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Généralisation du « confinement finement reconfiné »

Les petit-enfants pourront traverser la France pour aller chercher les œufs de Pâques dans les jardins des grands-parents lorsque ces derniers ont la chance d’en posséder un. Mais attention ce sera la dernière opportunité pour quelques semaines ; enfin sauf si papi et mamie ont un lieu d’accueil hors des frontières dans un territoire que l’on peut rejoindre en avion. Pour les autres il faudra limiter leurs déplacements non professionnels et non obligatoires à une dizaine de kilomètres.

Le « confinement finement  reconfiné» sera mis en place dès que les cloches seront revenues. Pour ma part je ne le considère pas comme outrancier dans un sens ou dans l’autre. Il repose cependant sur ce qui manque depuis de longs mois à la France : la citoyenneté consciente et active. Le mot faisant politiquement très peur il n’a été prononcé qu’en de rares occasions comme s’il pouvait être mal interprété.

Toutes les contestations, toutes les demandes, toutes les appréciations reposent actuellement sur des considérations de consommation. C’est la conséquences d’une éducation défaillante, d’une conception libérale de l’offre et de la demande et de la prééminence de la loi du marché sur celle de l’humanisme responsable. Il suffira de constater la ruée prévisible dans les lieux susceptibles de « fermer » pour vérifier que l’acte d’achat est devenu pavlovien.

La pandémie a mis en péril les fondements même des équilibres qui sont recherchés dans tous les pays. Les mesures annoncées tentent justement de rester sur une ligne de crêtes extrêmement fragile. Depuis des décennies le concept même de l’impôt a été dévoyé, détruit et discrédité pour être remplacé (et je me suis maintes fois insurgé contre cette mutation) par celui des taxes. La crise sanitaire a mis en péril ce système puisque les ressources indispensables de ce qui reste de l’action de l’État s’étiole au fil des jours.

La TVA doit impérativement rentrer. Or toute fermeture massive des commerces et des lieux d’achat générerait une perte colossale de recettes et nécessiterait en fin d’année une aggravation de l’endettement déjà très élevé. Il y quelques jours Bercy annonçait qu’en 2020 « entre les pertes de recettes et les dépenses que nous avons engagées pour faire face à la crise, que ce soit pour l’État en termes de dépenses, pour la Sécurité sociale en terme de pertes de recettes liées à la baisse de l’activité, le coût (…) peut être estimé autour de 160 à 170 milliards d’euros ».

Comme parallèlement plus on restreint les opportunités de consommer et plus les comptes bancaires des catégories sociales pouvant le faire se gonflent. Entre le début de la crise, au printemps 2020, et la fin de l’année 2021, les ménages devraient avoir épargné environ 200 milliards d’euros de plus que ce qu’ils auraient mis de côté en temps normal, selon les calculs de la Banque de France. Une somme colossale – le double du montant du plan de relance de 100 milliards d’euros –, bien évidemment inégalement répartie entre les Français.

Les plus aisés ont davantage de capacité à réduire leurs dépenses en temps de crise, une fois leurs besoins essentiels pourvus. Les moins aisés, en revanche, se seraient plutôt endettés pour pouvoir continuer à assumer le paiement de leurs loyers, se nourrir ou mettre du carburant dans leur véhicule. Ces derniers ne se posent pas de question sur leur avenir : ils continueront à tirer le diable par la queue ! Que deviendra cette épargne contrainte à compter du 3 mai date annoncée pour la libération progressive des opportunités de dépenser les fonds stockés ?

Le « confinement finement reconfiné » tente donc de concilier tous les paramètres énoncés par les « Nostradavirus » qui sont sensés servir la cause de la science sur les plateaux de la soupe médiatique. Une dose pour les adeptes de la fermeture des établissements scolaires tempérée par un soupçon de non-fermeture numérisée; reprise de la parabole sur la multiplication des vaccins ; limitation des déplacements adoucie par la liberté d’aller et venir librement durant le week-end de Pâques ; promesse de rouvrir les terrasses des restaurants (qui en ont une) quoi qu’il en coûte au temps du muguet ; suppression de la distinction entre « essentiel » et « non-essentiel » sans en changer d’un iota les conséquences; une attestation qui n’atteste plus de rien mais qui reste obligatoire; des contrôles renforcés quand tout le monde aura pu y échapper : ça tient de l’alchimie de la dernière chance ! 

Un nouveau, nouveau, nouveau pari qui tente de masquer les anciens, anciens, anciens paris qui se sont pas révélés très concluants. Mais peut-on vraiment faire autrement que d’y croire comme citoyen.ne soucieux de préserver les siens et es autres ? Essayons donc de croire que ce sera appliqué et suffisant même un premier avril !

