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Le choix inquiétant lié à une campagne superficielle

Dans quinze jours la campagne pour les élections présidentielles sera officiellement close. Les rangées de panneaux officiels ont été installés sur les places des villages et attendent les portraits aussi glamour que possible des candidat(e)s. En fait il faut bien ce signe pour que les électrices et les électeurs se sentent un brin concernés. Jamais le système d’un scrutin universel pour désigner celui qui devra trouver une majorité pour gouverner n’aura atteint un tel niveau de faiblesse. Il n’y a que depuis les plateaux des télés-perroquets que l’on pense que leurs débats passionnent l’opinion dominante. Le désintérêt est réel !

Autour de moi il me faut constater qu’une bonne part des adultes en âge de voter ne connaissent pas très bien les dates du scrutin ou s’imaginent que c’est dans quelques semaines. Aussi bizarre que ca semble, quelques personnes me demandent discrètement pour qui il faut voter car elles sont dans le doute sur leur choix et même elles n’en ont pas ! Enfin beaucoup assurent que dans le contexte actuel ils ne se rendront pas aux urnes et ils semblent quasiment impossibles de les convaincre de vaquer à leurs occupations habituelles. La campagne n’a mobilisé que les fans d’un coté ou de l’autre. Ils badent leur leader et accusent aisément les autres d’appartenir à la catégorie des débiles inconscients comme s’ils détenaient la vérité.

Cette situation vient d’être confirmé par un terrible résultat d’une consultation nationale. À quinze jours de la fin de la campagne 43 % des électeurs inscrits sur les listes ne seraient pas capables de citer une proposition portée par l’un des douze candidats en lice, selon une enquête d’opinion réalisée par BVA pour le compte de RTL et Orange. Parmi les informés soit environ 43 % des électrices électeurs prétendant être au courant de ce que prévoient quelques candidats on trouve bien évidemment les mesures ne les touchant pas personnellement. Trois propositions se détachent.

La première concerne le conditionnement du versement du RSA à l’exercice d’une activité hebdomadaire portée par le « président-candidat » Emmanuel Macron (79 %). En fait cette annonce démentie ou amendée par son propre camp n’est absolument pas définie dans son contenu mais à partir du moment où elle touche « les supposés cassos » elle ravit l’opinion dominante. La deuxième seconde est liée à l’augmentation du Smic à 1 400 euros net défendue par le leader de La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon (77 %). Elle concerne beaucoup plus de monde que la précédente. Enfin a troisième proposition la plus connue concerne l’interdiction de la chasse au cours des week-ends et vacances scolaires, portée par l’écologiste Yannick Jadot (75 %).

Viennent ensuite l’interdiction du port du voile et de la kippa dans l’espace public d’Éric Zemmour connue par 63 % du panel, puis l’augmentation du salaire des enseignants en contrepartie d’autres missions portée par Emmanuel Macron identifiée par 62 % des personnes interrogées. Des exemples révélateurs de l’état de la connaissance politique du rôle du Président de la République. En fait il est aisé de comprendre que la vie publique se résume à quelques éléments superficiels puisqu’il n’y a pas eu de véritable campagne. Les idées, les concepts, les différences sur le fond, les confrontations de solutions globales ont totalement disparu du paysage des présidentielles.

Peut-on vraiment m’expliquer en quoi le fait de contraindre les personnes au RSA de pointer durant une quinzaine d’heures va changer le sort des millions d’autres personnes qui galèrent ? Qui va organiser ces travaux forcés ? Qui va en payer le coût structurel ? Quel en sera ce coût ? Qui en assurera l’encadrement ? Quelle usine à gaz devra être créée ? L’État prendra-t-il la responsabilité d’une mesure qu’il aura décidé ? Peu importe et d’ailleurs on s’en moque : l’essentiel était dans l’annonce. Et tout les reste est du même tonneau.

La meute hurlante des modernistes accablent toutes celles et tous ceux qui osent parler politique. Le lobby des gestionnaires hurlent au scandale quand des solutions de rééquilibrage des revenus et de participation au financement de la solidarité sont avancées. Mieux il est quasiment ringard de prôner le retour à la notion de service public quant on constate l’échec moral et matériel des privatisations. Oubliés le scandale des EHPAD à but lucratif. Enfouies les augmentations fulgurantes de la distribution de l’énergie. Méprisées les demandes du service public de santé. Et tant d’autres sujets renvoyés à demain… quand il sera trop tard. Pour le moment le vote repose sur les mêmes critères que celui des têtes de gondole dans les supermarchés ! Rien de plus.

