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La mise en bière ayant peut-être fait mousser Giresse (4)

Il faut savoir lorsque l’on participe en tant qu’envoyé spécial à un événement aussi exigeant en déplacements que la Coupe du Monde de football se réserver des respirations. Le Mondial de 1982 en Espagne avait un avantage pour le duo des reporters du journal sud-Ouest c’est qu’à priori l’éloignement et surtout le décalage horaire n’étaient pas trop handicapants. «

Sancho » Grené (chauffeur obligé) et « Don » Nogués ont ainsi parcouru d’une ville à l’autre des centaines de kilomètres pour rejoindre les lieux où vivait l’équipe de France et où elle disputait ses matchs. Après Bilbao, Valladolid où ils avaient arraché leur qualification de justesse (3 points sur 3 matches) avec face à Angleterre (0 point), le Koweit (2) et la Tcéhcoslovaquie (1) les Bleus devaient se rendre pour le second tour de poule à Madrid où les attendaient le stade Vicente Calderon.

L’avantage résidait dans le fait que dans l’enceinte sportive de l’Atletico ils disputeraient deux rencontres consécutives du deuxième tour face à l’Autriche et ensuite les Irlandais du Nord ! Le duo pouvait se poser et donc forcément avoir un peu plus de temps de repos ! Entre la confrontation très serrée avec les Autrichiens (gagnée 1-0) et celle qui devait être décisive contre l’Ulster il y avait cinq jours… qu’il fallait journalistiquement meubler.

Sancho Grené avertit donc la rédaction lors des points téléphoniques quotidiens qu’il allait tenter de renouveler le « coup qu’il avait réalisé en déjeunant au lait de chamelle (un drame pour lui!) dans le repaire des Koweïtiens. Il irait percer le mystère de la préparation des Irlandais. « Pourquoi pas ! » répondit Michel Picotin, alors chef du service des sports. Encore une fois « Lagrène » négocia habilement sa présence dans le camp adverse.

Les Irlandais installés dans un hôtel haut de gamme avec vaste piscine ne firent aucun problème pour l’accueillir parmi eux. Cette fois pas de lait au menu et pas de repas sur tapis persan mais il lui fallut sacrifier à la coutume de ses hôtes : l’ingurgitation de pintes de bière. Malgré l’amplitude de la tache il passa l’examen de bienvenue de la meilleure manière. Contrairement à la légende accompagnant sa quête de l’ivresse de la réussite il n’aimait guère ce breuvage. La tradition vespérale au service des sports était davantage au jaune épais qu’au faux col en mousse.

Décontractées, en phase de bronzage actif et de compensation de la déshydratation estivale par une absorption continue de «bocks» adaptée aux circonstances les troupes attachées à leur Ulster royal avaient une solide descente. Dans un pareil contexte l’essentiel était de mériter la confiance des hôtes, ce que l’envoyé spécial de Sud-Ouest su faire à la perfection et une évidente bonne volonté. Il eut même du mal à quitter la compagnie des géants verts peu préoccupés par la diététique sportive ! Sancho livra un papier mémorable préludant à une rencontre face aux Français qui le fut tout autant! Nul n’a jamais su vraiment si la bière lui avait fait pisser de la copie de meilleure facture !

Le samedi soir, veille du mach, papiers transmis, les envoyés spéciaux ayant travaillé pour Sud-Ouest Dimanche décidèrent de dîner dans le centre ville de Madrid. Partis avec la voiture du journal ils rentrèrent raisonnablement à leur hôtel et eurent bien du mal à trouver une place pour garer leur véhicule puisque le parking de leur résidence était archicomplet. Au bout d’une longue quête dans la nuit madrilène Sancho Grené finit pas dénicher un petit espace permettant de stationner l’automobile logotisée Sid-Ouest.

Le lendemain matin, sous la pression d’André Nogués ayant besoin de se rassurer sur les délais de route, au moment de partir vers le stade Calderon pour 15 heures, la surprise fut totale : les quatre pneus étaient crevés ! Les chauffeurs de taxis dont ils avaient volé un espace n’avaient pas apprécié pareille incartade française. La tuile ! La catastrophe en ce dimanche 3 juillet ! Appel via l’hôtel d’un garagiste bienveillant qui accepta de se déplacer au tarif Coupe du Monde. Il chargea l’automobile sur le plateau d’un véhicule de secours et installa à l’intérieur le duo des envoyés très spéciaux de Sud-Ouest ! Le paquet de Bastos faillit passer de vie à trépas tant André Nogués fut stressé. 

Une scène inénarrable que celle de ses passagers spéciaux se rendant au stade, via le garage bienveillant, dans leur voiture sur le plateau arrière d’une dépanneuse ! Ils arrivèrent, la réparation fut réalisée dans le temps… pour permettre au duo d’assister à une nette victoire des Français sur des Irlandais dont la combativité « s’émoussa » au fil des minutes. Sancho Grené et Don Nogués purent rendre compte d’un événement rarissime : le premier et le seul (le quatrième de la France) but international de la tête inscrit par… Alain Giresse sur un centre de Tigana !

Les mauvaises langues insinuèrent que les géants verts avaient témoigné d’une détente limitée. Seul leur compagnon de libations mousseuses en connaissait la cause. De là à penser que la résistance de l’envoyé spécial de Sud-Ouest à la mise en bière irlandaise avait peut-être contribué à leur difficulté à décoller. Nul ne le sait et lui en fut reconnaissant…

Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

     » le « coup qu’il avait réalisé en déjeunant au lait de chamelle (un drame pour lui!) dans le repaire des Koweïtiens. »
    Ce lait de chamelle m’évoque une autre nourriture paraît il redoutable, dont Jacques Bodoin en son temps fit un sketch : la panse de brebis farcie. Apple ! Apple ! Apple !

  2. Laure Garralaga Lataste

    Quand Sancho Grené viendra déjeuner chez moi, ce qui ne saurait tarder, je sais que je dois accompagner ma paella de lait de chamelle… !

    1. Laure Garralaga Lataste

      Non ! J’ai changé d’avis et ce sera plus facile pour moi…
      Ce sera donc… de la bière… ! Une question : brune ou blonde ?

  3. Pierre LASCOURREGES

    Je crois pouvoir dire que je n’ai jamais vu La Grène se faire mousser. Par contre , tout seul dans mon coin, je ris jaune!

  4. christian grené

    Mise en bière ou mise en boite? A J.J., appelant Apple! Apple! Apple! Je réponds Apple d’Eire. Parce qu’aujourd’hui je fête les 62 automnes de Corinne II, ma femme, duchesse du Limousin avant d’être « vendangée » par Aliénor le 1er janvier 2016. Seul invité à notre table: Francis Ulster (Bacon). C’est quand même mieux que Francis Drake, corsaire ou pirate selon votre pays d’origine. Je dis ça pour revenir à l’Espagne, Laurita mia n’ayant pas oublié que ledit personnage avait vaincu l’invincible armada. Sur ce, je débouche une bonne bouteille de reine Margaux.
    Salud y fuerza al moral!

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