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Des peurs bleues et des Bleus de chauffe

Il n’y a rien de pire qu’une demi-finale dans n’importe quelle discipline sportive. Si vous êtes éliminés si près du but vous éprouvez le même sentiment qu’un coureur de marathon incapable de franchir la ligne d’arrivée d’un marathon alors qu’il approche du but. Une frustration immense bien supérieure de celle que l’on ressent en finale puisque le but de toute compétition n’a pas été atteint : disputer l’ultime match reste en effet un objectif ! Les Bleus ont réussi à passer l’obstacle dans une rencontre dans laquelle ils auraient pu et du forcer la décision plus rapidement. Peu importe le flacon pourvu que l’on ait l’ivresse de la victoire. 

Les Marocains ont oublié d’être efficaces ce qui à ce niveau là ne pardonne pas. Un bout de pied de Varane, un doigt des gants de Lloris, une tête de Kanouté et les Lions de l’Atlas perdent leurs griffes et leurs illusions. Contrairement à la célèbre émission du commissaire Bourrel ce furent les cinq premières minutes qui décidèrent du sort d’un opposition marquée par un arbitrage pour le moins laxiste. Trop occupés à mettre les « menottes » à M’Bappé ils oublièrent Théo Hernandez sur leur gauche. Avec le sang froid d’un tueur, la finesse d’une arabesque de danseur étoile et la vivacité d’un furet il scella le sort du match.

Habitués à subir pour mieux contrer les Marocains semblèrent perturbés par le fait qu’il leur fallait désormais combler un retard rapide et imprévu. Partagés entre la crainte d’une razzia possible menée par le trio d’attaque français et la nécessité de revenir au score, ils ne retrouvèrent jamais leur équilibre antérieur. Entre la peur du contre et l’envie de presser une défense supposée perméable, les Lions ont perdu leur superbe entrain des rencontres face à l’Espagne ou le Portugal. Excellents techniquement il leur a manqué le punch et la vigueur nécessaires pour retrouver l’espoir. 

La loi du milieu était marocaine. Elle étouffait toutes les relances et grâce à la mansuétude d’un arbitre mexicain ayant oublié que le « jaune » n’était pas interdit au Qatar lorsque les circonstances l’exigeaient. A force de se méfier des fausses couches des « vedettes », les hommes garants de la loyauté du jeu pourraient être accusés de non dénonciation de maltraitance. M’Bappé a pris quelques semelles qui auraient valu une demi-douzaine de roulades neymardesques. Il encaissa sans mot dire mais l’arbitrage ne sortira pas grandi de cette Coupe du monde.

Depuis le début du Mondial les Français passent toujours ric-rac et finissent par trouver les ressources pour se sortir de situations compliquées. On reste sur la pire appréciation que portaient les profs sans imagination autrefois sur les carnet de notes des élèves ; « peut et doit mieux faire ! ». Une sensation constante naissant des interrogations qui subsistent sur des périodes de dépression inquiétantes. Face à l’Argentine ces manquements collectifs risquent de coûter cher. Les Lions de l’Atlas aux dents élimées ne surent pour leur part jamais en profiter. Le Messi sera moins indulgent si les Bleus pèchent par manque de solidarité et d’activité.

La parole sera encore une fois à la défense. Lloris a été impeccable. Varane monte en puissance. Kanouté a été plus qu’un intérimaire. Koundé et Hernandez ont bien mieux tenu leur poste. Probablement marqué par sa faute face aux Anglais Tchouameni a été très discret et Fofana n’a pas permis d’oublier Rabiot. Dembélé a totalement manqué sa demi-finale sur le plan offensif mais a été utile dans un rôle défensif. « Dédé la science » aura des choix à effectuer s’il considère que les absents n’ont pas eu forcément tort. 

La finale se jouera sur le comportement de deux de ses acteurs. M’Bappé obnubilé par ses statistiques n’a pas défendu un iota en première période ce qui souvent a mis Hernandez en grande difficulté. Il aura réussi deux ou trois percées spectaculaires avant d’offrir avec un brin de réussite le second but de la délivrance à Kolo Muani. Il était aussi à l’origine du premier. Giroud n’a pas connu sa réussite habituelle mais a pesé avec application et la constance  avec force sur ses gardes du corps.

