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Le libéralisme se retrouve dans tous ses « Etats »

Depuis les lois de décentralisation de 1983, tous les gouvernements qui se sont succédés, sous l’influence des structures étatiques qui les encadrent, ont cherché à revenir sur les principes d’un pouvoir de gestion délégué aux collectivités territoriales. Sous prétexte de « rationalisation » ou de « simplification » diverses lois ont lentement érodé les responsabilités confiées aux élus locaux. Fusion totalement irrationnelle, augmentation des dotations ou des parts de cession de taxes nationales dans les budgets, resserrement des compétences, privation du pouvoir de fixation de la fiscalité, grotesques critères de croissance des dépenses de fonctionnement, multiplication des transferts non financés ou financés sans ajustements ultérieurs : le garrot s’est resserré permettant à l’État d’instaurer une vraie tutelle.

Un centralisme de moins en moins démocratique a donc été mis en place par touches successives de telle manière que l’opinion dominante ne s’intéresse pas à cette modification profonde de l’action publique. Tout ou presque tout est réglé depuis Paris et plus que jamais la fameuse décentralisation a été de fait réduite en même temps que la fameuse « libre gestion » prévue à l’article 72 de la Constitution. Ainsi en un peu plus de dix ans le conseil départemental a vu cette possibilité politique réduite de fixer ses recettes passer de 47 % de son budget à quelques 2 % cette année ! Les Régions l’ont perdu depuis belle lurette et les intercommunalités ou les communes le verront se réduire comme peau de chagrin dès 2023.

La crise sanitaire gérée nationalement ce qui ne constitue nullement scandaleux, a mis en évidence les défaillances de l’État organisateur. Dans les premiers mois la médiocrité absolue des réponses nationales fournies autour du masque a constitué l’illustration parfaite de ce que donne la gestion concrète des décideurs parisiens. Une catastrophe qui a obligé les collectivités territoriales à réagir et à apporter dans la proximité des réponses concrètes et rapides. Même constat pour les vaccinations quand il a fallu que villes, communauté de communes prennent l’initiative de monter des centres sur tout le territoire. Et quand les élus locaux étaient montré du doigt depuis la capitale, ils bénéficièrent rapidement d’une autre considération.

En fait le libéralisme plus ou moins modéré depuis vingt ans a brusquement montré ses limites dans tous les secteurs. Le service public réputé peu efficace et coûteux a retrouvé son utilité. Jamais les fonctionnaires de première ligne (catégories C pour la plupart et B) n’ont été aussi utiles. On leur promis des « monts de primes » et des « merveilles de carrières » mais bon nombre d’entre eux ont été oubliés. L’État qui les avais snobé voire méprisés depuis quelques temps vient de découvrir qu’il fallait peut-être changer d’approche. Est-ce que ça durera ? Pas certain or c’est probablement la clé du redressement effectif du pays. Le privé dans la santé, les Ehpad par exemple a montré ses limites !

L’économie libérale qui devait générer une croissance exceptionnelle en raison des avantages consenties essentiellement au monde de la finance a eu besoin de l’intervention de l’Etat. Le quoi qu’il en coûte financé par des emprunts massifs à taux réduits a transformé la puissance publique en « pompier » ou en « services des urgences ». Nul n’a songé à reprocher ces interventions pour éviter un effondrement généralisé mais elles ont créée un précédent dans l’Histoire qu’il sera très difficile d’oublier. D’ailleurs depuis, dans le nouveau contexte provoqué par le conflit Russo-ukrainien, les demandes de rééquilibrage fondent sur Bercy. En ayant joué au Père Noël, l’État providence pourtant dénoncé avec véhémence dans les campagnes électorales antérieures est entré dans les pratiques socio-économiques. Le libéralisme se sauve grâce aux interventions publiques. Difficile de revenir en arrière.

Ce retour en force de l’État était voulu et organisé par le pouvoir en place pour soit-disant « assainir » les finances publiques. Les conséquences néfastes de ces mesures ont été accentuées par la crise sanitaire et maintenant par la guerre en cours… Les « rustines » (primes en tous genres, exonérations massives, possibilités d’emprunt réputés remboursables…) montreront leur limites à moyen terme. Le monde de demain aurait intérêt à être bâti sur un retour de la confiance dans les élus locaux et dans un abandon des axiomes d’un libéralisme outrancier. Il y a deux ans jour pour jour le candidat « officiel » déclarait: «  le jour d’après, quand nous aurons gagné, ce ne sera pas un retour au jour d’avant », C’est le moment de s’en souvenir.

Cet article a 8 commentaires

  1. LAVIGNE Maria

    Jupiter aura réussi à surendetter le pays, à servir ses amis qui n’ont jamais été aussi riches et maintenant à offrir sur un plateau une « décentralisation d’emplois publics » aux villes amies uniquement. Nous étions prévenus mais il parait que personne n’aurait fait mieux que lui. Le pain blanc a été mangé, demain, il restera le sang et les larmes. Les Français vont ils se réveiller ?

  2. J.J.

    « Et quand les élus locaux étaient montré du doigt depuis la capitale, ils bénéficièrent rapidement d’une autre considération. »
    J’ai constaté malgré les bâtons jetés dans les roues, les pinaillages administratifs et technocratiques, l’efficacité et le dévouement des collectivités locales, ainsi que l’engagement des travailleurs des « premières » et « deuxièmes » lignes, d’abord applaudis et loués, puis oubliés, remis au rancard dès que la situation s’est un peu améliorée. Les bons soutiers.

