You are currently viewing « 40 ans déjà pour les gens complétement foot » (6)

« 40 ans déjà pour les gens complétement foot » (6)

Durant toute cette semaine, les anecdotes ou les faits évoqués, vous ont probablement donné l’impression qu’il appartenait à la grande famille de ceux qui disent Tintin aux convenances ou qui « Routetabille » de stylo pour ciseler d’accortes formules. Sancho Grené repousse aujourd’hui ses maux croisés grâce aux mots que lui inspire une épopée qu’aucun journaliste de clavier et de transfert numérisé ne connaîtra. Je vous propose de partager cette auberge espagnole de ses sentiments et ses souvenirs où il apporte nostalgie, fierté, sincérité et amitié. José Saramago, écrivain portugais a résumé les relations entre Sancho Pança et Don Quichotte de la manière suivante : «  Nous avons là deux amis dont la relation repose sur le respect et la compréhension mutuels. Chacun des deux peut dire de l’autre : Lui, c’est un véritable ami». Dans la période où les moulins à paroles ont été substitués aux obsédés du texte bien léché, nous n’avons que nos yeux pour pleurer. En attendant acceptez l’offrande (JMD)  

De notre envoyé spécial en amitié

Christian Grené  

« Ma main tremble à l’instant de tremper ma plume dans l’encrier pour prendre la place de mon ami, mon maître d’école. Comme autrefois, quand mon instit’ de père m’appelait devant le tableau noir. Un soir à table, où nous étions rassemblés autour de la soupe aux choux, mon instit’ de mère en sus de mes 6 frères et sœurs – le 8e enfant naîtra un peu plus tard – eut ce mot à mon endroit: «Tu n’es qu’un j’en foutre!» Alors, dans la nuit, pour la première fois j’ai consulté Julie Larousse.

Ainsi étais-je de ces gens foot qui ne manquent pas un match du Mondial devant leur télé, ou mieux lisent quotidiennement les chroniques de Jean-Marie. J’ai dévoré à pleines dents, ou plutôt ce qu’il m’en reste, les aventures de ces deux clones du grand Cervantès. Je ne changerai pas une virgule, et je me dis même que c’est là une manière de biographie où la réalité dépasse l’affliction.

En tout cas, je peux dire à Laurita que je connais géographiquement l’Espagne de A à Z, d’Alicante (stade Rico Perez) à Zaragoza (La Romareda). Je ne sais pas si je passerai l’hiver, mais ces souvenirs me réchauffent le cœur. Le plumitif nourri à la mamelle des «Mumuses» et au lait de chamelle (voir épisode 3 du feuilleton de la semaine) ne pouvait pas être plus heureux qu’à la lecture du scénario écrit par mon meilleur ami…

Il est près de 21h15, ce jeudi soir, à l’instant où je pose ma plume à l’écoute distraite du match de la Coupe du monde sur TF1. J’entends que Richard Nixon vient d’ouvrir le score pour le Brésil face à la Serbie. Et, plus inquiétant, Jésus serait à l’origine de l’action. Serais-je devenu complètement foot ou bien je rêve? Je me lève et j’écoute plus attentivement. Jésus est bien sur le terrain, mais le buteur a pour nom Richarlison. Ouf! Dix minutes plus tard il inscrira même ce qui pourrait devenir le plus beau but de ce Mondial…

Où en étais-je? L’école, les colles du mercredi, l’Espagne. Ah oui! Le pays de rêve pour un journaliste à qui on a laissé la bride sur le cou. Libre de ses mouvements. Et de ses écrits. Comme en Afrique du Sud, treize ans plus tard, pour la Coupe du monde de rugby. Celle de Nelso Mandela. Et là j’étais flanqué de celui que Jeff Mézergues avait surnommé «L’Espagnol de Grignet», deux amis hélas tragiquement disparus. Comme vous l’a déjà dit Jean-Marie, en ce temps-là l’amitié était de ce ciment que savent si bien faire les maçons d’origine italienne. Au rang desquels se récapitulaient « Latourne » et « La Mathure », « Angelo » et « Sheila », « Rabot », « La Marmotte » et consorts.