Cet article a 10 commentaires

  1. grené christian

    Cher Jean-Marie, après lecture de ton blog quotidien, je t’annonce que je n’écrirai plus le dimanche pour ne pas fâcher tes électeurs et lectrices. Désolé! Depuis l’adolescence, au bureau comme au lit, j’ai toujours été maladroit en humour. Comme livre de chevet, je n’ai pas la Bible ni le Capital mais  » Bouvard et Pécuche »t. Sais-tu que ce brave Flaubert voulait écrire en sous-titre de son livre? Je te le donne en mille-feuilles au p’tit dèj’: « Encyclopédie de la bêtise humaine ». Il évoque même un « Dictionnaire des idées reçues ». Pour moi, tout est dit.

    1. François

      Bonjour @GRENE CHRISTIAN !
      Un journaliste qui n’écrit plus : son clavier est coincé par une arête ! ! ! !!!!!!!!
      Amicalement

    2. Laure Garralaga Lataste

      Mais tous les 1e avril ne tombent pas un dimanche ! Pourquoi capituler ?
      Maladroit en humour n’est pas grave…
      Maladroit en amour est mortel !

  2. J.J.

    « , je t’annonce que je n’écrirai plus le dimanche pour ne pas fâcher tes électeurs et lectrices. Désolé!  »
    C’est nous les lecteurs du dimanche qui seront désolés !

    Justement cette nouvelle rubrique du dimanche m’avait donné à réfléchir sur la difficulté de l’exercice du texte quotidien ou hebdomadaire, que Jean Marie et notre nouveau chroniqueur se sont imposés.
    Loin d’être une « servitude volontaire » cet exercice qui tient du sport de combat demande une organisation stricte et une puissance de réaction à tout épreuve.
    Il ne s’agit pas de se dire au réveil : « Tiens que vais-je leur proposer aujourd’hui ? »
    Prévoyance et réactivité sont de mise.
    L’actualité ne se prête pas forcément à la chronique et encore faut il avoir des documents pour l’exploiter, et dans ce cas il faut réagir très vite, c’est le cas aujourd’hui.
    Par temps calme, le marronnier est exclu, ça n’est pas sérieux. Il faut donc avoir un stock organisé de sujets et de textes, qui le cas échéant s’effaceront devant l’actualité.

    Il m’arrive de fournir, environ tous les deux mois, un article , un texte pour un petit journal régional. Je n’y consacre évidement pas tous mes loisirs, mais je me débrouille pour avoir toujours du « biscuit », et déjà, ça demande un peu de prévoyance.
    Alors j’essaie d’imaginer le travail que représente la fourniture d’un article quotidien ou hebdomadaire.

    Aviez vous conscience de ça, amis lecteurs ?

    1. Bernie

      Conscience ou pas aujourd’hui c’est le 1er avril. Le jour où le poisson d’avril doit se faire manger

    2. Laure Garralaga Lataste

      Comme j’ai fait la grâce matinée, je réagis la dernière… Pas grave : les derniers ne seront-ils pas les premiers ?
      Mais tous les dimanches ne sont pas des poissons d’avril !
      Vivent les échanges et les partages écrits !

      1. J.J.

        « Comme j’ai fait la grâce matinée…. »
        Ce n’est pas ce qui s’appelle être en état de grâce , ou grasse ?
        Amicalement…

  3. Bernie

    L’interdiction de pêcher des aloses en Gironde est dû à la criée qui fixe le coût de ce poisson. L’habitude familiale était dans mon jeune temps de griller l’alose sur le sarment accompagnée d’une sauce verte. Le plaisir des papilles c’est fini. Manger local n’est plus ce que c’était dans le passé

    1. Laure Garralaga Lataste

      Nostalgie ! Nostalgie !
      Alose ! Mot magique de mon enfance… « grillée sur les sarments… »
      Cette interprétation de l’interdiction est fausse. Les aloses se raréfient et la pêche en devient interdite.
      Il en sera bientôt de même pour les piballes (vendues aujourd’hui à prix d’or, hors de nos territoires) et les anguilles…

  4. Bernie

    Bonjour Laure,
    Autrefois les aloses étaient vendues chez le pêcheur lui-même, j’en ai vu au supermarché de proximité.
    Voici l’histoire racontée récemment :
    Un brochet est un carnassier qui se nourrit de petits poissons. Le conteur était surpris d’apprendre par le règlement remis lors de l’achat de sa carte de pêche qu’un brochet de +90cm de long doit être remis à l’eau. Il ne faut plus s’étonner qu’il n’ya plus de poissons en eau douce.
    On nous a rebattu les oreilles avec les PCB et à ce jour rien n’a été fait

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