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Ici et ailleurs (55) : les sans retraite fixe

Lorsque vient le moment de donner tout son sens au droit à la pension que l’on connaît mieux sous le mot de « retraite » bien des heureux bénéficiaires évoquent une liberté que le monde du travail ne leur a pas nécessairement accordée. Souvent elle s’accompagne d’un changement radical de style de vie avec des engagements nouveaux ou des « obligations » que l’on s’impose. Christian et Chantal ont décidé pour leur part de rompre avec le rythme et les conditions de vie qui ont été les leurs. Sur leur quotidien ils ont écrit le mot liberté pour se prouver qu’elle existait encore dans notre monde très formaté.

« Depuis le 1° janvier 2016, ne voulant surtout pas connaître l’ennui nous avons décidé de voyager, toujours et encore voyager durant toute l’année. Cela dure depuis six ans et demi ! » explique Christian fier de sa décision. « Nous sommes des sans domicile fixe durant neuf mois sur douze. » ajoute-t-il. Une sorte d’errance avec des points fixes mais en grande partie improvisée avec l’aide d’internet. Le duo multiplie les zigzags à travers la France bien entendu, la Suisse, l’Autriche ou l’Espagne. Contrairement à bien des retraités ils n’ont pas choisi une « maison ambulante » sur quatre roues que l’on appelle camping-car. Leur seul support de leurs déplacements reste leur automobile.

« Nous avions une belle maison dans la périphérie de Perpignan afin de nous rapprocher de l’Espagne où nous avons commencé à mettre en place une vie à « l’hispanique » en séjournant là-bas au soleil d’Andalousie au-dessus d’Alméria de la mi-octobre à la fin avril de l’année suivante. Nous louons, hors saison, un appartement de plain-pied avec accès direct à la plage. Ensuite nous reprenons nos vadrouilles de gîtes en gîtes ou sous la tente. Pas de charges fixes. » Seule concession du couple : il a acquis un petit appartement dans un village des Cévennes où il ne passe qu’une semaine par an. « C’est plutôt un garde-meubles qu’autre chose au cas où… » commente Chantal.

« J’ai appris à bien me débrouiller en espagnol et je dialogue facilement avec les autochtones tout seul. Durant tous nos voyages (nous avons effectué en cinq mois en 2002 déjà dix destinations différentes de séjour) nous nous sommes considérablement enrichis de nouvelles connaissances, de gens sympas qui sont parfois devenus de vrais amis. » Il a accompli sa mission qui consistait à éviter le syndrome de la pendule du salon qui dit oui, qui dit non et qui dit je vous attends. Christian avoue que ces périples permanents l’ont vraiment débarrassé du risque du repli sur soi, de tourner en rond sur un lieu ou de retourner sur son passé professionnel. « L’ennui il va se faire voir ailleurs » avoue-t-il avec le sourire.

« Nous sommes bien rodés pour les bagages. Comme nous refusons les voyages lointains en avion c’est assez facile. Nous allons explique Chantal où notre voiture peut nous emmener. C’est un choix totalement assumé. Nous avons dans le fond découvert la France au hasard de nos choix et de nos réservations. ». La Covid grâce à leurs quatre injections les a épargnés et leur moral est au beau fixe. Leur faculté d’adaptation à des contextes différents, des climats différents, des habitudes différentes constitue finalement un atout considérable pour des retraités.

«  J’étais convaincu qu’il y a une vie après le boulot et je ne me suis pas trompé. Je n’ai aucune envie de me retourner vers mon parcours professionnel. J’ai tellement été jalousé et « descendu » par ma hiérarchie quand j’ai été promu que ce bonheur s’était transformé en calvaire. J’ai tourné résolument le dos à tout ça et nous regardons à court terme devant nous. » Christian en a gros sur le cœur que l’on a l’impression que la forme prise désormais par son existence est un exutoire à tout ce qu’on lui a imposé durant ces années précédant sa retraite.

Pour eux, il n’est pas encore l’heure de se poser mais le couple y songe cependant doucement. « Encore quelques petites années et on rejoindra le Pays basque intérieur en bougeant de moins en moins jusqu’à ne plus bouger du tout quand on le sentira. » Mais ce temps là n’est pas encore venu semble-t-il. Christian et Chantal assume leur nomadisme dans lequel ils ne voient que du « positif » Dans le fond ils se sont retirés du monde conventionnel tout en y entrant sans cesse par des portes différentes. Une expression résume leur choix : « Carpe diem pour chaque jour que Dieu fait. »

Cet article a 2 commentaires

  1. Laure Garralaga Lataste

    Que Christian et Chantal se rassurent… « quand vient le très grand âge, le nomadisme s’arrête trop souvent là. »
    Viendra alors le temps de transmettre leurs riches expériences.

  2. MARTINE PONTOIZEAU-PUYO

    ils ont fait un bon choix, vivre libre.

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