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Des soutiens en veux-tu et en voilà !

Après le premier tour de toutes les élections, la séquence des désistements et des soutiens constitue un moment clé pour le résultat du scrutin en cause. Cette pratique classique permettait aux partis installés de « marchander » leur appui et donc de pratiquer la monnaie d’échange selon le principe que l’électorat discipliné suivait très majoritairement. Les structures politiques étant en voie de disparition, le jeu des échanges de services s’éteint progressivement. Le poids d’une annonce du type : « je vous demande de voter pour… » a perdu beaucoup de son efficacité et de son intérêt. L’électeur n’en fait plus qu’à sa tête. 

On assiste donc à une variante consistant à se prononcer « à titre personnel » ce qui n’a pas du tout la même signification politique. En effet il y avait dans le désistement institutionnel une dimension collective militante qui permettait d’assurer des retombées positives pour celle ou celui qui en bénéficiait. Désormais l’appel s’adresse essentiellement aux « fans » du bienfaiteur ou la bienfaitrice et n’engage qu’eux. Plus aucune discipline et donc plus aucune loyauté vis à vis du groupe. Du chacun pour soit assumé nâit parfois un récompense individuelle potentielle espérée ! Cette absence de solidarité entre un électorat et celui qui en a bénéficié traduit la déliquescence de la loyauté en politique.

Certains soutiens individuels sont accordés à l’insu de celui qui le reçoit. Il devient donc difficile de savoir si le bénéficiaire y trouve un intérêt quand le « donateur » n’a pas la meilleure image possible. Que peut espérer par exemple le Président candidat du renfort de Nicolas Sarkozy ? Il renforce  son ancrage à droite alors que justement il cherche parait-il à l’effacer. Comment les transfuges du P.S. peuvent-ils se sentir à l’aise dans les baskets de leur ascension vers le pouvoir sur lequel on devine encore le poing et la rose, lors de meetings où ils se retrouveront à applaudir à ses cotés ? Est-il incongru d’imaginer que se ralliement avec casseroles judiciaires offre une vision saine de la démocratie ? Qui peut en tirer le plus grand bénéfice ? Peu importe il y aura bien des « croyant(e)s » pour s’extasier sur cette décision dite « courageuse.» et suivre le panache manquant singulièrement de blancheur de leur idole.

Il y a fort à parier à l’inverse que dans son choix « entre deux mouvements de rejet » qui se sont manifestés lors de ce premier tour, le spécialiste dans ce domaine, Lionel Jospin a donné un peu de baume sur les blessures d’amour-propre du Président-candidat. A moins qu’il voit dans cet apport un sort funeste de celui qui n’a jamais enjolivé l’avenir de ceux qu’il a soutenus. Au moins il sait qu’il n’aura pas de retour sur investissement à verser. Il n’y a aura pas de Maréchal ou de « Z » dans l’équipage de la Marine nationale. « Tata » l’a annoncé avant que la question ne se pose. Une prudence ressemblant à un bouclier contre leur présence dans les débats.

Il se murmure en effet déjà dans les milieux généralement ravitaillés par les corbeaux des rumeurs de « cabinets », que des candidats verts de peur face à leur dette seraient appelés à exercer leur talent dans un futur gouvernement ou que des « repentis » ayant migré vers la peste brune prétendent à une « indulgence plénière » leur laissant espérer un sucre d’orge parlementaire lors du troisième tour de juin. Il sera intéressant de scruter les présences lors des prochaines réunions des finalistes. Qui sera au premier rang ? Qui aura le privilège de hisser son ambition sur la scène ? « Tout pardon a sa récompense » selon Christine Ockrent.

Les ralliés de la première heure jubilent au moins autant que les adversaires de celles et ceux qui se sont pris une gamelle. Si les premiers ont le sourire des dénicheurs de bonnes affaires les seconds ont le regard perçants des charognards prêts à se jeter sur des dépouilles encore fumantes. Les uns préparent les pétales de fleurs pour le passage sous l’arc de triomphe et les autres aiguisent les couteaux. Rien de très étonnant à ces situations que l’on peut considérer comme traditionnelles mais elles ne réconcilient pas forcément avec le jeu politique. Le paradis démocratique est en effet de plus en plus pavé de mauvaises intentions.

Le Président-candidat bat en retraite sur son 65 dans la campagne, son adversaire ne va pas tarder à accueillir toute la misère de la terre dans sa propriété. Le référendum qui s’annonce très populaire sur l’âge du droit à pension complète meuble la guerre qui fait rage sur le terrain. Tout ce qui n’a pas été fait le sera. Tout ce qui a été dit et médit depuis des années dans la camp adverse sera effacé avec acte de contrition à l’appui. Bienvenue dans le « nouveau monde »… que tout le monde vous avait promis.

