chaque jour davantage. Il ne s’agit pas d’avoir recours à un autoritarisme (et celles et ceux qui me connaissent en conviendront) réclamé parfois de manière délibéré par les exploitant.e.s du fond de commerce de la peur. Il serait plus utile de se pencher sur les causes que sur leurs conséquences.

Éducation et pratiques citoyennes en décrépitude complète en milieu scolaire. Laxisme exponentiel sur les valeurs républicaines. Médiatisation à outrance des méfaits commis par quelques dizaines d’élu.e.s exploitant pour éviter des condamnations les arcanes des procédures judiciaires. Culte exacerbé de l’individu face au collectif.

Haine catastrophique pour tout ce qui ressemble à une entrave à la réussite individuelle. Déception provoquée par un sentiment d’échec personnel dans un monde où la réussite s’affiche de manière ostentatoire. Les raisons des violences ne sont pas que liées au manque de sanctions à l’égard de leurs auteurs. Elles appartiennent intrinsèquement à notre société.

Les débats autour des indemnités illustrent une situation générale qui ne sera guère modifiée par la décision présentée comme exceptionnellement « efficace » de transformer les « injures » à l’égard des maires en « outrages ». En effet ces discussions autour de barèmes fixés par l’Etat révèlent que le sens même de la mission des élu.e.s locaux a été détournée. La volonté des fondateurs de la République et du suffrage universel consistait à ouvrir le pouvoir à des citoyen.ne.s de tout niveau social.

L’indemnité prend alors tout sons sens car elle doit permettre à celle ou celui qui la perçoit de se consacrer à la gestion des affaires publiques en étant dédommager du temps qu’il retranche sur son activité professionnelle ou même familiale. Elle est soumise aux cotisations sociales, de retraite et partiellement ou totalement aux impôts sur le « revenu » et retourne donc en grande partie vers la solidarité nationale.

Depuis des années je réclame que l’État prenne à sa charge l’indemnisation de celles et ceux qu’il charge de missions de plus en plus lourdes et que l’on donne un vrai statut de représentant local de la République sur les territoires. C’est le seul moyen de redonner du sens à l’engagement électif.

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