A l’époque les envoyés spéciaux étaient, comme Neil Armstrong et Buzz Aldrin sur la Lune, en lien de jour comme de nuit avec Cap Canaveral en plein cœur de Bordeaux, au n° 8 rue de Cheverus. Et donc, en 1982, j’étais un envoyé spatial qui faisait la Manche. Qui ne portait pas de cravate, mais voulut en faire cadeau à chacun de ses confrères restés sur la base. Mierda! J’ai seulement oublié, à l’instant de faire ma note de frais professionnels, d’enlever le ticket sur lequel était écrit: «5 corbatas, total: 250 pesos». Le rédac-chef adjoint de l’époque, qui lisait Cervantès dans le texte, eut tôt fait à mon retour de m’habiller… pour l’Ibère.

«Voilà, c’est fini!» comme le chante Aubert, Jean-Louis et non Joël qui fut, soi-dit en passant,  notre rédacteur en chef bien aimé. Si j’ai pu vous ennuyer, je sais gré à Jean-Marie de m’avoir cédé pour un jour, un jour seulement, cet espace de liberté qu’est «Roue Libre». J’abandonne ma rossinante et ne chevaucherai plus jamais que sur un vélo. Ce si joli mot que l’on peut à loisir chambouler pour écrire LOVE. »  

Cet article a 9 commentaires

  1. Laure Garralaga Lataste

    Mon Pierre aussi chevauchait sur un vélo pour venir « jouer à LOVE avec moi… » !
    Et si le grand Brel Jacques de son prénom chantait « 20 ans d’amour c’est l’amour fol ! », que dirait-il d’un amour engagé un 14 avril — tiens cette date me dit quelque chose ! —1969 ?
    Mes excuses pour ce retard, mais j’étais sur d’autres lectures… !

    1. Laure Garralaga Lataste

      Un complément: « un amour engagé un 14 avril… et qui dure encore ! »

  2. Laure Garralaga Lataste

    « Je ne sais pas si je passerai l’hiver… » m’a glacé le sang… :
    – parce qu’un vrai ami ne laisse pas ses ami.e.s au milieu du gué…
    Ce qui ne serait pas gai et m’obligerait à pagayer !

  3. Pierre LASCOURREGES

    Il a du potentiel ce petit Grené. Graine d’écriture à surveiller . Faut-il l’arroser régulièrement?

    1. Laure Garralaga Lataste

      Bien sûr qu’il faut l’arroser TRES régulièrement…! Il adore ça… !

  4. Maryan

    Amitiés à tous les anciens du sport. Vous étiez, non vous êtes toujours insupportables, je vous aime surtout pour ça. Que de dimanches soir ou il y avait beaucoup de bruit, de bêtises et de pages à boucler. Pensées à Angélo et Gégé retrouvés, plus tard, à Arcachon. « Petite journée Gégé », lançait Angélo en allumant sa clope. « Ta gueule, moi j’ai travail Monsieur! », répliquait Gégé. Et c’était reparti pour un bon moment de rigolade.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami ? mon amie ? Maryan… (personnellement, j’opterais pour le masculin car, à cette époque à Sud-Ouest… peu de journalistes femmes… !)
      Mais revenons à nos moutons… Cette réplique de Gégé : « Ta gueule, moi j’ai travail Monsieur!  » me fait dire que Gégé devait être un … Espagnol de l’armée en déroute… !

      1. Laure Garralaga Lataste

        Ce « … moi j’ai travail… a été dit en roulant le « rrrrr  » je suppose ?

  5. Laure Garralaga Lataste

    Ce « Roue Libre » du week end qui empiète sur 2 jours nous donnerait l’occasion d’échanger sur le match d’hier… Il est 10h 25 et… ¡ Silencio en la noche… ! Je constate que nous sommes soumis au… vertige de la page blanche… !
    Les grands journalistes de Sud-Ouest font-ils la grasse (ou bien peut être la grâce…) matinée ? Debout les grands reporters… c’est l’heure d’écrire vos News… Vos fans s’ impatientent !

Laisser un commentaire