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Les découvreurs, les exploiteurs, les promoteurs…de campagne

Depuis le 21 avril 2002 le principe électoral voulant que l’on soit élu sur « un bilan » hante les esprits des sortants lorsqu’ils tentent de regagner la confiance des électrices et des électeurs. Lionel Jospin aura été incontestablement le Premier Ministre ayant terminé son mandat sur les meilleurs résultats possibles pour finalement connaître un échec qui reste dans l’Histoire. Le contexte actuel semble redonner du sens à ce principe.

D’abord il faut accepter que la perception de la réussite d’un mandat repose essentiellement sur la manière dont la personne l’a exercé et pas forcément sur les résultats. L’évaluation citoyenne suppose en effet une conscience que tout le monde n’est pas en mesure d’exercer. L’un des paramètres de cette pratique réside dans une connaissance parfaite du contexte dans lequel les résultats ont été obtenus. Les ratios ou les bilans aussi positifs soient-ils ne parlent pas aux personnes qui n’en voient pas l’impact dans leur quotidien.

En 1995 alors qu’il avait remplacé Jacques Delors resté dans le confort de l’inaction, Jospin avait marqué les esprits en réclamant un « droit d’inventaire » iconoclaste sur les années Mitterrand. Il lance sa campagne en proposant un examen critique des deux septennats qui viennent de s’écouler.

Si l’expression comme le principe font grincer des dents dans l’appareil socialiste, notamment parmi les proches de l’’ancien chef de l’État, elles font mouche auprès de l’’électorat de gauche. Au point que le candidat Jospin arrive en tête du premier tour de la présidentielle de 1995. Malgré sa défaite au second tour face à Jacques Chirac, il s’impose comme le leader incontesté des socialistes. Le vrai problème c’est qu’après sa lourde défaite du 21 avril, sept ans plus tard, il sera incapable de tirer les leçons de cet échec attribué à un « accident de parcours » en s’exonérant assez facilement de sa propres responsabilité. Depuis cet épisode plus personne n’a osé parler de « bilan » ce qui a facilité les choses pour bien des candidats. Cet épisode a modifié depuis toutes les périodes d’avant scrutin. 

Il est assez remarquable de constater que dans une campagne électorale le constat de Jules Claretie reste la vraie clé d’appréciation pour des électeurs désorientés.  » Tout homme qui dirige, qui fait quelque chose, a contre lui ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui font précisément le contraire et surtout la grande armée des gens, d’autant plus sévères, qu’ils ne font rien du tout. «  On le constate chaque jour davantage dans une société de l’éphémère érigé en principe politique. Il est aisé de vérifier qu’il y a plusieurs catégories de confectionneurs de programme. Il est amusant de lire et d’apprécier. 

Celui des « découvreurs du nouveau monde» qui formulent des propositions réputées « inédites » alors qu’elles ont été déjà mises en œuvre depuis belle lurette. C’est assez étonnant et souvent d’une vraie sincérité. Ils mettent en évidence que la réussite d’une politique passe surtout par la capacité que l’on a à la faire connaître. On peut ainsi apparaître novateur ou même révolutionnaire en ripolinant ce qui existe déjà mais sans en connaître vraiment l’histoire.

Les « exploiteurs des réussites » deviennent légion en cette période de toutes les promesses. S’appuyant sur l’indifférence du plus grand nombre vis à vis des réalisations d’intérêt général cette catégorie de candidat.e.s s’en attribuent le mérite. Un bilan a toujours des « pères surprises » dont on n’avait jamais entendu parler avant qu’ils revendiquent leur rôle forcément décisif et primordial.  Mieux les opposants les plus farouches peuvent en cette période de toutes les approximations se muer en partisans convaincus ou en combattants courageux de la dernière heure. Comme de l’eau des promesses a coulé sous les ponts de la vie collective ils savent que personne n’aura envie de parler du passé. Ils tablent sur le fait que le mensonge sera aussi vite oublié que la vérité.

L’expérience contraint à rajouter à ces catégories les « promoteurs de l’irréalisable ». Ce sont les plus dangereux car s’affranchissant des contraintes souvent financières ils enfilent les perles rutilantes pour constituer le collier de ces fameuses « promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent » ou les lisent. Désormais ils pullulent car il est aisé devant la complexité de l’organisation sociale de proposer tout et n’importe quoi. Il en reste toujours quelque chose !

