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Confinavirus (Saison 2-épisode 8) : l’Etat prié de rouvrir les églises

Inutile d’espérer éviter une polémique quand on ne reste pas sur les rails de la bienséance, des discours ou des écrits entendus. La réflexion, l’analyse conduisent pourtant parfois à s’interroger sur la manière dont est retranscrite l’actualité surtout en cette période où l’emballement médiatique déforme nécessairement les faits.

Il y a parfois une certaine gêne à s’astreindre à une forme d’autocensure pour ne pas être accusé de devenir avec l’âge un donneur de leçons ce qui peut-être parfois dit d’une autre manière : « faire l’instit’ »

Si par exemple on se penche sur les événements de ce week-end et sans vraiment vouloir se lancer dans des comparaisons mal placées il faut bien reconnaître que le traitement des informations s’accroche parfois aux souhaits supposés du public visé. Cette tendance se généralise car il est indispensable à la survie des supports tributaires de rentrées financières liées à l’adhésion qu’ils suscitent par leur hiérarchisation de l’actualité.

Inutile de préciser par exemple que chaque jour le « fait religieux » prend une place croissante dans le quotidien de la vie collective. Malgré tous les efforts des défenseurs d’une « laïcité » préservatrice des valeurs républicaines, les atteintes à cette nécessaire attitude collective est bafouée. Bien évidemment elles sont similaires pour toutes les religions et elles se produisent en tous lieux avec des réactions différentes.

Alors que chaque fois qu’elles se produisent on en fait des tonnes au sujet des séances de prières musulmanes hors des mosquées on a pu constater que les catholiques réclamant le droit à célébrer les offices de leur confession religieuse ont organisé sans gros problème des sessions de ce type sur l’espace public. Ces manifestations, contraires aux règles de la lutte contre la pandémie, n’ont pas donné lieu aux heures d’analyse désomais traditionnelles par les « spécialistes » des télés perroquets ni à verbalisation.

Rouvrir les églises c’est également rouvrir les mosquées ou les temples  mais les revendications ne semblaient pas aller jusque là. Ainsi, 250 personnes ont manifesté à Rennes samedi. Dimanche, elles étaient une centaine à Strasbourg, 200 à Bayonne, 300 à Nantes ou à Bordeaux. Sur la Place Pey-Berland des prières et des chants ont retenti devant la cathédrale après que les organisateurs aient sollicité des ouailles le respect de la distanciation sociale.

Il n’y a eu aucune intervention pour disperser la foule mais et c’est la moindre des choses une convocation au commissariat a été transmise, à bordeaux,  puisque…. la prière sur la voie publique n’est pas autorisé. Le ministre de l’Intérieur avait mis en garde les manifestants en assurant qu’il n’hésiterait pas à verbaliser « en cas d’actes répétés ». Il n’y en a eu aucune !

Le préfet de police de Paris avait interdit un rassemblement annoncé sur le parvis de Saint-Sulpice après que des dizaines de fidèles se soient rassemblés devant cet édifice vendredi soir. Il serait intéressant de savoir si dans ces situations les participant.e.s avaient leur feuille réglementaire de sortie et quelle raison ils avaient cochée pour justifier leur déplacement !

Il faudrait que les cinéphiles, les fans de spectacles vivants, les lectrice,teur.s, les licéncié.e.s des clubs sportifs, les commerçant.e.s non essentiels, les Musulman.e.s, les Protestant.e.s, les Témoins de Jehovah ou autres croyant.e.s se rassemblent devant leur lieu de prédilection pour que l’on vérifie la réaction médiatique. Il est assez aisé d’imaginer les commentaires en pareilles circonstances.

Drôle de pays que celui où l’on invoque un « besoin de messe et de nourriture spirituelle » sur la base du fait que  les supermarchés sont ouverts pour « les nourritures terrestres ». Les espaces de vie culturelle ne sont plus accessibles et le resteront encore quelques temps car leur utilité sociale est probablement inférieure à l’utilisation des églises, des temples ou des mosquées.

Quand certains commerçants souffrent d ‘une fermeture qui se veut indispensable et irrémédiable on leur conseille de se sauver en organisant les ventes par internet. Quand les artistes réclament des jauges pour leurs activités compatibles avec les précautions sanitaires on leur demande de penser aux canaux virtuels. Quand un.e supporter.trice ne peut pas aller assister même en nombre limité à une rencontre de son club favori on lui offre la télévision payante.

Les Ministres ne savent pas leur donner des perspectives mais par contre leur collègue ayant en charge les cultes a indiqué qu’il réunirait « pour la seconde fois les représentants des principaux cultes dès ce lundi matin », afin d’évoquer « les conditions dans lesquelles pourraient se tenir à nouveau des cérémonies dans les lieux de culte en fonction de l’évolution de la situation sanitaire ». ils ne s’est pas fait prier !

