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Le monde risque bel et bien de crier famine

Parmi les sujets essentiels du monde de demain figure la nécessité de nourrir la planète dans un contexte où l’amélioration des quantités par l’agriculture intensive a atteint ses limites. Le double effet du réchauffement climatique qui diminue considérablement les rendements dans certaines régions du monde et de la guerre qui va d’une manière ou d’une autre peser sur les récoltes et les exportations va remettre au goût du jour le phénomène angoissant des famines. Il semblait que cette calamité appartenait à l(Histoire. Or à court terme elle risque de peser lourdement sur les équilibres planétaires.

Le secrétaire général des Nations Unies a alerté sur le danger de voir arriver dans les prochaines mois et les prochaines années « un ouragan de famines ».Il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une grande nouveauté car l’insuffisance en denrées alimentaires de première nécessité ,’a cessé de s’accroiyre depuis 2017. La faim dans le monde s’est même considérablement aggravée depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19. Jusqu’à 811 millions de personnes étaient en situation de sous-alimentation en 2020, selon un rapport des Nations unies. Avec le conflit ukrainien, on va progressivement se rapprocher du milliard  d’êtres humains qui va manquer de nourriture. Et ce pour deux raisons. L’une liée à une baisse de la production et l’autre au prix croissant lié à l’insuffisance des tonnages disponibles ainsi qu’au coût exorbitant des transports. Les migrations liées à la famine vont s’amplifier et accentuer celles en rapport avec la pénurue d’eau potable.

Les conflits paralysent en effet les agriculteurs des pays concernés qui ne sèment plus et ne récoltent plus. Les ports détruits, les lignes ferroviaires endommagées rendent la diffusion des stocks de plus en plus difficile. Les besoins de la Chine contribuent également à cette raréfaction des denrées sur els marchés. Un entrepreneur me racontait que récemment dans la région d’Agadir les Chinois venaient d’acheter des dizaines de milliers de m² de serres en indiquant aux exploitants que rien ne serait changer à leurs habitudes en dehors du fait que les légumes devraient intégralement partir dans leur pays et plus en Europe ! Le monde de demain sera celui de la lutte pour le contrôle des terres arables. N’est-ce pas l’une des motivations du conflit russo-ukrainien ?

En Ukraine les estimations donnent déjà des superficies plantées lors de ce printemps pour le maïs et le tournesol réduites de 30% . Et les conséquences à court et moyen termes seront angoissantes pour bon nombre de pays qui ne produisent pas ces deux plantes dont ils ont besoin pour par exemple la nourriture des animaux et… des hommes. La durabilité de l’affrontement entre les deux nations paralyse une bonne part du marché des exportations de blé. La Russie est le premier fournisseur avec 22 % de sa production mise sur le marché mondial. Où va-t-on trouver les millions de tonnes qui vont nécessairement manquer. L’Ukraine ajoute 80 millions de tonnes à cette pénurie potentielle.

La France ne sera pas épargnée par cette crise qui se profile. Notre système alimentaire s’enfonce année après année dans une triple crise, sociale, sanitaire et écologique. C’est, d’abord, le travail agricole qui continue d’être détruit, quand le chômage est endémique. Alors que la métropole comptait encore 660 000 fermes en 2000, elles pourraient, au rythme actuel, n’être plus que 400 000 aujourd’hui. Et le mouvement risque de s’accélérer. La crise de la Covid-19 a donc ravivé les craintes anciennes de pénuries alimentaires que l’on pensait disparues. Les confinements successifs ont révélé un certain nombre de faiblesses structurelles et de dépendances du système de production alimentaire.   

Les vins et spiritueux, les céréales, les produits laitiers et le sucre forment à eux seuls l’essentiel de l’excédent commercial agroalimentaire. En 2018, l’excédent du poste vins et spiritueux a atteint 12,3 milliards d’euros, suivi des céréales avec 5,8 milliards, les produits laitiers se situant à 2,5 milliards – dont 1,5 pour les seuls fromages –, le sucre se maintenant à 1 milliard. Par contre on note des déficits dans certains secteurs, plusieurs d’entre eux ayant d’ailleurs une dimension historique. Le cas des fruits et des légumes est à cet égard exemplaire.

Depuis les années 1970, ce secteur enregistre des déficits chroniques, du fait d’importations massives, déficit se situant selon les années aux alentours de 2,5 à 3 milliards d’euros. Seules les pommes et les pommes de terre dégagent des excédents commerciaux réguliers. Les importations de produits oléagineux, comme le soja, occasionnent également depuis de nombreuses années des déficits récurrents. Il faut y voir l’illustration de la dépendance historique de la France en protéines végétales pour l’alimentation du bétail, le soja constituant une denrée essentielle dans les rations données aux animaux. Les modifications climatiques (gelées, pluies torrentielles, sécheresse agravée…) n’arrangent pas la situation. 

En fait il faudra demain une vaste politique de réadaptation de notre système de production avec comme bases essentielles la proximité, la qualité, la diversité. 

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    « la nécessité de nourrir la planète » La métonymie qui consiste à assimiler humains et organismes vivants résidants sur la croute terrestre, et cette masse lancée dans le « silence éternel de ces espaces infinis » me semble hasardeuse, bien que très employée.

    Si un jour un docteur Folamour appuie sur le mauvais bouton, probablement qu’il en sera fait, sur la planète, de toute vie animale ou végétale, mais la terre continuera son chemin dans le « silence éternel de ces espaces infinis » (d’après Pascal).

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