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Une reine est morte, la ruche continue

Les Britanniques vont devoir considérablement modifier leurs repères puisque leur reine depuis quelques décennies s’est tirée la dernière. Un événement planétaire puisqu’elle avait la reconnaissance du Commonwealth et qu’elle appartenait à l’Histoire du monde. Celle qui avait connu Churchill évidemment, Staline peut-être, Roosevelt un peu et qui avait été plongée dans la seconde guerre mondiale hitlérienne entre dans la légende des siècles. Bien évidemment elles avait croisé de Gaulle, Kennedy ou Nheru. Un livre exceptionnel se referme. Elle aura vu quinze premiers ministres britanniques, de quatorze présidents américains, l’ensemble des chefs d’État de la Ve République française s’incliner devant elle.

Elle avait décalé son départ définitif au maximum afin d’éviter que Charles aux « grandes oreilles » se coiffe d’une couronne qu’il pensait avoir acquis grâce au viager de la dynastie. Il devient l’un des plus âgés des souverains à illustrer le propos de Michel de Montaigne voulant que « sur le plus beau trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul ! » Et des affaires de cul dans son entourage il y en eu de guère glorieuses.

Les frasques de la tribu Windsor a singulièrement écorné l’image de la Royauté symbole de l’ordre établi et de la tradition. L’expérience démontre que ces familles qui vivent dans le symbole échappe rarement aux querelles, aux dérapages et à la suffisance. Élisabeth a réussi à gommer par sa froide sérénité et sa constance de multiples scandales qui auraient pu être fatals à n’importe quel autre groupe « ordinaire ». Durant soixante-dix ans elle a régné avec comme seuls atouts sa force morale et sa capacité à incarner l’incapacité du temps à user son énergie.

« The Queen » que « Dieu n’a pas pu sauver » laisse une patrimoine personnel de près de 400 millions d’Euros. Le système de financement de son train de vie repose par ailleurs sur les bénéfices de la gestion des « biens de la Couronne » qui lui ont appartenu pour la durée de son règne. Pour autant, ni la souveraine ni le gouvernement britannique n’en sont propriétaires. Ces biens sont gérés par un comité indépendant qui lui attribue 25% des revenus. C’est ce que l’on appelle la “dotation royale”. Les 75% restants vont au Trésor britannique. Pour l’année 2020-2021, la dotation a atteint 103,5 millions d’euros. Elle sert à payer les dépenses officielles: salaires, sécurité, déplacements, entretien et travaux dans les résidences royales. Le poste a donc quelques avantages sonnants et trébuchants.

En devenant le troisième des Charles (il a eu le temps de réfléchir sur son rang), le fils d’Élisabeth s’inscrit dans une suite bien dangereuse. Ses prédécesseurs dans ce titre numéroté ont connu, exils, guerres, révolutions et destitutions. Sans héritier le second pourtant largement pourvu avec une large progéniture adultérine a laissé le pouvoir à son frère Jacques qui sera le dernier roi de la lignée Stuart catholique de la Prude Albion. Rien de bien rassurant sur le règne qui s’ouvre quand on connaît les,doutes qu’avait l’auguste disparue sur les capacités de son fils à incarner la dynastie.

« La Reine est morte. Vive la reine ! ». La formule bien connue servira au moins pour un mois à masquer les difficultés du Royaume de plus en plus désuni et servira dans nombre de pays à masquer les conséquences de crises mortelles pour bien des démocraties. La réincarnation de Margaret Thatcher va avoir le temps de préparer paisiblement ses mesures puisque entre les rétrospectives de la vie de celle qui a traversé en carrosse doré, en yacht blanc ou en limousine noire la seconde moitié du siècle écoulé.

La préparation des obsèques (il est question de ressusciter Léon Zitrone !) va mobiliser le ban et l’arrière-ban des gens qui ne comptent pas leurs déplacements en jets sur la planète. Les larmes du peuple serviront à arroser les fleurs que le gratin lancera sur le parcours d’une vieille dame indigne par bien des attitudes dénuées du moindre humanisme. Elle a colmaté avec stoïcisme les fissures dangereuses de cette monarchie totalement anachronique qui ne survit que par son image identitaire et ses fastes royaux désuets mais rassurants.

Le Pape, Poutine, Bolsonaro (il a décrété 3 jours de deuil???), Modi, Zelenski ou Trump … lui ont rendu un vibrant hommage. Je suis certain que vous partagerez leur émotion sincère. Elle n’est pas entrée dans l’Histoire puisqu’elle y a été toute sa vie par devoir sans que personne sache si vraiment elle avait aimé son destin. Chapeau Majesté !

Cet article a 6 commentaires

  1. J.J.

    Premier souvenir de la future « Queen », la jeune fille souriante en uniforme de conductrice d’ambulance, avec sa petite sœur et ses royaux parents sur le balcon de Buckingham, le soir de la commémoration de la victoire (?) du 8 mai 1945.
    On rêvait alors de patriotisme, d’héroïsme et de gloire …

    Le drapeu rouge, frappé de la Faucille et du Marteau flottait fraternellement à côté de l’Union Jack, de la Star Star-Spangled Banner et de nos Trois Couleurs, mais ça n’a pas duré.

  2. christian grené

    Je regardais France 2 hier soir, et quand l’ai vu Stéphane en Bern, j’ai compris…

  3. christian grené

    Hier, « le cèpe roi de l’automne »; aujourd’hui « une reine est morte ». Quelles histoires!
    Hier, vous parliez des bolets en oubliant les Boleyn, Anne étant la mère d’Elisabeth I première du nom (mais pas la dernière pour Henri VIII) qui passa le cèpe (tre) à… et ainsi de suite.
    Marat bout dans sa baignoire et vous trouvez sabot!

  4. Laure Garralaga Lataste

    Quand J.J. et Christian se déchaînent… j’en reste bouche cousue !
    ¡ Adelante… sin jamás retroceder ! (traduction : En avant… sans jamais revenir en arrière !)
    La « sans culotte » vous salue bien !

    1. Laure Garralaga Lataste

      Pour Christian… Je repars à mes re-lectures !

      1. christian grené

        Hasta la vista, reina mia! Pour les non hispanisants, je saluais… l’arène!

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