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Une démocratie à saute-moutons se met en place

Le « mercato » de printemps va s’accélérer dans les prochains jours. Les équipes des candidats aux présidentielles vont tenter d’améliorer le potentiel de leur équipe en achetant quelques renforts ou vont condamner au statut de cireur de chaises de meetings quelques-uns de leurs memebres ayant un profil inutilisables. Après la reforme Jospin du 24 avril 2001 faisant que les législatives se déroulent dans la foulée de la présidentielle (en juin et non en mars) cette dernière élection a perdu de son importance. Les effets pervers de la Constitution monarcho-républicaine de la V° République font que désormais l’obtention d’une majorité parlementaire devient essentielle.

Il est fortement probable que quel que soit l’élu(e) du rendez-vous élyséen de 2022 il soit en fâcheuse position si les pourcentages des sondages actuels démontrant une forte parcellisation des intentions de vote se confirment. Tous les stratèges politiques se penchent donc sur la distribution des circonscriptions. Bon nombre d’entre eux sont d’ailleurs déjà en état de marche. Ils se sont dépêchés à figer les candidatures de telle manière que soit évités les  « transferts » potentiels.

Lors d’une discussion toujours passionnante Serge Lepeltier (1) celui qui avait connu les arcanes du pouvoir national m’avait confié que depuis 1958 et le mode de scrutin actuel il y avait au Palais Bourbon une centaine de députés dont la situation était intangible. Ils étaient certains que, quels que soient les mouvements de l’opinion, le découpage de leur territoire électoral et sa sociologie leur garantissaient un mandat pérenne. Selon lui il y avait une centaine d’autres circonscriptions où la bascule ne pouvait se faire qu’au sein de la mouvance historique sortante.

Ce socle a été secoué par la poussée « ni de droite-ni de gauche » de la dernière période électorale nationale sans vraiment le remettre en cause. Inutile de préciser que sur ces secteurs « classiques » la répartition déjà faite a bénéficié aux sortants et dans le cas où il y aurait une vacance la place très convoitée a vite fait l’objet de négociations discrètes. Même si c’est plus ou moins officiel les états-majors ont « recruté » et ont parfois imposé leur préféré(e)s. Les partis ont tellement peu de militant(e)s que dans bon nombre de cas il n’y aura même pas de vote.

Les ralliements à « Z » présentés par exemple comme des soutiens idéologiques convaincus ne sont qu’alimentaires et reposent sur des calculs purement personnels. Il y aura d’autres « migrants » sollicitant l’asile politique auprès de celui qui risque de compléter avec un électorat motivé, leur niveau local potentiel déjà acquis. Les changements de « maillot » vont donc se multiplier parfois discrètement mais parfois de manière plus démonstrative. C’est le moment des transferts !

Le « mercato » s’active dans toutes les autres formations. Il est aussi et surtout « En Marche » au sein du patchwork de la majorité présidentielle. Si lors des législatives de 2017 le recrutement s’est effectué dans les autres « écuries » à droite et à gauche, la situation risque bel et bien d’être inversée cette fois-ci. Une centaine de renoncements est annoncée dans les rangs des sortant(e)s. Piaffent au portillon les forces alliées qui ont été interdites de fusionner afin que la principe de la « division » permette de ne pas leur donner la place qu’elles réclament. Si leur mentor est réélu et qu’il ne le soit pas contre le repoussoir de la Marine « nationale », le coup du « ni de droite-ni de gauche » ne marchera pas une seconde fois. On attend donc avec inquiétude l’annonce de l’oracle en chef.

La bombe à fragmentations que constitue la multiplicité des candidatures réputées de gauche au poste présidentiel va poursuivre ses dégâts aux législatives. Il faut rappeler qu’il faut 12,5 % des inscrits pour être qualifié pour le second tour ou être si ce n’est pas le cas dans les deux premiers… Les survivant(e)s des partis traditionnels de gauche risquent d’être peu nombreux sauf si à droite on reretrouve la même dispersion des voix. Alors la prime à la proximité, à l’implantation territoriale et aux élu(e)s de terrain risque d’être déterminante et dans ce cas-là les résultats des municipales pèseront dans la balance.

Il n’existe pas à l’heure actuelle malheureusement, un engouement particulier pour l’échéance présidentielle. La désillusion face à la non-réponse aux réalités du quotidien s’aggrave de jour en jour. La démocratie représentative est en souffrance à tous les niveaux. Les thèmes actuels d’une campagne volontairement centrée sur l’exacerbation de la violence sociale, culturelle, économique renforcent les prises de position extrémistes et donc éludent toute tentative de débat réel. La surenchère permanente délite la confiance potentielle et il n’est pas impossible du tout qu’il y ait en juin un retour de balancier qui plongera dans cette cohabitation qui n’avait pas déplu entre 1986 et 1988. On en reparlera… mais elle est probable mais dans quel sens ? 

(1) Ancien Maire de Bourges, ancien ministre de l’écologie.

