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Supprimer des fonctionaires : ça fonctionne toujours

C’est le marronnier des élections présidentielles françaises. Quelles que soient les circonstances les candidat(e)s de ce que l’on a l’habitude d’appeler la Droite dégoulinent de démagogie. Ils savent que les électrices et les électeurs ont besoin d’entendre des idées toutes faites récurrentes pour être rassurés. Alors les mêmes poncifs reviennent comme de bonnes recettes de cuisine permettant de resservir sans risque le même plat aux invités. C’est donc reparti : « il faut supprimer 150 000 fonctionnaires !s. Une proposition dont seul le nombre varie mais qui a traversé les temps. On attend la surenchère! 

Il est aisé de lancer cette propositions puisqu’à la question, «Y a-t-il trop de fonctionnaires en France ?», 53% des personnes interrogées répondent par l’affirmative. Plus exactement, 19% ont dit «oui tout à fait», et 34% «oui, plutôt». A l’inverse, 47% des sondés ne considèrent pas qu’il y ait un surplus de fonctionnaires en France. Tant que la seconde question n’est pas posée ce genre d’affirmation n’a aucun sens. Elle serait la suivante : « dans quel secteur de l’action publique souhaitez-vous supprimer des postes». J’attends avec impatience la réponse !

En 2017 lors de sa campagne, le candidat devenu l’heureux élu, promettait de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires s’il était élu. Une fois président, ce dernier a pourtant été contraint de renoncer à cet objectif en 2019, dans le sillage de la crise des gilets jaunes, assumant lors d’une conférence de presse que cette mesure était «intenable». Comment concilier en effet les promesses d’amélioration du service d’éducation dans les zones en difficulté, de créations de postes de policiers ou de gendarmes, de ressasser que les hôpitaux souffrent ou qu’il n’y a plus de présence humaine dans le monde rural ? Le pourfendeur de la fonction publique n’est pas à une contradiction près.

François Fillon avait ramassé le soutien des nantis qui prétendent ne jamais avoir besoin de l’action publique, en claironnant que si le sort lui était favorable il truciderait 500 000 postes de fonctionnaires. Il en avait fait l’une des mesures phares de son programme et avait laminé ses adversaires lors de ces primaires de la surenchère. Malheureusement pour lui, le « poste » très utile de fonctionnaire de l’Assemblée nationale attribuée à son épouse avait supprimé son ambition. Alors avec 150 000 la présidente de la région parisienne où sont concentrés l’essentiel des forces publiques a mis ses prétentions de purge à un niveau plus bas que le veut la tradition. Quelle administration est visée : Territoriale ? Nationale ? Européenne ? Nul ne le sait.  Elle a tenté de préciser sur France Info cette mesure en indiquant qu’il s’agirait de « dénormer, débureaucratiser et supprimer des procédures » ainsi qu’à « supprimer les structures qui font doublon ».

Lors d’une récente rencontre amicale avec un inspecteur du trésor public ayant travaillé au plus haut niveau dans la section de recherche des fraudeurs au fisc il a énoncé un constat simple ! « Non seulement il n’y pas assez de personnel mais en plus il n’a aucun moyen de poursuivre les vrais tricheurs qui ne sont pas des individus mais de sociétés disposant de forces largement supérieures à celle de l’État ! On attrape les petits poissons car les énormes arrachent les filets ! » Par exemple un consortium de grands médias vient de révéler que la France est la première victime de cette fraude aux dividendes, appelée « CumCum » dans le jargon financier. En vingt ans, le système aurait coûté au moins 33 milliards d’euros de recettes fiscales.

La manœuvre dure qui depuis des années consiste à  éviter la taxation des dividendes pour les investisseurs étrangers en France. C’est pourtant une règle assez facile à contrôler puisque reposant sur une règle simple : un étranger qui possède des actions de groupes français cotés en Bourse doit payer en France un impôt sur les dividendes qu’il perçoit. Pour éviter cette taxation, un système complexe s’est donc mis en place pour brouiller les pistes sur les véritables propriétaires des actions, avec l’aide certaines banques. Simplement, il s’agit d’un transfert artificiel pour éviter le paiement sur les dividendes que personne n’a les moyens de contrôler et ça dure depuis des années.

BNP Paribas, Société générale, Natixis et le Crédit agricole seraient concernées par ses pratiques mais il y a fort à parier que jamais les sommes dues seront récupérées. Mettre en péril nos fleurons financiers, voir fuir les possesseurs d’actions, monter des dossiers d’accusations solides, mener une telle investigation dans ces quatre grandes banques représentent une tâche énorme pour ces… fonctionnaires qu’il faut supprimer. Ils ne vont pas tout de même emmerder le monde du profit avec leurs principes…

Cet article a 6 commentaires

  1. J.J.

    On attend la surenchère!
    C’est fait ! Le petit roquet méridional plutôt déplumé, aux velléités de candidature élyséennes a proclamé que l’holocauste  » bureaucratique » s’élèverait sous son règne à 250 000.

    Ces nigauds réduisent toujours la notion de fonctionnaire à celle de gratte papier, de rond de cuir, oubliant que policiers, gendarmes, bidasses, pompiers, corps médical du secteur public, employés de Bercy(dont de très hauts et coûteux emplois, et j’en passe, sont aussi des fonctionnaires.
    Exemple de la sottise ambiante et récurrente : on pouvait voir et entendre, il y a quelques jours dans les étranges lucarnes un patron en mal de personnel proposer comme avantage dans l’emploi qu’il proposait, des « horaires de fonctionnaire ».

  2. Laure Garralaga Lataste

    Moi qui ne compte aucun fonctionnaire dans ma famille tant en Espagne qu’en France et qui suis outrée de cette « haine » du fonctionnaire « vieille comme le monde »… propose : « Que celui qui peut prouver que parmi ses ancêtres ne figurent aucun fonctionnaire » jette la première pierre… Et vous verrez que ce jeu absurde aura moins d’adeptes.

  3. Grene christian

    Un syllogisme en guise de clin d’oeil à un ami très cher qui a sévi dans ces colonnes hier: « La fonction crée l’organe, André Latournerie travaillait dans un organe de presse, donc il était fonctionnaire ».
    Bienvenue Dédé sur la voie ouverte par J.-M., avec un D. comme Desgrange. Ici on peut tout faire en roue libre, pas comme avec ton complice La Mathure qui, s’il a accompli de nombreuses grandes boucles, ne s’est jamais fait Latourne de France.

    1. Latournerie

      Tu sais ce qu’il te dit le fonctionnaire…
      Bises grand

  4. Bernie

    A mon simple avis, il y aurait trop d’élus. Je suis assez simpliste tant pis pour moi.

  5. Grene christian

    M’sieur, ce week-end vous porterez le bonet d’Anne et vous me recopierez cent fois: « Supprimer des fonctionnaires: ça fonctione toujours ». Euh!

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