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Sancho Grené et Don Nogués perdent leur monture (2)

Le « Mundial » de 82  fut sportivement l’un des plus réussis de l’Histoire du football. Vous connaissez depuis hier les préparations de la presse écrite avant et pendant cette compétition. Et voici la suite de ma série sur la Coupe du Monde ! Je vous rappelle que vous pouvez en commentaire joindre Christian G. qui est le héros de ce récit…

« En ce jeudi 10 juin 1982 il règne une ambiance particulière dans la rédaction des sports du journal Sud-Ouest dès le début de la matinée ce qui est plutôt rare. Il est vrai que le duo d’envoyés spéciaux choisi pour relater le Mundial espagnol a fière allure. Il a été désigné il y a déjà plusieurs mois selon le principe voulant que l’un suive l’équipe de France dans les matches de poules (cette édition comptera 24 équipes pour la première fois) quand l’autre sera beaucoup plus libre de ses sujets avec la mission de s’intéresser aux adversaires. Il faut dire que sur ce créneau la mission s’annonce compliquée, car la France se trouve dans le groupe D avec l’Angleterre favorite, le Koweït et la Tchécoslovaquie qui constitue à priori le principal danger puisque les 2 premières équipes seront qualifiées pour le tour suivant.

Cette tâche reviendra à Christian Grené alors en délicatesse avec Claude Bez le Président des Girondins de Bordeaux dont quatre joueurs figurent en sélection (Trésor, Girard, Giresse et Lacombe). Une sorte de « Sancho Pansa » virevoltant et d’une imagination débordante C’est donc un pour bonheur pour lui et une belle revanche dans un tel contexte que celui d’avoir été désigné o=pour exercer sa plume agile et débridée.

Il sera « chapeauté » par André Nogués briscard du monde du ballon rond qu’il arpente depuis des décennies mais qui est toujours inquiet. Don Quichotte car il en a la silhouette et l’esprit tire sur sa énième cigarette et déambule en claudiquant (1) autour de son bureau soigneusement rangé. Il laisse bien en évidence au centre un agenda sur support de bois avec sur chaque page le lieu où ils se trouvera avec les coordonnées de l’hôtel car le téléphone mobile n’existe pas ! Il y a également noté les anniversaires des membres de la réaction sportive allant même jusqu’à préciser le jour du mariage de son vieil ami et souffre-douleur Robert Dutein (2) !

André est un journaliste à l’ancienne : organisé, méthodique, appliqué, rigoureux, bourré d’humour, adepte du calembour et il constitue la référence pour les jeunes que nous sommes dans le métier. Il a méticuleusement rangé ses archives afin de se préparer à toute éventualité et il les a placées dans sa valise préparée par son exquise épouse vendeuse de parapluies aux Nouvelles Galeries. Bien évidemment comme le veut une tradition bien établie dans cette « équipe » digne de potaches en perpétuelle recherche d’une blague, en l’absence de l’intéressé, l’un d’entre eux a glissé dans les bagages d’André Nogués des boules de pétanque ! Il ne s’en apercevra qu’à son arrivée en Espagne !

Don Nogués n’est guère d’humeur à plaisanter car il craint le caractère fantasque de son compagnon.. D’ailleurs pour se prémunir de toute mauvaise surprise, à la manière d’un commandant de bord il effectue une check-list à son pilote avant de décoller : « Montre moi ta carte d’identité ? Ton accréditation ? Ta carte de presse ? Ton permis de conduire ? Les papiers de la voiture ? (ils partent de Bordeaux en passant par le Pays Basque avec une voiture du journal siglée Sud-Ouest ce qui renforce l’inquiétude d’André Nogués)… »

Toute la rédaction hilare assiste à cette scène surréaliste qui débute l’une des plus fantasque expédition qu’aura réalisée un duo d’envoyés spéciaux de Sud-Ouest ! Après maintes révisions, toutes concluantes et une série impressionnante de mises en garde ou de plaisanteries Don Nogués et Sancho Grené quittent le service sous les applaudissements et les plaisanteries pour se rendre aux écuries de la rue Guiraude où les attendent els chevaux de la Berline Sud-Ouest. Il a été convenu qu’ils s’arrêteraient à l’agence de Bayonne pour saluer les collègues avant de poursuivre leur route vers Bilbao où les Bleus, bien mal en point après une qualification difficile et une défaite en amical contre le pays de Galles (0-1), affrontent les Anglais ! Une étape sans risques !

