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L’éclairage sur la situation d’EDF relève l’ombre de l’ultra-libéralisme

Le système libéral a ceci de particulier c’est qu’il ne l’est jamais. Une formule célèbre veut en effet que dans toutes les situations de crise on « privatise les bénéfices et on nationalise les pertes ». Dans toutes les circonstances ne leur permettant pas de trouver des bénéfices suffisants les tenants de ce qu’ils proclament être leur liberté d’entreprendre ou d’agir se tournent la puissance publique. Durant des décennies la propagande a consisté par exemple à vilipender la gestion des entreprises publiques et donc de les privatiser afin qu’elles gagnent en autonomie et donc en rentabilité. Au cours de ces derniers mois on voit où les idéologues de l’ultra-libéralisme ont conduit les pays où ils agissent.

Le plus souvent grâce au pouvoir dont ils disposent par la possession des supports médiatiques qui constituent désormais le bras armé de leurs « politiques » ils imposent une vision des bienfaits de leurs principes. Une croissance reposant sur les mamelles de leurs structures : la surconsommation et le crédit ; une course effrénée à l’exploitation des richesses naturelles planétaires convertibles en profits ; une utilisation constante des procédés déshumanisés que plus personne n’ose plus appeler l’exploitation de l’homme par l’homme ; un mépris absolu des valeurs autre que celle de l’argent roi : le système refuse tout regard citoyen sur des pratiques honteuses.

Leur credo quasiment religieux veut que le politique ne soit qu’au service de l’économie et sûrement pas l’inverse. Il faut donc que l’État favorise le développement de ce monde du profit creusant des inégalités vertigineuses et vienne à son secours lorsqu’il a commis des erreurs colossales mettant en péril des les équilibres des châteaux des cartes bancaires.

En fait le « quoi qu’il en coûte » ayant conduit à une monumental endettement français ayant rangé toutes les entreprises sur le même plan face aux mesures sanitaires correspond parfaitement aux abus du libéralisme. C’est l’Etat c’est à dire l’ensemble des citoyens qui devra d’une manière ou d’une autre absorber sur une décennie ou plus, les conséquences du sauvetage des bénéfices des actionnaires.

Dans le secteur de l’énergie la situation révèle ce paradoxe avec la situation d’EDF. Parcellisée, démantelée, pressurée, contrainte de soutenir ses propres concurrents elle se retrouve dans la tourmente si elle applique la logique libérale ayant fondé sa « disparition ». Soumise à la loi du marché elle doit répercuter sur les tarifs pratiquées vers tous les utilisateurs les augmentations fulgurantes et démentielles imposées par les fournisseurs d’énergie fossile.

Ainsi deux mauvaises nouvelles sont venues altérer l’avenir d’EDF déjà très chargé en lourds nuages financiers (catastrophe de l’EPR, poids du nucléaire contesté et vieillissant). Alors qu’à la pompe à essence il n’y a aucune contrainte l’État (84 %), qui est parvenu à imposer une augmentation d’électricité à bas prix à ses concurrents dans les prochaines semaines !

C’est le contraire de toute la logique libéral qui prône la régulation par le marché des prix. Elle devra écouler 20 % d’électricité en plus à prix cassé pour ses rivaux qui tentent par tous les moyens d’augmenter leur clientèle avec des contrats affichant des tarifs réputés attractifs. Les entreprises comme Total dont les bénéfices n’ont jamais été aussi élevés ne saurait supporter une situation qu’elles ont parfois créées ou entretenues.

Les pertes éventuelles seront affectées sur le budget EDF mais les profits seront digérés par les multinationales qui ont demandé et obtenu sa dislocation. L’impact est colossal puisque estimé sur les comptes de 2022, entre 7,7 milliards et 8,4 milliards d’euros de perte sur l’excédent brut d’exploitation.

Bien évidemment le monde du profit a vite réagi. L’action a perdu 23,85% à la Bourse de Paris. Une gamelle accentuée par le fait qu’en cette période pré-électorale que le ministre du quoi qu’il en coûte a vite précisée qu’il n’y aurait pas de rattrapage des tarifs en 2023 ! En attendant il fanfaronne puisque grâce à son action la hausse ne sera que de 4 % en 2022 quand le SMIG a progressé de 0,9 % et les intérêts des comptes épargne de 0,5 % . Mais bien entendu les sujets essentiels demeurent les migrants qui viennent bouffer la baguette à 0,29 € de Leclerc ou le nombre de tests que doivent effectuer les enfants pour retourner en classe ou s’ils seront astreints à porter une blouse.

L’ultra-libéralisme va d’échec en échec, détruisant notre bien commun qu’est la planète terre, asservissant des millions de consommateurs avides de superflu, favorisant la référence de l’argent pour mesurer la réussite, détruisant les valeurs essentielles que devraient être la solidarité, l’égalité, l’empathie et la raison. Pour avoir renoncé à le dénoncer les forces susceptibles de représenter une autre vision de la société portent une grande responsabilité vis à vis de l’avenir. Oui je sais je suis un vieux con ! Mais j’aurai essayé de vous mettre au courant.

