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Le guite du routard fûté des terrasses

Aucune terrasse ne ressemble à une autre. Chacune reflète l’ouverture de l’établissement sur sa clientèle. Son mobilier, sa disposition, sa décoration permettent de s’y sentir à l’aise selon ce que l’on attend du passage devant son verre. Celle où Jacques, de passage, s’installe pour prendre son café offre la particularité d’être en prise directe avec l’une des routes les plus passantes de Gironde. Le bruit lancinant des véhicules qui défilent ne favorise pas l’échange. Bon vivant, généreux et disert, celui que j’ai bien du plaisir à retrouver s’est selon ses dires réfugié en ce lieu car celui qu’il fréquente avec assiduité le matin, ne correspond plus à ses envies.

« Il y a eu un changement de propriétaire et ce n’est plus comme avant. Les horaires d’ouverture sont incertains et la qualité du service n’est plus du tout la même. Tenir une brasserie ce n’est pas si facile que le croient celles et ceux qui achètent une affaire qui tourne. » Du coup Jacques est devenu un STF (« sans terrasse fixe ») depuis le début de l’été et il va au gré de son humeur d’une commune à l’autre. « En fait sur le canton de Créon il n’ y en a pas tellement de bars ou de bistrots que ça » explique-t-il. « C’est ici que je suis le mieux car c’est paisible, propre et bien placé. Le café me convient ! ». Le retraité originaire d’un village de l’Entre-Deux-Mers célèbre pour ses carrières est donc devenu une sorte de « critique » des cafés, bars, bistrots, brasseries et même restaurants du secteur. Ses avis argumentés mériteraient un guide.

Que ce soit entre copains ou en famille il change souvent de table. Il a donc une connaissance aiguisée de la qualité des terrasses estivales. L’accueil, les menus, les prix, l’ambiance : rien ne lui échappe ! « Ça bouge beaucoup en ce moment. D’un propriétaire à l’autre tout bascule dans le bon comme dans le mauvais sens. Il y a en a quelques-uns qui sortiront mal en point de la crise ! » Jacques dresse un tableau précis des situations constatées soit en solitaire soit en groupe. Au baromètre des terrasses ou des lieux qui fonctionnent bien le critique annonce « en hausse Le Jep’s  à Fargues Saint-Hilaire, stables le Bar des Sports  à Pompignac ou le Café Bar PMU, Presse de Carignan. ». En chute celui de Tresses. Pour celui de Salleboeuf Bistro Cafe Y Vino il « attend pour juger mais le propriétaire précédent en avait fait un excellent lieu ».  Ce palmarès né de l’expérience pourrait être complété par d’autres « notations » moins récentes mais Jacques explique que les vrais «bistrots » deviennent rares. « Souvent ils ne peuvent survivre qu’avec d’autres activités annexes. Je ne connais que celui de Créon qui tient le coup. Dans tous les villages ils ont progressivement disparu ! »

Le milieu de la restauration n’échappe à sa sagacité. Il confie deux adresses qui sortent de son périmètre des terrasses pour le café. La première se situe à Yvrac. Avec « Le tout le monde en parle » dont il loue la qualité de la cuisine et l’excellent rapport qualité-prix. « Mais je me méfie car c’est beaucoup plus subjectif qu’une terrasse ou un Bistrot ». Selon lui dans la catégorie supérieure Guy a un faible pour « Le Pavillon de Saint Aubin à Sait Aubin de Médoc. C’est plus cher mais encore abordable pour un jour exceptionnel ».

Ses avis que les restaurants du territoire de l’Entre-Deux-Mers bordelais sont beaucoup plus mitigés. « Il y en a avec lesquels je n’accroche pas alors qu’ils sont probablement excellents et d’autres qui sont vraiment ordinaires mais qui me plaisent. Souvent l’accueil change l’appréciation que l’on peut avoir or il est souvent très mauvais. » S’il devait en recommander sur le Créonnais un ce serait le « Bistrot de la Pimpine » à Lignan de Bordeaux. L’arrivée parmi les nombreuses personnes qui s’arrêtent le saluer, de Michèle, ancienne résidente du quartier des Capucins renforce son choix. Je la connais de longue date. Très à l’aise elle s’insère dans la discussion avec sa faconde des  enfants des Capucins, après avoir « baptisé » un jeune artisan qui lui aurait fourni un devis pour un portail qu’elle attend depuis 4 ans ! Il n’est pas venu pour rien. Un sketch ! 

Michèle enchaîne : «Le cadre du Bistrot de la Pimpine est très agréable et la terrasse simple au pied de l’ex-gare colorée et vivante. J’ai mangé l’autre jour une vraie cote de bœuf raconte avec une délectation non feinte la nouvelle arrivante. Elle était épaisse, goûteuse et très tendre. Les échalotes, la sauce et des frites sont à part et parfaite pour 20 € par personne. Hier encore au menu du jour j’ai pris des lasagnes maison exceptionnelles… Il y a de plus en plus de monde. Si on ne réserve pas, malgré l’agrandissement qui a été réalisé on risque de ne pas avoir de places. » Michèle, verbe haut et le sens de la formule,  loue les mérites de ce vrai lieu de vie au cœur d’un village sympa !

Tous deux, Jacques de Frontenac et Michèle des Capus ont leur pass sanitaire car ils ne s’imaginaient pas privés de ces moments de partage tellement précieux. Demain ils se retrouveront avec d’autres « amis » sur une terrasse pour se transformer en critiques gastronomiques sur le plus agréable des réseaux sociaux, celui de la parole et du débat directs devant un café ou un rosé ! 

Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    « une sorte de « critique » des cafés, bars, bistrots, brasseries et même restaurants du secteur. »
    Le Gault et Millau, le Guide du Routard et le guide Michelin réunis.
    Un message personnel pour Laure : avez vous trouvé le lien sur les commentaires d’hier ?

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à J . J .
      Merci d’excuser ce retard à répondre… Je viens juste de me brancher… Pour le message d’hier… Promis, j’y reviendrai…
      Mais, premiers coup d’œil, j’aime ! Et j’y répondrai…, après la sieste mexicaine… À bientôt !…

  2. GRENE CHRISTIAN

    Cher Jean-Marie, « La Terrasse », la seule qui vaille – ou qui m’aille – c’est celle ouverte par Ettore Scola en 1980. Où se retrouve assez régulièrement l’intelligentsia franco-italienne pour commenter « Roue Libre » en toute indépendance, avec rosé le matin et les vents anisés le soir au « Bar des Copains » (Créon) ou « L’Orient » (Libourne).

  3. Laure Garralaga Lataste

    @ à J . J .
    Merci pour l’emploi du mot juste : Guerre d’Espagne (nous ajoutons 1936-1939) ET ARRÊTONS AVEC « GUERRE CIVILE » !
    Le discours de De GAULE à l’hôtel de ville de Paris annonce la mise à l’écart et la volonté d’oublier ces combattants (espagnols et des brigades internationales). Il faut savoir qu’à Paris comme sur tout le territoire français, notre association,  » Amicale des Anciens Guérilleros Espagnols en France FFI  » se bat pour que soient reconnus ces combattants de l’ombre tombés dans les oubliettes… !
    Un exemple à Bordeaux : Pablo Sánchez, abattu le 27 août 1944 d’une rafale allemande pour avoir sauver le pont de pierre de Bordeaux, devra attendre 2014 (70 ans après) pour que soit reconnu son acte de bravoure par l’état français qui lui accorde enfin la mention « Mort pour la France » et par la ville de Bordeaux qui inscrira son nom sur le monument aux morts de cette ville.

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