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Les migrants pris en otages de guerres diplomatiques

Les migrants deviennent chaque jour davantage des « armes » utilisées par des États après avoir déclarer un conflit ou faire pression sur la scène internationale. Les malheureux ballottés par une Histoire qui leur échappe se retrouvent toujours plus pris en otages. Ils sont simplement les innocentes victimes de l’espoir d’une vie meilleure que celle que leur promet un territoire ravagé par le réchauffement climatique, par des guerres toutes plus cruelles les unes que les autres. Les politiques se jettent des migrants à la tête et se servent d’eux pour mener des campagnes électorales d’un autre âge.

Lentement mais inexorablement l’Europe plonge dans les pires années de son Histoire. Faute de courage, de lucidité, de respect des valeurs essentielles de l’humanité elle se laisse entraîner vers le gouffre de l’obscurantisme. Refusant d’admettre (pour satisfaire une opinion dominante intoxiquée par des idées toutes faites) que le phénomène migratoire a traversé toutes les sociétés (1) et que rien ne l’a jamais arrêté, les gouvernements actuels accentuent le malheur de femmes, d’enfants et d’hommes traités comme des sous-êtres humains.

La stratégie européenne actuelle va nous conduire à la ruine morale collective et au désastre économique. Elle repose sur le fait que la seule gestion des milliers de migrants en attente aux portes de l’espace Schengen consiste à les « stocker » dans des pays situés en amont des fux constatés.  La Turquie « accueille » ainsi pour le compte de l’UE plus de 4 millions de réfugiés syriens. Une « armée » de la misère que Erdogan menace de temps à autres, dès qu’une prise de position de tel ou tel pays ne lui convient pas, de « lâcher » vers la Grèce. Ces malheureux stagnent dans des camps dont tout le monde fait semblant de ne pas voir les conditions pris entre la guerre et la misère.

Un accord migratoire a  ainsi été passé entre Bruxelles et Ankara le 18 mars 2016. Ce texte avait été paraphé à la suite de la “crise migratoire” qui avait agité l’Europe. Ankara s’était alors engagée à exercer des contrôles plus stricts à ses frontières pour juguler l’immigration illégale en coopération avec Frontex ainsi qu’à accueillir tous les migrants illégaux venus de son territoire et arrêtés en Grèce. En retour, Bruxelles s’était engagée de son côté à financer à hauteur de… 6 milliards d’euros l’accueil et l’accompagnement des réfugiés sur le sol turc.

Erdogan affirme qu’il doit dépenser 400 milliards pour « rendre service à l’UE » et qu’il attend donc des « retours » ou de « l’indulgence » sur son régime… Il a effectivement appliqué les accords jusqu’à maintenant puisque de mars 2015 à mars 2016, 800 000 réfugiés avaient essayé de passer en Grèce par la Turquie et un an plus tard ils n’étaient plus que 26 000 et sur l’année 2019, le nombre a même chuté à 11 000. N’empêche que des millions de migrants potentiels attendent sans que le vrai problème de leur avenir soit réglé. La menace reste latente. 

Depuis plusieurs jours le Maroc à son tour n’a pas hésité à se servir durant quelques heures de la bombe des migrants installés sur son territoire pour protester contre le fait que le chef du Polissario a été accueilli en Espagne pour être soigné. Avec l’arrivée de plus de 8 000 migrants, dont environ 2 700 mineurs, dans l’enclave espagnole de Ceuta, au nord du Maroc, entre lundi 17 et mardi 18 mai les Espagnols ont vite été débordés. Une situation sans précédent pour l’enclave « européenne » sur le continent africain pourtant habituée à la pression migratoire. L’armée a été appelée en renfort car les protections (murs de 6 mètres) ont été contournées ou franchies.