Cet article a 10 commentaires

  1. LAVIGNE Maria

    Voter ne sert à rien, c’est ce que nous entendons très souvent. C’est un peu vrai car n’oublions pas 2005 où le vote négatif des Français n’a pas été pris en compte. Cependant, je ne comprends pas les électeurs qui baissent les bras ou votent contre leurs intérêts. On sait ce qu’il est advenu de la suppression de la taxe d’habitation privant les collectivités de ressources importantes pour la gestion de celles-ci. Et maintenant Jupiter veut supprimer la taxe sur l’audio-visuel privant par là les chaines publiques de pouvoir proposer des émissions culturelles ou d’investigation alors que les chaines privées cherchent le profit immédiat avec beaucoup de publicité.
    Ils ont compris qu’il est plus facile de manipuler des ignorants et veulent donc supprimer tout ce qui éduque, cultive, enrichit l’esprit.
    Pour ma part, 5 ans avec Jupiter, çà suffit ! J’ai lu les programmes et je fais la différence entre ceux qui défendent les nantis déjà bien servis et ceux qui veulent de la solidarité.
    Bon week-end malgré tout.

    1. Bernie

      Que dites vous ?, le traité européen de 2005 a été rejeté par la France. Je trouve désolant qu’aucune institution m’est informée sur le contenu.

  2. Robert FRANCESCHI

    Je confirme : voter ne sert à rien sauf à légitimer les actions futures qui ne correspondent plus à celles annoncées.
    J’ai toujours accompli mon devoir de citoyen sauf aux dernières élections où on n’a pas traité le pb COVID. J’ai proposé (au ministère de l’intérieur) en 2020 lors du 1er confinement d’organiser (il était encore temps) un vote par correspondance. Distribution par le personnel municipal des instruments de vote avec enveloppe nominative et inscription du nom du bureau de vote. L’urne sur le trottoir et l’on dépose, après vérification, l’enveloppe à y déposer au passage. Un vote drive. Protection sanitaire des employés et des personnes. Moins de frais.
    C’est idiot (politiquement incorrect) puisque on préfère encore la propagation du virus aux règles de sécurité (désolé, 39 années de sécurité, ça raye le disque dur !).
    En janvier 2020 j’ai porté à un élu copie de ma lettre au Pdt de la République pour mon action (couper l’herbe sous les pieds aux porteurs d’idées nauséabondes et donner des éléments pour préparer les échéances électorales en cours) : petit sourire et « il y a toujours eu des migrations, il y en aura encore. ». Je croyais que faire de la politique c’était organiser le futur (paisible) des peuples, orienter dans le bon sens.
    Je retournerai voter, au moins pour le 1er tour pour le candidat qui prend en considération le vote blanc et alignera les régimes spéciaux des élus sur le RG. Je crois (encore un peu) à la valeur de l’exemple (indispensable si on veut survivre).
    Ce n’est pas le peuple qui ne remplit pas ses devoirs, c’est le politique qui les a dénaturés, dévoyés : « Faites ce que je dis, pas ce que je fais. » Ca a ses limites et on les a atteintes aujourd’hui. Mettez en place une politique de civilisation, il y a urgence (pour la paix).
    Bonne journée et arrêtez de penser pour moi. Un homme libre (depuis 72 ans !)..