Je serai l’un des doublons avec eux au siège et un peu le fil d’Ariane qui les relie au journal. A moi Sancho Grené sait qu’il pourra tout dire. Vers 15 h le téléphone du poste habituel d’André Nogués sonne. Christian alias « Kiki » ou « Lagrène » est au bout du fil. Je sens à sa voix que la première tuile vient d’arriver ! Imparable : il les attire !
« Jean-Marie je t’appelle de Bayonne ?
-Oui je sais ? Tout s’est bien passé ?
-Oui ! On est bien arrivés mais…
-Mais quoi ?
-On ne plus repartir ! « La Nogue »
(alias André Nogués) est furax !
-Pourquoi ?
-Tu le croiras pas ! Nous sommes allés manger
au resto et j’ai perdu les clés de la bagnole ?
…. Tu dis quoi ? Et alors ?
-J’ai pommé les clés de la bagnole ?
Je ne les retrouve pas ! »

Impossible de ne pas rire ! André Nogués avait tout prévu, tout vérifié, tout envisagé, mais pas cette bévue de son équipier ! « Il faudrait que tu vois avec le garage pour m’envoyer au pli Sud-Ouest (3) de ce soir le double ! On va se débrouiller en attendant… Tu as des papiers d’avance ?  Tu vois ce que tu peux faire ! On va travailler depuis là. Je compte sur toi !» Les envoyés très spéciaux n’ont pas mis le pied en Espagne et les voici déjà en rade ! 

J’imagine que les cigarettes doivent s’enchaîner et que « Lagrène » doit se faire encore plus petit qu’il ne l’est. « Je le savais ! Je le savais ! » fulmine « Lanogue » tributaire de son chauffeur car jamais de sa vie il n’a conduit ! Le Mundial débute exactement comme il sera finalement : imprévisible ! Le premier match sera d’ailleurs catastrophique avec une cuisante défaite contre les Anglais (1-3) et un but encaissé dès la première minute du match ! Le reste va suivre… N’empêche que Lagrène avec sa débrouillardise habituelle va accomplir des prouesses journalistiques malgré d’autres sketchs dignes de De Funés… Suite demain

(1) André Nogués était handicapé par les suites d’un grave accident et n’avait jamais passé son permis de conduire.
(2) Robert Dutein était le spécialiste du vélo qu’il ne fallait pas confondre avec la bicyclette

(3) Tous les jours un chauffeur de Sud-Ouest partait porter le courrier avec les journaux vers les agences

Cet article a 8 commentaires

  1. christian grené

    Je certifie et signe. Mais j’avais déjà plus d’un tour dans la Manche.
    Hasta la vista.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ a mi amiguito de la Mancha… el atontado, el distraído, el mareado … ¡ Cómo será posible perderse las llaves de su coche… !
      ¡ Eso le faltaba al pobre Don Nogués !

      1. Laure Garralaga Lataste

        ¡ Cómo… c’est mieux !

  2. Laure Garralaga Lataste

    « Les envoyés très spéciaux n’ont pas mis le pied en Espagne et les voici déjà en rade ! »
    Ah ! Ah ! Ah ! C’est toujours comme ça avec Lagrène ? Et moi qui lui ai fait confiance… ! Tant pis pour moi…

    1. christian grené

      He perdido las llaves del coche, pero he siempre ellas del paraiso. Con tu Evita.
      Signé: Adamo.

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ a mi amiguito christian…
        Petite correction qui va te coûter très cher… !
        Le début est parfait, c’est après que ça se gâte… pero siempre tengo las del paraíso. Contigo…

        Un petit rappel… Piensa en mí… No me olvides… La prochaine salve arrive demain ! (code 39-45).

        1. christian grené

          Entendido. Hasta mañana y abrazos!

          1. Pierre LASCOURREGES

            Kiki, tu passes me prendre? J’ai confiance? Tu m’amènes à Blaye?

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