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Les Anglais se sont tirés les premiers avec le fair-play

Le 25 octobre 1960, le boxeur français Alphonse Halimi dispute à Londres un Championnat du monde des poids coq dans la piscine (aménagée en salle de boxe) qui jouxte Wembley. Il affronte un coriace… Irlandais beaucoup plus jeune que lui, Freddy Gilroy. Le Français d’origine algérienne car né à Constantine va envoyer son adversaire au tapis d’un superbe uppercut. Il en faut davantage pour abattre définitivement devant un public surchauffé et partisan, un boxeur de la trempe de celui qui a été médaillé de bronze aux JO de Melbourne quatre ans plus tôt. Il se relève et malmène l’ex-champion du monde (1)

La fin du combat est hachée, décousue, indécise. Alphonse Halimi un peu seul dans une salle surchauffée est déclaré vainqueur aux point par un arbitre belge. Le public se déchaîne. La police doit entourer le ring et protéger celui qui devient le premier champion du monde français. A peine reconnu vainqueur il est interviewé pat Joseph Pasteur, reporter emblématique de la télé française, accroché aux cordes. Il va dans son enthousiasme délivrer un message qui restera dans l’histoire du sport car il se termine pas : « j’ai vengé Jeanne d’Arc ! ». Lui l’Algérien résumait l’interminable rivalité franco-anglaise dans une formule choc.

Cette phrase fera polémique outre-Manche, les tabloïds anglais insistant notamment sur le fait que son adversaire était… Irlandais et que la décision arbitrale était scandaleuse. Le manager du champion français, M. Filippi expliquera qu’une fois rentré dans les vestiaires Halimi lui avait demandé : « Au moins, ce sont bien les Anglais qui ont brûlé Jeanne d’Arc ? » Peu importe d’ailleurs car chaque fois qu’ils perdent face à nous les Britishs trouvent matière à démontrer que le fair-play, invention qui leur est propre ne s’applique qu’à doses homéopathiques lorsqu’ils n’ont pas atteint leur objectif. 

Dans toute l’Histoire, petite ou grande, ils ont démontré une mauvaise fois évidente mais toujours au nom de valeurs élégantes, un zeste méprisantes et réputées inspirées par un esprit chevaleresque hérité de leur culte de la royauté. Les Britanniques, les Anglais en particulier regardent la France avec un mélange de rejet et de fascination, de jalousie et de supériorité, d’envie et de rivalité, d’intérêt et de sympathie.

Ils ont une idée très figée mais pas inexacte de notre pays et de ses sportifs qu’ils prétendent centralisé, rigide, avec trop de fonctionnaires, trop de grèves, trop de lois, sans souplesse économique avec un taux de chômage plus élevé que le leur. Enfin c’était vrai car en ce moment ils ne sont pas dans une situation très brillante. L’ultra-libéralisme les a plongés dans une crise un peu plus grave que celle de la France.

Dans tous les sports ils prônent un respect intransigeant des règles mais à condition qu’elles ne s’appliquent pas à eux. Samedi soir leur presse a multiplié les attaques virulentes l’arbitre brésilien qui leur a pourtant accordé deux penaltys indiscutables alors qu’aucun autre n’a été oublié. La faute de Upamecano de la 25° minute sur Kane n’étant pas dans la surface de réparation (certes de quelques centimètres) le contrôle vidéo ne pouvait pas rectifier la décision arbitrale. Ce n’est qu’exemple !

Les journaux d’outre-Manche n’y sont pas allés avec le dos de la petite cuillère à thé. « L’arbitre a réalisé a fait match absolument cauchemardesque, a déclaré l’ancien international Gary Neville à la télévision anglaise. Une blague d’arbitre. Je ne dis pas que c’était entièrement dû à la défaite de l’Angleterre – les gens diront que ce sont des excuses – mais c’est juste un mauvais arbitre, très mauvais. » Il oublie de donner des exemples concrets de fautes scandaleuses oubliées par le Brésilien. Les Français n’ont pas été mieux lotis (M’Bappé en particulier) mais eux, ont gagné, et c’est là que réside le vrai scandale !

Depuis la guerre de cent ans et malgré le soutien précieux durant les deux dernières grandes guerres, la feuilleton franco-anglais du « je t’aime moi n’ont plus ! » ne n’a jamais cessé. Dans le rugby comme dans le football, les Britanniques et les Anglais en particulier sont « fair-play » quand ils ont gagné. C’est une sorte de « luxe moral » qu’ils offrent aux vaincus.

Toutes les générations nées avant 1970 ont été imprégnées des leçons d’Histoire de France à l’ancienne. Celles où justement les cruels Anglais brûlaient Jeanne d’Arc (alors que ce sont les Français qui en portent la responsabilité), tentaient de coloniser l’Aquitaine (Aliénor a été pour beaucoup dans cette situation) et qu’ils ont exilé Napoléon (Serait-ce illogique ? ) dans une île pénitentiaire. Si on ajoute les cours d’anglais indigestes infligés à des collégiens n’ayant qu’une idée limitée à cette époque des voyages on comprend mieux que la victoire de samedi soir ait une saveur particulière. Oui je sais c’est pas très fair-play.

(1) Le , au Vel’ d’Hiv de Paris, Halimi devient champion du monde de boxe (poids coq) en battant le boxeur sourd-muet italien Mario D’Agata

 

Cet article a 20 commentaires

  1. christian grené

    M’sieur, j’suis toujours le dernier de la classe mais j’arrive toujours le prem’s à l’école. Dommage! j’ai oublié mon cartable avec mon cahier et mon porte-plume dedans. J’suis obligé de retourner à la maison en empruntant le chemin des échotiers… Ad’taleur!

