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Un second coup de poignard dans le dos de la démocratie

La préoccupation principale des prochaines semaines tournera autour de l’âge du départ vers la retraite. Dans notre système démocratique la contestation reste autorisée si elle respecte la loi sur son organisation et son déroulement. Il est donc logique que les salariés de tous ordres concernés par les mesures annoncées témoignent de leur désapprobation.

Dommage cependant qu’alors que le programme du Président de ce qu’il reste de République avait annoncé cette réforme ils soient restés chez eux au premier tour des dernières présidentielles ou qu’ils aient oublié de participer aux législatives. Dans le fond la Droite majoritaire au Parlement (Sénat et Assemblée nationale) respecte ses engagements et le découvrir constitue une preuve de naïveté exemplaire.

Des événements plus graves se produisent laissant augurer d’un avenir plus sombre. Le national populisme qui se faufile dans un nombre croissant d’esprits gangrène la planète. Comme la Covid 19 les « variants » arrivent de manière discrète chez nous. La démocratie représentative craque de tous les cotés. Plus un seul pays dans laquelle elle n’ait pas eu à résisté à des pratiques fascisantes croissantes. Elle est ébranlée dans ses fondements. Elle a bien du mal à camper sur les digues. Toutes les tentatives pour en rappeler les principes se révèlent vaines. 

Dans la mesure où les consommateurs que sont devenus les citoyens considèrent que leur vote ne constitue plus la clé de voûte de la démocratie ils ont sapé partout le fondement de la vie collective. Partout où l’abstention gagne elle ouvre grandes les portes aux dictatures. La dédiabolisation de tous les mouvements s’inspirant d’une Histoire que l’on pensait oubliée facilite une situation plus que préoccupante. Cette première étape a permis l’arrivée de la droite extrême et des néo-fascistes en Italie. Elle a facilité des installations au pouvoir, inimaginables de partis aux contours flous, il y a quelques années en Pologne, en Hongrie, en Suède, au Pays-Bas, en Israël, à malte, en Slovaquie ou en Lettonie.

Le grand remplacement est en route. Il aura du mal à s’arrêter car face à la difficulté du quotidien, les engagements politiques de conviction ont disparu. Le parti des indifférents devient le premier chez nous comme ailleurs. La nature ayant horreur du vide, les pires motivations anti-démocratiques s’y sont engouffré. Le complotisme, les organisations sectaires ou similaires, les contestataires sous influence, les ingérences étrangères ont réussi à créer une vague encore plus dangereuse : la remise en cause du résultat des élections quand ils ne le considèrent pas favorable à leur candidat. Ils hurlent à la fraude. Pour le moment l’Europe est épargnée !

Les émeutes pilotées par Trump il y a un peu plus de deux ans ont ébranlé les USA et continuent à produire des soubresauts inquiétants. L’assaut du Capitole des États-Unis visait en effet à bloquer le processus de validation de l’élection de Biden. En s’attaquant violemment au siège de la démocratie représentative américaine des centaines d’émeutiers ont démontré qu’un coup d’État devenait possible dans la plus grande des démocraties. Il était inévitable que cet exemple nourrissent d’autres initiatives de ce type. A Brasilia on a donc franchi un échelon supplémentaire.

Ils étaient des milliers vêtus aux couleurs brésiliennes pour tenter de détruire l’appareil d’État afin de provoquer l’intervention de soutien de l’armée en leur faveur. Objectif avoué pour les partisans de Jair Bolsonaro : mettre le feu aux institutions pour abattre Lula et le priver de la légitimité obtenue dans les urnes. Il n’y sont pas parvenus mais le coup est passé très près et nul ne sait si ce n’était pas un coup d’essai. La démocratie en ressort affaiblie, blessée et mal en point.

Il faut noter une similitude entre les deux situations : un régime fédéral avec une gestion de la sécurité laissée aux bons soins du pouvoir local. La complicité d’une bonne partie de la police de l’État ne fait plus aucun doute. Heureusement que Brasilia est un état fédéral car ce statut a permis à Lula de mobiliser les troupes de la sécurité nationale. La solidarité de tous les autres responsables des grandes institutions essentielles du pays et l’attitude de l’Armée a sauvé la situation. N’empêche que le mal est fait !

