La politique repose parfois sur des décisions symboliques. Elle adore désormais tous les petits faits qui donnent des signes forts d’un changement mais qui ne prêtent pas à conséquence. Ces mesures ne coûtent rien ou presque et sont assez facile à mettre en œuvre. En général, les médias raffolent de ce qui constitue de bonnes actions non connotées sur l’échiquier partisan. Plus personne n’aime avoir à se pencher sur le fond des choses mais sur les détails de leur apparence.
Tenez, savez vous que dans le Parc Bordelais, lieu emblématique d’une ville n’ayant pas assez d’espaces arborés ouverts au public, on ne chantera plus… « il court, il court le furet ». Il deviendra également impossible de le voir « passer par ici ou repasser par là ! » Un constat que très peu des habitués des lieux feront mais qui découle d’une démarche hautement réfléchie.
Souvent dans ses parcs publics, au hasard des bancs ou de ces chaises inconfortables en ferraille peintes, les amours se font ou se défont. On s’y donne un rendez-vous ou on s’y pose un lapin ! Et justement il semble que ces derniers soient devenus trop nombreux. Ils creusent les pelouses ou dévorent toutes les jeunes pousses qui se présentent. Et comme ils copulent dur derrière les buissons il est devenu indispensable de réguler leur population.
Selon les recensements effectués il y aurait plus de 3 000 « habitants » répartis sur les 28 ha de cet îlot de verdure. Une vraie réserve naturelle dans laquelle il y avait eu une explosion des reproductions. Le Parc Bordelais devenu un lapinodrome géant rassemblait une population hétéroclite de lapins issus du croisement entre les historiques dits « de garenne » installés depuis l’origine sur le site et des lapins domestiques relâchés par des particuliers ne sachant plus quoi faire de leurs « jouets » mis en cage.
Rien n’arrête l’envie de « lapiner » en rond et malgré les différences d’origine les accouplements ont produits du métissage en veux-tu en voilà. Le nain à poil dur casseur de la graine ou la pimbêche en tenue de gala avec fourrure abondante et soignée trouvent vite une compagne ou un compagnon de fortune pour fonder une famille. Et le parc devient chaque année un espace « meetic » pour les « Jeannot » demeurés et ses copines exotiques de toutes origines. Un événement de portée exponentielle.
Les personnels en charge du lieu souhaitèrent une régulation de cette population car les rongeurs s’attaquaient aux plantations et transformaient cet espace vert « remarquable » en meule de gruyère géante avec leurs innombrables terriers. Après de longues études, la mairie d’alors décida de faire appel à des « chasseurs » au furet pouvant aller jusqu’au fond des logements pour saigner les occupants. Une pratique qualifiée « d’exterminatoire » et qui politiquement peut être insupportable aux amis des lapins !
Une décision a donc été prise. Exit les furets et on va tenter de réguler naturellement les naissances. D’abord en capturant le maximum des rongeurs grâce à leur passion pour les carottes. Un élu spécialement dédié au « respect du vivant et à la condition animale » a bâti une stratégie d’anticipation qui devrait rassurer tout le monde.
Lapins, lapines et lapereaux pourront couler des jours heureux ! Une vraie politique de protection a été vite mise en œuvre avec comme objectif de sauver ces rongeurs sympathiques que plus personne n’aurait l’idée de mettre au menu du restaurant scolaire sans que la moutarde monte au nez des parents.
Une bien belle initiative quand à quelques centaines de mètres de là au cœur de la ville des femmes, des enfants, des hommes se terrent dans des locaux insalubres et sont pourchassés. Incomparable direz-vous et un peu facile. N’empêche que si comparaison n’est pas raison il faut se poser la question fondamentale du prix de la vie humaine dans un système social où l’échelle des valeurs peut au moins interroger.
Ils auront un jour la joie de trouver un espace qui leur soit dédié avec de la nourriture soignée, un « logement » à leur convenance et des soins spécifiques. Il est même prévu que les adoptions soient possibles… Tant mieux pour les lapins !
Heureusement qu’il y avait… un élu qui se dédiait « au respect du vivant et à la cause animale »…! Les lapins sont sauvés… Ouf !
Mais qui « rendra leur dignité » à ces hommes, femmes et enfants qui se pressent à nos frontières, se noient en Méditerranée, et tout ça de leur plein gré !
Autre dilemme à résoudre : « comment reconnaître le bon grain de l’ivraie » ?
Il court il court le furet…
Toujours le goût de la contrepèterie…!!!
« Vous avez dit : contrepèterie ! Ce mot est-il décent à des oreilles chastes et pures ? Ah! Ah! Ah!
Bien, je vais mes faire incendier par les défenseurs du principe de » respect du vivant et à la cause animale »…!
Je n’ai rien contre cette attitude, mais moi, descendant de chasseur-cueilleur, je suis d’abord partisan du respect du vivant t et de l’Humanité en souffrance.
Quand je vois des images de camps de réfugiés ou de sauvetage de migrants, ça me donne davantage envie de pleurer que les sort des lapins du Parc Bordelais.
Donc, je préconiserais plutôt, proposition indécente autant qu’iconoclaste, de capturer ces sympathiques mais néanmoins savoureux animaux au profit des Restos du Cœur.
« Je vais me faire incendier… » pour moins que ça, certains ont été voués aux gémonies ! Ah! Ah! Ah!