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ mon ami christian…
      Tu as une chance inouïe d’avoir une tête de linotte… Ce qui n’est pas mon cas !

  2. François

    Bonjour J-M !
    Je suis désolé, Messieurs les Anglais : la prochaine fois, on demandera un arbitre impartial du Commonweath ( ou du Royaume Uni ! !) …. comme au rugby ! ! !
    Amicalement

    1. Laure Garralaga Lataste

      à mon ami François…
      « Messieurs les Anglais tiraient les premiers »… Ce qu’ils n’ont pas fait !

  3. Gilles Jeanneau

    Je te suis à 100% sur la mauvaise foi des Anglais…car c’est génétique et encore plus ancien: ils n’ont jamais digéré qu’un français dénommé Guillaume le Conquérant ait été Roi d’Angleterre, ce qu’aucun monarque anglais n’a pu parvenir en France!
    Mais ils ont transmis ce gène aux américains qui sont les champions pour conclure des accords qu’ils ne respectent jamais. …
    Enfin j’espère qu’ils vont encore plus en baver avec le Brexit et les ravages de l’ultra-libéralisme…même s’il paraît que Poutine n’est pas étranger à la victoire du non à l’Europe. (excellente émission d’hier soir sur la 5).
    Sorry, messieurs les anglais!

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Gilles…
      Ce « sorry » est de trop ! Personnellement ne peux être désolée, au contraire… je jubile !

  4. Christian Baqué

    Vous cultivez la différence et l’opposition, pourquoi pas ? Mais les anglais installés en France sont très nombreux, surtout dans le Sud-Ouest et ils contribuent souvent à rénover et protéger notre patrimoine, par exemple en Dordogne. Après le match j’ai envoyé mes condoléances à mon charmant voisin british. Sans rancune. Parce que Jehanne d’Arc ce sont les curés qui l’ont brûlée, et on n’est même pas sûrs que ce soit elle la victime selon des historiens sérieux…

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Christian…
      Je te reconnais bien… toujours à contester !
      Mais là où tu es difficile à suivre… c’est quand tu affirmes que selon des historiens sérieux… (des noms ! des noms !) :  » on n’est même pas sûr que ce soit elle la victime… » (un nom ! un nom ! Mais ne dis pas que c’est moi !).

  5. Jean-Pierre Boué

    Effectivement, le fair-play c’est l’attitude qu’ont les sportifs anglais envers leurs adversaires, une fois qu’ils ont gagné le match…

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Jean-Pierre…
      Ce qui n’était pas le cas samedi… ! Les anglais avaient « les yeux battus (et pas que…) la mine triste et les joues blêmes… » comme aurait dit le Bambino de Dalida !

  6. J.J.

    « Messieurs les anglais, tirez les premiers ! » (bataille de Fontenoy 1745)
    C’est pas du fair play, ça ? En fait non, c’est une ruse de guerre.

    « ils ont exilé Napoléon »(le souverain de Brobdingnag des caricatures anglaises). Que ne le firent-ils plus tôt, ils eussent rendu service à l’humanité.

    Dans un autre domaine, mes références de samedi à propos du pain :
    …le gaspillage du pain est, quant à lui, estimé à 150 000 tonnes par an (soit environ 10% de la production et un ratio de 9 baguettes mises à la poubelle par français chaque année). Valeurs Mutualistes N° 328 2 ème trimestre 2022.

    https://www.lesaffre.com/fr/trends-mag/toujours-plus-deconomie-circulaire-autour-du-pain/
    https://toogoodtogo.fr/fr/blog/gaspillage-alimentaire-pain

    Et bien d’autres sites.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon mai J.J.…
      Qui a dit  » « Messieurs les anglais, tirez les premiers ! »
      Aucune source ne permet d’affirmer l’authenticité de cette phrase. Dans la forme dans laquelle on la connaît, on la devrait plutôt à Voltaire.

  7. christian grené

    M’sieur, vous voyez que je me suis mis à bûcher: j’ai appris dans mon livre d’histoire que l’abbé Cauchon avait inventé le « fire-play ».

  8. christian grené

    M’sieur, c’est pas vrai que la donzelle de Domrémy (fa sol la si do) aurait combattu aussi les Américains, en attendant l’appel de Fidel Castro, dans la baie des Cochons? C’est un copain m’a soufflé ça.

    1. Laure Garralaga Lataste

      à mon ami christian…
      Tu m’épates !… ou, si tu préfères : tu mes pâtes !

  9. christian grené

    M’sieur, toujours mon copain qui a lu Colette, m’a dit que c’était facile à Sido d’aller à Domrémy. Elle habitait pas loin, à Saint-Sauveur-en-Puisaye.

    1. gilles jeanneau

      oui, c’était son domicile adoré, paraît-il!!!

    2. J.J.

      Et à saint Sauveur, elle Puysaie dans ses réserves d’énergie.

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à mes amis christian, gilles et J.J.…
        Vous me laissez sans voix !

  10. Laure Garralaga Lataste

    … au nom de valeurs élégantes, un zeste méprisantes et réputées inspirées par un esprit chevaleresque hérité de leur culte de la royauté…
    Un exemple des valeurs élégantes du roi Edouard VIII et de sa Wallis Simpson, duchesse de Windsor, dont les mauvaises fréquentations avec Ribbentrop nommé par Hitler ambassadeur d’Allemagne à Londres provoquera la démission du roi…

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