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Ici et ailleurs (48) : compagnonnage sur les routes de la chanson

Au cours de la seconde moitié du siècle dernier, la notion d’orchestre a considérablement évolué passant de la « danse » au « show ». Il fallait que la prestation soit à la fois utile aux danseur.euse.s passionné.e.s mais aussi à un public avide de spectacle rutilant, flamboyant rappelant celui des premières grandes émissions de variétés télévisées. La venue des vedettes créées par le fameux hit-parade d’Europe n° 1 ajouta à ce besoin de « voir en vrai » les idoles les plus célèbres. Pas question encore (tout au moins au début des années 70) de bandes magnétiques pré-enregistrées avec musique d’accompagnement.

A Créon depuis la période ayant succédé à la seconde guerre mondiale, le lundi soir était réservé à un « concert » d’abord donné par des vedettes du Grand Théâtre bordelais comme Paulette Merval et Marcel Merkés avant la venue des grands noms de ce qui était devenu le « show-biz. On se tourna ensuite pour la Rosière vers les connaissances du fils d’un commerçant local installé à Nice et qui fréquentait le milieu des vedettes de la côte d’Azur. Des tournées avec des étapes dans les plus petits villages comme les salles spécialisées ou les casinos des plus célèbres mobilisaient des dizaines de musiciens accompagnateurs et permettaient ces rendez-vous inimaginables maintenant.  Certains chanteurs avaient leurs instrumentistes attitrés et d’autres utilisaient une formation musicale attitrée. Alain et Point Zéro prirent alors le virage au meilleur moment.

« Nous participions à la soirée en assurant par exemple comme avec Sacha Distel la première partie et en proposant ensuite notre programme avec costumes, éclairage et mis en scène. L’avantage par les organisateurs résidait dans la conjonction de deux publics et donc dans une affluence supérieure. Nous avons par exemple croisé avec plus ou moins de participation les routes de Eddy Mitchell, Nicoletta, Michel Fugain, Herbert Léonard, Alain Barrière, Noëlle Cordier, les Charlots, Joe Dassin ou même un certain Claude François… Souvent nous devions nous adapter à leurs souhaits ou il faut le reconnaître à leurs caprices». Alain a une anecdote sur chacun. Pas toujours très valorisante mais souvent croustillante. 

« Claude François a la fin de chacun de ses concerts allait en sortant de scène taper sur l’épaule de son batteur, Richard Hertel en lui lançant en colère : « tu es viré ! ». C’était immuable. Le lendemain Richard réapparaissait et il reprenait sa place sans aucune remarque du chanteur. Hertel était pourtant un grand professionnel qui après avoir été soliste chez les Petits Chanteurs à la croix de bois avait entrepris des études de percussion au Conservatoire de Paris. Un matin en 1971 il en a eu assez et il n’est pas revenu raconte Alain. Il est venu jouer avec nous. On l’a accueilli sur certaines prestations à bras ouverts! »

« Nous avons aussi travaillé avec Gérard Bastelica qui  avait rejoint le groupe d’Eddy Mitchell fondé en 1960 sous l’appellation Les Cinq Rocks puis avait ensuite pris le nom de Chaussettes Noires. Un super mec, doué et agréable. Richard et Gérard étaient deux très grands!  Je pense avoir joué avec une soixantaine de musiciens différents dans ma carrière et ils étaient de haut niveau ! Nombreux sont ceux qui ont construit ensuite leur propre carrière avec succès. Je crois qu’il y en a qui tournent encore  et malheureusement quelques-uns sont morts! » ajoute Alain qui pour sa part, a décroché totalement avec la musique depuis quarante ans.

Les aventures ne manquèrent jamais pour Point Zéro qui utilisait une autocar avec couchettes pour aller d’un lieu de concert à l’autre. « Nous avons même tourné à l’international grâce aux recommandations des uns et des autres. Nous sommes allés à Dakar, à Casablanca et même jusqu’à Malmö par la route pour suivre dans cette ville un sosie de Travolta. » N’empêche que deux artistes gardent une place particulière dans son cœur : Gérard Palaprat et Yves Lecoq avec lesquels il a effectué de longs parcours estivaux.

« Gérard avait connu un grand succès avec « Pour la fin du monde » qu’il promenait dans toute la France.. C’était un gars très sympa, un excellent chanteur mais imprévisible. Il m’est arrivé de ne pas le voir venir à un concert où il était annoncé. Il disparaissait et il nous fallait nous débrouiller pour compenser son absence. Pas facile du tout » avoue en souriant un Alain pas très fier de ces situations embarrassantes. « Lecoq c’était tout le contraire. Un extraordinaire professionnel, très exigeant mais d’un fiabilité exemplaire. Nous avions réglé notre collaboration musicale avant le départ en tournée pour La Dépêche. Il remettait après les calages initiaux une feuille précise avec l’ordre de ses chansons et de ses imitations et c’était définitif. Il arrivait donc très peu de temps avant l’entrée sur scène, c’était millimétré et parfait. Le reste de la journée il écumait les magasins d’antiquités pour meubler le château qu’il avait acheté dans la Somme ».

Alain alias « Phébus Altizone » a quitté la scène en 1978 pour lancer une agence de conseils et d’études dans le monde culturel qui a participé à la mise en œuvre de nombreux équipements et de politiques structurantes. Il revit son passé d’arrangeur, bassiste, chanteur, chef d’orchestre, manager, technicien de spectacle avec les yeux pétillants… de malice. Il a encore bien des souvenirs dans sa besace !

Cet article a 4 commentaires

  1. Yvon Bugaret

    Merci Jean-Marie, tu nous fait revivre une belle époque que l’on ne peut pas oublier

  2. Yvon Bugaret

    Merci Jean -Marie, tu nous fais revivre une belle époque que l’on ne peut pas oublier.

  3. D..CORTOT

    MERCI JEAN MARIE POUR TOUS CES SOUVENIRS QUI SONT AUSSI BIEN ANCRES DANS MA JEUNESSE.les vinyles de ces chanteurs sont tous présents dans mes collections . Quand a mon chanteur attitré , adulé et adoré restera toute ma vie ALAIN BARRIÈRE…j’ai eu la chance de le rencontrer en concert jeune et moins jeune a son retour de CANADA . J’ai fait parti de son fan club jusqu’à son décès. j’ai eu la chance d’être reçu chez lui a Carnac , de faire la connaissance de sa femme AGNÈS et de son avocate de fille GUENAELLE qui a tout quitte pour défendre la carrière de son PÈRE PENDANT 13 ANS Sa discothèque ÉTAIT UN CHÂTEAU LUXUEUX QUI LA MIS SUR LA PAILLE AVEC LES IMPÔTS ET LE FISC. Construite de ses propres mains .Une immense propriété genre Dallas.
    Apres les décès successifs de ses Parents .sa fille s’est battue pour garder cette dernière maison .Apres liquidation du peu qui lui restait au Canada en Belgique …elle est arrivée à trouver un arrangement avec le fisc étant fille unique .Elle a pu sauver cette propriété et a repris sa Profession d’avocate .LE STIRWEN à été ferme. plus de deux ans cause COVID ..IL A ÉTÉ RÉNOVE avec toutes le normes de sécurité. On continue de prendre un bus pour arriver dans cet endroit . ELLE EN EST LA DIRECTRICE PROPRIÉTAIRE . Elle est aussi Propriétaire d’une autre boite : Les Carnacoises .
    j ‘aime toujours écouter … Alain BARRIÈRE .

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