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Mornes campagnes en perspective

Les analyses de tous bords convergent sur un partage de la France n deux entités qui s’éloignent l’une de l’autre de manière constante : les zones agglomérées dites métropolitaines ou intensément peuplées et les territoires ruraux ou « rurbains ». Les votes protestataires d’extrême-droite ne cessent de croître dans ces « nouveaux » espaces réputés déshérités ou en perdition économiquement ou culturellement. Les votes traditionnels liés à l’immigration ont été renforcés par ce rejet d’une inégalité dans les services, la mobilité, la santé ou le niveau de vie. Les études se multiplient et tous les partis que l’on baptise maintenant comme « traditionnels » accentuent cette fracture .

En 1975 alors que je rejoignais le PS après ma période PSU, Pierre Brana (1) pour qui j’ai toujours respecte et admiration me confia lors d’un dîner que la politique ne connaissait qu’une « vérité : le rapport de force » Inutile d’espérer quoi que ce soit lorsqu l’on se trouve en position de faiblesse. Ce principe voulant que les décisions soient prises à partir du poids de chaque camp n’a jamais été démenti par les faits. « Il faut qu tu aies toujours la possibilité soit d’être majoritaire soit de constituer une force d’appoint indispensable » avait-il ajouté.

C’est ce qui vient de se passer lors de toutes les négociations liées aux élections législatives dans tous les camps. Vous devenez respectés et respectables si votre pouvoir de nuisance est réel. Si vous n’en avz pas vous n’existerez jamais. Tous les accords qui viennent d’être scellés reposent sur justement sur la répartition entre circonscriptions urbaines et rurales. Comme les plus accessibles se trouvent dans les secteurs urbains, chacun a fait ses emplettes ou défendu ses positions en oubliant les autres territoires. C’est une constante depuis que le système majoritaire à deux tours existe et la proportionnelle intégrale 

Le nombre de militant(e)s est en effet encore, dans cette période de disette des adhésions largement supérieur dans les villes d’où sont issus la très grande majorité des responsables nationaux. Le pouvoir politique se concentre essentiellement dans l’Île-de-France et quelques grandes agglomérations. Si l’on doit abandonner des pétitions c’est plus facilement en campagne où c’est le désert total.

Une seule référence en 1978 sur le seul canton de Créon il y avait 11 sections du PS et plus de 300 encartés…. En 2021 une seule section et une trentaine de cotisants ! Dans le Libournais j’ai Lu qu’EE-LV avait suffisamment des doigts d’une main pour compter ses adeptes officiels à jour de leur cotisation prêts à soutenir les candidats. Des « parlements  populaires » sur une circonscription de près de 100 000 habitants atteignent un effectif d’une vingtaine de personnes. Il faudra des décennies pour retrouver une vie politique réelle sur certains territoires et de désillusions n désillusions il st possible qu’elle ne revienne même jamais.

Depuis des décennies, les métropoles drainent l’activité économique, les équipements de santé, les établissements d’enseignement, les outils de mobilité collective, les capacités à fournir du logement et les moyens financiers. La métropolisation n’a pas disparu des projets de l’administration centralisée et elle ressurgira au cours du prochain mandat comme le « conseiller » territorial ou l’élection des intercommunalités au suffrage universel direct… La catastrophique loi NOTRé reviendra avec une version encore plus contraignante brisant le lien essentiel entre tout pouvoir et ses mandants : la proximité ! Désormais ce principe a été remplacé par « mobilité » ! 

Rien n’a changé. Aucune véritable leçon n’a été tirée. Une redoutable fracture s’est créée et elle n’est pas prête de se résorber. Les promesses sur un monde de demain à inventer s’arrêtera aux frontières des périphériques urbains. Des partis exsangues qui ne se reconstruiront jamais car la désillusion aura été trop forte. La fuite des forces déjà plus très vives va s’accentuer livrant la ruralité et le rurbain aux forces de la vengeance qui n’ont jamais servi à construire un programmes électoral. Des élus réputés (trop) locaux et donc insignifiants se retrouvent déjà face à des difficultés croissantes avec des populations aigries et au bord de la révolte.

