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Demain : quels emplois, quels statuts et quels salaires ?

Dans le monde de demain on se battra logiquement pour la fixation de l’âge d’obtention d’une pension à taux maximum alors que lentement une profonde mutation sociale affectera des milliers d’emplois. L’intelligence numérique, la robotisation, l’usage croissant du numérique, la transformation à marche forcée du système commercial provoquent des changements dans le nombre et le type des emplois. Une organisation non gouvernementale a par exemple conduit une étude sur les conséquences des ventes en lignes. Il serait intéressant que les candidats à la gestion de notre avenir réagissent à un rapport publié il y a quelques jours.

« C’est le plus grand plan social en cours actuellement en France », dénonce une ONG « Les amis de la Terre » qui a produit ce travail. Le développement du commerce en ligne non alimentaire est selon elle responsable de la destruction de 85 000 emplois entre 2009 et 2019 et en plus il menace la nature avec ses « entrepôts plus grands que les grands centres commerciaux » met en évidence le texte produit. Selon Les Amis de la Terre, qui a repris la méthodologie du cabinet Kavala Capital pour actualiser la précédente étude portant sur la période 2009-2018, 122 400 emplois ont été directement détruits en dix ans dans le commerce de détail à cause du développement de la vente en ligne. Le commerce de gros a, lui, limité la casse. Les très petites entreprises de la vente de détail et le secteur de l’habillement paient un lourd tribut à l’affirmation de la vente à distance, avec respectivement  7 600 et 4 800 emplois perdus.

Les auteurs de l’étude s’inquiètent également d’une part d’un fort effet Covid-19 lorsque les données des années 2020 et 2021 seront disponibles, et d’autre part d’une propagation de la casse sociale au commerce alimentaire, avec l’essor desCépiceries en ligne. Le quinquennat qui se referme s’est traduit par des choix plutôt confus. Cadeaux fiscaux, soutien administratif et politique ont permis une implantation massive et rapide. « Pourtant, l’e-commerce détruit les emplois à grande vitesse », déplore l’ONG. qui ajoute : « le gouvernement privilégie l’ubérisation, les contrats courts et l’intérim ». En pleine crise du pouvoir d’achat, en plus de détruire des emplois, la vente en ligne crée effectivement des emplois précaires en-dessous du seuil de pauvreté.

Il faut rapprocher ces éléments de récentes promesses voulant que dans cinq ans la France sera le pays du « plein emploi ». D’abord il serait intéressant de définir de quel type d’emplois il s’agit. La précarisation se développe à grande vitesse avec des contrats de plus en plus courts et des salaires ne permettant même pas de se loger, de payer les frais inhérents au quotidien. Le commerce en ligne s’inscrit dans cette logique économique qui risque de montrer ses limites en raison des paramètres de la crise actuelle. Le coût des livraisons va s’accroître d’autant que leur nombre ne cesse de progresser. Cette situation réduira demain les écarts de prix constatés entre le commerce en ligne et celui de proximité qui avaient tous deux progressé durant les périodes de confinement sur certains créneaux. Dans l’avenir assistera-t-on à une réquilibrage ? 

L’autre volet inquiétant c’est que les achats en ligne ne prennent pas en compte le lieu de l’achat. Aucun élément ne permet vraiment à l’acheteur de connaître le pays d’implantation de la plate forme. Cette dernière effectue des opérations éclairs via les réseaux sociaux internationaux puis disparaît en laissant derrière elle une ardoise de TVA non acquittée. Selon les Amis de la Terre ce système de plus en plus répandu provoque une fraude de 5 milliards d’euros par an. Il faut y ajouter les impôts sur les sociétés oubliés en route ou minimisés malgré les mesures annoncées que l’on a bien du mal à mettre en œuvre faute de fonctionnaires en nombre suffisant. Il suffit de constater combien il est illusoire de prétendre mettre sous séquestre les biens en France des oligarques russes.

N’empêche que le secteur du e-commerce (produits et services) a dépasse 129 milliards d’euros en 2021soit en hausse de 15,1% par rapport à l’année précédent. Les ventes de produits sur internet ont continué à progresser avec +7% par rapport à 2020 quant celui des services est en hausse de 24%. Le e-commerce représente à présent 14,1% du commerce de détail contre 13,4% l’an dernier et d’ailleurs ke nombre de sites de e-commerce a progressé de 11% en un an représentant 2,1 milliards de transactions ont été réalisées sur internet en 2021. Demain cette réalité pèsera sur les grandes déclarations relatives à la rémunération des emplois et plus encore au temps de travail.

 

Cet article a 2 commentaires

  1. christian grené

    Cher Jean-Marie,
    Je suis encore à l’hosto jusqu’à la fin du mois. Pas trop le moral pour faire quelque commentaire que ce soit mais te lis quotidiennement avec toujours le même plaisir.
    Bientôt, tout ira mieux.
    Amitiés sincères.

  2. facon jf

    Bonjour,
    le « e »commerce en plein boum une évidence pour les ruraux loin de tout et à qui on amène dans la boite aux lettres le condensateur impossible à trouver à proximité pour redonner vie à un équipement frappé d’obsolescence programmée. Le mouton à 5 pattes disponible en 24h chrono commandable 7/7 et 24/24, des conditions que aucun commerce de proximité ne peut assurer. Voila la raison principale du succès de l’ « e »commerce, et on ajoute la comparaison immédiate des prix et des produits…
    Refuser le progrès au nom des emplois qui vont disparaître c’est hélas un combat d’arrière garde comparable à la défense des diligences par rapport au train. Qui se lamente encore de la disparition des relais de poste ou des cochers?
    La révolution du travail a débuté depuis longtemps et se poursuit chaque jour,les soutiers d’antan sont remplacés par les cyclistes casse-cou autoentrepreneurs. Le boutiquier est effacé par le préparateur de commandes, sur son chariot autoporteur, télécommandé par un logiciel rationalisé par les coûts. En attendant que automates et des drones prennent la relève toujours pour réduire les coûts.
    Et voila la vraie logique économique qui prend le pas sur la fonction sociale du travail. Une logique poussée à fond par le Mozart de l’économie, repousser l’âge de la retraite pour pousser les salariés usés vers le RSA et l’invalidité et pousser les valides du RSA à travailler pour 6€ de l’heure sans statut, sans cotiser ni à la retraite ni aux indemnités chômage pour pousser à la baisse des cotisations patronales.
    Le travail s’évapore et les salaires avec !
    Quelle sera belle la stratup nation qui enrichi les plus riches et appauvri les autres, tous les autres actifs, retraités, exclus de l’emploi ou non.
    Bonne journée

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