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2021 : « aimer, partager, résister, tolérer »

Chères lectrices, chers lecteurs,

Les années passent et l’adresse des vœux plus ou moins institutionnels reprend ses aises dès que le nouvel an pointe son premier jour. Il est difficile après les lois antérieurs de croire en ces échanges empreints de compassion et de sollicitude pour l’autre. Que sont devenus les souhaits de « bonne santé », de «  réussite professionnelle » ou de « bonheurs partagés » quand la pandémie a lentement discrédité toutes les cartes, tous les SMS, tous les mails de 2019 ? La tradition a pris du virus dans l’aile !

Le propos célèbre de Tristan Bernard adressé à sa femme, dans le car de la Gestapo qui emmène le couple à Drancy, 1er octobre 1943, « Nous vivions dans la crainte, maintenant nous allons vivre dans l’espoir. » résume parfaitement ce que nous pourrions écrire sur nos vœux de 2020. Ce serait la plus sincère manière de penser l’avenir. Rien que retrouver l’espoir, ce mot magique qui permet de vivre ou parfois de survivre.

Plongé dans la défiance à l’égard de tout et de rien, agacé par des mesures que l’on imagine uniquement destinées à brimer nos habitudes ou nos envies, déboussolé par des statistiques ou des histogrammes affolants, apeuré par une mort que la société espère toujours repousser alors qu’elle est inéluctable, le monde vogue vers les ténèbres des croyances les plus débridées. L’espoir d’un ailleurs meilleur, rôde dans les esprits alors qu’il se trouve dans une réalité quotidienne déjà tellement belle lorsque l’on sait la remarquer et l’aimer.

Tout concourt à penser que la planète souffrira toujours plus, entraînant dans sa déchéance constante les victimes d’une surexploitation de ses richesses énergétiques, d’un empoisonnement de ses richesses naturelles, d’une course effrénée aux profits financiers niant la valeur humaine. Bloqués par l’apparition d’un virus venu d’on ne sait où, certains actes de destruction des plus précieux de nos biens (eau, air, climat…) ont ralenti, permettant très légèrement à notre espace de vie pour certains et de survie pour beaucoup d’autres de respirer.

L’espoir réside donc en 2021 dans la capacité que nous aurons individuellement et collectivement pour mettre en œuvre une indispensable résilience. S’adapter aux contraintes d’une nouvelle donne sociale va devenir une ardente obligation. Il ne faudra jamais oublier que ce changement de comportement ne saurait contraindre à oublier que la préservation de ce qui fait notre humanité doit devenir le leitmotiv de tout acte « politique » au sens noble de ce terme.

Oubliés, méprisés, écrasés, assassinés avec ou sans motif, les gens victimes directes ou indirectes des crises qui se profilent seront les victimes des prochaines semaines. Les « hôpitaux » où leurs « blessures » ou leurs « maladies », pourraient être soignées n’existent pas. Les statistiques sur la pauvreté, la famine, la déchéance sociale, la précarité culturelle, les conséquences de toutes les formes de terrorisme ne seront pas en la nouvelle année ressassées tous les soirs avec des accents de croque-morts sur les chaînes hypnotiques. Rien ne changera ! C’est une certitude.

Alors quels vœux pour 2021 ? Quels vœux ne sonnant pas creux ? Quels vœux ne relevant pas de la méthode Coué ? Quels vœux ne plongeant pas celles et ceux qui le reçoivent dans une plus grande morosité ? Quels vœux ne reposant pas sur des mots sans aucun sens ? Quels vœux ne paraissant ni utopiques, ni sinistres ? L’exercice est périlleux voire impossible. Dans le fond il suffirait expédier une carte blanche avec ses coordonnées et laisser le choix aux destinataire afin qu’isl (elles) inscrivent les souhaits qui sont les siens.

Je leur conseille en toute modestie des verbes : « aimer, partager, résister, tolérer » comme autant de pistes pouvant conduire au bonheur, une idée abstraite dépendant de ses choix de vie. Les avoir chaque matin à l’esprit, suffirait à conserver cet espoir de trouver une piste vers un autre destin que celui que trace la haine, l’égoïsme, la soumission et l’intolérance. C’est sûrement très naïf mais les vœux classiques le sont tout autant.

Alors pour la quinzième année (1) sur l’une des 5 000 pages de ce blog écrites de ma main je ne peux me résoudre à ne pas me méfier de l’avenir dont on sait comme Henri Bergson que ce « n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire. » A vous de faire !

(1) Avant Roue Libre j’écrivais quotidiennement sur « L’autre quotidien » depuis 2005 !