Par tous les moyens imaginables (embarcations de fortune, bouées, à la nage, en traversant sur des zones les moins profondes) les pauvres hères ont gagné par la mer, les plages ou les rivages espagnols au péril de leur vie. Plus de 4 000 d’entre eux ont été reconduits illico à leur point de départ sans aucune formalité ! Le message marocain a été très clair et il peut à tout moment être renouvelé de manière plus discrète. Aucun accord n’existe et donc il suffit de fermer les yeux.

A force de sous-traiter ces flux migratoires aux États périphériques de son territoire, l’Europe se met en danger car elle se retrouve à la merci des décisions prises par des dirigeants sans trop de scrupules. Les migrants sont devenus de la « chair à canon diplomatique ou économique » virtuelle qu’ils  utilisent à leur guise en profitant de la hantise qui envahit les esprits dans tous les pays. ils jouent aussi sur l’absence de politique migratoire globale. On en mesurera les conséquences dans la décennie qui vient !

(1) Mon roman Les 9 vies D’ezio éditions des Auteurs-des Livres (en vente en librairie ou sur les plate-formes de vente en ligne) constitue une illustration tirée du passé sur ces réalités

Cet article a 16 commentaires

  1. GRENE CHRISTIAN

    Bonjour Jean-Marie. Le sujet que tu abordes là mérite que je tourne cent fois ma langue dans la bouche avant d’y apporter un commentaire. Pour l’instant, je bois mon café…. Ad’taleur donc.

    1. Laure Garralaga Lataste

      L. L …Je n’apporte pas de commentaires, seulement des faits historiques méconnus qui peuvent aider… Si on peut dire que ça nous aide…

  2. Laure Garralaga Lataste

    Ceuta, enclave espagnole en territoire marocain, a toujours été un passage obligé de transit :
    Et voici un passé qui va en étonner plus d’un… Le 09 août 1936, Franco, venant de Ceuta, débarque en Andalousie pour donner le coup de grâce à la 2e République espagnole (1) qui résistera jusqu’au 1e avril 1939.
    (1) golpe/coup d’état du 18 juillet 1936 du général Sanjurjo Sacanel dont l’avion, en provenance du Portugal fasciste direction Madrid, s’écrasera le 20 juillet, n’atteignant jamais la capitale, laissant ainsi le champ libre à Franco.

  3. Laure Garralaga Lataste

    L’Espagne, l’Italie, la Grèce ont chacune leur tendon d’Achille… sous l’œil attentif mais sans concession des Anglais à Gibraltar qui n’est plus en Europe !

  4. Bernie

    ,c’est triste ce passage obligé et ce bébé sorti de l’eau. D’où arrivent ces migrants ?

  5. J.J.

    « Gibraltar qui n’est plus en Europe !  » Si, toujours géographiquement en Europe, mais plus dans l’Union Européenne.

    Laquelle Union Européenne déçoit bien les espoirs de ceux qui l’on vue naître.
    L »union européenne, on la pensait, on l’espérait une Europe de paix, un modèle même, une Europe humaniste, un Europe des Peuples.

    Et nous avons une Europe du fric, des marchands de canons, des arrangements entre copains et coquins nantis et méprisants, se souciant du bonheur des citoyens d’ici et d’ailleurs, comme d’une guigne.
    Mon argent ! Mon argent ! Sauve qui peut, les portefeuilles et les actions d’abord !

    1. Laure Garralaga Lataste

      L.L Oups ! Mes excuses, c’est tout à fait exact.
      Je partage totalement la suite de cette démonstration. Merci J.J !