Cet article a 17 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    Bien dit Jean-Marie
    Mieux vaut être un vieux con qu’un jeune imbécile;
    Une pensée à Georges BRASSENS et à sa chanson
    EDF devrait pouvoir te lire, d’autres aussi !
    Amicalement,
    Gilbert de Pertuis

    1. laure Garralaga Lataste

      « Mieux vaut être un vieux con qu’un jeune imbécile »… J’approuve…… à une condition : que les vieux soient moins nombreux que les jeunes ! Ce qui hélas est moins sûr…

  2. Gilles Jeanneau

    Je croyais être un vieux con rare et bien , non, merci Jean-Marie. Je te rejoins à 100% et j’ajouterais pour les jeunes cons (car on est con à tout âge disait Brassens fort justement) qu’il en est d’EDF comme de la plupart des services publics qui ont été privatisés sur la base d’un vote à 51% de majorité pour le traité de Maastricht…
    La privatisation devait faire baisser les tarifs nous promettait-on. En fait c’est tout l’inverse qui s’est produit avec le triomphe de la nouvelle loi capitaliste que tu rappelles :
    privatisation des profits et nationalisation des pertes.
    Alea jacta est

    1. laure Garralaga Lataste

      Il me semble que le poète Brassens disait… « Quand on est con, on est con. »

  3. facon jf

    Bonjour,
    la boucherie Macresse-Pécron continue à équarrir l’économie Française pour procéder à la vente à la découpe. Nous l’avons constaté lors de la privatisation des autoroutes, des télécommunications ou d’eDF, les consommateurs-citoyens ont financé l’ensemble des investissements par leurs impôts et leurs factures. Et quand c’est le moment de récupérer les avantages des sacrifices consentis paff!! on privatise au bénéfice des amis des gouvernements en place. Comme c’est bizarre!
    Hier l’excuse suprême pour enrichir les financiers des campagnes électorales et des pantouflages juteux c’était la dette. Comme le souligne le rapport de la Cour des comptes de juin 2007 ( c’était pas hier!!) sur la situation et les perspectives des finances publiques, « le niveau de la dette justifie pleinement que les pouvoirs publics cherchent à le réduire. Mais l’emprise de l’objectif de réduction du ratio de dette brute au sens de Maastricht sur les décisions de cessions d’actifs, qui n’améliorent en rien la dette nette, peut conduire à des choix sous-optimaux en termes économiques et financiers. Pour les sociétés concessionnaires d’autoroutes, le produit financier immédiat attendu des privatisations a primé toute autre considération stratégique ». Les sages du palais Cambon ne sot pas réputés pour la poésie et pourtant.
    PHILINTE
    Ah ! qu’en termes galants ces choses-là sont mises !
    ALCESTE (bas)
    Morbleu ! vil complaisant, vous louez des sottises ? Le Misanthrope extrait de la scène 2 (acte I) Molière.
    Aujourd’hui les mauvais coups ( coûts ?) sont justifiés par l’inflation dont le retour lamine les revenus des plus pauvres au profit des ultras riches.
    Bruno le maire du palais* a trouvé la solution faire acheter 300 € le mégawattheure par eDF et le revendre 46.20€ à ses concurrents . Des pseudos concurrents dont certains n’ont JAMAIS PRODUIT LE MOINDRE MÉGAWATT ! Une concurrence totalement artificielle imposée par Bruxelles sur le dos des consommateurs. La volonté de détruire les opérateurs historiques est évidente et totalement au service des requins de la Phynance **.
    Peu importe la grosseur de la ficelle l’objectif est de faire semblant d’aider le bas peuple en endossant le costume du père Noël.
    bonne journée
    * Pendant la période mérovingienne, les maires du palais étaient les plus hauts dignitaires des royaumes francs, après les rois. À l’origine simples intendants du roi dans son palais, ils vont progressivement étendre leur pouvoir et leurs fonctions, à partir du VIIe siècle, jusqu’à se trouver en mesure de déposer les rois.
    En 751, Pépin le Bref dépose le dernier roi mérovingien, Childéric III, et se fait reconnaitre comme souverain du royaume franc par le pape Zacharie et fonde ainsi la dynastie carolingienne.
    **(Par plaisanterie) Finance (mot inventé par Alfred Jarry pour dénoncer l’avidité de son personnage Père Ubu pour les finances).

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à facon.jf
       » Nous l’avons constaté lors de la privatisation des autoroutes, des télécommunications ou d’eDF, les consommateurs-citoyens ont financé l’ensemble des investissements par leurs impôts et leurs factures. »
      Cher ami, cher camarade, est-ce bien nouveau ?
      Quand et qui a »inventé » le capitalisme ?

  4. christian grené

    Comme aurait dit le fabuleux Etienne Dutheil (… de France pour ses laudateurs): « Il y a de l’eau dans le gaz et de l’électricité dans l’air ». Directeur de la Division production nucléaire nationale, passé par Blaye (Braud-et-Saint-Louis si vous préférez), la Clarke University du Massachussets (1998) et Novovone en Russie (1999), il me rappelle, mais de très loin, le fabuliste Jean de la Fontaine. Y’a que leurs initiales qui diffèrent. Si, si, regardez bien!

