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La « Chambre » finira par manquer d’air

La dissolution a permis aux possesseurs de vélo durant les décennies d’après la Libération d’économiser dans l’hypothèse d’une crevaison malvenue. Dans la petite sacoche en cuit suspendue derrière la selle, avant tout déplacement, le cycliste prudent glissait deux ou trois démonte pneus, quelques rustines de tailles différentes, le fameux tube de Sécotine ainsi qu’une fine râpe. Le risque de se retrouver beaucoup moins fringant en cas de retour à pied vers son point de départ engendrait une prise de précaution particulière.

Culbuter le vélo les roues en l’air, déboulonner la roue accusant une perte massive ou lente d’air et sortir le pneu de la jante constituait les préliminaires d’une réparation supposée salvatrice. En général le perçage intervenait toujours quand le pédaleur était pressé ou en tenue ne lui permettant pas de mettre les mains dans le cambouis du dérailleur. En plus après avoir ôté le pneu et préparé la chambre dégonflée il fallait étaler soigneusement sur la surface entourant le trou, la dissolution avec le bout du doigt. Une opération imprévue et qui traduisait souvent l’usure prématurée des enveloppes des roues.

Si l’on se met à causer de « dissolution » dans le monde politique (j’évoquais déjà cette hypothèse sur Roue Libre dès le 22 juin dernier) ce n’est pas par passion du vélo mais pour tenter de mettre une rustine sur la constitution de la V° République qui se dégonfle à vue d’œil. Conçue pour que le « monarque républicain » quel qu’il soit, puisse gouverner à sa guise grâce à un parti unique circonstanciel majoritaire elle est entamée par les soubresauts d’une société de plus en plus extrémiste. Le pouvoir manque d’air et utilise la « bombe » salvatrice du 49-3 pour se sortir provisoirement d’uns situation pour le moins compliquée.

Les chemins du monde caillouteux, garnis d’ornières dangereuses, ne conduisant nulle part et surveillés par les armées des profiteurs ne s’amélioreront pas dans les trois ou quatre mois à venir. Bien au contraire. Ce contexte (inflation, endettement, insécurité planétaire, déliquescence généralisée de la démocratie représentative…) servira de base à une argumentation que face à la guerre il faut sécuriser l’avenir du pays. Une démocratie à plat et un Président gonflé de certitudes suffiront à renvoyer une chambre où personne manque pourtant d’air devant les électeurs. Il suffira de semer les clous au bon moment !

Tout le peloton à l’exception des partis traditionnels ne rechigne pas à envisager l’hypothèse de tenter leur chance dans la seconde étape de ce quinquennat. Le RN est en ordre de marche. Il attend le retour de Trump dans les allées conduisant à la Maison Blanche ce qui après l’élection de la « Mélonissolini » en Italie constituent d’heureux présages. Il sait que le retour devant l’opinion dominante dans une situation angoissante, fracturée et catastrophique que pour les classes populaires ne peut que lui être profitable. Quelques études sérieuses lui attribue plus d’une centaine de places surtout après les épisodes des motions de censure et… du dérapage « utilitaire » de l’obsédé girondin de l’immigration !

Il en va tout autrement au sein de la Nupés. La dissolution ne sera pas utilisée avant le Congrès du PS qui va sonner le glas de l’apparence unitaire actuelle. Il y aura une vraie profusion de « particules » à la droite de la gauche ou selon le strabisme de celui qui les regarde à la gauche de la droite que la dispersion sera totale. Contrairement à ce que proclame le « chef à plumes » la réunion des actuelles composantes de la Nupés sera laborieuse et rencontrera des difficultés à convaincre de son utilité. Mélenchon ne fera pas deux fois el coup du Premier des ministres. La crevaison menace.

Les plus inquiets à l’idée de reprendre les chemins de campagne sont les alliés explicites ou implicites du leader au classement général. Eux craignent d’être les sacrifiés de la bordure qui se profile. Désorganisés depuis la piètre performance de leur leader dans le contre la montre présidentiel, ceux qui se disent « Républicains «  savent que la dissolution risque de les coller au revêtement de la route de législatives anticipés. Quant aux «chefs  rouleurs pour leur compte » des centristes ou des « scruteurs » d’Horizon ils voudraient bien aller au bout du mandat sans trop se crever.

