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La naissance de nouvelles références de transmission

Il est assez difficile dans le monde actuel de persuader les relais d’opinion de la qualité de ce que l’on pense être une « création » susceptible d’intéresser un public plus large que celui des habitué.e.s. Le système social repose en effet, dans ce domaine comme dans tous les autres, sur des codes extrêmement similaires. Le premier repère réside par exemple dans un constat : pour pouvoir trouver un créneau et transmettre ce que l’on a créée il est indispensable d’être déjà une personnalité « installée et de respecter des règles d’un autre temps.

En fait que ce soit au cinéma, dans la musique, les arts plastiques, la littérature ou tout autre secteur culturel la part belle est toujours faite aux  « installés » et plus personne ne court trop le risque de se hasarder économiquement à la « découverte » de nouveautés.

C’est devenu une constante et d’ailleurs nous sommes toutes et tous devenus un peu ainsi en ne faisant confiance qu’à ce qui nous rassure et en allant voir seulement les films, lire en livre, admirer une exposition reconnus par la critique ou liés à une personnalité ! 

Le phénomène s’accroît dans la période actuelle puisque l’influence médiatique a été accentuée. La lutte fait rage pour attirer le maximum de  « clientèle » devant un petit écran, dans une librairie, vers une publication internet ou sur un journal. Ils sont conduit à « vedettariser » au maximum. Les noms des invité.e.s comptent plus que ce qu’ils ont à raconter et la tournée des plateaux, des écrans, des studios ou des pages devient convenue d’avance.

Certes il en est ainsi depuis des années mais le couvre-feu qui restreint le périmètre des initiatives a considérablement accentué le principe voulant que le « contenant » soit plus important que le  « contenu ». Des heures d’antenne ou des centaines de lignes sont donc affectées pour un nombre restreint de « « personnalités »  réputées faire autorité dans leur domaine. Jusqu’au jour où le vernis craque et la réalité pète à la gueule de celles et ceux qui alimentent cette machine à auto-congratulations ou à auto-satisfactions partagées.

L’exemple d’Olivier Duhamel constitue l’illustration parfaite de cet « entre-soi » qui pèse sur la société. Il a « écrit » des dizaines de bouquins encensés et réalisé des documentaires sur le milieu qu’il connaissait très bien et qui a oublié qu’il le connaissait aussi très bien. Des centaines ou même des milliers d’heures de médiatisation de son œuvre et ainsi une rentabilisation économique ont été assurée grâce à son personnage. Un coup de fil suffisait pour qu’il soit la « vedette » idéale pour un sujet d’actualité. Désormais tout le monde détourne le regard…

Le « parisianisme » nourricier ou même le « provincialisme » d’imitation profitent des circonstances présentes pour prospérer.

Cette tendance a cependant été singulièrement déstabilisée par de multiples initiatives. Les réseaux sociaux regorgent de créations exceptionnelles, de supports inédits, d’initiatives de qualité. La tendance au « faire soi-même » ou au « faire à la maison » ce que le système refuse, ouvre un vrai espoir pour la construction d’un autre  « monde d’après ».

De plus en plus de vidéastes, de blogueurs, de « posteurs » acquièrent une célébrité fulgurante qui dépasse celle que pourrait leur apporter le réseau « institutionnel ». D’ailleurs ce dernier essaie parfois de les récupérer ou de les phagocyter en leur offrant une reconnaissance qui leur a été refusée auparavant. Le « public » s’émancipe, créant lui-même ses propres succès sans trop se soucier de la bien-pensance ambiante. Il n’écoute plus les discours convenu.

Dans tous les secteurs la fabrication de ses propres outils de transmission du savoir, de la création ou de positions sociétales prend de l’importance. C’est à la fois un progrès car il offre la diversité des choix au plus grand nombre mais c’est aussi extrêmement dangereux car il conduit parfois aux errements du complotisme ou de la médiocrité.

Tous les outils existent désomais pour en quelques minutes produire un spot vidéo pour la diffuser et voir enfler son impact. Ils sont de plus en plus utilisés. Des centaines de personnes en tirent même dorénavant des revenus et jouent un rôle indéniable dans la société. Les médias les utilisent d’ailleurs à leur compte sans vergogne.

Des chansons émergent sur les réseaux sociaux et des livres publiés en numérique trouvent un public qu’ils n’auraient jamais envisagé dans une version papier. Les blogs culinaires, cinéphiles, politiques, touristiques, littéraires, environnementaux sont recherchés car ils jouent les « influenceurs » parfois très précieux. Les éditeurs coopératifs ou associatifs émergent. Les auto-producteurs s’installent. 

La pandémie a renforcé une nouvelle forme de participation au lien social qu’il serait vraiment suicidaire POUR le système établi d’ignorer car dans quelques mois le réveil sera sévère. Les habitudes seront prises et une grande part de l’opinion dominante se construira ailleurs que chez eux.

La culture le constatera. Le milieu économique le vivra durement. La politique toujours en retard en pâtira. Il s’agit de s’adapter très vite, accepter d’autres paramètres que ceux qui ont fini par créer une caste se croyant intouchable, mais qui finira par se prendre les pieds dans le tapis de ses certitudes.

 

Cet article a 2 commentaires

  1. Laure Garralaga Lataste

    Comment faire quand on ne maîtrise pas le numérique ?

  2. GRENE CHRISTIAN

    Se peut-il qu’un jour, cher Jean-Marie, tu croises quelques contempteurs autour de ton blog? Moi, une fois encore, je souscris à ton propos. Après avoir abandonné les hôtel de ville et de département, pourquoi ne tournes-tu pas ton regard vers l’Hôtel de Lassay ? Quant aux Duhamel, mon penchant ira toujours vers Georges. Mon pote, le petit Robert, écrit à son sujet: « il sut se faire le critique, humaniste et traditionaliste, de la civilisation moderne ». Comme vous vous ressemblez!

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