Cet article a 7 commentaires

  1. Dabe

    Des vœux très chaleureux pour Madame et pour toi. Tes écrits, toujours précis,nous permettent de faire notre tes messages de fraternité.
    Résister avec notre cœur,nos idées genereuses . Avec toi pour un 2021 de combat.Adishatz

  2. Gilbert SOULET

    Tu résumes parfaitement 2020 et délivres un excellent message pour 201.
    Merci Jean-Marie
    Gilbert de Pertuis, Porte du Luberon de tout coeur avec Créon …

  3. GRENE CHRISTIAN

    Mon frangin, mon pote,
    une fois encore, tu nous coupes l’herbe sous les pieds. Je ne changerai aucune « virgule » à ce qui est dit plus haut.
    Pour faire court et simple, je te renouvelle tous mes voeux déjà présentés hier un peu avant minuit. Mais je tiens à les présenter aussi à toutes celles et tous ceux qui, comme moi, se ruent à l’aurore vers tes écrits d’une humanité que je souhaite autrement contagieuse que cette foutue reine baptisée Covid XIX.

  4. J.J.

    Je ne veux pas faire le vieux sage (faudrait-il que je le fus !) pontifiant, assis sur son rocher, mais des situations telles que celle que nous vivons actuellement, l’humanité en a vécu d’autres et toujours, jusqu’alors, quelques uns ont survécu.

    Je relis un livre assez ancien sur un thème peu connu : « La Révolution Industrielle du XII éme siècle ( Jean Gimpel Point Seuil).
    On avait déjà « inventé » la pollution, les nuisances, les épidémies, tout cela consécutif à ce que d’aucuns nomment progrès.
    Les idées également évoluaient vers plus de logique, un embryon de raisonnement scientifique, mais rapidement elles furent mises sous le boisseau brutal de la croyance religieuse, et durent attendre le XVIII éme siècle pour commencer à s’exprimer.

    Le climat, même sans réchauffement avait parfois des fantaisies aux répercussions tragiques. Il faut reconnaître qu’actuellement, et ça semble propre à notre siècle, avec la fonte des glaces, nous arrivons à un point qui verra peut être la fin de l’anthroposphère.

    En attendant, suivons les bons conseils de Jean Marie : aimons, résistons, partageons, tolérons et « cueillons le jour ».

    Je vous souhaite un année plus sereine que celle que nous venons de vivre.

  5. Philippe Conchou

    Selon l’excellent livre d’Evelyne Heyer « l’Odyssée des Gênes », l’homme s’est séparé du chimpanzé (notre plus proche parent) il y a plusieurs millions d’années et l’homo sapiens (cad tous les humains sur terre actuellement) est le seul hominidé à avoir survécu jusqu’à notre époque.
    Et c’est en résistant aux maladies, en tolérant les autres, en les aimant, et en partageant les ressources, qu’il a survécu.
    Alors on peut espérer que l’homo « modernicus, fricus, bagnolus, televisionus, ordinatus, tabletus égoïstus etc.. » prendra conscience de la chance qu’il a d’être sur terre et retournera à ces quatre préceptes.

  6. sir que je reviendrai

    Pour partager l’enthousiasme de Christian, les sombres prédictions de J.J et l’espérance transmise par Philippe, je m’associe sans restriction aux sages conseils de Jean-Marie…  » « aimer, partager, résister, tolérer ».…
    Telles seront nos valeurs pour 2021.
    Bonne et heureuse année !

  7. BORTOLETTO Francoise-Micheline (dite Michou) née CHAVANSOT

    Comme toujours rubrique qui nous laisse sans voix tant elle explose de sagesse, d’humanité et de souci de l’Autre.
    Comme la plupart des individus je me plies à cette coutume mais je reconnais que parfois la plume reste en suspend devant la question : que faut-il écrire pour ne pas « nager » dans la plus grande des banalités et naïveté….. Souvent par le souci de faire plaisir au destinataire de ces écrits nous alignons des mots insipides, vides de réalité………
    Je suis tout à fait d’accord avec le fait que nos lendemains ne pourront être meilleurs que si nous acceptons le fait que demain ne sera plus jamais comme hier…… mais pour illuminer les jours à venir nous devons « aimer » (car l’Amour embellit la vie, la rend plus douce), « partager » (exercice si difficile pour certains tant l’appât du profit est grand), « résister » ( ne pas succomber aux appels des sirènes qui nous font miroiter tant de belles choses, promesses qui ne seront jamais tenues), « tolérer » (accepter les différences et tenter d’en faire notre force, bannir toutes formes de haines pour que la Paix soit dans notre Pays et dans le Monde).
    Malgré cela, afin de ne pas déroger à la coutume mais avec sincérité, je vous dis : Meilleurs Voeux à toutes et tous.

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