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La stratégie sécuritaire tourne au fiasco intégral

Il faut probablement remonter au début des années 60 pour qu’un Ministre de l’Intérieur (Roger Frey) et un Préfet de Police (Maurice Papon) pour trouver des consignes données aux forces de l’ordre depuis des mois mettant en cause leur rôle protecteur et non pas répressif ou violent. Il ne sera possible de mesurer le caractère anti-républicain des ordres donnés depuis des semaines.aux policiers ou aux unités chargées de la sécurité.

Que pour un non-port de masque dans la rue, une personne soit insultés, tabassée, rouée de coups dénote un sentiment d’impunité préoccupant dans le contexte actuel. Les récentes déclarations après l’évacuation de la Place de la République venant du duo ayant en charge leur commandement ainsi que de leurs responsables syndicaux voulant à tous prix racoler par la surenchère dans leurs propos ont largement contribué à ce que des esprits déjà « extrémisés » dérapent.

En pleine polémique justifiée sur l’article 24 d’une loi de circonstances ces faits avaient déjà l’allure d’une provocation organisée tant d’un coté que de l’autre. L’intervention d’unités non spécialisées dans le maintien de l’ordre a constitué une première et lourde erreur ca quoi qu’il advienne les immigrés installés ne constituaient pas un péril imminent et fort pour la sécurité publique. On était loin des moments particulièrement dangereux durant les événements dits des « gilets jaunes ».

La prise de la décision d’intervenir alors que les moyens n’étaient pas adaptés aurait déjà dû être au centre des enquêtes. Ce ne fut pas le cas avec au contraire de multiples prises de position défendant la brutalité et l’inadéquation des opérations menées. C’est un peu comme si l’on avait utilisé un bazooka pour écraser une volée de mouches posées en un lieu certes interdit mais dénué de tout danger.

Il fallait bomber un torse de maréchal soviétique de la grande époque, bardé de médailles pour démontrer que l’orientation sécuritaire en marche imposée aux députés préférant les consignes à leur conscience ne saurait être contestée. Et pour certains il fallait aller encore plus loin et démontrer que rien n’entraverait désormais le choix d’une montée en puissance de la reprise en mains du pays qui devient une cocotte minute.

Un signal fort a été donné à la fois en faveur des personnes ayant à le mettre en œuvre (article 24 et affranchissement des règles élémentaires du maintien de l’ordre (proportionnalité de la réponse, analyse de la situation et du rapport de forces) et aux contestataires qui sont désormais sous pression (loi sécurité, interventions musclées sans aucune retenue, condamnations éventuelles…).

En fait cette attitude provocatrice, dans le contexte de la débâcle parlementaire lié à l’adoption d’une mesure strictement destinée à satisfaire les syndicats lancés dans une surenchère de l’impunité, s’est retournée contre ceux qui l’ont initiée avec la scandaleuse intervention contre le producteur de musique.

S’il n’y avait pas eu les images de ce qui relève d’une agression caractérisée on aurait encore longtemps discouru sur la véracité des faits d’autant que le scénario avait été préparé pour transformer la victime en accusé.

Cette semaine a encore renforcé la défiance à l’égard des responsables des structures réputées républicaines de l’Etat. Un ex-Président de la république se retrouve au… tribunal correctionnel avec un juge ! Un Ministre de l’Intérieur responsable de la sécurité qui ferme les yeux sur des abus qui l’arrange ou qui justifie l’injustifiable pour devenir le héraut des idées que l’on condamnait car venues d’une autre époque. Un Préfet de police à l’aise sous sa casquette puisque protégé au nom de son « efficacité » quelles que soient ses erreurs.

La crise sociale qui s’annonce peut déboucher au printemps 2021 sur des colères collectives incontrôlables. Il y aura des lendemains de fêtes de fin d’année qui risquent en effet d’être douloureux. On va entrer dans la période des satisfactions corporatistes. La première opération destinée à récupérer les voix des personnels en charge de la sécurité.

Il reste à savoir si les responsables de ce fiasco politique (la commission pour réviser l’article 24 a détruit la confiance avec le Parlement) et sociétal (renforcement dramatique et imméritée de lé défiance à l’égard des fonctionnaires d’État) seront considérés comme « responsables ».

L’insécurité monte et il y a bien d’autres mesures à prendre que celle consistant à flouter les documents retraçant des comportements irresponsables. Mais c’est plus difficile et moins rentable électoralement alors on va laisser faire ! L’exemplarité est le moyen le plus sûr d’établir la crédibilité.

Cet article a 7 commentaires

  1. Philippe Labansat

    Autre grave conséquence : l’image de la France est très gravement ternie dans le monde.
    Il n’est que d’entendre la chronique de France Culture d’hier, pour comprendre les ravages de la situation.
    La planète entière se gausse de nous et de notre prétention de donneurs de leçons.
    Par exemple, nous voilà bien placés pour rappeler à l’ordre la Pologne et la Hongrie sur le respect des Droits de l’homme, dans la cadre du budget européen !….

  2. Maria LAVIGNE

    « si c’était avéré » Que faut il à ces guignols qui nous gouvernent pour accepter de voir la réalité en face. Peut-être devrions nous leur donner des loupes pour décrypter ces vidéos horribles du tabassage d’un homme par plusieurs crétins qui portent l’uniforme. Comme j’aimerais que la police républicaine se lève pour dire à leurs collègues fachos que « çà suffit », qu’ils salissent toute une profession que nous soutenons par ailleurs.

    1. Laure Garralaga Lataste

      Merci pour ce rappel du texte de Grimaud qui honore les forces de l’ordre et rappelle leurs obligations.

  3. Laure Garralaga Lataste

    Une question : pourquoi ne sont-ils que 4 à être jugés ?
    Que fera-t-on à ceux, et ils étaient nombreux, qui regardaient sans faire un geste pour arrêter ce massacre ?

  4. GRENE CHRISTIAN

    Passer de Castaner à Darmanin, c’est ce que j’appelle tomber de Charybde en Scylla. Oh! les gens… (ta gueule Méluche!)… Oh! les amis, ressaisissons-nous sinon Lemaire de Denain – autant dire deux Sarkozy – va se retrouver président du Sénat. Y’a toujours de la place sur les perchoirs pour les rebuts de la République. Jean-Marie, dis-moi un peu: où va-t-on avec tous ces pantins que Macron nous sort de son chapeau trop grand pour lui?

  5. J.J.

    Vous ne trouvez pas étonnant cette arrivée de black bloc, juste à la fin de la manif à Paris, pour semer la zone ?
    Comme par hasard, des incidents graves ont marqué la fin de cette manifestation, histoire de la décrédibiliser.
    Étonnant également comme la manif des cathos privés de messe s’est déroulée dans le calme. pourtant les black bloc avaient là une occasion magnifique de « casser du bourgeois ».
    Je m’étonne, je m’étonne.
    Et ce matin les intégristes qui ont organisé une messe en contravention avec les règlements en vigueur, dans un jardin public, on leur a envoyé les CRS pour verbaliser ?
    https://www.sudouest.fr/2020/11/29/video-bordeaux-des-catholiques-integristes-font-une-messe-au-jardin-public-8131266-2780.php

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