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Un autre rationnement se profile : celui de l’eau potable

Difficile de rappeler quand le désastre menace quand l’on a maintes fois alerté sur les inconséquences de la surconsommation de toutes sortes. Pour ma part depuis une vingtaine d’années tant dans les rencontres citoyennes créonnaises que dans les écrits vérifiables sur ce support je n’ai cessé de clamer que nous devrions un jour en Gironde rationner l’utilisation de l’eau potable. Il est vrai que tant qu’un tour de robinet suffit à satisfaire toutes les demandes les usagers écoutent d’une oreille plus que distraite les mises en garde venant des oiseaux de mauvaise augure.

Ressource essentielle pour la vie, l’eau potable est un luxe dans nos sociétés occidentales gaspilleuses qui bien entendu en a vite confié la gestion au monde du profit. En fait comme le veut une tradition européenne les investissements pour satisfaire les populations sont à la charge des collectivités territoriales et l’exploitation au sens propre de ce terme dévolue aux entreprises privées. Aucun programme électoral prévoit la nationalisation d’un système essentiel pour l’humanité et donc les difficultés à venir relèveront de négociations complexes.

Déjà le manque d’eau « ordinaire » lié à la sécheresse commence à peser directement ou indirectement sur l’économie ou les modes de vie. Pas loins d’un quart des départements apparaissent avec un risque de sécheresse « très probable » d’ici à la fin de l’été. Ils se situent essentiellement dans le Centre-Ouest et dans le Sud-Est. En Nouvelle-Aquitaine, sans surprise, deux départements sont particulièrement concernés : la Charente et la Charente-Maritime, tandis que Gironde et Lot-et-Garonne apparaissent en risque probable. Ce ne sont plus des prévisions mais des quasi-certitudes.

On a vite oublié que durant la sécheresse historique de 2019, 20 départements se sont retrouvés avec des problèmes d’approvisionnement en eau. Des villes entières ont dû être alimentées par des camions citernes. C’est donc quelque chose qui s’est déjà produit, et qui va s’accélérer plus les sécheresses seront importantes. La situation doit nous inquiéter en raison d’un paramètre conjoncturel : il n’y a pas eu de recharge avec des pluies efficaces dans les nappes durant l’hiver. D’après les projections climatiques, en 2070, le rythme global de recharge des nappes phréatiques devrait baisser d’au moins 30% mais nous continuons à puiser sans cesse davantage.

Les utilisations de la ressource devenue extrêmement précieuse dépasse l’entendement. Par exemple la France nous détenons un record en matière d’installation de piscines privées. Selon une étude notre pays  compte plus de 2,95 millions de piscines privées, dont 1,( millions de piscines hors sol et le nombre des créations a explosé en 2020 puisque environ 70 300 piscines enterrées ont été construites et 126 500 hors sol, soit un total de près de 197 000 bassins installés en une seule année sur le territoire français.

Il ne s’agit absolument pas de stigmatiser ces équipements mais de se poser simplement la question de l’origine de l’eau qu’ils utilisent ou qu’ils renvoient dans le réseau. Peut-on admettre que le tarif du m³ utilisé soit du même niveau que celui qui permet de se laver, de cuisiner et de boire ? Un sous-compteur avec prix différencié ne constituerait pas une injustice flagrante. Utiliser l’eau potable pour arroser une gazon d’agrément ou utilitaire ne constitue pas là encore un comportement très citoyen.

Pourquoi en France, comme pour les dispositifs d’économie d’énergie, les réserves d’eau venant des toitures, des pluies les achats de réserves agréées ne sont-elles pas partiellement déductibles des impôts ? Pourquoi ne généralise-t-on pas dans tous les équipements publics l’utilisation des eaux de récupération pour les chasses de nettoyage des toilettes ? Pourquoi les robinets avec bouton temporisateur ne sont-ils pas imposés dans les constructions publiques neuves ? Les tarifs dégressifs doivent être interdits et au contraire une tarification progressive par tranches (plus je consomme plus le prix du m³ est élevé) devrait être négociée avec les distributeurs par des élus lucides.