De l’élection présidentielle, Christophe Guilluy, géographe retient avant tout le score de 41,4 % de Marine Le Pen qui témoigne, selon lui, de la révolte des classes populaires et qui confirme la persistance et la centralité du clivage entre la France périphérique, regroupant les perdants de la mondialisation et celle des métropoles, où vivent la majorité des gagnants. On constatera le bien-fondé de cette analyse au soir du 19 juin prochain mais dans l’immédiat le mal est fait. La crédibilité des partis ayant concocté de là-haut des accords déconnectés des réalités du terrain sur lequel les « laboureurs » vont se raréfier.

(1) Pierre Brana proche de Michel Rocard dont il a été le conseiller a été député maire d’Eysines. Il a écrit de nombreux ouvrages sur l’histoire politique moderne. 

Cet article a 34 commentaires

  1. Bernie

    Bonjour,
    Il était prévu de supprimer des communes. La modernisation par les nouvelles technologies est en marche.
    Les vieux pauvres devront payer pour l’absence de dossier papier.
    Ce sont les cabinets de mandataire judiciaire qui vont remplacer les communes. L’absence d’assistantes sociales au niveau comunal c’est bien cela dont il s’agit.

  2. christian grené

    De l’an 1000 à 1650 – je vous fais un prix de gros – de Rurbain Ier à Rurbain VIII, ce sont les mitres qui régnaient sur le monde. Pas les pitres selon le Nouveau Testament… et si j’en croix Saint-Nectaire.
    JT missa est.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ a mi estimado amiguito Christian
      Dans ma religion, le Saint-Nectaire est un fromage sans croix…

      1. christian grené

        Je poursuis mon cours (d’histoire) jusqu’au pont de pierre, donc à Bordeaux, pour modifier l’enseignement de notre instit’ préféré. En 1940, le gouvernement était installé en Gironde, Paris étant bien trop occupé par ailleurs. Jusqu’à ce qu’un P… de maréchal ne parte faire sa cure dans la station therminale de Vichy. Comme quoi la province pouvait attirer le chal(llem)and.
        C’est l’heure de la récré!

        1. laure Garralaga Lataste

          @ Estimado Christian
          Merci de me tendre la main…
          Ce pont de pierre qui aura 200 ans cette année et dont je connais l’Histoire de « sa survie » le 27/08/1944…
          200 ans… ça se fête !

          1. J.J.

            Le Pont de Pierre ! Inimaginable la traversé du Pont de Pierre, seul accès pour Bordeaux venant du « nord », vers 6 heures du soir dans les années 60.
            C’est l’heure où nous eûmes le bon goût d’arriver, revenant de manœuvres avec une soixantaine de camions …. Je l’ai traversé à pied et ai dû attendre mon propre camion. Etant guide du convoi, mon chauffeur n’avait aucun risque de se perdre…

  3. Philippe Conchou

    deux remarques:
    Sur la carte ma petite commune et sa voisine devraient être en jaune.
    Dans le libournais nous mettre une candidate EELV inconnue alors que les chasseurs et leur sympathisants sont nombreux et pas qu’en zone rurale, c’est la prime au sortant ou malheureusement au RN dont le candidat fait pas mal de tapage.

    1. Philippe LABANSAT

      Il ne s’agit pas d’une candidate, mais d’un candidat EELV.
      Qu’il soit connu ou pas importe peu, c’est surtout son programme qu’il faut connaître, parce qu’il est susceptible d’être mis en place et concerne des thèmes majeurs…

      1. Bernie

        Quels thèmes majeurs ?

        1. Philippe Conchou

          Illusion de croire que c’est le programme qui compte, c’est avant tout la notoriété et l’implantation locale.

      2. Laure Garralaga Lataste

        @ à Philippe
        Merci pour cette précision.
        Autre demande de précision : Est-ce un parachuté… ?

    2. Laure Garralaga Lataste

      @ à Philippe
      Si les femmes se mettent à accepter n’importe quoi… C’est à désespérer de tout !
      Comme aurait dit Molière… Mais que diable vient-elle faire dans cette galère !

  4. Laure Garralaga Lataste

    Ce « Roue Libre » se livre à la nostalgie « d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître »… Il ramène dans ma mémoire certains moments de ma vie qui annonçaient déjà la victoire de l’anti humain sur l’altruisme… ! Qui peut dire : « moi, je n’ai jamais eu la sensation qu’on me faisait jouer à Don Quijote » ? ! Mes origines en seraient-elles la seule cause ? En revanche, je sais que ce sont-elles qui m’ont fait larguer les amarres ! ?
    Un conseil à la Jeunesse : avant de faire confiance, avant toute action… N’oublies jamais que « l’homme est un loup pour l’homme ! ».
    Bonne journée quand même… !