Alors pour le moment une stratégie est en construction. Elle demandera de multiples « échecs » calculés de la minorité agissante actuelle pour la persuader que le salut est dans la fuite en avant. Il s’agira alors d’appuyer sur le bouton au moment le meilleur. Le pari est pris :l’union nationale sera d’actualité face aux dangers venant de toutes parts. Le parti de la « Sécotine » a de beaux jours devant lui.

Cet article a 9 commentaires

  1. J.J.

    Hier soir je regardais un enregistrement datant déjà de quelques jours relatant la vie exemplaire de Pierre Mendès France, un homme trop honnête et trop intelligent pour réussir en politique.
    Il avait vu en 1958 le danger que représentait la nouvelle constitution, faite pour nous dépatouiller du sac de nœuds de l’Algérie. Cette constitution était une peu sur le modèle des institutions de la Rome antique qui, en cas de situation grave nommait un « dictator » à la place des deux consuls qui gouvernaient en temps de paix. Mais son temps de règne était compté et sitôt la situation redevenue normale, il était renvoyé à ses chères études, avec les remerciements du Sénat.
    L’ennui c’est que depuis 1958 nous gardons notre système de dictator avec la crainte que nous n’en héritions d’un pire( c’est toujours possible, hélas) . Mais au fait, la situation s’est elle vraiment arrangée un jour ?

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami J.J. 2 questions…
      Peux-tu m’expliquer pourquoi « le pays des sans culottes »…
      1) a-il toujours mis sa confiance « en dictadores » ?
      2) s’est-il joué de 2 hommes politiques de valeur… ?

      1. J.J.

        Laure @ Mon analyse certainement discutable. Les acquis des Sans Culottes et les Sans Culottes, trop radicaux pour le bon peuple, eux mêmes ont été anéantis en grande partie par le nabot sanguinaire et dictatorial, parvenu au pouvoir à la faveur d’un coup d’état (comme son déplorable neveu).
        Il faut aussi compter sur la propagande éhontée qui promet monts et merveilles flatte le peuple dans le sens du poil ou lui fait peur. Il ne faut pas non plus négliger l’influence néfaste des religions qui souvent servent d’auxiliaire, et remettent les contestataires dans le rang. Napoléon prétendait gouverner à l’aide de « ses » gendarmes et de « ses » curés, après avoir mis au pas le pape Pie VII, objet de réjouissantes plaisanteries.
        Un homme politique de valeur(rare !) au niveau national n’a pas vraiment d’ambition personnelle, c’est souvent un idéaliste qui a le seul projet d’œuvrer pour la collectivité, ça n’est pas porteur !
        Ceux qui veulent aller de l’avant pour le bien de tous (au détriment de quelques nantis qui tirent les ficelles)sont toujours minoritaires.

        1. Laure Garralaga Lataste

          En arpentant ke « Roue Libre » du jour… je partage ta/cette réponse d’hier.

          1. Laure Garralaga Lataste

            La journée commence mal… ! « le Roue Libre »…

  2. Laure Garralaga Lataste

     » Mais attendons la fin… » tant en France qu’aux Etats-Unis…
    De toutes ces histoires trop nombreuses à travers le monde, la leçon à retenir sera-t-elle un rappel de … « l’Histoire des peuples étant trop sérieuse, on ne peut la livrer à n’importe qui » !

    1. Laure Garralaga Lataste

      Il est encore trop tôt pour… »… Et si elle était moins pire… qu’on ne le croyez… ! »
      Mais attendons la FIN !

      1. Laure Garralaga Lataste

        Je parle de celle… des État Unis, bien sût… !

      2. Laure Garralaga Lataste

        On ne le croyait… !
        « Tu t’laisses aller Laure »…à moins que ce ne soit… « faudrait pas vieillir »…!
        À demain pour les résultats étasuniens… !

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