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La fête terrassée par la pandémie en « belotage » favorable

Il reste des grandes fêtes de la Rosière créonnaise, l’installation souvent très compliquée des forains sur la place centrale de la ville. La tradition de leur venue en ce lieu symbolique de la bastide n’est pas très ancienne puisque durant quasiment un siècle, le cœur de la bastide fut occupé par une immense salle champêtre plus ou moins ostentatoire où se déroulaient les festivités (bals, contournement et concert) qui ont été décalées au fil des ans vers des structures durables. La terrasse du Bistrot des Copains se retrouve en première ligne pour que les souvenirs reviennent dans l’esprit de quelques « ancêtres » ayant toujours un brin de nostalgie.

Pour la seconde année consécutive la pandémie a brisé le lien entre la jeunesse de la ville et le reste de la population. « Il est à peu près certain que nous reviendrons plus en arrière commente Jean. Deux ans sans référence à ce partage inter-générationnel, sans implication de bénévoles dans le déroulement du programme et sans accroche de la nouvelle population à ce qui participait de l’identité de la commune c’est mortel ! » D’ailleurs en ce vendredi soir, pass sanitaire oblige, les tables et les sièges restent vides.

Nicolas commence d’ailleurs à s’inquiéter sur les réactions des clients qui pourront fréquenter sans aucune contrainte la fête foraine et qui viendront éventuellement à quelques mètres solliciter de s’asseoir pour boire une bière. Sur l’espace forain pas de sollicitation réglementaire. Pas une distanciation sociale. Pas de contraintes ? « Je pense que je vais ferme ! » annonce-t-il fataliste en regardant d’un œil distrait la rencontre Nantes-Lyon sur l’écran de télé qui n’intéresse que lui. Pourtant il y a un peu de monde. Quelques grappes de jeunes se regroupent devant les stands. Aucun ne porte le masque. Les parents promènent leurs enfants ou plus exactement ces derniers entraînent les adultes vers les lieux le plus attirants.

« C’est l’heure de rentrer annonce une mère à sa gamine de 4 ou 5 ans » qui rechigne à quitter ce déluge de lumières toutes plus puissantes les unes que les autres. « Elle a pleuré car elle a attrapé la queue de Mickey à la première fois mais pas la seconde alors elle est déçue. » commente celle qui a bien du mal à ramener à la raison sa progéniture. Peut-être que la barbe à papa que prépare, en activité annexe, avec une déconcertante facilité, le patron du manège, la contentera ! « Je ne peux pas te dire depuis combien de temps je les tourne. Je crois que c’est presque depuis que je suis né.  J’en ai fabriqué des milliers.» Quelques grammes de filaments sucrés sortent par miracle de sa bassine soufflante…comme par miracle. La petite fille retrouve le sourire.

La terrasse s’enfonce dans la nuit. Elle contraste fortement avec l’ambiance proche. Saisissant. Les projecteurs, les néons ont envahi la nuit quand le Bistrot plonge « nu comme un vers » dans la pénombre totale. La fête foraine écrase par sa démesure tout l’environnement habituel. Demain matin alors qu’elle sera réduite à son tour au silence et à la frugalité lumineuse, le Bistrot aura sa revanche. Le concours de belote est resté au programme. Les habitués y tenaient.

Durant toute la semaine les duos se sont constitués. Les « transferts » ont été rares ou secrets. Les équipes « historiques » attendent sereinement le rendez-vous. Elles savent que pour obtenir les jambons il faudra vraiment avoir du jeu car face à elles les « spécialistes » qui sont frustrés depuis plusieurs mois. Francis sera évidemment au rendez-vous. Il veille au bon déroulement de la compétition depuis plus de plus de trente ans. Lui seul bénéficie de la confiance des participants pour établir le tableau des confrontations et comptabiliser les points.

