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La nouvelle pandémie de l’inflation incontrôlable

Dans une économie de marché, les prix des biens et des services varient selon l’offre er la demande mais aussi selon les prix de revient. Certains augmentent, d’autres diminuent. On parle d’inflation lorsque les prix augmentent globalement, et non uniquement les prix de quelques biens et services. Quand tel est le cas, avec le temps, chaque euro permet d’acheter moins de produits. Autrement dit, l’inflation érode progressivement la valeur de la monnaie et surtout risque à terme de contraindre les banques centrales à ajuster les taux d’intérêt des sommes fantasmagoriques empruntées par les Etats et les institutions publiques.

En fait les gouvernements libéraux ne détestent pas que les prix augmentent surtout quand ils basent la majeure partie de leurs recettes sur des taxes à la consommation. Une TVA sur un produit à 1,10 € rapporte davantage que le même pourcentage appliqué sur la base de un euro. Depuis plusieurs mois et sans que toute la responsabilité puisse être attribuée au conflit Russo-Ukrainien, mais plus certainement aux retombées de la pandémie sur les économies mondialisées les prix augmentent. Les baisses de production, les retards pris dans les recherche de matières premières ainsi que le coût des transports sur les océans et les mers du globe les ont inexorablement fait  grimper à une allure maintenant vertigineuse.

Pour calculer la hausse moyenne, les spécialistes donnent plus de poids aux prix des produits représentant une part importante de nos dépenses, comme l’électricité ou le gaz, qu’à ceux des produits pour lesquels nous dépensons moins, comme le sucre ou les timbres-poste. Les profits demeurent identiques pour les grandes entreprises qui manipulent le marché alors que le consommateur de base, quels que soient ses moyens financiers, voit fondre ce que l’on appelle à tort son »pouvoir d’achat » alors que ce ne sont que ses… « possibilités d’achat ».

Sur un an, selon l’estimation provisoire de l’INSEE réalisée en fin de mois, les prix à la consommation augmenteraient de 4,5 % en mars, après +3,6 % le mois précédent. Cette hausse marquée résulterait d’une accélération des tarifs de l’énergie, de l’alimentation et, dans une moindre mesure, des services. Les étiquettes des produits manufacturés ralentiraient légèrement.  Sur un mois, les prix à la consommation augmentent de 1,4%, après +0,8 % en février.  Ceux des produits manufacturés et de l’alimentation progressent nettement. Les prix des services ralentiraient, notamment en raison du repli de ceux des services de transports. Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé croît de 5,1 %, après +4,2 % en février. 

Ces statistiques auraient matière à inquiéter les moins bien lotis de notre société car les hausses pèsent fortement sur leur quotidien mais ils ne bougeront pas pour autant lors du scrutin présidentiel. Si l’alimentation enregistre globalement une hausse de 2,8% (les pâtes ont pris + 12 %) les produits frais s’envolent eux-aussi La hausse atteint 7,2% en mars sur un an, selon l’Insee. Celle des prix du carburant plombe les agriculteurs qui  la répercutent déjà sur les produits non transformés que sont les fruits, les légumes et les poissons. Et ce n’est que le début. L’alimentation va devenir un enjeu majeur tant au niveau de sa qualité (les pizzas de Nestlé en sont l’illustration) qu’en quantité (des famines sont annoncées). Les personnes qui surveillent ces évolutions indiquent que 81 % des produits ont augmenté et c’est très significatif.

Selon un institut spécialisé, les Français devraient réduire, face à cet état de fait, leurs achats de 1,4% par rapport à l’an passé. L’année pandémique 2021 avait été marquée par un niveau de « déconsommation » historique en volume du fait de la réouverture des restaurants qui avaient été fermés une bonne partie de 2020. Il est certain que les dépenses de confort ou de loisirs connaîtront une chute fatale à beaucoup de structures d’autant que se profile le remboursement du prêt Covid pour bon nombre d’entre elles.