    1. Laure. Garralaga.Lataste

      Je complète…
      « l’homme est un loup pour l’homme ! » : … surtout pour les femmes… !

    2. christian grené

      Laurita mia, moi aussi j’ai largué les « y’en a marre ». J’assume et me consume. Je consomme aussi, mais parce que l’environnement m’assomme.
      Abrazos y buena suerte para el puente de Pedro!

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ a mi estimado amiguito
        Le ciel ne s’assombrit pas qu’en Ukraine…
        N’oublions pas le message transmis par La Fontaine… « Le roseau plie mais ne rompt point ! »
        Courage ! ¡ Venceremos !

  5. Philippe Conchou

    j’ai oublié: au niveau national Mélenchon se met le doigt dans l’oeil jusqu’au coude, il doit ses 21% à nombre d’électeurs qui ont tenté de faire barrage à LP.
    Je pense qu’il va pouvoir se le mettre ailleurs…

    1. laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Philippe
      Pour le doigt dans l’œil, je suis d’accord…
      Pour le reste… comme toujours, je reste modérée… ( pour faire rire ceux et celles qui me connaissent bien !).

    1. Bernie

      Où en est la nouvelle façon de gouverner selon
      les nouvelles institutions, si nouvelles institutions. La politique de Mélenchon a été de dire devant les caméras que la République c’était lui.
      3ème homme politique pour l’accès au poste de 1er Ministre. On voit bien que dans les élections c’est MLP qui est arrivé en en tête sauf dans les grandes villes. Là aussi je trouve que le bras de fer est lourd.

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à Bernie
        Apparemment, les Français et les Françaises ont la mémoire courte, mais surtout ignore l’histoire et le sens des mots de leur langue maternelle…! Il est vrai qu’aujourd’hui, en France, on parle plus le franglais que le français ! Et je vous l’annonce solennellement… bientôt, nous parlerons tous et toutes le Ricain.
        Lorsque Mélanchon a prononcé ce devenu célèbre… « Je suis la République ! », est-on sûrs et sûres qu’à l’instant, il a eu conscience de la dimension prise par ce dérapage ?

        1. Bernie

          A lui seule ce Monsieur ne peut être la République

          1. J.J.

            Dans ces circonstances là, si, en tant qu’élu du peuple il avait raison.

        2. Laure Garralaga Lataste

          Mes excuses ! Il faut toujours corriger ses erreurs…
          « mais surtout ignorent l’histoire et le sens des mots… »

    2. Laure Garralaga Lataste

      @ à jf
      Quand le ver est dans le fruit, il est trop tard…
      Le fruit est pourri !

  6. Christian Baqué

    Deux remarques.
    1. Je comprends mal cette phrase de conclusion : La crédibilité des partis ayant concocté de là-haut des accords déconnectés des réalités du terrain sur lequel les « laboureurs » vont se raréfier. Il me semble au contraire que cet accord national historique entraine des recompositions essentielles, par exemple avec Jadot disparu, et les « éléphants » du PS gérants zélés du capitalisme et de la Vème République rejoignant Macron. Non leurs « valeurs » ne sont pas les miennes !
    2. Quand Laure critique la phrase de Mélenchon « la République c’est moi » c’est pourtant Mélenchon qui a complètement raison, car lui est un ELU de la République, élu par des citoyens, et les individus, policiers en particulier, ou magistrats, doivent être AU SERVICE de la République et des citoyens. Et il signifie aussi que la Vème République qui a réduit les députés à des godillots avec un président élu au suffrage universel direct 5macron est le plus totalitaire de ceux là) est profondément antidémocratique.
    Mélenchon représente un espoir de rupture avec ce vieux monde antidémocratique, antisocial, et c’est tant mieux !

    1. J.J.

      Une salutaire remise à l’heure des pendules !

    2. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Christian
      Ce que tu oublies, c’est le contexte et le ton avec lequel ce « je suis la République » a été dit…!