Cet article a 5 commentaires

  1. Laure Garralaga Lataste

    Une descente aux enfers prévisible à méditer… « La pythie n’était qu’une servante dont le maître Apollon rendait ses oracles par son intermédiaire… Et lorsque le maître se trompait, c’était la pythie qui payait…! »

  2. Laure Garralaga Lataste

    « la loyauté en politique »… il y a belle lurette que cette expression a été mise au placard !

  3. facon jf

    Bonjour,
    c’est l’heure de la messe pour les faux-culs, les messieurs-mesdames de 20h05. Ceux que l’on appelle les ralliés, ralliées.
    Une fois de plus les mots ont un sens, rallié suivant la définition c’est une personne qui a donné son adhésion à un parti, à une cause, après en avoir été l’adversaire.
    Si il y a les ralliés de 20h05, il y a aussi ceux du lendemain. Le président-candidat a engrangé deux soutiens de marque mardi: celui de l’ex-président Nicolas Sarkozy – qui n’avait jamais apporté son soutien au premier tour à la candidate LR Valérie Pécresse -, ainsi que l’appui de l’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin, éjecté du premier tour de la présidentielle de 2002 par un certain… Jean-Marie Le Pen.
    Et nous voici arrivés de plain-pied dans l’arrière cuisine malodorante de la politique. Les soutiens venus d’ Horizon ( merci Édouard!) bleu libéral et aussi d’horizons aux couleurs pas très propres du vert au rouge en passant par le bleu très sombre.
    Les motivations des « repentis de la dernière heure » dégagent une odeur fétide, mélange nauséabond d’ambitions personnelles et de mansuétude négociée pour effacer qui une ardoise, qui un procès à venir, qui une disgrâce ayant trop duré.
    Bien entendu les grands mots sacrés et les déclarations sur les grands principes « démocratiques » sont mis en exergue pour cacher la pénitence de Canossa destinée à lever l’excommunication.
    Les petites négociations de rapaces nécrophages sur les cadavres des ex-géants politiques à la renverse se sont nouées bien avant le naufrage. Ainsi le Canard enchaîné révèle que Sarko menait une négociation depuis longtemps pour avoir un groupe parlementaire à son nom « rallié » à Macron. Le deal consistant à ne pas opposer de prétendants la REM pour sauver les candidats choisis par Sarko!
    Personne ne doute de la réélection de Macron, le retraité Jospin a-t-il lui aussi négocié un accord avec le futur locataire de l’ Élysée ? Nous le saurons bientôt. Le Roussellement sera-t-il lui aussi récompensé ? L’examen des candidatures sur les circonscriptions « ingagnables » pour la Macronie sera un bon indicateur.
    En attendant cessons de railler les ralliés.
    bonne journée

  4. Christian Baqué

    Pour moi c’est clair : ni l’un ni l’autre. Je laisse à la « vieille gauche » le soin de trouver des qualités démocratiques au sortant, ce qui est stupéfiant vu le nombre de lois liberticides, anti ouvrières, qu’il a sorti, vu l’attitude répressive et excessive des forces de police contre les manifestants ! Et son adoubement par banquiers et capitalistes qui ne se sont jamais autant enrichis ! Ces ralliements « de gauche » montrent comment certains touchent le fond, après avoir géré le capitalisme et la Vème République avec zèle, comme la droite (oui mais eux « ils en souffrent « disait un humoriste). Ils coulent ? Les électeurs leur tournent le dos ? Qu’importe, ils poursuivent leur route sans rivage à droite, ayant depuis longtemps jeté par dessus bord leurs valeurs, et finalement méprisant envers ceux qui ont cru en eux. J’ai choisi la rupture avec ce vieux monde politicard, avec ces compromissions, et j’ai bien fait. Vive l’insoumission, c’est sur cette base que nous reconstruirons !

    1. christian grené

      J’ai mal à faire des commentaires mais je souscris à100% à Christian Baqué le bien prénommé. Et dont le patronyme se finit avec un accent aigu, ce qu’ont dû souvent oublié les emmerdeurs téléphoniques. Sauf qu’il vaut mieux entendre « Bac » que « Grene ».
      Amitiés à tou(tes) en attendant que je me remette. En attendant, je ne saurais trop conseiller à chacune et chacun de voter pour le mouvement « Roue Libre ».

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