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Le Père Noël entre rêve nécessaire et réalité angoissante

Le débat existe depuis que le système mercantile a créé le Père Noël pour remplir les caisses du monde du profit. Ce qui était une fête religieuse a perdu de sa superbe pour céder la place prépondérante aux marchands du temple. Tous les parents cherchent le moyen par lequel ils vont offrir à leur progéniture le plus beau des cadeaux. La démesure devient la règle de telle manière que la position sociale familiale soit affirmée. Les enfants étant considérés comme un signe extérieur de richesse le rendez-vous devient très artificiel. Sous le sapin artificiel recyclable il ne saurait y avoir de déceptions ou de frustrations. Alors doit-on « croire à faire croire au Père Noël généreux ou doit-on considérer cette créature comme une ordure capitaliste ? »

La question ne peut que générer une réponse complexe. Et comme toujours la continuité dans une perception du rôle des parents constitue la réponse la plus facile. Tout le système fonctionne sur l’imitation et rarement sur l’innovation et le « petit papa Noël descendra donc encore longtemps du ciel avec ses joujoux par milliers.. » Comment ne pas créer une situation compliquée quand tout autour de l’enfant le monde tourne autour du concept de la visite de l’homme providentiel ? Pas facile de ne pas combler le besoin de rêve dont il a besoin par des actes matériels réputés liés à son respect des règles ?

S’interroger sur la croyance dans ce gros bonhomme de rouge vêtu grâce à Coca Cola devient chaque jour un peu plus le privilège des « riches ». Quel.le inconscient.e lancerait une consigne de boycott du Père Noël ? Qui argumentera sur les milliers de morts que provoque directement ou indirectement la production exponentielle des jouets, des vêtements, des produits de l’industrie agro-alimentaire, des multiples accessoires technologiques pour appeler à ne pas se transformer en consommateurs aveugles ? Le résultat est couru d’avance : une telle consigne aurait le même succès que celle récente donnée sur la Coupe du Monde au Qatar. Les vraies questions étant « politiques » elles n’ont aucune chance d’émerger dans le débat.

Combien d’enfants ou d’adolescents auront, dans les mois précédant Noël, confectionné pour le plus grand bénéfice des multinationales qui gouvernent le monde les cadeaux que d’autres gamin(e)s ont trouvé auprès d’un splendide sapin ? Combien de ces profiteurs sacrifient non seulement les rêves des enfants mais aussi leurs vies dans des guerres sans fin pour la défense de leurs intérêts ? En évitant de s’offusquer sur la situation réelle de notre monde dans lequel le superficiel l’emporte sans cesse sur l’essentiel nous plongeons dans la facilité ou l’indifférence ! Notre capacité à combattre toutes les « croyances » s’érode chaque jour un peu plus. Alors celle-ci, même sir elle est précoce, n’est pas forcément la plus dangereuse. 

Et pourtant, on évalue le nombre d’enfants de moins de 5 ans ne pouvant plus croire au Père Noël puisque morts de malnutrition dans le monde à 3,1 millions et 150 millions ne mangent pas à leur faim. Il serait intéressant de poser la question sur ce que nous accomplissons pour combattre ce fléau surtout les soirs de fête de la consommation outrancière pour celles et ceux qui le peuvent. La Coupe du Monde aurait coûté 220 milliards de dollars au Qatar ce qui serait suffisant pour éradiquer une bonne part ce terrible constat durant plusieurs années.
Au moins deux millions d’enfants sont morts ces 10 dernières années à la suite de guerres déclenchées par des adultes, qu’ils aient servi de cibles civiles ou qu’ils aient été tués au combat en tant que soldats.

Le nombre de ceux qui ont été gravement blessés ou invalides est trois fois supérieur, et ils sont encore plus nombreux à souffrir de maladies, de malnutrition, de violences sexuelles et des privations de l’exode. Dans de telles conditions, pratiquement toutes les constantes nécessaires à l’épanouissement des enfants sont gravement perturbées, et les dégâts psychologiques des conflits armés sont incalculables. Les ruptures familiales, les abandons de fait, les maltraitances ajoutent à des conditions économiques, sociales, culturelles dégradées. 

Plus de 1 600 gamins dans notre beau pays ne savent pas ce que peut représenter l’arrivée du Père Noël par la cheminée car ils dorment dans les rues françaises et des milliers d’autres survivent dans des conditions de précarité extrême. Pour eux le Père Noël serait un logement (la situation est désespérante) et un peu de chaleur. La sérénité de la fameuse nuit de la Nativité se résume dans la chanson de Maxime Le Forestier : « on choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille. On choisit pas non plus les trottoirs de Manille de Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher ». Pour eux le vrai bonheur ne se situe pas au même niveau que celui qui nous préoccupe.

