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La guerre technologique montre ses limites

« La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires. » avait lancé le Tigre. Georges Clémenceau avait pu constater entre 1914 et 1918 que les erreurs commises par les généraux avaient de conséquences souvent dramatiques. La chair à canon, quel que soit le camp dans lequel elle était utilisée dénotait souvent obstination aveugle et surtout un mépris froid de la vie humaine. On laisse accroire que désormais le « soldat » a un rôle plus limité et donc moins exposé dans la mesure où la technologie permet de combattre à distance. En Ukraine on assiste à une combinaison des deux aspects des affrontements entre armées dites conventionnelles et armées déployant des moyens sophistiqués de destruction sans intervention humaine.

Les missiles ont succédé dans les conflits aux terribles V 1 et V 2 que les nazis destinaient au peuple britannique alors que les Alliés noyaient sous les bombes lâchées en haute altitude sur les villes. Il suffit qu’un doigt « armé » appuie sur un banal bouton pour que les porteurs de mort filent vers des populations sans défense ou des cibles dites stratégiques. Les tueries se font pas délégation mécanique ou électronique. On programme de manière anonyme et cachée pour massacrer et jamais l’histoire retiendra le nom de ces criminels installés dans des lieux protégés.

L’arrivée massive des drones rend les confrontations encore plus inhumaine. Lorsqu’ils sont partis vers leur objectif ils entament un périple sans retour. Les coordonnées étant entrées dans l’ordinateur de bord deviennent ineffaçables en cours de route. L’engin de destruction ne s’arrêtera que si la technique du campa adverse parvient à le troubler dans son cheminement vers sa destination fatidique. Ils reniflent les bons coups à réaliser. Ils frappent en kamikaze sans que la responsabilité de celui qui les a fait décoller soit impliqué.

Les obus, les missiles, les drones, les avions sans pilote écrasent ou pulvérisent bâtiments d’habitation, usines, armements ou rassemblements. Ceux qui sont équipés de charges nucléaires, restent dans des silos jusqu’à ce qu’un malade du bouton décident de les mettre en œuvre. Depuis qu’à Hiroshima ou Nagasaki des militaires ont obéi à un ordre politique descendu en cascade hiérarchique vers eux, la responsabilité des massacres se veut anonyme.

En effet le 6 août 1945, le lieutenant-colonel Paul Wartfield Tibbets fut le héros du jour. Il pilotait et commandait le bombardier Enola Gay (baptisé ainsi en hommage à sa mère) d’où fut larguée la bombe atomique qui devait détruire Hiroshima. Tibbets, qui était dans le secret des dieux et était donc parfaitement à même d’évaluer les conséquences de son acte, déclara plus tard : « Je ne regrette absolument rien ». Il était identifié et il porta son acte toute sa vie.

Le vrai problème actuel réside désormais dans la capacité des Hommes à dominer leurs créations dotées non pas encore d’une intelligence artificielle mais tout au moins d’un savoir-faire automatisé de plus en plus perfectionné. L’événement de la retombée de deux « engins » par encore identifiés à quelques kilomètres derrière la frontière ukrainienne en pleine campagne polonaise démontre que soit les « pousseurs de bouton » veulent provoquer une élargissement du conflit soit qu’il joue avec le feu soit qu’ils n’ont aucune maîtrise de la fiabilité de leurs engins.

La course aux armements repose désormais sur l’élaboration et la possession de ces outils de destruction mais surtout sur les moyens de les intercepter au cours de leurs trajets de plus en plus longs. La rivalité entre les armées du monde n’est pas seulement dans les effectifs disponibles mais dans les matériels indétectables par le camp adverse. Les coûts liés à cette guerre sophistiqué atteint des milliers de milliards… et ce n’est pas fini ! Le dernier missile antiradar confié aux Ukrainiens par les Américains plafonne à 200 000 dollars pièce et une batterie de tir russe du fameux se cale à 1,2 millions l’unité. Les laboratoires de production des vaccins ont amassé des sommes folles. Les pétroliers se sont gavés. Les marchands d’armes leur emboitent le pas. tous avec des fonds des Etats directement ou indirectement ! 