L’Histoire de France a connu pareilles situations. Une tentative de coup d’État fomentée par le militant nationaliste Paul Déroulède a par exemple eu lieu le 23 février 1899. Le fondateur de la Ligue des Patriotes, adepte du général Boulanger (« celui qui nous délivrera des chinoiseries parlementaires et des bavards impuissants »), profite des obsèques du président Félix Faure pour tenter de convaincre le général Roget de renverser le gouvernement. Il sera acquitté puis condamné, exilé puis amnistié en 1905 par l’Assemblée nationale !

Le 6 février 1934. Les ligues d’extrême droite ont pour objectif affiché de renverser l’Assemblée. Elles se réunissent pour ce faire devant le Palais Bourbon. Les assaillants ne parviendront cependant pas à pénétrer son enceinte. Alors que la manifestation tourne à l’émeute sur la place de la Concorde, la fusillade des forces de l’ordre fait au moins 15 morts et plus de 2 000 blessés. A méditer…

Bandeau : la tentative de coup d’Etat des Boulangistes

Cet article a 6 commentaires

  1. christian grené

    Démocrite et Hippocrate sont en bateau. Les deux tombent à l’eau, qui est-ce qui reste? Les hypocrites et les ploutocrates.

  2. Christian Baqué

    Oui ce sont des coups de poignards à la démocratie. Ou ce qu’il en reste ! Mais nous ne sommes plus dans la situation de 1934. Dès lors que la « gauche » de gouvernement a longuement pratiqué »la gestion » et donc la même politique que la droite (« oui mais eux ils en souffrent » se moquait Alex Métayer), ils ont laissé les mains totalement libres au capitalisme, la voie est aussi libérée pour toutes les aventures, de Macron à l’extrême droite. Seule l’unité des forces progressistes contre le capital et pour défendre les intérêts des salariés, les intérêts de la classe d’en bas, pourra mobiliser et offrir une véritable alternative, réduire Lepen et la vérole réactionnaire à la portion congrue en mobilisant les forces populaires. Mais à lire les débats de certains au PS contre la NUPES, ou également les prises de positions de Roussel, on voit bien qu’une partie des appareils résiste à toute unité. Alors, pour quels intérêts ? J’espère bien que le combat contre cette scandaleuse et infâme réforme des retraites nous aidera à balayer ce vieux monde corrompu et ses complices, par la base !

  3. J.J.

    Christian Baqué@ « Mais à lire les débats de certains au PS contre la NUPES, ou également les prises de positions de Roussel, on voit bien qu’une partie des appareils résiste à toute unité. Alors, pour quels intérêts ?  »

    Ne pas chercher trop loin : j’applique le principe dit du « rasoir d’Hanlon »(programmateur étasunien 1980) qui dit ceci ; « Never attribute to malice that which is adequately explained by stupidity »,qui peut se traduire, à peu prés en ces termes : « Ne pas attribuer à la malice ce que la bêtise suffit à expliquer. »
    Il existe d’autres traductions plus « recherchées ».

    On trouve approximativement le même concept exprimé par Michel Rocard :
    « Toujours privilégier l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante, le complot demande un esprit rare. »
    Mais comme en toute chose il faut considérer la fin, le danger reste le même .

  4. Gilbert SOULET

    Bonjour à tous
    Je vais me montrer très décalé par rapport aux expressions intéressantes ci-dessus et inciter notre jeunesse à fréquenter le Service National Universel (SNU) qui, pour filles et garçons devrait être de six mois au plus : respect du Drapeau et de la République en se rendant aux urnes tout d’abord.
    Amicalement,
    Gilbert de Pertuis qui, en tant qu’appelé du contingent, a effectué 27 mois et + de service militaire, là-bas dans les Aurès puis sur la frontière Tunisienne…

    1. J.J.

      Systématiquement je me « rends aux urnes » : le droit de vote ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.
      Mais que faire quand on n’a que le choix, ce qui arrive de plus en plus souvent, entre la peste et le choléra ?
      Vote blanc ou nul ? Frustrant !