      1. Laure Garralaga Lataste

        Et j’ajoute que ce qui vaut pour Mélanchon vaut aussi pour toute élue et tout élu.

  7. facon jf

    Bonjour,
    intéressante étude de l’insee sur le PIB des régions, parue fin mai 2022, où l’on peut lire dans le chapeau de la publication  » En 2020, le PIB par habitant est de 34 100 euros en France. Il s’élève à 57 600 euros en Île-de-France, contre 29 200 euros en France métropolitaine hors Île-de-France et 20 200 euros dans les régions d’outre-mer. Le niveau élevé du PIB par emploi en Île-de-France, en lien avec la présence de secteurs à forte valeur ajoutée, ainsi que la contribution de travailleurs résidant dans d’autres régions et la faible proportion de personnes âgées expliquent l’écart de PIB par habitant
    avec les autres régions. »
    Et voila une clé du scrutin présidentiel à glisser dans la serrure, on peut en déduire que la région île de France profite d’un PIB presque 2 fois supérieur à la région hauts de France et 2.2 fois supérieur à celui de Corse. Les PIB par habitant sont les plus
    faibles à Mayotte et en Guyane, où ils s’élèvent respectivement à 9 700 euros et 15 100 euros.
    Le constat est sévère car il établi que la région de la capitale absorbe aussi le PIB des travailleurs extérieurs à la région ( salariés qui travaillent à Paris et vivent dans une autre région). Pareil pour les vieux qui sont éjectés de la capitale en raison des prix et on pourrait y ajouter les exclus du travail.
    La crise Covid a aussi affecté différemment les régions. En 2020, sous l’effet de la crise sanitaire, le PIB a diminué dans l’ensemble des régions avec une baisse de 7,9 % au niveau national ; cette baisse a été la plus marquée dans les Hauts-de-France (– 8,9 %) ainsi qu’en Normandie et en Île-de-France (– 8,7 %). Le choc a été tel que, dans certaines régions, le PIB par habitant est revenu à un niveau inférieur à celui mesuré vingt ans auparavant.
    L’étude couvre la période 2000-2020 et c’est très instructif. Sur la période 2000-2019, parmi les régions métropolitaines, le PIB par habitant (mesuré en volume) augmente
    faiblement dans le Grand Est, en Bourgogne-Franche-Comté, en Centre- Val de Loire et en Normandie (entre + 0,2 et + 0,3 % par an, figure 5). Ce faible taux de croissance est le résultat d’une croissance peu dynamique du PIB par emploi, conjuguée à une légère baisse du ratio emploi par habitant. Cette diminution de l’emploi par habitant s’explique par une intensification des déplacements domicile- travail vers l’Île-de-France, notamment pour la Bourgogne-Franche-Comté, une croissance modérée du taux d’emploi, et le vieillissement de la population sur la période, relativement plus marqué en Normandie.
    Si l’on compare les chiffres de cette étude et les cartes électorales on peut entrevoir le lien entre le développement des régions et le scrutin.
    Un rééquilibrage des régions au plan économique serait une solution pour réduire les fractures sociales de notre pays … Mais ça !!
    Bon dimanche

    la source https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/version-html/6440639/ip1900.pdf

    1. Bernie

      Le PIB n’a rien à voir avec les cartes électorales.
      Le PIB comme l’explique Wikipédia est un agrégat qui mesure la valeur économique de la Région.

      1. faconjf

        le PIB par habitant c’est directement lié au pouvoir d’achat. Et le pouvoir d’achat c’est un enjeu du vote.

      2. faconjf

        Le produit intérieur brut par habitant, ou par tête (PIB par habitant ou par tête) est un indicateur du niveau d’activité économique. C’est la valeur du PIB divisée par le nombre d’habitants d’un pays. Il est plus efficace que le PIB pour mesurer le développement d’un pays, cependant, il n’est qu’une moyenne donc il ne permet pas de rendre compte des inégalités de revenu et de richesse au sein d’une population.

        Cet indicateur est parfois utilisé pour mesurer approximativement le revenu par tête, ce dernier indicateur étant plus rarement disponible. On utilise alors généralement le PIB à parité de pouvoir d’achat (PPA).

        1. Bernie

          @ façon jf,
          Il faut tenir compte des unités de consommation et de la statistique publique. Seule la statistique publique peut en faire une information. Je suis désolée….

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