  6. faconjf

    bonjour,
    l’histoire bégaie en regardant beaucoup plus loin on voit très bien la conjugaison des envahissement du pays de nos « ancêtres les gaulois » (cette fiction du roman national) . Pour commencer ,il y a la conquête des gaules en – 52 ; les romains sont là pour 5 siècles d’occupation de la gaule dite époque gallo-romaine avec le basculement dans le Christianisme ( édit de Milan en 313). Puis c’est la décadence et l’effondrement Le 17 janvier 395, la mort de Théodose 1er le Grand consacre le partage définitif de l’empire romain. À son fils Arcadius (18 ans) l’empereur lègue l’Orient (capitale : Constantinople) et à son fils Honorius (11 ans) l’Occident (capitale : Ravenne). Cette scission se lit encore dans la frontière qui sépare la Croatie (occidentale et catholique) de la Serbie et de la Bosnie (orientale et orthodoxe). Les religions et la géopolitique se mêlent intimement avec les répercussions encore sensibles aujourd’hui dans les Balkans. Le 31 décembre 406, des bandes de Vandales, Francs, et autres Germains profitent de ce que le Rhin est gelé et que les légions de la frontière ont été rappelées en Italie pour repousser des Goths. Elles franchissent le fleuve à pied sec et pénètrent en Gaule sans rencontrer de résistance. On évalue leur nombre à 400 000 environ. L’empire romain d’Occident dans lequel ils pénètrent compte pas moins de 25 millions d’âmes mais il n’est défendu que par 250 000 soldats professionnels guère motivés. les envahisseurs germains s’ installent définitivement, donnant souvent le nom de leur tribu à un pays ou une province : Alamans (Allemagne), Burgondes (Bourgogne), Francs (France), Lombards (Lombardie), Vandales (Andalousie). C’est alors l’épopée de Clovis roi des francs et sa conversion au christianisme.
    Phénomènes climatiques, religions et enjeux politiques se sont toujours conjugués dans l’histoire proche ou lointaine . Les migrants ont par leurs vagues successives et douloureuses façonné l’histoire et la géographie des peuples et des pays.
    Chaque jour des milliers de migrants tentent le grand voyage vers l’espoir d’une nouvelle vie. Construire des murs ne peut résoudre cette réalité, ce sont des ponts qu’il faut édifier.
    bonne journée

    1. Laure Garralaga Lataste

      Merci J.F pour ce magistral cours d’histoire.
      Je le transmets à mes petits enfants car je doute qu’on le leur ai appris à l’école, au collège ou au lycée !

    2. J.J.

      Il y a quelques année, (beaucoup !) participant à une formation continue consacrée au Moyen Âge, et, à propos des invasions, le prof de philo nous avait fait part d’une idée que maintenant on appellerait complotiste . Le connaissant bien comme ayant été mon voisin de table dans la classe de philo, je m’étais dit : « Il a des idées toujours aussi farfelues ! »
      Sa proposition était : « Et si des habitants du Maghreb, d’Afrique se lançaient en nombre sur la Méditerranée sur de petites embarcations et se dirigeaient vers l’Europe, que ferions nous ? »
      On n’a pas haussé les épaules parce que nous sommes polis , mais qui avait raison ?

  7. GRENE CHRISTIAN

    « Ceuta réponse à la question abordée par JM ? », me suis-je demandé. Sur une île voisine, Persil, préférant me boucher les oreilles parce que n’entendant rien au problème. Et l’Europe, ne serait-ce pas l’Autriche en gris?
    Comme il fait beau, je suis un personnage de France (Anatole) « plongé dans un abîme d’irrésolution ». Ou de perplexité coupable.

    1. Bernie

      Oui il faut abandonner cette idéologie malsaine.
      Il faut une europe des peuples et des ponts vers l’extérieur. Qui s’en soucie ?

      1. Laure Garralaga Lataste

        Je crains que les ponts vers l’extérieur ne soient déjà envahis par le capitalisme international, grâce aux ponts aériens et routiers… !

    2. Bernie

      En fait ce que demande ces migrants c’est du travail qui leur permettraient de vivre avec leurs familles

  8. Laure Garralaga Lataste

    j’oublie les tankers qui réussissent à se bloquer dans des canaux trop petits pour eux !

  9. Bernie

    ¹je pense que la gestion de l »Europe est hyper complexe avec les capitalismes de chaque pays européen et hors europe.
    Les accords de Schengen c’est entre autre les douanes, les nations et la sécurité Passeports etc..

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