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Des crues et des inondations qui interrogent

Les inondations ont jamais abandonné leur influence sur la vie sociale. Souvent espérées comme ce fut le cas durant des millénaires en Égypte pour le Nil, craintes mais indispensables dans les pays soumis aux moussons, désespérément attendues dans les zones arides africaines elles exaspèrent bien d’autres territoires. Durant de siècles rus, ruisseaux, rivières, fleuves ont détruit les zones habitées qu’elles traversent. Les inondations deviennent un fléau récidivant dans un contexte climatique très changeant.

Il faut d’abord bien connaître le sens des mots. La crue correspond à la montée des eaux d’un cours d’eau, l’inondation au phénomène qui en résulte, l’eau débordant, se répandant sur les terrains alentours. Le plus grand danger vient maintenant de la rapidité avec laquelle se produit le premier des phénomènes. Les dégâts sont alors considérables comme c’est le cas lors des fameux épisodes cévenols désormais très habituels et de moins en moins contrôlables.

Les crues consécutives à des pluies diluviennes ne provoquent pas d’envahissements des espaces naturels mais dévalent à des allures vertigineuses le lit restreint d’un cours d’eau emportant tout sur leurs passage. Tout le monde l’a constaté en 2020 dans l’arrière-pays niçois. On ne mesure alors que le volume de pluie mais pas le niveau des cours d’eau alimenté. Le déluge ravage sans discernement son lit majeur. 

Elles ne résultent pas uniquement de phénomène de surface (pluies abondantes, ruissellement…) contrairement à ce que l’on pourrait croire. La fameuse imperméabilisation des sols, jugée totalement responsable des conséquences de ces accès orageux n’entre que pour partie dans ces drames. La nature du sous-sol et le niveau des nappes souterraines jouent également un rôle essentiel dans le déclenchement des crues (porosité et état de surface des sols au moment des pluies, saturation de la nappe alluviale…).

Les prévisionnistes en charge de construire les fameux « plans de prévention des risques » étudient les différents niveaux des sorties des lits des fleuves avec un maximum envisagé dit « centenal ». grâce à des modélisations ils déterminent les zones qui subiront un inondation afin de les classer en secteurs inconstructibles ou constructibles avec des aménagements. Il faut bien constater que les PPRI, très mal vus des propriétaires fonciers, constituent des plans prévisionnels maximum dont on pense qu’ils ne seront jamais atteints.

Même si les images de la période actuelle dans la vallée de la Garonne ont tout lieu d’inquiéter. Tout le monde se mobilise à juste titre le regard scrutant les échelles mesurant le niveau de la « dame » pourtant de moins en moins capricieuse. La submersion temporaire par l’eau de terres, des rues, des espaces publics qui ne sont pas submergées en temps normal a atteint des niveaux largement supérieur.

Souvent sur les façades des maisons on trouve en effet des lignes avec une année.présentée comme historique. A La Réole par exemple le fleuve a dépassé la côte des dix mètres (10,05 en 1955, 10,82 en 1952, 10,95 en 1895 et ce serait le record en 11,26 m en 1930) avant que des digues soient aménagées protéger les villages de la vallée.

Le fleuve s’était étalé dans ce que l’on nomme le lit majeur dans lequel l’écoulement ne s’est effectue que temporairement lors du débordement des eaux hors du lit mineur habituels. C’était inexorable et seule l’action de l’homme a pu diminuer ce phénomène par des ouvrages appropriés qui demanderont dans la décennie qui vient  en raison de l’amplification naturelle des inondations des millions d’euros d’investissement.

Le sujet risque de devenir épineux car la fameuse loi de« « Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations » dite GEMAPI que le commun des contribuables ignore. Elle confère aux intercommunalités du bassin versant la gestion de tous les risques de ce type sur leur territoire alors que souvent les eaux viennent d’ailleurs (pour la plupart des grands fleuves ou des rivières)  avec ou sans le concours des associations dites de palus ou de marais. Les premières estimations des sécurisation du lit « mineur » de la Garonne tourne autour de plusieurs dizaines de millions d’Euros entre La Réole et Cadillac auxquelles il faudra rajouter les dépenses d’entretien. Jamais ces communautés de communes pourront faire face à de telles dépenses.  Cette situation « théorique » car ne reposant vraiment pas sur les moyens financiers des « petites » collectivités va causer des difficultés croissantes.

La disparition sur toute la traversée de la métropole de certaines zones naturelles d’expansion.  Elles ont été comblées pour recevoir souvent des grandes surfaces ou des constructions ce qui a pour conséquences de renforcer la pression en amont et en aval. Les crues auront des effets en progression constante en raison du dérèglement climatique.

Or l’augmentation exponentielles des surfaces imperméabilisées, le choix d’une agriculture intensive avec parfois peu de travail des sols, des obstacles non entretenus sur le chemin de l’eau, une urbanisation insconciente dans le lit majeur ou des « cuvettes » naturelles, le nombre de retenues suffisantes et le réchauffement climatiques qui active de fortes précipitations rendent le phénomène inquiétant. De quoi noyer bien des espoirs. 

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