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Un assassinat qui nécessite des décisions urgentes

Lorsque samedi matin j’ai décidé de lancer un appel pour une réaction nationale à l’assassinat de Samuel Paty je savais parfaitement que mon initiative déchaînerait quelques pulsions contraires à mon objectif. Inévitable lorsque l’on sollicite un soutien après un événement soulevant une intense émotion. N’empêche que rien ne serait pire que l’indifférence et il faut admettre qu’offrir aux autres une opportunité de s’exprimer hors des carcans de l’opinion dominante.

Les nombreux commentaires et les contacts que j’ai eues me conforte dans cette initiative. Il est impossible de se répandre sur la nécessité de préserver la liberté d’expression et tout faire pour une fois encore laisser les « autres » parler à la place des citoyen.ne.s sur un sujet aussi grave. Le gouvernement a décidé sans que l’appel ait eu un poids quelconque (il faut le reconnaître) de souscrire aux points principaux.

Parmi le millier de prises de position beaucoup insistent sur la nécessité de construire une riposte durable et fiable à la montée de tous les extrémismes et, c’est évident, celui de l’islamisme. Il nous est toujours promis un « monde d’après » mais nul ne sait vraiment la durée de sa gestation et surtout qui en sera le « père ». Le gouvernement va encore pondre des circulaires comme si le système débordé de tous les cotés avait encore une efficacité.

De partout pleuvent les solutions les plus faciles car elles ne nécessitent pas d’effort, pas d’analyse, pas de risques. Parmi les commentaires postés au bas de l’appel, le rétablissement de la « peine de mort » revient évidemment en force comme la solution idéale à tous les problèmes profonds de notre société. Rien n’empêchera plus que le sujet revienne dans l’actualité politique et serve de tremplin pour la montée d’autres extrémismes. C’est ainsi depuis près de trente ans.

Inutile de préciser que les conseils en matière d’expulsions ou des renvois généralisés fleurissent de tous les cotés. Ils vont eux-aussi occuper le devant de la scène politique puisque le sujet s’y prête. Le danger bien réel et indiscutable de l’existence de réseaux structurés et véritablement dangereux ne disparaîtra pas du jour au lendemain avec le renvoi de quelques centaines de personnes.

Le monde d’après, sur la base des renseignements connus, nécessite des dispositions certes moins spectaculaires mais plus efficaces.

D’abord il faut, dans tous les domaines appliquer les lois existantes sans tergiverser et sans louvoyer pour des raisons électoralistes. La reconquête républicaine n’a pas besoin de énièmes textes nouveaux. Les dérives sectaires mettant en péril le libre arbitre des individus sont condamnables. Elles existent et se développent sous le couvert de religion alors que ce ne sont que des pratiques d’endoctrinement aussi dangereuses que bien d’autres interdites. Le prosélytisme dans les administrations, les entreprises, les établissements publics est formellement interdits hors il n’est jamais condamné.

Le salafisme et ses variantes sont simplement protégés par des États importants et il n’est donc pas question d’y toucher alors que l’on en connaît parfaitement les effets sur la vie sociale française. Les pétrodollars ne vont pas que vers le monde du sport. Loin s’en faut.

Ensuite il serait important de mettre en place un code de l’éducation avec une charte obligatoirement signée par les parents ou les élèves majeurs avant la rentrée dans l’établissement. Il devrait formaliser la protection des enseignants et surtout permettre des mesures rapides vis à vis des enfants ou des élèves n’en respectant pas l’esprit et la lettre.

Le règlement intérieur actuel n’a pas de véritable valeur contraignante car il fait peser la responsabilité de son exécution sur les chefs d’établissement. Pourquoi alors ne pas installer au niveau départemental une instance externalisée de défèrement de tous les cas de manquement grave ou répétitif avec un barème de sanctions impliquant la responsabilité des parents. Le retour à la confiance par leur hiérarchie dans les enseignants de terrain prend une importance particulière tant elle est battue en brèche depuis des décennies.

Les manquements à la laïcité doivent être durement sanctionnés. On est dans la mesurette permanente et jamais dans l’affirmation claire de sa prééminence dans l’espace public comme une valeur essentielle de la République. La laïcité, rien que la laïcité mais toute la laïcité avec des initiatives comme celle de la plantation massive « d’arbres » dans tous les établissements scolaires. Chaque recul de cette valeur essentielle a créé un vide que les communautarismes ont exploités.

Dans quelques semaines la seconde vague de la Covid-19 aura emporté les indignations et je prends les pari qu’un Grenelle de quelque chose ou une commission d’autre chose sera mise en place pour faire des propositions qui ne seront une nouvelle fois jamais appliquées. Est-ce nouveau ?

Bandeau photo de l’article : Le premier Arbre de la laïcité a été planté le 19 juin 2010 à Créon (33) d’après une idée et sur l’initiative de Guy Georges, instituteur syndicaliste et militant anticlérical de gauche, et moi-même alors maire de Créon.

Cet article a 12 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    Bonjour Jean-Marie
    J’ai l’impression que mon courriel s’est envolé avant Captcha
    J’écrivais que les Lois Républicaines indiquent le SNU de 1 mois à disposition des jeunes filles et garçons dès 16 ans. J’ai renouvelé hier ma proposition d’il y a quelques mois déjà que ce Service National Universel soit OBLIGATOIRE pour 6 mois au plus. Amicalement du vieux Gilbert de Pertuis qui a été Appelé du Contingent 27 mois et plus, là-bas, dans les Aurès, puis sur la frontière Tunisienne …

  2. Alain

    bonjour
    bien sur encore une commission Théodule qui fera passer le temps
    avec des technocrates bien rémunérés qui n’ont jamais mis leur c.. dehors .
    et pendant ce temps on passera à autres choses .
    Car c ‘est ainsi nous sommes gouvernés par les événements !
    bien aidé par les médias chasseurs de scoop.
    L’école est la base de la citoyenneté et apparemment les profs n’ont plus les moyens
    de forger les esprits et d imposer la laïcité
    un jour viendra chantait Ferrat …..