Un engin automatisé a tué deux malheureux paysans au travail à moins de dix kilomètres d’une frontière ayant déjà dans l’Histoire fluctué avec les résultats des guerres. Ce n’est plus un « incident » mais un « casus belli » pouvant plonger l’Europe dans les ténèbres. Il faudra savoir s’il est arrivé sur une engin agricole par « erreur automatisée », « excès de zèle technologique » ou par  « choix délibéré »» après un déclenchement sur ordre de son envoi vers le ciel. Cherchez l’appuyeur de bouton et vous aurez la réponse. La « bavure » quelle qu’en soit l’origine montre l’extraordinaire fragilité de ce monde technologique où il suffit d’un « détail » pour que naisse le risque que tout bascule dans le chaos.

Cet article a 7 commentaires

  1. Laure Garralaga Lataste

    Mon habituelle lecture attentive de « Roue Libre » s’est trouvée stoppée au paragraphe 6…
     » L’événement de la retombée de deux « engins » pas encore identifiés à quelques kilomètres derrière la frontière ukrainienne en pleine campagne polonaise…  »
    Ramenant à ma mémoire Jacques Dutronc…
    On nous cache tout, on nous dit rien
    Plus on apprend, plus on ne sait rien
    On nous informe vraiment sur rien

  2. Laure Garralaga Lataste

    … Et cette fin : « où il suffit d’un « détail »… pour que naisse le risque que tout bascule dans le chaos. »
    Fin qui confirme que nos vies ne valent rien… Mais gardons l’Espoir aurait dit André Malraux puisque… « Rien ne vaut la vie » !

  3. J.J.

    « les « pousseurs de bouton » veulent provoquer une élargissement du conflit soit qu’il jouent avec le feu soit qu’ils n’ont aucune maîtrise de la fiabilité de leurs engins. »

    Étant donné la prudence inhabituelle et la perplexité avec laquelle le vieux Jojo va-t-en guerre a accueilli la nouvelle, je pencherais plutôt pour une initiative hasardeuse des bras cassés otanesques ou autres éminences plus ou moins grisâtres et incontrôlables. Une enquête sérieuse et impartiale réserverait peut être de mauvaises et embarrassantes surprises.

    Cette déclaration est en parfait accord avec ma tendance conspirationniste.

  4. Christian Coulais

    Et si nous levons les yeux vers la nuit des étoiles… c’est encore plus glaçant.
    Hier soir un reportage nous (dé)montrait bien la folie de l’homme, qui là aussi d’un simple bouton, pouvait créer une réaction en chaîne.
    « Autour de la Terre, une armée de satellites civils et militaires joue un rôle clé pour l’économie et la sécurité des États. Donnant la parole à de hauts responsables occidentaux de la défense spatiale, un état des lieux inquiétant des risques que font peser, au-dessus de nos têtes, les rivalités géopolitiques. »
    https://www.arte.tv/fr/videos/097602-000-A/l-espace-un-nouveau-champ-de-bataille/

    1. Laure Garralaga Lataste

      @à mon ami Christian…
      Cela me rappelle le grand Racine…
       » pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes…  »
      à ce soir !

  5. christian grené

    Y’a un mec qui en connaissait un rayon, je ne parle pas de la roue libre, sur le sujet: mon pote Bébert. Il a dit: « Je ne sais pas comment sera la troisième guerre mondiale, mais je sais qu’il n’y aura plus grand monde pour voir la quatrième ». Il s’appelait… Einstein.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ a mi amiguito christian…
      Einstein… un grand visionnaire !
      Mais à 00 h 20, quelles connaissances fiables avons-nous sur cet « incident » en Ukraine… ?
      Affaire à suivre… et à suivre également les dérobades qui ont commencé…

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