La terrasse au moins retrouvera en cette fin d’été, pour un rendez-vous seulement interrompu par les grandes guerres,  ses bruits, ses paroles, ses émotions d’antan. Le Bistrot vivra un samedi habituel avec une pointe festive. Le pass sanitaire sera bien évidemment exigé. Le masque pour se déplacer à l’intérieur obligatoire. On ne serrera pas davantage la main de l’équipe adverse que l’on aura étrillée. Les effusions chez les vainqueurs seront proscrites. Les vainqueurs ne pourront même pas se donner l’accolade ou s’embrasser. A moins qu’ils ne le fassent au milieu de la fête foraine… 

Cet article a 15 commentaires

  1. Laure Garralaga Lataste

    @ à J . J .
    Voir ma réponse au combat de la Nueve sur le « Roue Libre » du 27 août.

    1. J.J.

      Laure @  »
      Je m’inquiétais surtout de savoir si vous aviez trouvé le lien.
      « Le discours de De GAULE à l’hôtel de ville de Paris annonce la mise à l’écart et la volonté d’oublier ces combattants (espagnols et des brigades internationales). »
      En cherchant un peu on s’aperçoit que les combattants français de la résistance intérieure : FFI et surtout FTP ont été eux aussi pour la plupart soigneusement mis à l’écart, et honteusement, au profit souvent de collabos (à part quelques lampistes ou fusillés pour l’exemple) revenus en grâce par l’effet miraculeux de leur intérêt pour l’économie nationale(et personnelle de quelques uns).

      Veuillez nous excuser, chers amis et lecteurs de Roue Libre pour ces « hors sujet », mais la saison est à la commémoration d’événements qui ont profondément marqué notre enfance.

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à J . J .
         » soigneusement mis à l’écart, et honteusement, au profit souvent de collabos… » Lorsque vous écrivez ceci, vous n’imaginez pas à quel point vous avez raison… ! Si, comme nous le souhaitons, notre livre sort en 2022… vous mesurerez la portée de votre affirmation…

  2. Laure Garralaga Lataste

    Oui ! On peut dire que ce foutu Covid aura balayé notre passé… Deux ans bientôt, et ce n’est peut-être pas fini… !

  3. GRENE CHRISTIAN

    On ne connaîtra plus la Rosière à rosé, alors?
    Pour Laure j’aurais pu dire: « à José ».

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à Christian
      Merci d’avoir pensé à moi… En espagnol, José se dit aussi Pepito (familier)

      1. J.J.

        Mais aussi Pepe. Pourquoi ?

        1. Laure Garralaga Lataste

          @ à J . J .
          Pepito pour les jeunes garçons, Pepita pour les fillettes…
          Pepe pour les hommes, Pepa pour les femmes.

          1. J.J.

            Réponse à la question : d’après notre professeur d’espagnol, le surnom de Pepe donné aux porteurs du prénom Jose, viendrait du fait que d’après les évangiles, Joseph serait le père putatif du Christ : padre putativo = P P = Pepe.
            Sous toutes réserves !

  4. J.J

    On n’a pas fini de constater les ravages qu’aura causé (et ce n’est pas fini !) cette pandémie.
    D’ailleurs le terme sinistre de distanciation sociale est particulièrement éloquent.
    Doucement mais surement, c’est la fin d’un monde. En cela l’effet de ce f…b….de m…. de virus peut être comparé à une guerre.

  5. GRENE CHRISTIAN

    Vous ai-je donné la réponse à cette anagramme aussi éclatante que Laure de la Sierra Madre? « Les éditions Flammarion »
    ………………
    « L’arôme des mots à l’infini ».
    Joli, n’est-il pas vrai?

    1. J.J.

      J’arrive tout juste à résoudre quelques contrepets (honnêtes, si possibles), alors là, c’est trop fort pour moi.

  6. Laure Garralaga Lataste

    Aujourd’hui, c’est dimanche, et Jean-Marie nous condamne au silence…
    Comme nous le chanterait Juliette… « Je hais les dimanches » !
    Alors faisons de la résistance, « continuons le combat ! » (Mai 68)

  7. GRENE CHRISTIAN

    De acuerdo con Laure. Hasta la victoria!
    Y que tal en este domingo sin nuestro maestro, cuidadano de Creon?

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à Christian
      ¡ Qué bien escribe español el Cristián !
      Yo, este domingo… me lo pasé muy tranquilita.
      Veremos mañana… si nos escribe el maestro ciudadano de Creón

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