Cet article a 16 commentaires

  1. christian grené

    Avis aux lecteurs. Ne pas confondre Serge Lepeltier avec Guillaume Peltier. Ad’taleur! Je vais préparer ma bouillie pour pépé(e)s.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à Christian g
      Tu retombes en enfance mon cher Christian ! Et comme je ne suis pas une copieuse… À+

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à Christian g
        Je reviens à Guillaume… « jeune ex professeur d’histoire-géo » …qu’a-t-il bien pu enseigner à ses élèves en histoire ? !

  2. Philippe Labansat

    Je n’attends rien de ces élections et, comme beaucoup, je ne serai pas déçu…

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à Philippe
      Bienvenu au club ! Mais restons en à la déception…

    2. Bernie

      Bonjour Philippe,
      Présente en candidat libre, la liberté ça existe.
      A bientôt

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à Bernie
        Mon féminisme de « Mai 68 » m’a appris qu’il ne faut jamais leur lâcher la bride…, donc… candidate. Ah! Ah! Ah!

      2. Bernie

        J’ai oublié un petit mot « toi ». Présente toi Philippe à l’élection présidentielle 2022.
        Bien à toi

  3. Laure Garralaga Lataste

    Lorsque tu écris « … sont en état de marche », tu as voulu éviter de faire de la pub à qui vous savez… ! En revanche, je suis moins optimiste que toi qui écrit « La démocratie représentative est en souffrance »… En effet, je crains qu’elle ne soit morte de honte devant tant d’abêtissement pour parler poliment… !

  4. Philippe Labansat

    Bon, très bien. Je cède à la pression et à l’enthousiasme populaire : j’annoncerai ma candidature cet après midi !…

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à Philippe

      Voilà une excellente nouvelle ! Je sais enfin pour qui je vais voter… MERCI !
      Une question tout de même… qui a osé faire pression… ?

  5. JOEL BASTIERE

    Cher Jean Marie, mon inquiétude n’est pas seulement pour la présidentielle, mais fortement pour les législatives : socle important pour notre démocratie française.

  6. facon jf

    Bonjour,
    une population désespérée et exaspérée voila le tableau à quelques encablures du scrutin désignant la ou le monarque républicain.
    Exaspération – état d’énervement, d’irritation violente- des Français face à la crise sanitaire dont tous les politiques promettent la fin mais dont personne ne voit le bout.
    Une exaspération qui mène à une tension extrême attisée par les pro-vaxx opposés au dernier carré des anti-vaxx. Des propos infâmes prononcés par les deux camps qui ne s’effaceront pas avant de longs mois. La manipulation évidente des politiques pour s’aliéner un camp ou l’autre ne produit rien moins qu’une fracture entre les deux populations.
    Une population de jeunes désespérés depuis la crise sanitaire. La crise accentue les vulnérabilités sociales et fait basculer des foyers dans la précarité. Les enfants et les jeunes sont particulièrement touchés. La France compte 2,9 millions de mineurs en situation de pauvreté (soit 21%). Les moins de 30 ans représentent 35% de la population et près de 50% des personnes pauvres.
    La hausse du coût de la vie et les suppressions d’emploi dues à la crise font reculer le niveau de vie des étudiants. Beaucoup renoncent à des soins ou à des achats de première nécessité pour des raisons financières.
    Le retour de l’inflation lamine les budgets, quoique les politiques annoncent la consommation recule, les restaurants sonnent le creux et les soldes ne font plus courir le chaland. Les plus pauvres ne peuvent plus faire face aux dépenses mettre le carburant au compte-gouttes ne suffit plus, le chauffage et l’électricité se raréfient sous leur toit, la menace de la fin de trêve hivernale se précise.
    Quelle perspective pour sortir du marasme ? Une offre politique pléthorique et pourtant sans réel espoir. Un choix de deuxième tour Macresse ou Pécron ( bonnet blanc ou blanc bonnet ), ou alors droite extrême ou extrême droite, ou bien droite ultra libérale face à l’extrême droite, rien de réjouissant.
    Tirer à pile ou face avec une pièce à deux faces identiques, une escroquerie bien réelle.
    Les tensions internationales ajoutent une couche supplémentaire de nuages menaçants dans un horizon bien encombré.
    L’angoisse du lendemain est présente dans beaucoup d’esprits et l’histoire nous apprend que les peuples se réfugient souvent dans le déni, préférant les recours aux solutions du passé à toute autre alternative.
    L’autoroute est ouverte aux Pécron et Macresse.
    Bonne journée

  7. facon jf

    Homme politique c’est comme banquier d’affaires  » un métier de putes » selon Alain MINC.
    Petit coup de projecteur sur E Macron dans l’affaire du journal Le Monde, c’est édifiant pour comprendre la bataille de prise de contrôle des merdias.

    https://youtu.be/3mnmNsjGVWw

  8. Bernie

    @ à philippe,
    Je te comprends, face à la pression tu as cédé. Il manque cependant la démocratie. Qu’est-ce que la Démocratie ?. A mon humble avis, il
    serait bien de créer une association de journalistes qui prônent un soupçon de démocratie française

  9. Bernie

    Comme dirait Karl Krauss mort en 1936, c’est la liberté de la presse qui a tuée le peu de liberté qui restait au peuple.

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