Cet article a 5 commentaires

  1. Christian Grené

    Quelle drôle de saison! Après les moustiques, nous voilà envahis par les grenouilles. La pluie a bon dos, à moins qu’elle ne serve à remplir les bénitiers des églises. Eh oui, l’Instit’!Y’a plus de saison. Et conséquemment, il n’y a plus de vacances non plus. Je parle là des vacances du pouvoir puisque les grenouilles, buvant désormais jusqu’à satiété à Lafontaine, se veulent plus grosses que les boeufs qui nous gouvernent.
    Vaquez en paix mes frères!

  2. J.J.

    Quelle célérité pour faire cesser cette revendication spirituelle !
    Nos gouvernements ne nous avaient pas habitués à une réaction aussi rapide.
    Et quelle mansuétude pour ces manifestations !
    Pas de robot cop à l’horizon (d’ailleurs bientôt on n’aura plus le droit de les photographier dans l’exercice de leurs fonctions, au cas où ils se montreraient trop zélés), les LBD sont restés aux râteliers et les grenades dans les caisses. Point de nassages. Les matraques se sont faites discrètes. Point de contrôles sur la durée de sortie des manifestants (une heure en principe comme pour les citoyens normaux), sur la distance du domicile (un rayon d’un kilomètre vite dépassé en ville).
    Point de sanction pour violation de l’interdiction de manifestations publiques et de rassemblements de plus de 10 personnes.

    On aurait dit des manifestations de la FNSEA ou de la manif pour tous.

    Gilets jaunes et syndicats de travailleurs de tous bords eussent sans doute apprécié une semblable mansuétude et une telle rapidité dans la décision d’examiner leur doléances.

    Je propose que l’on organise une manifestation d’athées exigeant la réouverture des cafés et bars, afin de pouvoir aller se jeter un petit noir ou un petit rosé convivial le dimanche matin, en débattant de la laïcité en guise de nourriture spirituelle.

  3. Bruno DE LA ROCQUE

    C’est dit et… bien écrit !
    La photo de Pey-Berland dans sud-ouest ce matin m’a heurté. Et je me suis demandé comment les amis musulmans que j’ai reçoivent ce genre d’image alors que les prières de rue sont interdites.
    J.J. note « Gilets jaunes et syndicats de travailleurs de tous bords eussent sans doute apprécié une semblable mansuétude et une telle rapidité dans la décision d’examiner leur doléances. » À quoi j’ajouterais tout de même le commerce de proximité de service(s), avec un clin d’œil aux libraires…
    Et, évidemment, j’apprécie la conclusion du même J.J.

  4. Laure Garralaga Lataste

    Merci Christian, merci J.J
    À toi, Jean-Marie… Par respect pour cette laïcité qui nous est si chère… un rajout à ton oubli : rouvrir les églises c’est également rouvrir… les synagogues. L’attitude du  » gouvernement laïque français  » d’aujourd’hui doit nous rappeler que le respect de la Laïcité est un un combat de tous les jours…
    Deux questions :
    La première sans réponse : * Pourquoi la république française n’a -t-elle pas rajouté cette 4e valeur aux 3 autres ?
    La seconde avec réponse : * Le 9 décembre 1931, quelles seront les 4 valeurs de la seconde république espagnole ?
    Réponse: Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité. Elle paiera très cher ce choix !
    Cette réponse n’explique t-elle pas l’absence de réponse à la première…?
    Un rappel pour conclure : Après une longue et fratricide guerre de religions (catholiques contre protestants), pour accéder au trône de France, le bon roi Henri* n’a-t-il pas dû abandonner son protestantisme ?
    * Henri IV de Pau

    1. J.J.

      Laure @
      « La première sans réponse : * Pourquoi la république française n’a -t-elle pas rajouté cette 4e valeur aux 3 autres ? »

      Dans la déclaration des Droits de l’Homme de 1789 figure déjà cette devise.
      La notion de laïcité, telle que nous la concevons existait -elle à cette époque ?
      Le premier terme de liberté contient à lui seul le principe de laïcité : liberté de pensée, liberté de culte.
      Si ce quatrième terme n’a pas été ajouté plus tard, je pense que c’est par respect pour les « pères fondateurs » et pour ne pas briser la symbolique des origines.
      La république espagnole avait jugé utile d’ajouter laïcité. Mettre les points sur les i et les tildes sur les ñ n’ était certainement pas inutile dan ce pays rongé, submergé, enchaîné, vampirisé par la religion catholique.
      D’autre part le nombre trois est très utilisé dans les symboles maçonniques (triangle, trois points etc…)et la Révolution, la Déclaration des Droits de l’Homme, la République ont été largement inspirés par la Franc Maçonnerie.
      « Vive la Liberté sans licence » était une devise républicaine de la période révolutionnaire.

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