Le choix se porte sur la synthèse des trois types de prétendants. Un bilan rassure, un présent conforte, un avenir séduit. Se contenter d’un seul volet c’est simplement faire confiance à une étiquette comme gage de qualité ! C’est un peu léger.

Cet article a 4 commentaires

  1. Jean-Pierre Boué

    Juste un petit commentaire sur l’article d’hier.
    Nous avons reçu en Lot-et-Garonne exactement la même  » profession de mauvaise foi » qu’en Gironde! Seuls les noms de candidats et des candidates changent mais la présentation et les pseudo- chiffres sur la prise en charge des migrants restent les mêmes!
    Lamentable!

  2. J.J.

     » Le vrai problème c’est qu’après sa lourde défaite du 21 avril, sept ans plus tard, il sera incapable de tirer les leçons de cet échec attribué à un « accident de parcours » en s’exonérant assez facilement de sa propres responsabilité. »

    Il ne faut pas mésestimer,( est -il il est nécessaire de le rappeler ?) le travail de dénigrement systématique dont il a été victime de la part de merdias « aux ordres » de la Phynance par exemple, et d’adversaires politiques peu regardants sur l’éthique, avec des arguments tellement abracadabrantesques que l’on se demande comment des gens sains d’esprit ont pu croire à de semblables sornettes, car rien ne lui fut épargné.
    Conclusion : il y a semble t-il plus de gens que l’on pense à l’esprit dérangé, et prêts à croire sans esprit critique le premier bobard venu.

    C’est ce qui fait hélas la force et le succès des droites extrêmes.
    Souvent ces gens prétendent avoir la foi, mais c’est surtout la mauvaise foi qui les anime.

  3. facon jf

    Bonjour,
    ce qui nous attend c’est un avenir effrayant que les politiques ignorent ou feignent d’ignorer . Tous les indicateurs convergent vers la fin de l’oléocène. Il y a plein d’époques géologiques se terminant par « cène ». Par analogie certains ont appelé par avance « Oléocène » l’époque actuelle basée sur la consommation massive de pétrole. Oléo pour « huile ». Le pétrole n’est pas un problème ou un sujet parmi d’autres. Le pétrole est LE problème. La question politique la plus importante reste comment faire fonctionner une économie mondialisée sans pétrole. Les voyants d’alarme passent au rouge intense perceptibles par ceux qui veulent bien les voir. Côté civil, regardez l’interdiction des voitures diesel. Cela va faire couiner terriblement. Mais ce sera rapidement l’interdiction des voitures à moteurs thermiques de manière générale. Nous savons tous que les voitures électriques sont une imbécillité écologique et environnementale. Total et BP se préparent à ne plus vendre de pétrole, c’est aussi sous cet angle là qu’il faut voir la ligne de chemin de fer Pékin-Paris des routes de la soie.
    Coté militaire c’est aussi l’inquiétude comment faire la guerre sans char, sans camion, sans blindés, sans avion, sans logistique dont le fonctionnement est basé sur l’utilisation à outrance… de moyens mécanisés qui fonctionnent au pétrole! Voilà pourquoi l’armée se penche sur le sujet. Faire la guerre en trottinettes électriques, ce n’est pas évident, et faire voler des avions de chasse à l’huile de colza ce n’est pas simple non plus ! Les militaires se sont penchés sur le problème et ce n’est pas rassurant ici la synthèse : https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2021/05/Approvisionnement-petrolier-futur-de-lUE_Shift-Project_Mai-2021_SYNTHESE.pdf
    La triste réalité, c’est que l’on ne sait pas nourrir 8 milliards d’être humains sans tracteurs, sans engrais, sans industries agroalimentaires nécessitant des milliards de litres de carburant.
    Imaginez dans la décennie à venir les millions de pauvres affamés convergeant vers des édens irréels. Imaginez les métropoles désertées de leurs habitants cherchant quelques lopins de terre pour subsister. Imaginez les agriculteurs armes à la main pour défendre leur production. Brrrrrr!!
    Et la police et l’armée en trottinettes électriques pour combattre le crime ( XXXLPTDR diraient mes petits enfants).
    Un programme électoral aujourd’hui avec une vision apocalyptique telle que celle-ci, ( enfoncés les égolos !!même Yves Cochet avec sa calèche) 0.01% des intentions de vote.
    « Le guet veille ! Il est onze heures, bonnes gens ! Dormez, le guet veille ! Il est minuit, bonnes gens ! Dormez, le guet veille ! »
    Bonne journée

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