Incontestablement une nouvelle fois l’élément essentiel aura été Griezmann sorte de Saint Antoine quand ses équipiers perdent leur boussole. Au four de l’attaque bleue, au moulin de sa défense en  quand il fut indispensable de sortir des ballons brûlants il a confirmé son statut de meilleur joueur sur la totalité du parcours dans ce Mondial. Il trouvera le Messi sur sa route dimanche. L’une de ses connaissances de la Liga. Du résultat de leur duel dépendra le sort de cette quatrième finale de l’histoire de l’équipe de France de football. Rien de nouveau pour tous les deux… mais notre messie pourrait bien être celui qui a été le meilleur tricolore. 

Le mal bleu du manque de constance envahit souvent le ciel. La peur bleue reste omniprésente à chaque match. Les bleus de chauffe ont été plus souvent de sortie que ceux de gala. En revanche dans le ciel bleu une étoile reste tours accessible. Et c’est là l’essentiel.  Du moins le croit on ! 

Cet article a 9 commentaires

  1. J.J.

    « la pire appréciation que portaient les profs sans imagination autrefois sur les carnets de notes des élèves ; « peut et doit mieux faire ! ».

    Effectivement, cette appréciation revenait assez régulièrement sur mes bulletins trimestriels, paresseusement confirmée par le protal. Ça me valait des petites vacances cauchemardesques et des reproches continuels sur ma prétendue nonchalance.
    J’essayais bien d’intercepter le fameux bulletin, je le gardais quelques jours sous le coude pour m’offrir un petit répit quand même plein d’appréhension, mais il fallait bien que je finisse par le remettre en circulation.
    Et alors, finies les vacances pendant lesquelles il aurait d’ailleurs été impensable que j’aille me commettre à jouer au foot avec les réputés infréquentables garçons du voisinage(dont aucun à ma connaissance n’a fini à Cayenne ou dans la Bande à Bonnot).

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami J.J.…
      En ma qualité de prof d’espagnol, je n’ai jamais porté pareille appréciation qui ne justifiait pas les efforts mis par les élèves (filles et garçons séparés à l’époque) à … rouler les R, les RR, et plus facile à prononcer le C ( la ceta ) avec le bout de la langue entre les dents…
      Profites bien de ce petit cours d’espagnol gratuit !

      1. J.J.

        Guadalajara, zambomba, por jempplo…muy fácil ! (á = alt 160)

  2. Laure Garralaga Lataste

    « Avec le sang froid d’un tueur, la finesse d’une arabesque de danseur étoile et la vivacité d’un furet il scella le sort du match »… Bel hommage rendu à Théo Hernandez élevé par ces mots au grade « ¡ de (lire dé) HIDALGO ! », nous rendant ainsi notre honneur, à nous, fils et filles d’immigrés.

    1. Gilles Jeanneau

      Si l’on en croit les dernières études de la généalogie génétique, nous, européens, sortons tous d’Afrique…
      Nous sommes tous des immigrés d’il y a quelques milliers d’années (25 000 à peu près)!!!
      C’est à se taper le cul par terre, non?
      Amitiés à toutes et tous et bonne journée.
      Je ne parlerai pas du match!

  3. Bruno DE LA ROCQUE

    J’ai, tout en culpabilisant, enfin regardé un match des bleus à Doha. En gros d’accord avec le commentaire de Jean-Marie.
    Solides et de production encourageante pour l’ensemble de l’équipe : Griezmann et Lloris.
    Effectivement arbitrage un peu relâché…

  4. christian grené

    L’instit’ m’a appelé pour connaitre les motifs de mon absence ces jours-ci dans le sillage de la Roue Libre. J’avais seulement oublié de lui envoyer mon mot d’excuse alors que je souffrais d’une flémingite très aigüe. Qui ne m’a pas empêché de regarder dans mon lit, devant la télé, tous les matchs de la Coupe du monde. Ce qui me conduit à dire à J.J. et sans vanité que ces « peut et doit mieux faire » au bas de son carnet scolaire n’étaient pas grand chose à côté de mes « nul » ou « paresseux ». L’un a même précisé: « Tout juste bon à jouer au football ». C’est assez dire, non?

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami christian…
      à mon retour sur « Roue Libre », je tombe sur ton appréciation !
      Le retraité spécialiste du foot de Sud-Ouest est très sévère… ! Ah cette nostalgie du… c’était mieux avant ! Le seul but français qui m’a « époustouflée » reste… le premier ! Quel artiste ce Kolo Muani… mettre un but dos tourné à la cage… faut le faire ! Bravo un excellent début… !

    2. Pierre LASCOURREGES

      Alors en ces circonstances et si tu te requinques , on te mettra sur le banc des…remplaçants pour la finale de ce dimanche après-midi

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