L’absurdité réside dans le fait que les budgets des syndicats intercommunaux repose sur un volume annuel multiplié par une facture au m³ consommé… En résumé plus les habitants augmentent leur utilisation plus la structure d’exploitation s’enrichit. Les constat officiel confirme cette tendance avec en France, une utilisation quie était de 106 litres par jour et par habitant en 1975 pour passer à 165 litres par jour et par habitant en 2004. Aujourd’hui, chaque habitant utilise en moyenne 148 litres d’eau par jour. À ce chiffre, il faut ajouter les utilisations collectives : écoles, hôpitaux, lavage des rues, arrosage des espaces verts, utilisations dans le cadre du travail… L’autre difficulté vient du fait que les réseaux sont devenus des passoires avec des fuites atteignant en moyenne 20 % en moyenne dans le pays ! Sur certains secteurs les épanchements dans le sol dépassent largement les 30 % . Plutôt que des réformes de fond la solution incitative reste l’augmentation du prix du m³ qui risque de devenir exponentielle et les restrictions de plus en plus nombreuses.

Cet article a 10 commentaires

  1. christian grené

    Pas un problème pour moi, je suis hydrophobe!

    1. laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Christian
      Qu’est-ce à dire… ! ! !
      Moi, c’est, peut-être l’œnophobie… qui ne me guète nullement…!

  2. Gilles

    Je rebondis sur ta phrase « comme le veut une tradition européenne les investissements pour satisfaire les populations sont à la charge des collectivités territoriales et l’exploitation au sens propre de ce terme dévolue aux entreprises privées »
    Je ne sais si on peut parler de tradition pour une pratique qui ne date que de 2014, l’année funeste où nos élus ont adhéré à Maastricht.
    En tout cas, cette pratique de démantèlement des services publics n’a pas fini de nous causer des soucis (voir la situation de l’hôpital, de la SNCF etc.)
    Pourtant, je suis pour l’Europe, mais pas celle-là!
    L’ultra-libéralisme a gagné pour le moment… mais je crains le pire pour l’avenir!

    1. Gilles

      Pardon pour mon erreur de date: Maastricht, c’est 1992 mais cela ne change rien à mon opinion…. et l’eau devrait être obligatoirement en régie municipale!!!
      Bonne journée quand même.

      1. Bernie

        Bjr Gilles, l’eau devrait gratuite. L’eau de la ville est chère parce qu’il y a une part attribuée à la Siepa. Les abonnés au réseau d’adduction eau paie un abonnement auquel s’ajoute les services publics.
        Pourquoi ?

        1. Bernie

          L’eau du robinet est elle potable ?
          Je consomme de l’eau minérale car selon mes papilles l’eau du robinet a un goût particulièrement mauvais

          1. J. J.

            Ça se discute et ça dépend aussi probablement du réseau de distribution. J’ai fait consommer en « double aveugle » de l’eau en bouteille et de l’eau du robinet conditionnée dans les mêmes bouteilles, personne n’a trouvé de différence.
            Sauf exception, nous ne consommons plus que l’eau du robinet (beaucoup moins chère et non polluante : pas de plastique)

  3. J.J.

    Les manifestations contre l’installation des « bassines » qui risquent de provoquer une catastrophe dans le Marais Poitevin, lesquelles bassines sont financées en grande partie par l’état, c’est à dire, nous…au profit de quelques uns, sont qualifiées d’actions « agribashing (sic, en français dans le texte) par leurs futurs bénéficiaires, soutenus par un syndicat agricole aux relations et arguments discutables.
    Et les participants aux manifestations ont droit à la matraque, au flashball et aux lacrymogènes. Quant aux organisateurs ils sont surveillés avec des procédés plus ou moins légaux par des James Bond de carnaval, comme de dangereux auteurs de sombres complots.

  4. Philippe Labansat

    Merci, Jean-Marie, de rappeler cet enjeu crucial.
    L’humain arrivera toujours à se passer même de pétrole et de gaz. Il ne pourra jamais se passer d’eau.
    Des guerres de l’eau sont déjà en cours sur la planète, on en parle quasiment pas.
    Le Moyen-Orient, bien sûr àa attiré l’attention, le Jourdain et la mer morte quqasi à sec, les Palestiniens privés d’eau.
    Mais en Asie les tensions montent, les grands fleuves qui déservent des milliards d’habitants sont de plus en plus mal alimentés par des réserves neigeuses de l’Himalaya, qui se raréfient.
    Savez-vous que le célèbre Colorado n’arrive plus jusqu’à l’océan. Il est assez je bien avant pour alimenter le temple du jeu – La Vegas, c’est un exemple, mais aussi une agriculture quasi en plein désert (pistaches et autres)
    à suivre sur un autre message…

    1. Bernie

      L’eau est un bien précieux pour tout ce qui touche de près ou de loin l’homme et son environnement.
      Le plastique utilisé pour la vente d’eau minérale provient du pétrole. Le mieux est le verre.

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