     » En ayant joué au Père Noël, l’État providence pourtant dénoncé avec véhémence dans les campagnes électorales… »
    Il ne fait pas tout confondre ! Lorsque l’état attribue des aides aux plus démunis (ce qui devient de plus en plus rare, malgré la prolifération d’iceux), c’est le coupable état providence et démagogique. Fi !
    Ça n’a rien à voire avec les aides, détaxations, suppressions ou allégements d’impôts (ISF par exemple), prêts risqués et avantageux auprès des commerçants, entrepreneurs et autres dirigeants d’activités lucratives, quoi qu’il NOUS en coûte. Aides sollicitées, réclamées avec véhémence et considérées comme un dû. Dans ce cas ce sont des aides légitimes, justes et méritées !

  3. Bernie

    @ Maria,
    Un conseil d’amis, allez jusqu’à la station station-service la plus proche faire un rajout de carburant. Les dépôts pétroliers vont être bloqués.
    Quand il n’y a plus de carbu c’est rester à la maison.

  4. Bernie

    D’autre part, il faut savoir 1 emploi sur 3 est supprimé dans la fonction publique. Faute à la machine

  5. Bernie

    Le fameux plan de résilience est un échec tant pour nous que pour nos enfants. Monsieur Castex 1er Ministre doit abaisser les coûts du carbu parce que les prix vont augmenter. C’est un effet catastrophique sur la consommation.

  6. facon jf

    Bonjour,
    je l’attendais comme la pluie en période de sécheresse et le voici le voilou !!
    Quoi donc ? Le rapport sénatorial sur L’INFLUENCE DES CABINETS DE CONSEIL SUR LES POLITIQUES PUBLIQUES et il est publié ce jour ! En 2021, les dépenses de conseil de l’État au sens large ont dépassé le milliard d’euros, dont 893,9 millions pour les ministères et 171,9 millions pour un échantillon de 44 opérateurs.
    Il s’agit d’une estimation minimale car les dépenses des opérateurs sont en réalité plus élevées : si la commission d’enquête a interrogé ceux dont le budget était le plus important (Pôle emploi,Caisse des dépôts et consignations, etc.), l’échantillon ne représente que 10 % du total des opérateurs.
    PLUS D’UN MILLIARD D’EUROS POUR DES PRESTATIONS DE CONSEIL,UN « POGNON DE DINGUE »
    Près de 4 millions d’euros à McKinsey pour la réforme des APL Quatre millions d’€ pour conseiller de piquer 5 € aux plus pauvres BRAVO! BRAVISSIMO!!
    COVID-19 : DES PANS ENTIERS DE LA GESTION DE CRISE SOUS-TRAITÉS À DES
    CABINETS DE CONSEIL
    LES MÉTHODES DES CABINETS DE CONSEIL POUR « TRANSFORMER » L’ACTION
    PUBLIQUE : VERS UNE RÉPUBLIQUE DU POST-IT ?
    Exemples de méthodes utilisées lors des ateliers de consultants
    – le « bateau pirate » : chaque participant s’identifie à un des personnages (capitaine, personnages
    en haut du mât ou en proue, etc.) et assume ce rôle, son positionnement, ses humeurs, etc.
    – le « lego serious play » : chaque participant construit un modèle avec des pièces lego, construit l’histoire qui donne du sens à son modèle et la présente aux autres
    LE RÔLE DES CONSULTANTS : PROPOSER DES SCÉNARIOS « ARBITRABLES »…
    MAIS LE PLUS SOUVENT ORIENTÉS
    En théorie, les cabinets de conseil doivent proposer plusieurs scénarios à leurs clients et
    préciser, de manière factuelle, les avantages et les inconvénients de chacun d’entre eux. Ils ont toutefois pour habitude de « prioriser » les scénarios proposés – avec l’accord, voire sur demande, de l’administration –, ce qui renforce leur poids dans la décision publique.
    LES PRINCIPALES PROPOSITIONS DE LA COMMISSION D’ENQUÊTE
    En finir avec l’opacité des prestations de conseil, Mieux encadrer le recours aux cabinets de conseil, Renforcer les règles déontologiques des cabinets de conseil.
    En fait, la commission d’enquête vient de débusquer un nid de corruption avec en plus la  » cerise sur le cageot » Mc Kinsey a menti à la commission ! Ils ont déclaré avoir payé l’impôt sur les sociétés en France alors que cela est faux. McKinsey champion de l’évasion fiscale
    Chiffre d’affaires mondial 2019 :10,5 milliards de $. Impôts : 175 $. Qui dit mieux ? Le siège social n’est pas au 90 avenue des Champs-Élysées où McKinsey a ses bureaux parisiens, mais au Delaware. Les entreprises qui s’y domicilient sans exercer d’activité réelle sont dispensées d’impôts sur les bénéfices.
    La synthèse du rapport est ici : http://www.senat.fr/rap/r21-578-1/r21-578-1-syn.pdf
    Merci au membres de la commission. Pas grave les révélations tombent au milieu de la propagande de guerre, donc enterrées dès leur sortie par les merdias aux ordres !
    Et bonne soirée

  7. Philippe Labansat

    On peut argumenter, développer, expliquer, s’escagasser tant qu’on veut, dans un mois les serfs vont plébisciter le château, sous les applaudissements des courtisans et de l’aristocratie actuelle.
    La troisième Restauration en reprend pour 5 ans, et notre Prince est parti pour enterrer Poutine en terme de longévité…

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