« L’inflation, impôt pour les pauvres, prime pour les riches, est l’oxygène du système. Regardez-le qui s’époumone. » avait expliqué François Mitterrand en une époque où l’ensemble de l’économie suivait l’inflation. Prix à la consommation, taux d’intérêt, salaires… Tout augmentait dans ces années-là. Les salaires partent avec un retard considérable accumulé depuis des années sous tous les gouvernements. Les taux d’intérêts ne peuvent pas trop bouger sous peine de détruire une croissance ayant seulement permis de combler les chutes de 2020 et 2021, mais jusqu’à quand ?  On espérait le monde d’après et on se retrouve dans celui de hier, en pire !

Cet article a 9 commentaires

  1. Bernie

    Bonjour tout le monde,
    En 2011 environs, suis allée avec d’autres distribuer de l’information statistique devant la gare Bx St Jean.
    C’était la fin du Bureau d’information du Service Etudes et Diffusion.

  2. facon jf

    Bonjour
    L’inflation est une hausse générale des prix causées par une pénurie relative des biens par rapport à la monnaie. La plupart du temps, l’inflation prend sa source dans une augmentation artificielle de la masse monétaire, mais ce n’est pas toujours le cas. A masse monétaire constante, une diminution générale de la production (pour cause de guerre par exemple) produirait les mêmes effets d’augmentation générale des prix. Comme par hasard nous cumulons les deux facteurs planche à billets plus conflit à nos portes. L’important pour comprendre l’inflation, c’est bien le déséquilibre entre l’offre de monnaie et l’offre de biens. L’inflation est un appauvrissement pour celui qui est payé à salaire fixe, et il semble légitime pour les salariés (ou les personnes jouissant d’un revenu de substitution chômage, retraite, invalidité…) d’exiger des hausses de revenus en relation avec la hausse des prix. L’échelle mobile des salaires a été introduite en France en juillet 1952 sous la présidence de Vincent Auriol (SFIO) par le gouvernement Antoine Pinay. Il s’agissait d’un mécanisme informel.
    La France a connu dans les années 1970 une forte inflation, notamment causée par les politiques de relance keynésienne (qui injectaient de l’argent dans l’économie alors que les investissements déclinaient du fait d’une baisse de rentabilité), et accentuée par le maintien de l’indexation des salaires sur les prix (les salaires réels ont connu une hausse notable).
    En 1982 lorsque Mitterrand (et son gouvernement PS-PCF) a entamé le tournant de la rigueur, des mesures ont été prises pour minimiser la prise en compte de l’inflation : pour limiter l’instabilité pour les investisseurs, le gouvernement s’est mis à afficher des objectifs de hausse des prix et des salaires, et rapidement, les négociations sur les salaires se sont calquées sur ces estimations de l’inflation, et non sur l’inflation constatée. La désindexation des salaires a été poursuivie par les gouvernements successifs (Fabius, Chirac, Rocard…).
    Pour les pensions le mécanisme jouait de la même manière jusqu’à 2013 où l’accord signé entre le patronat et les syndicats au sujet des régimes de retraites complémentaires Agirc (cadres) et Arrco (ensemble des salariés) prévoit une désindexation des pensions par rapport à l’inflation pour 3 années plutôt qu’un allongement de la durée de cotisation.
    En 2018 le premier ministre vient annoncer avec un ton de directeur d’administration centrale très techno, une moindre revalorisation des pensions ( de base) par rapport à l’inflation pour 2019 . (0,3% au lieu de 2,1% pour les seules pensions de base en 2019.)
    Et la mesure s’est inscrite dans la durée depuis cette décision appauvrissant de fait les retraités.
    De façon très majoritaire, les retraités ont voté pour le chef de l’état, un jeune quarantenaire qui veut remettre la France au travail. Il fallait bien se douter qu’il n’aurait pas trop de commisération pour les tempes grises qui ont le mauvais goût de ne pas se lever tôt le matin pour passer la journée au turbin! Toutes les études patrimoniales le démontrent: le capital financier ou immobilier est davantage aux mains des vieux que des actifs. Alors pourquoi se gêner dans ces conditions, en obligeant les 13 millions de sénescents à taper dans leur bas de laine pour assurer leurs vieux jours? Bien sûr, dira-t-on, beaucoup d’entre eux perçoivent une pension qui ne dépasse pas 1000 €. Mais dans ce cas, ils ne payent guère d’impôt et perçoivent des allocations logement. Et s’ils possèdent un lopin de terre, ils n’ont qu’à cultiver fruits et légumes, ça leur fera de l’exercice! Les pensionnés « coûtent une blinde. » Plus de 300 milliards d’euros soit près de 14% du PIB. Et en sus, ils ont la mauvaise idée de trépasser de plus en plus tard. Bref, c’est la ruine assurée pour les caisses de retraite et le service des retraites de l’État. Le calcul est vite fait: un point d’augmentation en moins, c’est 3 milliards d’économie sur les retraités.
    Tout concourt à une hausse durable de l’inflation (par pénurie), puisque les ressources ne peuvent croître aussi vite que la demande lorsque ces ressources sont limitées dans un monde limité et ou la population ( donc la demande) augmente.
    Amis retraités et aussi salariés deux solutions à mettre en œuvre, le PEBC ( Plan d’Épargne Boites de Conserve) et le jardin. Pour la santé, les déserts médicaux et la ruine du système hospitalier devrait permettre de limiter drastiquement le coût des retraites et par ricochet le coût des soins. Nous vivons une période formidable!
    Bon repos de fin de semaine