Pourvu que les étoiles soient dans les yeux des enfants ou des petits-enfants à un moment ou un autre de leur vie l’essentiel sera assuré. Comment ne pas être convaincu que la croyance ou la non-croyance dans les pouvoirs du Père Noël ne constitue vraiment pas en cette fin d’année le problème essentiel sur cette planète ? Les matins heureux ne sont pas si nombreux pour qu’on les gâchent. 

Cet article a 9 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    Bravo Jean-Marie et Merci
    Gilbert de Pertuis

  2. Laure Garralaga Lataste

    Deux souvenirs des Noëls de mon enfance…
    Le premier, traditionnel, renouvelé chaque année : une orange au pied du sapin pour maintenir ce lien à ma terre chérie que je ne foulerai qu’à l’âge de 15 ans !
    Le second, cette chambre à coucher réalisée pour ma poupée par mon oncle « l’Andalous aux mains d’or… ! »

  3. J.J.

    « Quel inconscient lancerait une consigne de boycott du Père Noël ?  »

    Moi !
    Je l’ai fait, ça ne n’a pas rapporté que des amitiés, mais je ne supporte pas ce manque de respect envers les enfants, et je ne regrette rien.
    Une des plus grandes déceptions de mon enfance a été justement, après une hallucination, la découverte de cette duperie. Cela a éveillé en moi une grande colère.
    Je ne supporte pas de voir des parents ou grands parents aux attitudes matoises s’extasier devant la naïveté d’enfants à qui l’on fait « croire au père noël », comme on le fera croire plus tard à des adultes, mais sans rire.
    Je considère ces pratiques comme irrespectueuses des enfants, petits d’homme qui ont droit au respect dans leur corps comme dans leur esprit et qui font parfois montre d’une clairvoyance et d’un esprit particulièrement ouvert.
    Comment s’étonner dès lors de la facilité avec laquelle les sectes et les religions délivrent avec succès un message aussi irrationnel que délétère ?
    Bine sûr, les enfants qui souffrent de la faim ou couchent dans la rue(souvent les mêmes d’ailleurs) ne souffrent pas de cette escroquerie institutionnelle phagocytée par le mercantilisme . Maigre consolation.

    1. christian grené

      Et moi, qui croyais que le Père Noël avait choisi ce traineau dans son emploi du temps exprès pour me fêter mon anniversaire le 25 décembre!

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à mon ami christian…
        Combien de fois as-tu juré… « le père Noël est une ordure… ? »

  4. facon jf

    Bonjour,
    mauvaise nouvelle pour les enfants « riches » Noël est annulé pour cause de grève surprise .

    https://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2022/12/gy5.jpg

    Bon Noël à toutes et tous et joyeuses fêtes de fin d’année aux Païens* dont je fais partie.

    *Dans les écrits de saint Paul et aux origines du christianisme les païens, adeptes d’autres religions ou croyances, sont étrangers au message de l’évangile. Le terme païen est souvent employé pour désigner ceux qui sont athées ou idolâtres.( Église catholique en France)

    1. J.J.

      Les païens comme moi célèbrent le Solstice d’Hiver, le renouveau du « Sol Invictus » des romains.
      Et ça ce n’est pas un récit légendaire, le phénomène, qui se renouvelle à chaque cycle solaire a été constaté et célébré par l’Homme depuis la « plus haute antiquité ». C’est d’ailleurs à cause de cette notoriété que les chrétiens y ont substitué la légende biblique.
      Joyeux Solstice à tous !

  5. Philippe Labansat

    Enfant, j’étais un enfant victime de la magie de « Noël ».
    Aujourd’hui, cette période mercantile me sort par les yeux et j’attends avec une grande impatience la fin de cette mascarade…

  6. Alain

    Je crois qu’ on peut dire sans faire de cinéma que le père noël est une ordure en réalité .
    Le père noël , c’ est bonnet blanc et blanc bonnet quand il neige , c’ est aussi un bonnet rouge , sa grand mère était bretonne , ça manque pas de sel en tout cas.
    Un type qui met une tenue pareille et qui adore les enfants , c’ est suspect , je lance le mouvement m’ igloo du coup , siège social en Laponie évidemment , ça tient pas à Nairobi …
    Bon maintenant faut qu’ il neige pour que la magie de noël opère vraiment , mais ça n’ en prend pas le chemin , et puis le père noël a perdu un reine cette année .
    je me souviens enfant de l’ orange sous le sapin , avant que bécaud n écrive cette maudite chanson , du coup plus d’ orange maintenant .
    Cordialement .

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