  5. facon jf

    Bonjour,
    Une démocratie rongée par la corruption est-elle encore une démocratie?
    Commençons par le Brésil, entre 1990 et 2022, Jair Bolsonaro, sa mère, ses frères, ses sœurs et ses fils ont négocié l’achat de 107 propriétés foncières. 51 de ces propriétés avait été payée totalement ou partiellement en espèces, pour un total de près de 4,8 millions d’euros. L’affaire Odebrecht est une affaire de corruption entre l’entreprise de BTP brésilienne Odebrecht et des personnalités politiques de tout bord, notamment des chefs d’État, principalement d’Amérique latine, ainsi qu’avec Petrobras. Ceci débouche sur l’opération Lava Jato.  Le scandale touche les anciens présidents Lula da Silva et Michel Temer.
    En 2015, de nombreuses manifestations ont lieu pour demander la destitution de Dilma Roussef, alors présidente du Brésil. Les manifestants l’accusent d’être complice du système de corruption brésilien, même s’il semble qu’elle n’y ait tiré aucun revenu personnel.
    Le mimétisme de l’opération de Brasilia par rapport à l’assaut du Capitole n’a échappé à personne. Les sources de telles attaques contre les institutions démocratiques sont même identiques : la corruption, le fondamentalisme évangéliste, et la puissance des réseaux sociaux. Trois menaces fondamentales pour les démocraties que l’on retrouve aussi à l’œuvre dans les dictatures.
    Aux USA la corruption a pignon sur rue, un comité d’action politique (en anglais, political action committee ou PAC) est le nom communément utilisé pour désigner, indépendamment de sa taille, une organisation privée dont le but est d’aider ou au contraire de gêner des élus, ainsi que d’encourager ou de dissuader l’adoption de certaines lois. Depuis un arrêt de 2010 de la Cour suprême des États-Unis (Citizens United v. FEC), les plafonds de dons sont abolis pour les comités d’action politique réputés indépendants des partis politiques et des candidats aux élections. Ces comités sont appelés des Super PAC. Ainsi par exemple, le super Pac constitué par Donald Trump sous prétexte de financer les recours juridiques visant à contester les résultats de l’élection présidentielle lui permet d’exercer des pressions substantielles sur les sénateurs républicains car il menace ceux qui ne l’appuient pas de financer des candidats concurrents aux prochaines échéances électorales qui les concernent. La collecte de fond réalisée à cette occasion dépasse les 250 millions de dollars.
    Et chez nous c’est comment? Pierre de Rémi (ou de Rémy), né à une date inconnue et mort exécuté pour concussion le 25 avril 1328 à Paris, fut le trésorier des rois de France Louis X le Hutin et Charles IV le Bel. Depuis ce premier procès connu, les républiques ont toutes connu leurs Wagons de scandales politico-financiers. La 5éme depuis 1958 est un modèle du genre puisque ces scandales remontent jusqu’ aux Présidents Giscard ( diamants…) Mitterrand ( affaire Pechiney-Triangle… ) Chirac ( emplois fictifs et et …) Sarkozy ( Kadhafi et et…). Hollande passe personnellement entre les gouttes des affaires mais pas ses ministres et conseillers. Macron reste couvert par le totem d’immunité Présidentielle (affaire Alstom, Mac Kinsey et MacronLeaks). Sous les deux quinquennats Macron on dénombre une trentaine d’affaires touchant des proches du Président.
    La démocratie est une illusion.
    Alors que la démocratie représentative est donnée depuis deux siècles comme un aboutissement de la volonté du peuple, chaque jour révèle un peu plus les impostures de ce système. L’impuissance, l’impossibilité de le changer, voilà bien l’idéologie dominante, la pensée unique d’aujourd’hui. On sait que la démocratie dite moderne, née de la Révolution française en aboutissement du « Siècle des lumières », avec ses principes de Liberté, d’Égalité a été détournée par les pouvoirs politiques, par l’État lié, par définition, à la classe dominante.
    Comment dans ces conditions espérer  » réenchanter » les Français avec la politique ?
    Lutter contre la corruption est le seul moyen d’épurer la classe politique, combat sans fin où les plus malins sont les grands gagnants d’un système essorant les plus pauvres.

    bonne journée

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