  3. J..J.

    Hier soir j’écourais le député Olivier Falorni, lui même ancien enseignant et très actif dans la lutte contre le fondamentalisme. Il était pour toutes sortes de raisons très en colère.
    Entre autre nouvelle, il paraît que Samuel Paty, s’ il n’était tombé sous les coups d’ un nouveau Ravaillac, aurait été passible
    d’une sanction prononcée par les autorités académiques.
    Si cette information se révèle exacte, elle est d’une extrème gravité et l’on peut se demander à quoi jouent les autorités.
    Un enseignant a été suspendu et sanctionné il y a quelque temps pour avoir utilisé les mêmes caricatures dans un cours. d’instruction civique.

    1. Laure Garralaga Lataste

      Si l’information concernant l’enseignant suspendu et sanctionné est vrai… C’EST GRAVISSIME !
      Merci de fournir les preuves de cette sanction !

      1. J.J.

        LAURE GARRALAGA LATASTE@
        Je n’ai malheureusement pas de preuves de cette sanction, c’est pourquoi je n’affirme rien. Il paraît que Blanquer a démenti, mais comme j’ai confiance en lui comme on peut être confiant dans la « bénignité » d’ un serpent à sonnettes…. (ou à sornettes).

        1. François

          Bonjour !
          « Un professeur déjà suspendu en 2015 pour avoir montré les caricatures de Mahomet à ses élèves  »
          Paru dans Valeurs Actuelles du 17 Octobre 2020, fait observé au collège Jean Vijjon à Mulhouse.
          Sanction prise ‘pour calmer l’atmosphère » ! ! !
          Cordialement.

  4. Laure Garralaga Lataste

    Pourquoi nos parents venus d’Espagne étaient-ils de fervents défenseurs de la Laïcité ?
    Parce que leur chère 2e République avait été écrabouillée par les fascistes de Franco lorsqu’il prendra la tête du mouvement (début août 1936), soutenus et appuyés par UNE LARGE PARTIE de l’église apostolique romaine espagnole. Les valeurs de cette République espagnole étaient au nombre de 4 : Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité, s’inspirant des valeurs républicaines françaises. Autre symbole, elle choisira le 09 décembre 1936 pour promulguer sa constitution. Ces Espagnols des Lumières ont payé très cher leur attachement à ces quatre valeurs ! Une suggestion : que le gouvernement de la France, comme l’a fait la 2e République espagnole, retienne non pas 3 mais 4 valeurs. Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité.

  5. Laure Garralaga Lataste

    Correction d’une malencontreuse erreur !
    La 2e République espagnole choisira le 9 décembre 1931 pour ^promulguer sa constitution.
    Avec mes excuses… (la vieillesse m’a rattrapée).

  6. Puyo Martine

    Bonjour Jean Marie
    Tout est dit dans ton texte ainsi que dans ceux des intervenants ci-dessus.
    ce qui arrive est atroce et désolant mais il ne faut pas dire que l’on ne voyait rien arriver. déjà le non soutien des enseignants par leur hiérarchie. le laisser faire des jeunes d’origine musulmane qui renient l’enseignement délivré en France; Ils ont oublié que dans leurs pays d’origine l’enseignement n’est pas gratuit, qu’il n’y a pas de transports scolaires et qu’ils ont souvent des kms à faire pour s’y rendre. l’Etat à interdit le port de du voile et de la burqa mais n’a pas fait respecter cette interdiction. l’Etat a été trop laxiste avec cette population (pas de porc à la cantine, etc….) l’Etat s’est assis sur nos valeurs, sur nos us et coutumes, leur pardonnant tout ou presque, laissant des imams étrangers prêcher la haine des mécréants (c’est à dire le peuple français). l’Etat a été dans le déni, se mettant la tête dans le sable. et maintenant que va-t-il faire ? que vont devenir ces mineurs non accompagnés ? qui sont ils, que vont ils faire ? facilement maniables ils sont tout à fait capable d’atrocités. Comme disait M. ROCARD « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » et c’est ce que l’on a fait, à nos risques et périls. l’Europe et ses frontières ouvertes a été une grosse erreur.

  7. Alain.E

    Haine , dégout , lâcheté d’une certaine presse , de certains politiques , de certains syndicats et associations , lâcheté d’une certaine hiérarchie enseignante .
    Pour ceux qui n’auraient pas vu ce documentaire , je poste le lien d’ une certaine façon de vivre à la française
    https://mobile.francetvinfo.fr/economie/medias/charlie-hebdo/video-hommage-a-charlie-hebdo-regardez-le-documentaire-c-est-dur-d-etre-aime-par-des-cons-de-daniel-leconte_3774627.html#xtref=http://m.facebook.com/&xtref=https://www.francetvinfo.fr/
    Cordialement .

  8. Christian Grené

    Encore heureux qu’il y ait encore des hommes comme Jean-Marie Darmian pour dire les choses que l’on aimerait pouvoir dire comme lui. Et plus encore de savoir les écrire.
    Je m’honore de l’amitié de Jean-Marie Darmian qui, pour moi, a tous les traits d’un authentique président de la République. Mais qu’il continue de dire et d’écrire plutôt que d’endosser un costume qui fait que ceux qui l’endossent finissent par ressembler à Arlequin, et même à des… coquins.

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