  3. facon jf

    Bonjour,
    essayons d’éclairer un peu le choix ( bon choix madame, bon choix monsieur aurait dit Giscard). Après le bilan partiel du chômage , le bilan économique. Je dois confesser que j’ai volontairement écarté les bilans écrits par Dominique Seux et l’Institut Montaigne*, thuriféraires plus ou moins assumés de la macronie.
    Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir avec un objectif : « libérer le travail et l’esprit d’entreprise », affirmait son programme de 2017, afin de favoriser le retour de la croissance, la baisse du chômage et la hausse du pouvoir d’achat des Français.
    Côté entreprises, Emmanuel Macron a diminué le taux de l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 %, a considérablement allégé le coût du travail en transformant les 20 milliards d’aide annuels du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en baisse pérenne de cotisations sociales et a modifié le Code du travail pour permettre aux employeurs de licencier plus facilement. Côté particuliers, il a supprimé l’impôt sur la fortune (ISF) et créé le prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les revenus du capital pour favoriser, selon la théorie du ruissellement, les investissements dans les entreprises et dans l’économie réelle.
    Bruno Le Maire sort la brosse à reluire pour les souliers vernis du « patron » TOUT VA BIEN !Pour autant, ces bons résultats ne disent pas tout, notamment en matière d’attractivité et de compétitivité à l’international. La balance commerciale de la France, en particulier, reste un sujet de préoccupation majeur avec un déficit du commerce extérieur (la différence entre ce que la France importe et ce qu’elle exporte) qui s’est encore creusé de 7,3 milliards d’euros en 2020, selon l’Insee, pour s’établir à 65,2 milliards d’euros.Le taux de chômage, par ailleurs, a d’abord pu diminuer grâce à l’augmentation de la précarité des salariés. Pour favoriser l’embauche, il fallait rassurer les patrons sur leur capacité à se séparer de leurs salariés en cas de difficultés, selon l’esprit des ordonnances Travail passées en 2017. Le recours aux emplois précaires (CDD, intérim, CDI de chantier) a ainsi été facilité. La France comptait en 2020, selon les données de l’Insee, 3,3 millions de personnes ayant ce statut, soit 12,4 % du total des emplois. Mais surtout, la modification du Code du travail a permis la mise en place d’un barème d’indemnités prud’homales en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse. Le gouvernement s’enorgueillissait ainsi, en janvier, de la création de près d’un million d’entreprises en France en 2021 – « un record tout simplement historique » selon Bruno Le Maire –, mais il s’agissait pour 641 543 d’entre elles de microentrepreneurs (nouvelle appellation des autoentrepreneurs). La France comptait, en 2020, 1,9 million de personnes ne cherchant plus activement un emploi, cessant par la même occasion d’être comptabilisées dans les chiffres du chômage. Le taux de 7,4 % est donc aussi le résultat des radiations, en forte hausse après la pause de 2020, 52 300 au quatrième trimestre 2021, 166 400 en 2021. La suppression de l’ISF et les autres mesures sur les impôts des riches devaient se réinvestir dans l’investissement productif. Le troisième rapport d’évaluation de la réforme de la fiscalité du capital rédigé par France Stratégie – organisme rattaché au Premier ministre – et publié en octobre 2021. En revanche, le même rapport constate que les réformes d’Emmanuel Macron ont entraîné en 2018 une hausse de 64 % des versements de dividendes. Les Français les plus fortunés n’ont donc pas fait le choix d’investir dans l’économie réelle, mais ont bien vu leur pouvoir d’achat bondir lors des cinq dernières années. Ils sont en cela les grands gagnants du quinquennat Macron. Les 1 % les plus riches ont ainsi obtenu, selon une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), publiée en novembre 2021, un gain moyen de 2,8 % sur l’ensemble de leurs revenus après impôts et prestations. La progression est encore plus frappante chez les 0,1 % les plus fortunés qui ont, eux, vu leur pouvoir d’achat bondir d’environ 4 %.

    Le ruissellement, lui a défié les lois de la physique et s’est fait à contre-courant pour le reste de la population, dont une partie est descendue sur les ronds-points pour témoigner de son mal-être lors de la crise des Gilets jaunes. Selon l’étude de l’IPP, la hausse moyenne globale du niveau de vie pour l’ensemble des Français, entre 2017 et 2022, est d’environ 1,6 %. Les 5 % des ménages les plus pauvres sont, eux, les grands perdants : leur pouvoir d’achat a baissé en moyenne de 0,5 % durant le mandat Emmanuel Macron.
    les plus riches, grands gagnants du quinquennat Macron!

    Bonne fin de semaine

    * Rien que des gens biens dans l’institut Montaigne. Laurent Bigorgne, a été directeur de l’Institut Montaigne depuis plus de dix ans. Ce dernier connaît très bien Olivier Duhamel puisque le politologue, accusé d’inceste, a été membre du comité directeur de l’Institut Montaigne pendant de longues années à ses côtés. Olivier Duhamel démissionne en janvier 2021 de toutes ses fonctions. Il reconnaît peu après des viols et agressions sexuelles sur son beau-fils alors adolescent.
    Laurent Bigorgne,ex-patron de l’Institut Montaigne,devant la justice pour avoir drogué l’une de ses collaboratrices,Les avocats de la plaignante s’insurgent que le parquet ait écarté tout mobile sexuel.
    Laurent Bigorgne est proche d’Emmanuel Macron, un « ami de longue date », l’adresse personnelle de Lolo Bigorgne était celle du mouvement En Marche à ses débuts en 2017.
    Ce serait faire preuve de complotisme que de rapprocher ces faits avec la grande mansuétude du parquet…

  4. Philippe Labansat

    Est-ce que mon vote peut faire basculer l’élection ?
    Réponse : non.
    Est-ce que mon vote compte ?
    Réponse : non.
    Est-ce que mon vote pourrait, à mon corps défendant, légitimer le système ?
    Réponse : oui.
    Est-ce que mon vote pourrait faire basculer de la monarchie à la démocratie ?
    Sans trop y croire, je me force à répondre oui.
    Est-ce que je voterai au second tour ?
    Il y a peu de chances…

    1. Bernie

      Ce que je n’ai pas eu lors du référendum dutraité européen 2005 est une redistribution de l’information pour voter.

  5. Bernie

    @ Maria, le vote pour le traité de la constitution européenne de 2005 a bien comptabilisé les voix françaises.
    Tous les pays n’ont pas voté en même temps. C’est une moyenne des voix qui a été retenue.

  6. Bernie

    Bonjour,
    Et si l’affaire clearstream était présentée avant les élections présidentielles ce serait une bonne chose. (Une affaire politico financière au plus haut niveau).
    Très bon dimanche b

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