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à christian
      Quand tu écris… « Il y a de l’eau dans le gaz et de l’électricité dans l’air »,
      es-tu sûr de bien maîtriser ces éléments… ? Que dois-je et puis-je faire si ta mayonnaise explose ?… Tous aux abris ! J’ai appris et je sais courir…

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à Christian
        Quant à Braud et Saint-Louis, avec un tel Saint, on est à l’abri…!

  5. facon jf

    Là où la réalité économique télescope la doctrine de concurrence libre et non faussée se trouve dans cette réalité.
    https://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-2007-2-page-90.htm
     » Par exemple, dans le cas d’un monopole naturel, comme une infrastructure de transport de l’électricité, les fortes charges fixes et le caractère sous-additif de la fonction de coût font qu’un opérateur privé qui adopterait une tarification optimale
    d’un point de vue collectif serait acculé à la faillite, ce prix ne couvrant pas les coûts fixes de la production. En d’autres termes, soit l’opérateur privé fixe son prix au détriment de la maximisation du bien-être collectif, soit il ne parvient pas à couvrir ses coûts. »
    Le résultat de cette politique  » quoi qu’il en coûte » de l’ UE(rss) est mesurable dans les faits.  » Pour Jean-Bernard Lévy*( pdg d’eDF) : «Des fortunes privées se sont construites sur le dos du parc d’EDF»…
    C’est totalement vrai mais pas que sur le dos d’EDF, avant tout sur le dos de la totalité de la population française.
    Le peuple français a payé, construit, entretenu nos centrales nucléaires qui nous ont permis l’indépendance énergétique et le faible coût de l’énergie en France est aussi un avantage compétitif majeur que l’on se laisse supprimer par les lois stupides de Bruxelles.
    Pour permettre la libre concurrence et l’installation de nouveaux opérateurs, il faut démanteler EDF, il faut aussi augmenter le prix de l’électricité et faire en sorte qu’EDF vende plus cher au client final pour permettre à de nouveaux entrants de se constituer une marge commerciale.
    Nous faisons payer cela à tous les Français. »
    Charles SANNAT

    *Jean-Bernard Lévy ( pdg d’eDF) Je me permet de souligner ici cette sortie incongrue du Pdg d’eDF citation peu conforme à ce que l’on attend d’un grand commis de l’État.
    D’une part ses études Après des études au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, Jean-Bernard Lévy intègre en 1973 l’École polytechnique puis l’École nationale supérieure des télécommunications. Il fait son stage de sortie de Polytechnique à Claymont, aux États-Unis, dans un groupe sidérurgique, Phoenix Steel Corporation.
    D’autre part son parcours Président du directoire de Vivendi de 2005 à 2012, il est ensuite président-directeur général de Thales du 20 décembre 2012 au 26 novembre 2014. Le 26 novembre 2014, il est nommé président-directeur général du groupe Électricité de France.
    Et la coïncidence de sa nomination en 2014 à eDF avec cette information sans rapport aucun.
    Il a connu François Hollande au lycée.

  6. LE GOREC

    Jean Marie
    Excellente photographie de la situation de l’économie notamment en France et des dangers potentiels largement suscités par l’Etat(et sa nomenklatura-le systeme du pantouflage…) dont à mon sens tu devrais insister la responsabilité actuelle ,encouragée et étouffée par les médias

  7. LE GOREC

    Jean Marie
    Excellente photographie de la situation de l’économie notamment en France et des dangers potentiels largement suscités par l’Etat(et sa nomenklatura-le systeme du pantouflage…) dont à mon sens tu devrais insister la responsabilité actuelle ,encouragée et étouffée par les médias

  8. Jean

    Mais pourquoi les socialistes au pouvoir entre 2012 et 2017 n’ont-ils rien fait ?

    1. facon jf

      eDf c’est l’antéchrist pour les égologistes, les fausialistes ne voulaient pas se couper de leurs alliés donc ils ont choisi la procrastination …

    2. Laure Garralaga Lataste

      @ à Jean

      Restons indulgents et indulgentes, et n’en laissons aucun sur le bord du chemin… : « ils n’ont pas fait bien des choses qu’ils avaient promises… » !

  9. Bernie

    EDF est une société anonyme dont le capital fait partie intégrante du groupe EDF et ce groupe doit faire fructifier son patrimoine financier. EDF a d’abord évincé ses releveur de compteur puis par le biais d’une autre société installé des compteurs communiquants et changeait son mode de fonctionnement. EDF prend appui sur la consommation passée puis régularise après.

    Mon grand-père disait que le progrès détruirait l’homme. Il avait tout à fait raison

  10. Berni

    Il faut un « pognon de ding » pour vivre ici, de plus la pauvreté fait parler quelque candidat à la présidentielle.
    Connaissez vous le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN)?

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