  3. Bernie

    @ façon jf,
    Et René Carmille déporté à Dachau.
    Sauriez vous lui rendre hommage ?
    Bien à vous

  4. Bernie

    @ facon jf,
    Pourriez-vous m’informer sur la positivité du centralisme démocratique ?

  5. faconjf

    Le centralisme démocratique est le nom donné aux principes utilisés au sein des organisations internes se réclamant du léninisme (notamment les partis politiques) et le terme est parfois utilisé comme synonyme de toute politique léniniste à l’intérieur d’un parti politique. Théoriquement, l’aspect démocratique décrit la liberté des membres du parti politique à discuter et débattre d’une décision politique et une fois que la décision du parti est votée à la majorité, tous les membres du parti doivent faire respecter cette décision. Ce dernier décrit l’aspect centralisme. Comme Lénine l’a décrit, le centralisme démocratique est caractérisé par la « liberté de discussion » et l’« unité d’action ». La chute de l’URSS dans les années 1990 ébranlent le concept clé du centralisme démocratique. Le parti Communiste Français est contraint de s’inscrire dans une évolution forcée marquée par une tentative de renouvellement : l’abandon du centralisme démocratique.
    Celui-ci est encore défendu au début des années 1990 par la direction du PCF, malgré les critiques de certains rénovateurs, car Georges Marchais affirme que « seul le centralisme démocratique » permet de « s’écouter, s’enrichir, bénéficier de l’apport de tous » et de « créer ainsi les conditions de déploiement de toute la capacité d’initiative et d’action des communistes ». Le centralisme démocratique est en effet inscrit dans l’article 5 des statuts du PCF. Mais les communistes contestataires dénoncent fortement ce principe : Anicet Le Pors, ancien ministre communiste, juge par exemple qu’il est devenu un « centralisme autocratique ou bureaucratique » dans tous les pays communistes et qu’il ne correspond plus « aux besoins réels d’un parti démocratique et révolutionnaire aujourd’hui ». Sous la pression des rénovateurs, et dans le souci d’afficher de réelles évolutions, le principe du centralisme démocratique est finalement abandonné lors du XXVe Congrès de janvier 1994.

    1. Bernie

      @ faconjf, tant mieux que ce « centralisme démocratique » a été abandonné. Pourquoi fallait il pensé comme Lénine ?, c’est antidémocratique. L’U.r.s.s s’est enfermée sur elle-même et devenue un régime totalitaire.
      Bonne nuit tout de même parce que l’histoire a été vécue et ne peut se revenir.

  6. Bernie

    @ façon jf,
    Il apparaît que dans la campagne des présidentielles le culte de la personnalité est au +haut pour chaque candidat. Comment voter ?

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